Malgré le sentiment de désamour exprimé à leur égard par les sondés, dans le cadre de l'étude prospective réalisée par le ministère du Plan et du Développement, les leaders politiques devraient en principe se réjouir. Loin des critiques et analyses aux relents démagogiques, ce travail scientifique a le mérite de renvoyer aux acteurs politiques ivoiriens, notamment ceux qui aspirent à gouverner le pays, les sentiments réels des populations. Que ce soit au sujet de l'immigration, des relations avec la France, de la justice que de la gestion même du pouvoir, les enquêtés ont assez clairement exprimé ce à quoi ils aspirent. Il appartient donc aux leaders politiques qui les courtisent en ce moment, de tirer le meilleur profit des résultats de l'étude, soit en réajustant leur programme de gouvernement soit en lui donnant plus d'assises, pour mieux séduire les électeurs. Cela devrait en principe commencer évidemment par un démarquage net d'avec la famille politique d'origine, pour tenir compte de l'un des ressentiments majeurs exprimés par les sondés concernant le nombre pléthorique de partis politiques. Une stratégie déjà adoptée par quelques leaders qui se définissent dès à présent comme des candidats du peuple ou de la jeunesse. C'est notamment le cas des indépendants. Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara ont eux aussi décidé de se mettre au-dessus de la mêlée. Au-delà de leurs partis politiques respectifs, ils veulent absolument se présenter sous un jour plus grand, sans forcément s'afficher sous le slogan : « le candidat du peuple » devenu moins original.
Aller à la pêche aux voix dans des régions réputées être les bastions des concurrents est devenu le sport favori des principaux candidats. Ce qui remet de plus en plus en cause la notion même de bastion. Le prétendant au fauteuil présidentiel qui réussira à faire le plus preuve d'ouverture aura ainsi une avance considérable sur les autres.
Il faut rappeler que la précédente étude prospective de 1993 avait aussi été riche en enseignements. Après avoir recueilli les aspirations des populations, les experts avaient tracé quatre schémas d'évolution du pays. L'un des scénarii esquissait déjà l'irruption des militaires sur la scène politique. C'est lui qui s'est finalement réalisé le 24 décembre 1999 avec le coup d'Etat de Noël.
Malheureusement, les dirigeants de l'époque avaient jeté le rapport des experts dans les tiroirs. Mal leur en pris. Sans doute que cette nouvelle « enquête sur les aspirations des populations vivant en Côte d'Ivoire » méritera un meilleur sort. Pour le plus grand bien des candidats.
Marc Dossa
Aller à la pêche aux voix dans des régions réputées être les bastions des concurrents est devenu le sport favori des principaux candidats. Ce qui remet de plus en plus en cause la notion même de bastion. Le prétendant au fauteuil présidentiel qui réussira à faire le plus preuve d'ouverture aura ainsi une avance considérable sur les autres.
Il faut rappeler que la précédente étude prospective de 1993 avait aussi été riche en enseignements. Après avoir recueilli les aspirations des populations, les experts avaient tracé quatre schémas d'évolution du pays. L'un des scénarii esquissait déjà l'irruption des militaires sur la scène politique. C'est lui qui s'est finalement réalisé le 24 décembre 1999 avec le coup d'Etat de Noël.
Malheureusement, les dirigeants de l'époque avaient jeté le rapport des experts dans les tiroirs. Mal leur en pris. Sans doute que cette nouvelle « enquête sur les aspirations des populations vivant en Côte d'Ivoire » méritera un meilleur sort. Pour le plus grand bien des candidats.
Marc Dossa
