La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ont signé dernièrement un traité d’amitié et de coopération, à l’issue d’un sommet qui a réuni les présidents Laurent Gbagbo et Blaise Compaoré à Yamoussoukro.
Le président ivoirien Laurent Gbagbo a reçu son homologue burkinabè Blaise Compaoré en Côte d’Ivoire. A Bobo-Dioulasso le 24 janvier 2007 au quartier Lafiabougou, sous le parvis du pied-à-terre de Blaise Compaoré, le chef de l’Etat burkinabè, son homologue ivoirien déclara : « Je suis venu demander à mon homologue d’être le facilitateur dans le dialogue direct interivoirien, que j’ai initié ».
Résurrection d’une coopération
Selon Boureima Badini, représentant spécial de la facilitation burkinabè dans la crise ivoirienne, il s’agissait de consolider ainsi l’accord politique de Ouagadougou, dont la mise en œuvre arrive à son terme, en intensifiant les relations entre les deux pays. Le traité porte entre autres sur les domaines des transports, des mines et de l’agriculture. Laurent Gbagbo et Blaise Compaoré ont présidé un Conseil des ministres conjoint réunissant des ministres de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso en présence des Premiers ministres des deux gouvernements.
Propos lâchés après près de 2 heures d’entretien entre les deux présidents. Officialisation de ce qu’avaient décidé les chefs d’Etat de la CEDEAO le 19 janvier à Ouagadougou (Blaise venait d’endosser la tenue de président de cet organe), cette option du fondateur du parti frontiste ivoirien n’en laisse pas moins pantois plus d’un analyste politique.
Quelle mouche avait-elle piqué Gbagbo pour qu’il en vienne à demander au “pyromane” Blaise d’aller éteindre le feu qu’il a allumé via les croquants nord-ivoiriens ? Pourquoi le premier responsable ivoirien venait-il solliciter les bons offices de celui qui, 3 ans auparavant, lui prédisait une fin devant la Cour pénale internationale ? Y avait-il un « deal » politique entre les deux hommes, qui ne voulaient pas se voir en peinture (mais qui, pourtant, se connaissent bien), derrière ce nouveau tournant dans la crise ivoirienne ? En tout cas, cette attitude de Gbagbo a pris de court plus d’une personne. Depuis le déclenchement du « gan-gan » le 19 septembre 2002, les relations entre les deux pays étaient devenues exécrables, et après l’escalade verbale on a, à un certain moment, craint un affrontement.
Raison pour laquelle d’ailleurs de part et d’autre on fourbissait ses armes, car on n’en sait jamais ! Patatra ! survint le conclave de Linas-Marcoussis qui, bien qu’ayant sauvé les apparences, avait dépouillé Gbagbo de toutes ses prérogatives. Car les accords signés au forceps dans la nuit du 23 au 24 janvier 2003 par les 7 partis politiques et les 3 mouvements rebelles et entérinés par la dizaine de chefs d’Etat le 26 janvier confinaient à un coup d’Etat. Et c’en était trop pour Gbagbo : voir les rebelles d’alors adoubés à Kléber, portés aux nues dans cette banlieue parisienne où le XV de France pratique ses entrainements, avouons que c’était suffisant pour rendre le tablier.
Une perspective envisagée par Gbagbo, qui a dû remercier le défunt président gabonais Omar Bongo Ondimba, qui l’en aurait dissuadé à l’époque. Et c’était sûr que cette mise sous tutelle de la Côte d’Ivoire (“suspension” de la Constitution, imposition d’un Premier ministre en la personne d’Elimane Diarra) lui restait en travers de la gorge. Mais c’était sans compter avec la témérité du locataire du palais de Cocody n ne revient pas d’une visite à Rome pour affronter des rebelles et se laisser abattre pour si peu, on n’a pas bataillé en tant qu’opposant contre Houphouët-Boigny pour plier l’échine aussi facilement. Surtout si on a une réputation de boulanger, qualificatif qui, après tout, n’est pas un défaut en politique.
Gbagbo avait compris une chose : que le Burkinabè Blaise fût le parrain ou non de Tuo Fozié (premier visage de la rébellion) et de sa bande, la résolution de cette crise passait par Ouagadougou, vu que Marcoussis, Pretoria I, II et III n’ont fait qu’élaguer certains problèmes … En parvenant à faire fumer le calumet de la paix aux protagonistes de la crise le 4 mars 2007, le Président du Faso avait frappé un grand coup politique et revenait sur la scène internationale, d’où il avait été éclipsé, pour des raisons domestiques, notamment par l’affaire Norbert Zongo.
