Les populations de Tiassalé et environs peuvent crier victoire même si le combat contre les coupeurs de route est loin d'être gagné. Quatre des six braqueurs arrêtés ont été condamnés hier à 20 ans de prison ferme. Il s'agit de Tamani Carême, frère du chef de village de Kangagnanzé, N'Dri Joseph (paysan) dit Bébé, poursuivis pour association de malfaiteurs, Lonfo Soumahila dit Ismo et Yéo Zanga, (charbonnier) poursuivi pour vol de nuit avec violence et port d'armes à feu. Soumahoro Sina dit Marcel, également poursuivit pour association de malfaiteurs, a été relaxé pour délit non établi. De même, celui que les prévenus avaient désigné comme le parrain, ou encore le « chao » du groupe, Couibaly Wonkolé Lokolé dit Seydou Comité, a été relaxé. Il était accusé d'association de malfaiteurs, de complicité de vol de nuit, de recel. Pourtant, lors de la première journée du procès, mercredi, les déclarations des prévenus présageaient autre chose que la relaxe de Seydou Comité. Ismo et Carême, qui étaient vite passés aux aveux, désignaient ce quinquagénaire, riche planteur avec des relations solides au gouvernement, comme coupable. «C'est lui qui nous approvisionne en arme et en argent », déclaraient-ils. Ismo et Carême se sont rétractés à la surprise générale. On ignore si c'est la fatigue ou les rudes épreuves de la prison, mais, ils ont affirmé s'être trompés sur le compte de Seydou Comité. Toutefois, les témoins venus d'Abidjan ont indexé N'Dri Joseph et Yéo Zanga comme faisant partie du gang des coupeurs de route. Ces témoins, au nombre de 10, ont dit avoir reconnu leurs braqueurs. Au terme du procès qui s'est achevé hier à 18h, le juge Kacou Florent peut se féliciter d'avoir mené à terme une affaire aussi complexe. Car les inculpés sont des ressortissants d'une ville où presque tout le monde se connaît. Le procureur, Zahe Edmond, est quant à lui, sceptique. « La population ne nous a pas aidés dans cette affaire. Parmi les témoins, seule une personne de la ville a accepté de parler. Les autres témoins sont venus d'Abidjan », a-t-il regretté. Toutefois, ses réquisitions ont été entièrement suivies par le tribunal. Et le parquet entend poursuivre les nommés Nohon Oumar et Abou Taureau, les deux chefs du gang qui courent toujours. Me Gohi Bi Irhiet Raoul, l'avocat de Seydou Comité, pense que les vrais « boss » du groupe, ce sont ces personnes et non son client qui a été innocenté.
Raphaël Tanoh, Envoyé spécial
Raphaël Tanoh, Envoyé spécial