Quelques années après son inauguration, le Palais de la culture de Treichville ne fait pas la joie des artistes. Il est inaccessible à la majorité des créateurs.
Le conflit entre la Radio télévision ivoirienne et la direction du Palais de la culture pour la tenue des émissions de vacances au sein du temple culturel, a soulevé le débat sur le coût des salles et espaces destinés aux spectacles. Les prix des espaces mis en location sans réduction, donneraient du tournis à plus d`un observateur. Les prix varient de 50.000 Fcfa (salle de 50 places) à 2.000.000 Fcfa (salle de 4.000 places) sans les charges supplémentaires. Ces charges sont l`assurance (10.000 à 200.000 Fcfa), la sécurité (30.000 à 300.000 Fcfa), et les primes des techniciens (100.000 Fcfa).
Artistes et promoteurs de spectacles mécontents
Bâti sur une superficie de 12.000 m2, la vocation de ce temple est « la promotion de l`excellence de la culture ivoirienne afin de favoriser un dialogue interculturel entre nationaux, et avec le reste du monde ». A l`origine, l`édifice avait pour but de mettre fin au monopôle du Palais des congrès de l`hôtel Ivoire. Mais, quelques années après, le Palais de la culture n`accompagne pas réellement les artistes ivoiriens. On a même l`impression que c`est une structure privée. Fruit de la coopération sino-ivoirienne, les concerts, réunions, théâtres, foires, émissions télés, expositions et toutes les manifestations peuvent trouver des espaces adaptés à chaque type de cérémonie. Mais seulement voilà. Seuls les artistes de renom disposant d`une bonne situation financière, peuvent s`offrir un espace de ce temple culturel. Les artistes dans leur majorité, ont du mal à s`y aventurer et les promoteurs de spectacles ne s`y essaient que lorsqu`ils disposent de certaines garanties, notamment le soutien d`un sponsor. Ce fait constitue un véritable frein à l`éclosion de jeunes talents et à la confirmation des talents existants. La situation actuelle peut être inversée si certaines dispositions sont prises. Les promoteurs de spectacles et les artistes sont sidérés par les prix de la location des salles du Palais de la culture. En effet, les coûts de location des salles selon eux, sont les plus élevés de l`Afrique. Claude Bassolé, organisateur de spectacles, est formel. «2.600.000 Fcfa pour une salle de 2.700 places assises, c`est excessif. Quand on parle de 4.000 places, c`est avec les espaces compris. Il y a des salles de 3.000 places dans la sous-région qui ne coûtent pas plus de 300.000 Fcfa », se plaint-il.
Un Palais payant : une politique de l`Etat
Pour Bassolé, seule la concurrence d`une structure privée, offrant des salles plus spacieuses peut permettre une réduction des tarifs de location du temple de Treichville. Siro du groupe zouglou Yodé et Siro, pense que le Palais participe à la promotion des artistes. Mais, il reconnaît qu`organiser un concert sans l`apport d`un sponsor est impossible. Alors que, selon lui, l`artiste doit pouvoir lui-même organiser des spectacles. Si les musiciens arrivent parfois à se frayer un chemin, la situation est beaucoup plus difficile pour les humoristes. Même les 50% de réduction que leur accorde la direction du Palais ne leur permet pas de faire plusieurs spectacles dans l`année. L`artiste comédien, Prince Bill, qui s`est déjà produit dans le temple avec le Djéli Théâtre confirme cette thèse. « Si un groupe s`aventure au Palais de la culture sans sponsor, malgré les 50 % de réduction, il tournera à perte. Les prix sont exorbitants », explique-t-il. Outre les 50% de remise pour les troupes de théâtre et des comédiens, la direction de ce centre culturel organise chaque année une saison de danses durant laquelle les salles sont gracieusement offertes aux troupes. Aussi, les œuvres des artistes peintres sont exposées dans les halls du bâtiment comme contribution de la direction à leur épanouissement. La culture ivoirienne a bien besoin d`une attention particulière du gouvernement. Si ce dernier se vante de lui avoir offert un lieu de valorisation des talents, il n`en demeure pas moins que cet espace doit produire des recettes qui obligent les responsables à fixer des prix élevés pour les créateurs et organisateurs de spectacles. Selon Mme Ayala Bakaba, administratrice du Palais, le statut même du complexe exige une certaine disposition dans sa gestion. « Le Palais de la culture est un Etablissement public