La police économique est aux trousses de M. Kouassi Komenan, fondateur de l’école privée d’enseignement supérieur SUP’MANAGEMENT, enseignant à l’UFR des Sciences économiques. Voleur du MBA de son étudiant et trafiquant du doctorat d’un sociologue, il a été confondu, 90 minutes durant, par l’étudiant propriétaire du MBA en question à la police économique. Son histoire, mise en film, peut avoir l’oscar du meilleur scénario aux rendez-vous mondiaux du cinéma.
Sur le coup de 17h, le commissaire Douzo de la Police économique a dû maudire, mercredi dernier, de son bureau et par mille fois, le destin qui l’a fait embrasser la carrière de policier. En tout cas, autour de lui, de nombreux flics informés de ce qu’il venait de libérer un trafiquant de diplômes, se sont immédiatement mis en colère, pestant de toute leur impuissance face à ce qu’ils appellent les entraves de leur supérieur hiérarchique à leur travail. Ce travail entrepris depuis près de deux semaines venait, pourtant, de permettre au commissaire Douzo et à ses hommes, au bout de quelques 90 minutes de confrontation, entre 13h30 et 15h, de mettre aux arrêts M. Kouassi Komenan, assistant à l’Université de Cocody, fondateur de l’établissement d’enseignement supérieur SUP’MANAGEMENT, visiblement convaincu de vol de diplômes et de falsification de thèse de doctorat. C’est que, deux heures après ce beau coup de filet, le procureur de la République a ordonné au commissaire Douzo et à ses enquêteurs de libérer l’enseignant. Il était 17 heures. Assurance contre cavale !?
Evidemment, sorti d’affaire par le procureur de la République, le DG Kouassi Komenan a foncé directement à son bureau de l’établissement sis à Cocody Vallons, rue des Jardins, pour savourer sa momentanée victoire.
C’est que le mercredi dernier, l’information de la libération de l’enseignant sur qui pèsent de lourds soupçons de vol et de falsification de diplômes s’est répandue comme une traînée de poudre dans les milieux policiers et universitaires. Interrogé par nos soins au téléphone, 2h après le départ du suspect de la Police économique, le procureur Raymond Tchimou nous a certifié avoir effectivement ordonné au commissaire Douzo de libérer le «professeur» poursuivi. Pourquoi ? «Parce que l’enquête n’est pas bouclée», nous a-t-il répondu. Mais, comment le sait-il? «Parce que le travail des policiers se fait sous ma responsabilité. C’est mon dossier et tant que ce n’est pas complet, tant que l’on n’a pas réuni toutes les preuves contre le prévenu, je ne peux pas accepter qu’on l’arrête, même pas pour une garde à vue !», tranche M. Tchimou. Soit, mais quelle autre preuve attend Monsieur le procureur devant deux thèses de doctorat, l’une véritable et l’autre falsifiée par M. Komenan ? Pourquoi faire libérer le prévenu alors que le conseil de gestion de l’université de Cocody, réuni vendredi dernier, a suspendu M. Kouassi Komenan des cours ? Selon le président de l’Université, le professeur Téa Gokou, ce conseil a déjà proposé au Conseil de l’Université, qui va se réunir, dans moins de quinze jours, la radiation et la poursuite pénale contre M. Kouassi Komenan. «Moi, je vous apprends que les membres du Conseil de l’Université n’ont pas été interrogés. Donc, le dossier n’est pas complet», nous répond encore Raymond Tchimou. Autre question : «Avez-vous pris suffisamment de précautions pour garantir sa constante présence pendant les compléments d’enquêtes que vous attendez ?». Là-dessus, M. Tchimou est formel : «Oui, j’ai pris les dispositions pour qu’il ne s’enfuie pas». Fin de nos échanges. Pour le procureur de la République, il faut que la police achève complètement son audition avant de déférer le