« Allo, M. le procureur…Vous devez voir ce que nous avons saisi…c’est important… ». Ce coup de fil de Mme Oulaï Yvonne, commissaire de la police du district, en dit long. Dans la cour du commissariat, sis à Marcory-Résidentiel, il y a 314 armes blanches pêle-mêle dans des cartons et des sachets. Des couteaux, pas n’importe lesquels. Des sabres qui se cachent sous des étuis bien confectionnés. A première vue, l’on penserait à une matraque. Le bandit peut alors vous approcher tranquillement et vous surprendre. Et imaginez la longue lame de près de 15 centimètres enfoncée dans une chaire humaine... Les détenteurs et distributeurs de ces armes blanches illégales qualifiées de « hors normes » par le commissaire sont dans une pièce du commissariat. 6 commerçants en sont les propriétaires. Ce sont Dao Djakaridja, 23 ans, Doukouré Boudou, 33 ans, Epo Brio, Hamsa Mohamed, Dosso Aboubacar et Mahan Aboubacar, tous commerçants à Adjamé. Ils attendent d’être déférés au Parquet. Où ils seront poursuivis pour détention illégale d’arme blanches, fraude fiscale, résistance à l’impôt. Le commissaire prévient que toute personne prise en possession de ce couteau, sans permis de port d’arme blanche, sera arrêtée.
C’est l’une des plus grosses prises de la police du district depuis sa création en 2005. L’opération a été menée deux heures plus tôt avec brio. Elle démontre la détermination de cette unité à faire de la lutte contre les produits frauduleux et l’assainissement des rues, sa priorité. «Tout est parti de deux commerçants ambulants que nous avons arrêtés lundi avec ces couteaux. Ils nous ont indiqué là où ils s’approvisionnent. C’est-à-dire à Délégation, le marché derrière la mairie d’Adjamé», explique le commissaire. Mardi, des policiers sont envoyés discrètement pour identifier les boutiques où ces couteaux sont vendus.
Des couteaux à éviter
Nous avions cité ce marché de contrebande dans notre n°1280 lors d’une enquête sur les vendeurs à la sauvette. Ce jeudi, un peu plus tôt, tout est mis en œuvre pour une descente musclée dans le petit marché. L’embarquement se fait sous la houlette du lieutenant Coulibaly Adama. A 10h 56, tout est prêt pour le départ. 40 policiers sont mobilisés. Trois fourgonnettes blanches du district d’Abidjan, un véhicule 4X4, des grenades lacrymogènes, des boucliers, des casques et des matraques. Les dernières instructions du lieutenant Coulibaly et c’est l’embarquement ! Dans la fourgonnette qui nous transporte, l’ambiance est relaxe. Les policiers plaisantent, rient et écoutent la chanson « Soul Taker » de Luky Dube. Ils se défont du stress de ce type de mission qui peut être parfois dangereuse. Plateau, à la Baie. Des vendeurs à la sauvette prennent la poudre d’escampette à la vue des trois fourgonnettes de la police du district. C’est la débandade. Certains manquent de se faire cogner par les véhicules, d’autres tombent en montant sur l’échangeur. Comment est-ce qu’ils arrivent à rattraper ces léopards ? « Pas facile, confesse un policer. Ils courent si vite… ». Derrière, les commerçants reviennent sur les voies dès que les fourgonnettes s’éloignent. Aujourd’hui, la police n’a pas affaire à eux. Il y a plus urgent. Il est 11h 25, quand les fourgonnettes piquent le nez dans le bouillonnement de « Délégation », en face de la mairie d’Adjamé. Le lieutenant Coulibaly descend et discute avec le commissaire-adjoint, Ballo Bi sur le quadrillage de la zone. Finalement, ils se scindent en deux groupes. 7 policiers entrent à pied au côté Nord, les autres entrent du côté Sud. Ils savent où se diriger, puisque les magasins ont été identifiés.
