Michel Amani N'Guessan est du coup le point de mire de la sortie de crise. Les tâches qui lui incombent conditionnent, en effet, la tenue de l'élection présidentielle. Certes, la finalisation de la refondation de la nouvelle armée n'est pas pour demain. Mais, le désarmement et la démobilisation doivent prendre fin avant le vote. Les choses sont allées rapidement ces derniers temps. Il y a eu le « consensus » sur les grades et l'« accord parfait » sur les critères de recrutement des 5.000 ex-combattants Forces nouvelles (Fn). Deux décrets sont attendus pour les entériner. S'ils sont signés, c'est une épine que le chef de l’Etat aura ôtée du pied du ministre. Il ne sera pas pour autant sorti de l'auberge. Car, un autre dossier qui traîne, est le redéploiement des 8.000 éléments des forces mixtes. Les Forces nouvelles doivent réunir 4.000 éléments. «Nous avons pour l'instant 101 éléments à Abidjan (...) Si pour 100 personnes, nous n'avons pas toutes les solutions, vous comprenez qu'il ne faut pas aller jusqu'à 4.000. Ce serait cumuler des problèmes inutilement ». C'est en termes que le chef d'état-major des Forces armées des Forces nouvelles, le général Soumaïla Bakayoko, avait expliqué la lenteur de son côté. Ce discours prévaudra-t-il toujours quand l'épée de Damoclès, le 29 novembre, plane sur la tête Amani N'Guessan ? « L'échéance du 29 novembre s'impose à nous tous et après le dernier Comité d'évaluation et d'accompagnement (Cea), des instructions claires ont été données pour que nous puissions être prêts par rapport au redéploiement des 8.000 gendarmes et policiers et à l'encasernement des 5.000 soldats. Que nous soyons prêts au plus tard le 29 septembre, délai de rigueur, sinon les élections seront compromises par notre faute », explique le ministre. Cependant, des arrangements comme il l'a proposé pourraient être possibles dans les jours à venir. Tant pour passer le cap du redéploiement, mais aussi pour obtenir le statut de certains éléments Fn. « Il s'agit du statut des 600 éléments de la police et de la gendarmerie pour qu'ils exécutent leur mission. Pour qu'au plan statutaire, ils soient reconnus comme tels par l'Etat de Côte d'Ivoire », selon le général Soumaïla Bakayoko. Celui-ci attend un décret à cet effet. L'encasernement des ex-combattants est un chantier entier. L'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), pour donner un coup de pouce, a déboursé 500 millions de Fcfa pour la réhabilitation des sites. En principe, l'encasernement doit être bouclé début novembre. Reste que le ministère de la Défense fasse une inspection pour constater l'avancement des travaux. Si elle est effective, la réhabilitation va forcément booster l'installation des brigades mixtes. Il était question qu'à côté des travaux « avancés » du 3è bataillon de Bouaké, l'on aménage la route, le réfectoire, les toilettes et qu'on apporte de l'eau à cette caserne, selon le patron de l'Onuci. Les travaux de trois casernes visitées le 18 août par Y.J Choi étaient en cours et ils devraient avoir évolués. Une fois tous les locaux militaires rendus disponibles, le déploiement des éléments du Centre de commandement intégré (Cci) peut être possible. Notons que cet embryon de l'armée nouvelle a été déjà implanté à Bouaké et Korhogo. Le dispositif pour la sécurisation de l'élection se met progressivement en place. On le sait, la tenue de l'élection est aussi subordonnée au démantèlement des milices. L'opération doit prendre fin avant le premier tour du scrutin. Le démantèlement des groupes d'autodéfense est en cours et devrait connaître une accélération. Tout dépend de la qualité de la coopération avec les jeunes à risque. Samedi, le Cci sortant d'une réunion-bilan, a adopté la fermeté. L'équipe du colonel Kouakou Nicolas menace en effet de brandir le ceinturon contre tout ex-milicien démobilisé qui va s'affubler d'accessoires militaires.
Bidi Ignace
Bidi Ignace