présumé coupable. C’est ce qui justifie donc la liberté accordée au DG Kouassi Komenan. On attend donc de voir la suite de cette palpitante histoire avec dans le rôle principal, le fondateur de SUP’MANAGEMENT, falsificateur de diplômes. Depuis la semaine dernière, l’homme a employé la presse nationale pour tourner en bourrique un arrêté pris par le ministre Cissé Bacongo de l’Ensei-gnement supérieur pour la fermeture de son établissement. Pis, des communiqués de presse diffusés par le ministre et mettant les parents d’élèves en garde n’ont vraisemblablement servi à rien. Le ministre des grandes écoles a même saisi ses collègues Désiré Tagro de l’Intérieur et Koné Mamadou de la Justice pour faire aboutir sa plainte contre Kouassi Komenan. En vain ! L’affaire traînait à la police, plombée dans les entrailles des nombreux réseaux qui protègent le faussaire, falsificateur de doctorat et voleur de MBA. Il a fallu que le commissaire Douzo se décide à foncer, au risque de se faire taper dessus pour que la vérité sorte du noir. Une longue carrière de faussaire L’affaire Kouassi Komenan est un véritable drame intellectuel pour notre université. C’est un coup de massue académique pour l’enseignement supérieur en Côte d’Ivoire. Elle est, certes, digne des plus grands romans policiers, mais nul n’a le droit d’en rire parce qu’elle touche à la formation de la jeunesse, avenir du pays et à la réputation de l’Université de Cocody. Il y a quelques jours, un étudiant a porté plainte à la police économique contre M. Kouassi Komenan, DG de l’établissement d’enseignement supérieur SUP’MANAGEMENT, son ancien patron. Cet étudiant s’appelle aussi Kouassi Komenan. Vous l’avez noté, le plaignant est l’homonyme parfait de son ancien DG poursuivi. Faisant partie de la première promotion 2002-2004 de SUP’MANAGEMENT, le plaignant a soutenu avec succès un mémoire de MBA, le 22 octobre 2004, dans l’établissement. Mais au moment où l’étudiant devait recevoir son diplôme original délivré et certifié par un établissement marocain, le DG de SUP’MANAGEMENT lui annonce que son parchemin est perdu. Dans l’immédiat, l’étudiant se voit délivrer seulement le DESS couplé au MBA. Plus de douze mois plus tard, l’étudiant insiste mais son DG ne peut que lui délivrer une attestation de réussite au MBA en attendant que le double de son MBA, comme le promet le DG, soit délivré par le partenaire marocain. Au bout de deux années de va et vient, l’étudiant se voit délivrer un parchemin cacheté par son DG et sensé représenter le MBA perdu. Mais ce diplôme-ci porte deux grosses anomalies : Il est d’abord daté de 2006 alors que l’étudiant l’a soutenu en 2004 ; il n’est pas fait du même papier et ne porte pas le même cachet sec que celui marqué sur les diplômes fabriqués et certifiés au Maroc pour ses camarades de la promotion 2002-2004. Evidemment, partout où l’étudiant Kouassi Komenan présente ce diplôme reconstitué, il est soupçonné de faux et usage de faux. Alors, n’en pouvant plus, il a porté plainte contre son ex-DG, Kouassi Komenan de SUP’MANAGEMENT, à la police écono-mique. Et tout remonte à la surface Dès le début de l’enquête, la police trouve dans les affaires du DG, un MBA original délivré en 2004 pour le compte de «Kouassi Komenan». Or, les informations montrent que le DG Kouassi Komenan n’a jamais soutenu un mémoire de MBA. Il ne peut donc montrer ni le jury ni le lieu où il a soutenu le MBA qu’il détient. La police est alors déjà située : le MBA déclaré perdu pour l’étudiant Kouassi Komenan ne l’a jamais été. Il est plutôt confisqué par le DG de SUP’MANAGEMENT qui se l’est attribué. En clair, le DG Kouassi Komenan a volé le diplôme de son étudiant