national (Epn), mais à caractère industriel et commercial (Epic). C`est-à-dire qu`il a une obligation de générer des recettes. En clair, c`est une Epn qui fonctionne comme une Epic. Ce qui amène la structure à avoir des contraintes et des exigences. D`où l`incapacité de donner gratuitement des salles », soutient l`administratrice. Pour elle, c`est l`Etat qui exige que les salles soient louées. En plus, il faut entretenir le patrimoine et participer au financement de la structure qui est le fruit d`un financement de 27 milliards de Fcfa. Ce mode de gestion est dénoncé au ministère de la Culture. « Le Palais de la culture est rattaché directement à la présidence. Les ordres viennent de là-bas. Bien qu`il soit sous la tutelle du ministère, ce n`est pas la tutelle qui le gère », nous a confié un agent du ministère de la Culture. Pour lui, le Palais doit revenir aux artistes. C`est-à-dire, qu`ils doivent être capables à n`importe quel coût de trouver une salle pour s`exprimer. La direction de la maison des créateurs donne une autre version. Siba Vincent, chorégraphe et président de la Fédération des troupes et compagnies de danse de Côte d`Ivoire, estime que le Palais reviendra moins cher dans quelques années. Bien informé, il précise qu`actuellement la préoccupation de l`Etat et de la direction, c’est le remboursement du fonds ayant permis la construction du complexe. « Si vous allez au Palais de la culture vers la salle du technicien en chef, vous verrez le bureau des chinois. Toutes les recettes sont versées au chef comptable qui, à son tour, les verse au ministère de l`Economie et des Finances », souligne Siba Vincent. Cette thèse est soutenue par l`administratrice. Selon elle, si les recettes demandées par l`Etat ivoirien ne rentrent pas au moment indiqué, le ministère des Finances leur fait des remontrances. Donc, que “les artistes patientent un peu pour voir leur maison leur revenir définitivement”. Mais en attendant, la culture ivoirienne recherche désespérément un lieu d`expression gratuit.
S.A.
Le conflit entre la Radio télévision ivoirienne et la direction du Palais de la culture pour la tenue des émissions de vacances au sein du temple culturel, a soulevé le débat sur le coût des salles et espaces destinés aux spectacles. Les prix des espaces mis en location sans réduction, donneraient du tournis à plus d`un observateur. Les prix varient de 50.000 Fcfa (salle de 50 places) à 2.000.000 Fcfa (salle de 4.000 places) sans les charges supplémentaires. Ces charges sont l`assurance (10.000 à 200.000 Fcfa), la sécurité (30.000 à 300.000 Fcfa), et les primes des techniciens (100.000 Fcfa).
Artistes et promoteurs de spectacles mécontents
Bâti sur une superficie de 12.000 m2, la vocation de ce temple est « la promotion de l`excellence de la culture ivoirienne afin de favoriser un dialogue interculturel entre nationaux, et avec le reste du monde ». A l`origine, l`édifice avait pour but de mettre fin au monopôle du Palais des congrès de l`hôtel Ivoire. Mais, quelques années après, le Palais de la culture n`accompagne pas réellement les artistes ivoiriens. On a même l`impression que c`est une structure privée. Fruit de la coopération sino-ivoirienne, les concerts, réunions, théâtres, foires, émissions télés, expositions et toutes les manifestations peuvent trouver des espaces adaptés à chaque type de cérémonie. Mais seulement voilà. Seuls les artistes de renom disposant d`une bonne situation financière, peuvent s`offrir un espace de ce temple culturel. Les artistes dans leur majorité, ont du mal à s`y aventurer et les promoteurs de spectacles ne s`y essaient que lorsqu`ils disposent de certaines garanties, notamment le soutien d`un sponsor. Ce fait constitue un véritable frein à l`éclosion de jeunes talents et à la confirmation des talents existants. La situation actuelle peut être inversée si certaines dispositions sont prises. Les promoteurs de spectacles et les artistes sont sidérés par les prix de la location des salles du Palais de la culture. En effet, les coûts de location des salles selon eux, sont les plus élevés de l`Afrique. Claude Bassolé, organisateur de spectacles, est formel. «2.600.000 Fcfa pour une salle de 2.700 places assises, c`est excessif. Quand on parle de 4.000 places, c`est avec les espaces compris. Il y a des salles de 3.000 places dans la sous-région qui ne coûtent pas plus de 300.000 Fcfa », se plaint-il.