La mission est dangereuse
Un petit box est ciblé. Le premier commerçant est saisi. Dao Djakaridja, il est tout d’abord surpris de voir les hommes du commissaire Oulaï Yvonne débarquer dans sa boutique de torches et de brosses à dents. Les policiers entrent et saisissent un carton de couteaux. Dao est menotté. Mais, ce n’est pas lui le gros morceau. Son patron, Doumbia Sékou, dit «le Noir», est absent. Le lieutenant Kina et des policiers entrent dans le marché, un labyrinthe de box où se vend une myriade de marchandises. De la contrebande. On met la main sur Doukouré Boudou. Il tient dans son magasin des couteaux, un peu plus petits que ceux de Dao, mais aussi dangereux. Entre-temps, le lieutenant Coulibaly Adama s’active de son côté, il cible des points du marché. La pêche est bonne. Epo Brio, Hamsa Mohamed, Dosso Aboubacar et Mahan Aboubacar, d’autres vendeurs de ce type de couteau sont arrêtés.
Pendant que les arrestations se font, la police est noyée par une foule curieuse, mécontente et indignée. On se rend compte à quel point la mission est dangereuse dans ce marché où 40 policiers à moitié armés, risquent tout, à tout moment. Mais, les policiers n’ont pas l’intension de reculer. Il faut disperser les gens par moment pour se faire un passage. Les vendeurs arrêtés sont installés dans la fourgonnette. On leur demande la provenance de ces couteaux dangereux. «Le Mali», répondent-ils. Comment traversent-ils la douane ? Les commerçants restent bouche-bée. Ils affirment avoir des fournisseurs qui ne leur parlent pas de cet aspect. Seul Dao Djakaridja donne des informations. Son patron va lui-même chercher les marchandises au Mali. Il s’agit de «Le Noir». Mais il est sorti quelques minutes avant l’arrivé de la police. On le cherche dans le marché sans le trouver. Comme dans un film policier, on passe le téléphone à Dao pour l’attirer dans les filets des flics. Malheureusement, le garçon affirme au téléphone : « Je suis aux mains des policiers». «Le Noir», ne viendra pas. Cependant, sous l’insistance de la police, Dao montre leurs magasins de stockage. Une cour commune à 100 mètres de «Délégation». Un véritable ghetto ! L’endroit semble si dangereux que le lieutenant Kina poste ses éléments dans les points stratégiques avant d’entrer. Là, on découvre des magasins enfouis dans la cour. Ce sont des endroits où on ne penserait pas venir chercher une marchandise de contrebande. Des lots important de couteaux sont saisis. Cette saisine met fin à l’opération. « Le préfet d’Abidjan et le Dg de la police ont été saisi. Ce matin avec l’accord du préfet et du district, nous avons mené la mission. En tant que responsable du commissariat du district d’Abidjan, notre mission est d’abord de lutter contre les vendeurs ambulants, mais le cas de ces couteaux sort de l’ordinaire», explique Oulaï Yvonne qui peut se féliciter de cette mission.
Raphaël Tanoh
C’est l’une des plus grosses prises de la police du district depuis sa création en 2005. L’opération a été menée deux heures plus tôt avec brio. Elle démontre la détermination de cette unité à faire de la lutte contre les produits frauduleux et l’assainissement des rues, sa priorité. «Tout est parti de deux commerçants ambulants que nous avons arrêtés lundi avec ces couteaux. Ils nous ont indiqué là où ils s’approvisionnent. C’est-à-dire à Délégation, le marché derrière la mairie d’Adjamé», explique le commissaire. Mardi, des policiers sont envoyés discrètement pour identifier les boutiques où ces couteaux sont vendus.