Kouassi Komenan ! Premier délit. En poussant plus loin, les policiers découvrent que le DG Kouassi Komenan enseigne à l’Unité de Formation et de Recherche (UFR) des Sciences économiques et de Gestion (SEG) de l’Université de Cocody et qu’il se fait appeler «Docteur». Dans le dossier qu’il a déposé pour se faire recruter en 2007 comme assistant chargé de cours, les fins limiers trouvent, outre un PHD Honoris Causas qui n’est pas un diplôme académique pour enseigner, un document faisant office d’une thèse de doctorat portant le nom du DG Kouassi Komenan et intitulé : «Thèse unique en administration des affaires. Sujet : Microcrédit formel et Microcrédit informel. Quelle leçon à partir d’une étude de cas en Côte d’Ivoire ?». Sur la page de garde, il est mentionné que le sujet « présenté par Kouassi Komenan » a été soutenu «sous la direction du professeur Abdessalam Erkik»… Premier couac : Abdessalam Erkik est le fondateur de l’établissement marocain qui certifie les activités de SUP’MANAGEMENT en Côte d’Ivoire. Ce Monsieur n’est pas un professeur d’université et n’a jamais dirigé une thèse, encore moins celle du DG Kouassi Komenan, son partenaire ivoirien en affaires. Deuxième couac : l’intitulé de la thèse correspond exactement à la première partie de la thèse de doctorat soutenue à l’Université Paris X Nanterre par le docteur Lida Dali Serge, enseignant-chercheur en poste au département de sociologie de l’Université de Cocody. Pour se l’attribuer, le DG de SUP’MANAGEMENT a simplement modifié la page de garde et conservé entièrement le contenu de la thèse de Lida Dali Serge. Troisième couac : dans son désir de falsification de thèse de doctorat, le DG de SUP’MANAGEMENT a laissé en l’état la dédicace avec les noms des parents de l’enseignant de sociologie ainsi que ses avant-propos et remerciements. Aussi, trouve-t-on écrits, noir sur blanc dans la thèse déposée par le DG Kouassi Komenan, les remerciements : 1°)- Au laboratoire de Sociologie, Philosophie et Anthropologie politique de l’Université Paris X Nanterre où il n’a jamais mis les pieds; 2°)- Aux aînés Moïse Lida Kouassi, Nicodème Zakra (les parents de Lida Dali Serge), Madi Bangoura (tuteur de Lida Serge à Paris), des personnalités que le DG de SUP’MANAGEMENT n’a pourtant jamais rencontrées. Faut-il enfin le signaler, dans sa prétendue thèse, le DG de SUP’MANAGEMENT s’excuse, ô stupeur, « auprès des juniors Haïda et Noa Lida », les enfants de Lida Dali Serge ! Quatrième et dernier couac : à l’Université de Cocody, le DG Kouassi Komenan, prétendument titulaire d’un doctorat, s’est montré incapable de dispenser les séances de travaux dirigés (TD) aux étudiants. Depuis deux ans, il a confié cette tâche à un de ses enseignants, le sieur Doumbia Issouf, titulaire d’une maîtrise, employé de SUP’MANAGEMENT et auquel il a délivré un DESS fictif pour diriger les TD à sa place. C’est tout ce puzzle que les responsables de l’université et les enquêteurs de la Police économique ont mis au grand jour. Trois plaintes contre le DG faussaire Le scandale de ce faux enseignant d’université est porté à la connaissance du ministre Cissé Ibrahim Bacongo. Qui convoque Lida Dali Serge. L’enseignant de sociologie découvre que sa thèse a été effectivement falsifiée par le DG Komenan Kouassi, enseignant à l’UFR des SEG de l’Université de Cocody depuis 2007. La même année, Lida Dali Serge avait déposé sa candidature pour dispenser des cours à SUP’MANAGEMENT. Dans un premier temps, le DG Kouassi Komenan a rejeté sa candidature parce que Lida Dali était encore en instance de soutenance. Mais le lendemain, le DG lui demande de déposer une copie de sa thèse en préparation pour «analyse», et