Les miliciens continuent de semer le désordre. Et les agressions continuent. L'illustration s'est faite dans la nuit du 31 août à Yopougon, non loin de la cathédrale Saint André. En treillis, cette nuit-là aux environs de 19 heures, Adingra Célestin, 27 ans et Karamoko Abdoul Karim, 26 ans, tous deux éléments du Groupement des patriotes pour la paix (Gpp), organisent une série de vols avec violences couronnée par un braquage presque parfait. Tout est parti d'Adjamé. Adingra et son « frère d'armes » se présentent au chauffeur de taxi. Ibrahim, 40 ans. Ils se font passer pour des militaires et réquisitionnent le taxi. Pour la course, ils conviennent de la somme de 13.000 Fcfa. « C'était une bonne affaire pour moi. J'ai accepté de les conduire. Selon eux, ils se rendaient à Yopougon », affirme Ibrahim. Mais, les deux miliciens ont bien d'autres intentions. Ils avaient au préalable agressé un commerçant à Adjamé-Mirador. Les malfrats l'ont dépouillé de la somme de 500.000 Fcfa. Pour brouiller les pistes, ils ont eu l'ingénieuse d’emprunter le taxi. Adingra et son complice prennent alors la direction de Yopougon. Mais, la victime a eu le temps d'alerter le commissariat de police du 27ème arrondissement. Un message radio est lancé sur le réseau. C'est au niveau du carrefour de la cathédrale Saint André, à Yopougon, que les choses se compliquent pour la bande. Ils tombent nez-à-nez sur des éléments de la police criminelle en patrouille dans le secteur. Intrigués par l'attitude des occupants, ils passent au peigne fin le taxi. Le contrôle d'identité permet d'intercepter les malfrats. Lors de leur interpellation, ils soutiennent être des militaires. Conduits à la brigade de recherche de la gendarmerie du Plateau, ils se ravisent. Adingra et son acolyte déclarent être des miliciens appartenant au Gpp. Le 9 septembre, à la barre du tribunal des flagrants délits du Plateau, ils ne reconnaissent pas l'accusation de vol de nuit en réunion avec violence. Selon Abdoul, ils ont emprunté le taxi pour faire des courses. « Nous sommes sortis à 19 heures. On partait rendre visite à ma copine à Yopougon. Chemin faisant, nous sommes tombés dans un contrôle policier. Ils nous ont fouillé sans rien trouver », soutient-il. Le juge demande pourquoi ils se sont présentés en tenue comme étant des militaires. Les prévenus n'arrivent pas à donner une réponse. Le parquet général requiert 10 ans fermes pour les deux miliciens. « M. le président, ces individus se sont présentés en tenue militaire. Ils ont fait croire au chauffeur qu'ils étaient des éléments des forces régulières. C'est ainsi qu'ils ont réquisitionné le taxi pour commettre plusieurs forfaits. Ces individus sont dangereux. Il faudra les mettre hors d'état de nuire», insiste le procureur. Si le juge a mis « hors d'état de nuire » les prévenus, il n'a cependant pas suivit le ministère public au niveau de la peine requise. Ils ont été condamnés à dix-huit mois fermes chacun. A leur libération, ils doivent payer individuellement la somme de 100.000 Fcfa comme amende. Quant au chauffeur, aucune charge n'est retenue contre lui. Il sort libre de la salle des flagrants délits.
OM
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