Motus: Déjeuner

Le grand chef de notre République est en ce moment aux Etats-Unis d’Amérique. La télévision, bien patriotique, a informé les Ivoiriens. Le camarade socialiste et premier des citoyens de notre pays est chez l’oncle Sam. Selon les dires de notre télé, il prendra la parole devant les experts de l’Organisation des Nations Unies. Cela nous a vraiment fait chaud au cœur. C’est vrai que ce n’est pas la première fois que l’ancien opposant historique s’y rend. Mais la grande particularité, c’est qu’il prendra le déjeuner avec Barack Obama, le tout premier président noir des Etats-Unis. L’homme le plus puissant du monde, pour qui, l’ami Jesse Jackson a coulé des larmes historiques. Nous étions vraiment contents de cette opportunité qui s’ouvrait à la Côte d’Ivoire quand nous avons appris qu’il ne s’agirait pas d’un tête à tête mais bien d’un repas collectif. En somme, Barack Obama sera avec une pléthore de dirigeants africains et ils mangeront ensemble comme nous le faisions naguère à la cantine ou au réfectoire, quand nous étions à l’école primaire et au lycée. Ils seront ensemble mais pas côte à côte. Et pourtant, ils avaient été bien euphoriques, nos amis les relais de la refondation ! Vouloir nous faire croire à autre chose qui à la réalité. Leur joie était identique à celle qui a suivi le fameux coup de fil du président français, Nicolas Sarkozy, à notre bien aimé grand chef. Cela était tellement capital qu’il fallait occuper la télévision, pour annoncer la bonne nouvelle du salut aux Ivoiriens. Là encore, nous les crédules, nous avons sauté de joie. Désormais, le numéro un de la Côte d’Ivoire pouvait dormir tranquille et même faire les plus beaux rêves, après les cauchemars de la période Chirac. Pour en revenir à Barack Obama, pourquoi n’est-il pas venu chez nous, alors qu’il n’y a pas longtemps de cela, il était juste à côté, chez le voisin ghanéen ? On a su par la suite que le président américain reste très attaché aux valeurs démocratiques et à la bonne gouvernance. Ce qui n’est pas encore la tasse de thé de nos refondateurs. Eux aspirent à être riches « vite vite » et non « dôni dôni », comme notre ami de « Dignité ».l

Par BAKARY NIMAGA