Lida s’est plié à cette injonction. Puis, plus rien. Jusqu’à ce que le ministre Bacongo le reçoive le jeudi 10 septembre dernier, Lida Dali Serge ignorait tout de ce que le DG de SUP’MANAGEMENT a fait de son diplôme. Et depuis cette rencontre avec le ministre de l’Enseignement supérieur, l’enseignant de sociologie a porté plainte à son tour contre Kouassi Komenan. Idem pour le ministre Bacongo qui a constaté aussi de graves anomalies dans les deux copies de curriculum vitae déposées par le DG Kouassi Komenan pour se faire recruter à l’université et pour postuler, s’il vous plaît, à l’agrégation ! Sur le premier CV, le DG déclare avoir obtenu son doctorat en 2004. Sur le second, le doctorat est déclaré obtenu en 2007. Mais pis, les recherches entreprises semblent montrer que le DG Kouassi Komenan n’a jamais obtenu le baccalauréat. Et pourtant, il est censé avoir fait l’ESCAE de Yamoussoukro, école supérieure où l’on entre avec le bac. Enfin, M. Kouassi Komenan a créé un établissement supérieur et y préside des mémoires de fin de cycle alors qu’il pourrait ne pas en avoir la qualification et le droit. Trop c’est trop ! Le ministre Bacongo a signé, par mesure conservatoire, un arrêté de fermeture de SUP’MANAGEMENT. Peine perdue ! La police saisie pour faire appliquer la mesure administrative se rétracte. En vérité, l’épouse du DG Kouassi Komenan est magistrate. Elle s’appelle Mme Kouassi née N’Guessan Nimba Ela Mireille. D’après les informations de source policière, c’est elle qui aurait saisi M. Liadé, substitut du procureur, pour bloquer l’exécution de l’arrêté ministériel. Le mercredi dernier, le commissaire Douzo et ses hommes ont procédé à la confrontation entre le DG faussaire et l’ancien étudiant Kouassi Komenan pour aboutir à la conclusion que le MBA détenu par le DG (qui n’a jamais fait de telles études) est bien celui de son étudiant. Ils ont donc décidé de garder le DG dans les liens de la prévention et de le transférer devant le procureur de la République. Trompé sans doute par le réseau obscur des protecteurs du faussaire et son épouse de magistrate, le procureur de la République a ordonné aux policiers de libérer le faussaire. Et depuis mercredi, les propos les plus orduriers sont déversés sur le palais de justice. Que fera le procureur Tchimou pour l’honneur de la justice ? Attendons de voir.
César Etou cesaretou2002@yahoo.fr
Sur le coup de 17h, le commissaire Douzo de la Police économique a dû maudire, mercredi dernier, de son bureau et par mille fois, le destin qui l’a fait embrasser la carrière de policier. En tout cas, autour de lui, de nombreux flics informés de ce qu’il venait de libérer un trafiquant de diplômes, se sont immédiatement mis en colère, pestant de toute leur impuissance face à ce qu’ils appellent les entraves de leur supérieur hiérarchique à leur travail. Ce travail entrepris depuis près de deux semaines venait, pourtant, de permettre au commissaire Douzo et à ses hommes, au bout de quelques 90 minutes de confrontation, entre 13h30 et 15h, de mettre aux arrêts M. Kouassi Komenan, assistant à l’Université de Cocody, fondateur de l’établissement d’enseignement supérieur SUP’MANAGEMENT, visiblement convaincu de vol de diplômes et de falsification de thèse de doctorat. C’est que, deux heures après ce beau coup de filet, le procureur de la République a ordonné au commissaire Douzo et à ses enquêteurs de libérer l’enseignant. Il était 17 heures. Assurance contre cavale !?
Evidemment, sorti d’affaire par le procureur de la République, le DG Kouassi Komenan a foncé directement à son bureau de l’établissement sis à Cocody Vallons, rue des Jardins, pour savourer sa momentanée victoire.