Des couteaux à éviter
Nous avions cité ce marché de contrebande dans notre n°1280 lors d’une enquête sur les vendeurs à la sauvette. Ce jeudi, un peu plus tôt, tout est mis en œuvre pour une descente musclée dans le petit marché. L’embarquement se fait sous la houlette du lieutenant Coulibaly Adama. A 10h 56, tout est prêt pour le départ. 40 policiers sont mobilisés. Trois fourgonnettes blanches du district d’Abidjan, un véhicule 4X4, des grenades lacrymogènes, des boucliers, des casques et des matraques. Les dernières instructions du lieutenant Coulibaly et c’est l’embarquement ! Dans la fourgonnette qui nous transporte, l’ambiance est relaxe. Les policiers plaisantent, rient et écoutent la chanson « Soul Taker » de Luky Dube. Ils se défont du stress de ce type de mission qui peut être parfois dangereuse. Plateau, à la Baie. Des vendeurs à la sauvette prennent la poudre d’escampette à la vue des trois fourgonnettes de la police du district. C’est la débandade. Certains manquent de se faire cogner par les véhicules, d’autres tombent en montant sur l’échangeur. Comment est-ce qu’ils arrivent à rattraper ces léopards ? « Pas facile, confesse un policer. Ils courent si vite… ». Derrière, les commerçants reviennent sur les voies dès que les fourgonnettes s’éloignent. Aujourd’hui, la police n’a pas affaire à eux. Il y a plus urgent. Il est 11h 25, quand les fourgonnettes piquent le nez dans le bouillonnement de « Délégation », en face de la mairie d’Adjamé. Le lieutenant Coulibaly descend et discute avec le commissaire-adjoint, Ballo Bi sur le quadrillage de la zone. Finalement, ils se scindent en deux groupes. 7 policiers entrent à pied au côté Nord, les autres entrent du côté Sud. Ils savent où se diriger, puisque les magasins ont été identifiés.
La mission est dangereuse
Un petit box est ciblé. Le premier commerçant est saisi. Dao Djakaridja, il est tout d’abord surpris de voir les hommes du commissaire Oulaï Yvonne débarquer dans sa boutique de torches et de brosses à dents. Les policiers entrent et saisissent un carton de couteaux. Dao est menotté. Mais, ce n’est pas lui le gros morceau. Son patron, Doumbia Sékou, dit «le Noir», est absent. Le lieutenant Kina et des policiers entrent dans le marché, un labyrinthe de box où se vend une myriade de marchandises. De la contrebande. On met la main sur Doukouré Boudou. Il tient dans son magasin des couteaux, un peu plus petits que ceux de Dao, mais aussi dangereux. Entre-temps, le lieutenant Coulibaly Adama s’active de son côté, il cible des points du marché. La pêche est bonne. Epo Brio, Hamsa Mohamed, Dosso Aboubacar et Mahan Aboubacar, d’autres vendeurs de ce type de couteau sont arrêtés.
Pendant que les arrestations se font, la police est noyée par une foule curieuse, mécontente et indignée. On se rend compte à quel point la mission est dangereuse dans ce marché où 40 policiers à moitié armés, risquent tout, à tout moment. Mais, les policiers n’ont pas l’intension de reculer. Il faut disperser les gens par moment pour se faire un passage. Les vendeurs arrêtés sont installés dans la fourgonnette. On leur demande la provenance de ces couteaux dangereux. «Le Mali», répondent-ils. Comment traversent-ils la douane ? Les commerçants restent bouche-bée. Ils affirment avoir des fournisseurs qui ne leur parlent pas de cet aspect. Seul Dao Djakaridja donne des informations. Son patron va lui-même chercher les marchandises au Mali. Il s’agit de «Le Noir». Mais il est sorti quelques minutes avant l’arrivé de la police. On le cherche dans le marché sans le trouver. Comme dans un film policier, on passe le téléphone à Dao pour l’attirer dans les filets des flics. Malheureusement, le garçon affirme au téléphone : « Je suis aux mains des policiers». «Le Noir», ne viendra pas. Cependant, sous l’insistance de la police, Dao montre leurs magasins de stockage. Une cour commune à 100 mètres de «Délégation». Un véritable ghetto ! L’endroit semble si dangereux que le lieutenant Kina poste ses éléments dans les points stratégiques avant d’entrer. Là, on découvre des magasins enfouis dans la cour. Ce sont des endroits où on ne penserait pas venir chercher une marchandise de contrebande. Des lots important de couteaux sont saisis. Cette saisine met fin à l’opération. « Le préfet d’Abidjan et le Dg de la police ont été saisi. Ce matin avec l’accord du préfet et du district, nous avons mené la mission. En tant que responsable du commissariat du district d’Abidjan, notre mission est d’abord de lutter contre les vendeurs ambulants, mais le cas de ces couteaux sort de l’ordinaire», explique Oulaï Yvonne qui peut se féliciter de cette mission.
Raphaël Tanoh