Un Palais payant : une politique de l`Etat
Pour Bassolé, seule la concurrence d`une structure privée, offrant des salles plus spacieuses peut permettre une réduction des tarifs de location du temple de Treichville. Siro du groupe zouglou Yodé et Siro, pense que le Palais participe à la promotion des artistes. Mais, il reconnaît qu`organiser un concert sans l`apport d`un sponsor est impossible. Alors que, selon lui, l`artiste doit pouvoir lui-même organiser des spectacles. Si les musiciens arrivent parfois à se frayer un chemin, la situation est beaucoup plus difficile pour les humoristes. Même les 50% de réduction que leur accorde la direction du Palais ne leur permet pas de faire plusieurs spectacles dans l`année. L`artiste comédien, Prince Bill, qui s`est déjà produit dans le temple avec le Djéli Théâtre confirme cette thèse. « Si un groupe s`aventure au Palais de la culture sans sponsor, malgré les 50 % de réduction, il tournera à perte. Les prix sont exorbitants », explique-t-il. Outre les 50% de remise pour les troupes de théâtre et des comédiens, la direction de ce centre culturel organise chaque année une saison de danses durant laquelle les salles sont gracieusement offertes aux troupes. Aussi, les œuvres des artistes peintres sont exposées dans les halls du bâtiment comme contribution de la direction à leur épanouissement. La culture ivoirienne a bien besoin d`une attention particulière du gouvernement. Si ce dernier se vante de lui avoir offert un lieu de valorisation des talents, il n`en demeure pas moins que cet espace doit produire des recettes qui obligent les responsables à fixer des prix élevés pour les créateurs et organisateurs de spectacles. Selon Mme Ayala Bakaba, administratrice du Palais, le statut même du complexe exige une certaine disposition dans sa gestion. « Le Palais de la culture est un Etablissement public national (Epn), mais à caractère industriel et commercial (Epic). C`est-à-dire qu`il a une obligation de générer des recettes. En clair, c`est une Epn qui fonctionne comme une Epic. Ce qui amène la structure à avoir des contraintes et des exigences. D`où l`incapacité de donner gratuitement des salles », soutient l`administratrice. Pour elle, c`est l`Etat qui exige que les salles soient louées. En plus, il faut entretenir le patrimoine et participer au financement de la structure qui est le fruit d`un financement de 27 milliards de Fcfa. Ce mode de gestion est dénoncé au ministère de la Culture. « Le Palais de la culture est rattaché directement à la présidence. Les ordres viennent de là-bas. Bien qu`il soit sous la tutelle du ministère, ce n`est pas la tutelle qui le gère », nous a confié un agent du ministère de la Culture. Pour lui, le Palais doit revenir aux artistes. C`est-à-dire, qu`ils doivent être capables à n`importe quel coût de trouver une salle pour s`exprimer. La direction de la maison des créateurs donne une autre version. Siba Vincent, chorégraphe et président de la Fédération des troupes et compagnies de danse de Côte d`Ivoire, estime que le Palais reviendra moins cher dans quelques années. Bien informé, il précise qu`actuellement la préoccupation de l`Etat et de la direction, c’est le remboursement du fonds ayant permis la construction du complexe. « Si vous allez au Palais de la culture vers la salle du technicien en chef, vous verrez le bureau des chinois. Toutes les recettes sont versées au chef comptable qui, à son tour, les verse au ministère de l`Economie et des Finances », souligne Siba Vincent. Cette thèse est soutenue par l`administratrice. Selon elle, si les recettes demandées par l`Etat ivoirien ne rentrent pas au moment indiqué, le ministère des Finances leur fait des remontrances. Donc, que “les artistes patientent un peu pour voir leur maison leur revenir définitivement”. Mais en attendant, la culture ivoirienne recherche désespérément un lieu d`expression gratuit.
S.A.