C’est que le mercredi dernier, l’information de la libération de l’enseignant sur qui pèsent de lourds soupçons de vol et de falsification de diplômes s’est répandue comme une traînée de poudre dans les milieux policiers et universitaires. Interrogé par nos soins au téléphone, 2h après le départ du suspect de la Police économique, le procureur Raymond Tchimou nous a certifié avoir effectivement ordonné au commissaire Douzo de libérer le «professeur» poursuivi. Pourquoi ? «Parce que l’enquête n’est pas bouclée», nous a-t-il répondu. Mais, comment le sait-il? «Parce que le travail des policiers se fait sous ma responsabilité. C’est mon dossier et tant que ce n’est pas complet, tant que l’on n’a pas réuni toutes les preuves contre le prévenu, je ne peux pas accepter qu’on l’arrête, même pas pour une garde à vue !», tranche M. Tchimou. Soit, mais quelle autre preuve attend Monsieur le procureur devant deux thèses de doctorat, l’une véritable et l’autre falsifiée par M. Komenan ? Pourquoi faire libérer le prévenu alors que le conseil de gestion de l’université de Cocody, réuni vendredi dernier, a suspendu M. Kouassi Komenan des cours ? Selon le président de l’Université, le professeur Téa Gokou, ce conseil a déjà proposé au Conseil de l’Université, qui va se réunir, dans moins de quinze jours, la radiation et la poursuite pénale contre M. Kouassi Komenan. «Moi, je vous apprends que les membres du Conseil de l’Université n’ont pas été interrogés. Donc, le dossier n’est pas complet», nous répond encore Raymond Tchimou. Autre question : «Avez-vous pris suffisamment de précautions pour garantir sa constante présence pendant les compléments d’enquêtes que vous attendez ?». Là-dessus, M. Tchimou est formel : «Oui, j’ai pris les dispositions pour qu’il ne s’enfuie pas». Fin de nos échanges. Pour le procureur de la République, il faut que la police achève complètement son audition avant de déférer le présumé coupable. C’est ce qui justifie donc la liberté accordée au DG Kouassi Komenan. On attend donc de voir la suite de cette palpitante histoire avec dans le rôle principal, le fondateur de SUP’MANAGEMENT, falsificateur de diplômes. Depuis la semaine dernière, l’homme a employé la presse nationale pour tourner en bourrique un arrêté pris par le ministre Cissé Bacongo de l’Ensei-gnement supérieur pour la fermeture de son établissement. Pis, des communiqués de presse diffusés par le ministre et mettant les parents d’élèves en garde n’ont vraisemblablement servi à rien. Le ministre des grandes écoles a même saisi ses collègues Désiré Tagro de l’Intérieur et Koné Mamadou de la Justice pour faire aboutir sa plainte contre Kouassi Komenan. En vain ! L’affaire traînait à la police, plombée dans les entrailles des nombreux réseaux qui protègent le faussaire, falsificateur de doctorat et voleur de MBA. Il a fallu que le commissaire Douzo se décide à foncer, au risque de se faire taper dessus pour que la vérité sorte du noir. Une longue carrière de faussaire L’affaire Kouassi Komenan est un véritable drame intellectuel pour notre université. C’est un coup de massue académique pour l’enseignement supérieur en Côte d’Ivoire. Elle est, certes, digne des plus grands romans policiers, mais nul n’a le droit d’en rire parce qu’elle touche à la formation de la jeunesse, avenir du pays et à la réputation de l’Université de Cocody. Il y a quelques jours, un étudiant a porté plainte à la police économique contre M. Kouassi Komenan, DG de l’établissement d’enseignement supérieur SUP’MANAGEMENT, son ancien patron. Cet étudiant s’appelle aussi Kouassi Komenan. Vous l’avez noté, le plaignant est l’homonyme parfait de son ancien DG poursuivi. Faisant partie de la première promotion 2002-2004 de SUP’MANAGEMENT, le plaignant a soutenu avec succès un mémoire de MBA, le 22 octobre 2004, dans l’établissement. Mais au moment où l’étudiant devait recevoir son