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Art et Culture Publié le samedi 26 septembre 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Samedis de Biton : Un anniversaire douloureux

Chaque lundi, je commence à réfléchir sur ma chronique à écrire pour le samedi. Ecrire une chronique est comparable à la création littéraire. Ce n’est pas comme un reportage où le journaliste a sa matière dans ce qu’il voit et entend. Une chronique c’est de la vraie création. Maxime Gorki qui reste encore, même mort, l’un des plus grands écrivains de la Russie, déconseillait le journalisme à tous ceux qui aimeraient mener une carrière littéraire. Comme pour le roman, le chroniqueur a besoin d’imagination qui naît, souvent, de la lecture. Les livres et les journaux doivent faire partie du budget prioritaire de l’écrivain comme les salaires sont la priorité de tous les gouvernements africains. J’ai fini par trouver rapidement mon thème dès que j’ai appelé ma femme, à Dakar, pour lui souhaiter un bon anniversaire. En lui parlant, une idée a effleuré mon esprit. Pourquoi ne pas faire une chronique sur les 50 ans d’indépendance des pays africains ?

Comme d’habitude l’amusement et la parlote vont dominer les cérémonies pour les différents cinquantenaires. En Afrique, on aurait dû s’en passer. Ces fêtes vont susciter la joie et le plaisir. Vu les différents bilans, il n’y a pas de quoi pavoiser et se réjouir. L’année prochaine, dans trois mois, doit servir à la prière et à la méditation sur nos malheurs, nos difficultés et implorer de Dieu de nous extraire de cette « malédiction » qui persiste. Que ne sait-on pas de nos problèmes ? On n’a vraiment plus besoin de débats. Les vrais problèmes qui continuent de nous enfoncer ne seront jamais abordés. On va les minimiser et s’étendre sur des sujets débattus depuis quarante ans, sinon plus. Le premier problème de l’Afrique réside dans les mentalités. On n’en parle jamais dans les colloques et les congrès. Comment expliquer que dans tout un continent les gens ont les mêmes défauts. Comment soigner l’orgueil, la méchanceté, la jalousie, l’envie, la médisance ? Que doit-on faire pour enlever l’esprit de corruption aux cadres africains ? Depuis 1960, toute l’Afrique ne cesse de parler de la corruption et chercher à la combattre. Elle ne fait qu’augmenter. La solution n’est pas d’en parler ou de créer des commissions contre l’enrichissement illicite. Pourquoi tous ces combats n’ont rien donné ? Comment expliquer qu’à quelque trois mois de nos cinquantenaires, les Africains continuent de nommer des ministres selon leur ethnie ou leur région ? A quoi peuvent servir des milliards injectés dans des pays où le tribalisme devient une vraie pieuvre ? Comment expliquer qu’en cinquante ans aucun Etat africain n’a pu devenir une Nation ? Dans ce contexte c’est plus qu’un sacrilège que de chercher à constituer des Etats-Unis de l’Afrique. Ce n’est pas un hasard que de l’OUA à l’UA ce sont les mêmes scènes qu’on voit dans les journaux télévisés. Discours, discours. Rien que des discours. Rares sont deux pays africains qui ont réussi à exécuter ensemble des accords de coopération économique. Mentalité, mentalité. L’Afrique a un problème de mentalité. Comment enlever aux citoyens l’esprit de gaspillage, de bavardage, de recherche permanente de repos et de jours fériés ? Pourquoi se taire sur les comportements sexuels des hommes africains ? Notamment les cadres, les intelectuels et les politiciens. Adjo Saabie a écrit un livre savoureux intitulé : « Epouses et Concubines de Chefs d’Etat Africains. » On ne voit que les Présidents mais ce sont tous les responsables et même les simples citoyens dont les attitudes vis-à-vis du sexe sont un déficit pour le développement. Les bailleurs de fonds comprendront-ils, un jour, un jour seulement, comment le sexe est devenu un vrai désastre pour la réussite de tous les projets économiques et sociaux. Comment expliquer que les Chrétiens de ce contient ne mettent pas en pratique dans leur vie et leur comportement les trois chapitres de Matthieu 5, 6 et 7. L’ajustement structurel ne doit pas être mis en œuvre par les Etats seulement mais pour tous les citoyens. Fêtons les cinquante ans en oubliant de prendre des armes contre les mentalités rétrogrades qui nous enfoncent de plus en plus. Que dire des hommes, dans une belle et grosse voiture, qui jettent, à travers leur vitre, des kleenex sur le goudron ? J’ai dit mentalités à soigner. Quel pays africain durant les festivités du cinquantenaire poussera ces citoyens à alimenter leur vie des cinq genres de lecture indispensables pour transformer les mentalités. Fêtons et faisons la parlote comme on sait bien le faire pour l’anniversaire de nos cinquante ans. Aller à la retraite dans cinq ans sans avoir rien fait. Ainsi va l’Afrique. A samedi prochain.

PS : Une mère de 18 enfants est enceinte à nouveau. Les parents de la plus grande famille américaine ont annoncé attendre leur dix-neuvième enfant. Les 18 enfants de la famille Duggar ont reçu un prénom commençant par la lettre J. L’aîné de la famille, John et son épouse, vont accueillir à leur tour leur premier enfant. Le futur père a d’ailleurs confié qu’il espérait suivre la trace de ses parents . Monsieur Duggar dit dépenser 1 431 euros par mois pour nourrir sa famille. Et dire que moi je suis toujours bloqué à trois.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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