diplôme original délivré et certifié par un établissement marocain, le DG de SUP’MANAGEMENT lui annonce que son parchemin est perdu. Dans l’immédiat, l’étudiant se voit délivrer seulement le DESS couplé au MBA. Plus de douze mois plus tard, l’étudiant insiste mais son DG ne peut que lui délivrer une attestation de réussite au MBA en attendant que le double de son MBA, comme le promet le DG, soit délivré par le partenaire marocain. Au bout de deux années de va et vient, l’étudiant se voit délivrer un parchemin cacheté par son DG et sensé représenter le MBA perdu. Mais ce diplôme-ci porte deux grosses anomalies : Il est d’abord daté de 2006 alors que l’étudiant l’a soutenu en 2004 ; il n’est pas fait du même papier et ne porte pas le même cachet sec que celui marqué sur les diplômes fabriqués et certifiés au Maroc pour ses camarades de la promotion 2002-2004. Evidemment, partout où l’étudiant Kouassi Komenan présente ce diplôme reconstitué, il est soupçonné de faux et usage de faux. Alors, n’en pouvant plus, il a porté plainte contre son ex-DG, Kouassi Komenan de SUP’MANAGEMENT, à la police écono-mique. Et tout remonte à la surface Dès le début de l’enquête, la police trouve dans les affaires du DG, un MBA original délivré en 2004 pour le compte de «Kouassi Komenan». Or, les informations montrent que le DG Kouassi Komenan n’a jamais soutenu un mémoire de MBA. Il ne peut donc montrer ni le jury ni le lieu où il a soutenu le MBA qu’il détient. La police est alors déjà située : le MBA déclaré perdu pour l’étudiant Kouassi Komenan ne l’a jamais été. Il est plutôt confisqué par le DG de SUP’MANAGEMENT qui se l’est attribué. En clair, le DG Kouassi Komenan a volé le diplôme de son étudiant Kouassi Komenan ! Premier délit. En poussant plus loin, les policiers découvrent que le DG Kouassi Komenan enseigne à l’Unité de Formation et de Recherche (UFR) des Sciences économiques et de Gestion (SEG) de l’Université de Cocody et qu’il se fait appeler «Docteur». Dans le dossier qu’il a déposé pour se faire recruter en 2007 comme assistant chargé de cours, les fins limiers trouvent, outre un PHD Honoris Causas qui n’est pas un diplôme académique pour enseigner, un document faisant office d’une thèse de doctorat portant le nom du DG Kouassi Komenan et intitulé : «Thèse unique en administration des affaires. Sujet : Microcrédit formel et Microcrédit informel. Quelle leçon à partir d’une étude de cas en Côte d’Ivoire ?». Sur la page de garde, il est mentionné que le sujet « présenté par Kouassi Komenan » a été soutenu «sous la direction du professeur Abdessalam Erkik»… Premier couac : Abdessalam Erkik est le fondateur de l’établissement marocain qui certifie les activités de SUP’MANAGEMENT en Côte d’Ivoire. Ce Monsieur n’est pas un professeur d’université et n’a jamais dirigé une thèse, encore moins celle du DG Kouassi Komenan, son partenaire ivoirien en affaires. Deuxième couac : l’intitulé de la thèse correspond exactement à la première partie de la thèse de doctorat soutenue à l’Université Paris X Nanterre par le docteur Lida Dali Serge, enseignant-chercheur en poste au département de sociologie de l’Université de Cocody. Pour se l’attribuer, le DG de SUP’MANAGEMENT a simplement modifié la page de garde et conservé entièrement le contenu de la thèse de Lida Dali Serge. Troisième couac : dans son désir de falsification de thèse de doctorat, le DG de SUP’MANAGEMENT a laissé en l’état la dédicace avec les noms des parents de l’enseignant de sociologie ainsi que ses avant-propos et remerciements. Aussi, trouve-t-on écrits, noir sur blanc dans la thèse déposée par le DG Kouassi Komenan, les remerciements : 1°)- Au laboratoire de Sociologie, Philosophie et Anthropologie politique de l’Université Paris X Nanterre où il n’a jamais mis les pieds; 2°)- Aux aînés Moïse Lida Kouassi, Nicodème Zakra (les parents de Lida Dali Serge), Madi Bangoura (tuteur de Lida Serge à Paris), des personnalités que le DG de SUP’MANAGEMENT n’a pourtant jamais rencontrées. Faut-il enfin le signaler, dans sa prétendue thèse, le DG de SUP’MANAGEMENT s’excuse, ô stupeur, « auprès des juniors Haïda et Noa Lida », les enfants de Lida Dali Serge ! Quatrième et dernier couac : à l’Université de Cocody, le DG Kouassi Komenan, prétendument titulaire d’un doctorat, s’est montré incapable de dispenser les séances de travaux dirigés (TD) aux étudiants. Depuis deux ans, il a confié cette tâche à un de ses enseignants, le sieur Doumbia Issouf, titulaire d’une maîtrise, employé de SUP’MANAGEMENT et auquel il a délivré un DESS fictif pour diriger les TD à sa place. C’est tout ce puzzle que les responsables de l’université et les enquêteurs de la Police économique ont mis au grand jour. Trois plaintes contre le DG faussaire Le scandale de ce faux enseignant d’université est porté à la connaissance du ministre Cissé Ibrahim Bacongo. Qui convoque Lida Dali Serge. L’enseignant de sociologie découvre que sa thèse a été effectivement falsifiée par le DG Komenan Kouassi, enseignant à l’UFR des SEG de l’Université de Cocody depuis 2007. La même année, Lida Dali Serge avait déposé sa candidature pour dispenser des cours à SUP’MANAGEMENT. Dans un premier temps, le DG Kouassi Komenan a rejeté sa candidature parce que Lida Dali était encore en instance de soutenance. Mais le lendemain, le DG lui demande de déposer une copie de sa thèse en préparation pour «analyse», et Lida s’est plié à cette injonction. Puis, plus rien. Jusqu’à ce que le ministre Bacongo le reçoive le jeudi 10 septembre dernier, Lida Dali Serge ignorait tout de ce que le DG de SUP’MANAGEMENT a fait de son diplôme. Et depuis cette rencontre avec le ministre de l’Enseignement supérieur, l’enseignant de sociologie a porté plainte à son tour contre Kouassi Komenan. Idem pour le ministre Bacongo qui a constaté aussi de graves anomalies dans les deux copies de curriculum vitae déposées par le DG Kouassi Komenan pour se faire recruter à l’université et pour postuler, s’il vous plaît, à l’agrégation ! Sur le premier CV, le DG déclare avoir obtenu son doctorat en 2004. Sur le second, le doctorat est déclaré obtenu en 2007. Mais pis, les recherches entreprises semblent montrer que le DG Kouassi Komenan n’a jamais obtenu le baccalauréat. Et pourtant, il est censé avoir fait l’ESCAE de Yamoussoukro, école supérieure où l’on entre avec le bac. Enfin, M. Kouassi Komenan a créé un établissement supérieur et y préside des mémoires de fin de cycle alors qu’il pourrait ne pas en avoir la qualification et le droit. Trop c’est trop ! Le ministre Bacongo a signé, par mesure conservatoire, un arrêté de fermeture de SUP’MANAGEMENT. Peine perdue ! La police saisie pour faire appliquer la mesure administrative se rétracte. En vérité, l’épouse du DG Kouassi Komenan est magistrate. Elle s’appelle Mme Kouassi née N’Guessan Nimba Ela Mireille. D’après les informations de source policière, c’est elle qui aurait saisi M. Liadé, substitut du procureur, pour bloquer l’exécution de l’arrêté ministériel. Le mercredi dernier, le commissaire Douzo et ses hommes ont procédé à la confrontation entre le DG faussaire et l’ancien étudiant Kouassi Komenan pour aboutir à la conclusion que le MBA détenu par le DG (qui n’a jamais fait de telles études) est bien celui de son étudiant. Ils ont donc décidé de garder le DG dans les liens de la prévention et de le transférer devant le procureur de la République. Trompé sans doute par le réseau obscur des protecteurs du faussaire et son épouse de magistrate, le procureur de la République a ordonné aux policiers de libérer le faussaire. Et depuis mercredi, les propos les plus orduriers sont déversés sur le palais de justice. Que fera le procureur Tchimou pour l’honneur de la justice ? Attendons de voir.
César Etou cesaretou2002@yahoo.fr