Bien que n’étant pas la solution miraculeuse, l’Accord politique global (APG) tient la route, puisqu’une date de la présidentielle, le 29 novembre 2009, a été arrêtée. Un scrutin qui ne règlera pas d’une baguette magique ces 10 ans de tambouille, mais qui aura l’avantage, on l’espère, de remettre la Côte d’Ivoire sur la route de la reprise économique. En venant dans la capitale burkinabè pour effectuer une visite d’Etat et y rester 3 jours (27 au 29 juillet 2008), Laurent Gbagbo sonnait la fin de tout quiproquo. Matérialisée par le Traité d’amitié et de coopération, la visite de l’année dernière réveille certains chantiers laissés en “jachère” depuis des décennies, et scelle une nouvelle alliance entre deux peuples que seules les frontières héritées de la colonisation séparent.
En lui rendant la politesse hier 15 septembre 2009 et ce, jusqu’au 18 courant, Blaise Compaoré aurait voulu dire : « la bagarre est vraiment terminée… travaillons à faire de nos deux pays des moteurs de l’UEMOA… je n’ai aucun parti pris dans la prochaine présidentielle… » qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Car, bien que ce soit la règle de la réciprocité diplomatique qu’il applique, ce séjour du PF à Yamoussoukro et à Abidjan sera gravé dans le marbre des relations entre les deux pays. Car entre cette visite d’Etat et sa dernière présence de cette envergure en terre d’Eburnie, il y a eu une guerre civile, des Burkinabè, des Ivoiriens tués, la propagande sur l’ivoirité qu’avait prédit le réalisateur belge Benoit Scheur à travers sa fresque documentaire « Poudrière identitaire »… (1).
Conseil de ministres ivoiro-burkinabè, coprésidé par Gbagbo et Blaise, adresse de ce dernier aux députés ivoiriens, sans oublier ce qui turlupine toute la classe politique et les populations, la tenue de la présidentielle le 29 novembre prochain, meubleront ces retrouvailles. En tant que facilitateur, le premier des Burkinabè ne saurait ne pas faire un arrêt sur la locomotive de la réconciliation, qui doit siffler à la gare de la paix sans une panne trop prolongée à une station. En somme le mur de glace est brisé.
Certains, comme toujours, ne manqueront pas de voir un soutien tacite au candidat du FPI qui, à l’évidence, en fin politique, ne manquera pas de profiter de cette visite bienfaisante. Au facilitateur de montrer qu’il vient chez l’homologue et non chez celui qui veut rempiler, même quand on sait que, dans la conjoncture actuelle, entre les 2 Gbagbo, la ligne de démarcation est très tenue.
Notes : Le documentaire « Poudrière identitaire » fait un parallèle avec la tragédie rwandaise et ce qui se préparait en Côte d’Ivoire. Il a été diffusé sur la TNB les 19 et 21 janvier 2003.
Blaise Compaoré s’est adressé au Parlement
Le président burkinabé Blaise Compaoré s’est adressé au parlement ivoirien. « Nous nous félicitons de ce que la sagesse légendaire du peuple ivoirien ait prévalu sur les velléités de division, et que, lentement, mais surement, s’installe la paix des cœurs, la volonté de faire triompher les idéaux de paix et de solidarité », a-t-il déclaré à cette occasion.
Le chef de l’Etat burkinabé s’était rendu, mercredi, au village natal de son homologue ivoirien, Laurent Gbagbo. C’est la première visite officielle du président Compaoré en Côte d’Ivoire, mais la troisième visite depuis la signature des accords de Ouagadougou censés mettre fin à la crise ivoirienne. Cependant, beaucoup de questions susbsistent sur la tenue de l’élection ivoirienne le 29 novembre.
par mondeactu.com
Le président ivoirien Laurent Gbagbo a reçu son homologue burkinabè Blaise Compaoré en Côte d’Ivoire. A Bobo-Dioulasso le 24 janvier 2007 au quartier Lafiabougou, sous le parvis du pied-à-terre de Blaise Compaoré, le chef de l’Etat burkinabè, son homologue ivoirien déclara : « Je suis venu demander à mon homologue d’être le facilitateur dans le dialogue direct interivoirien, que j’ai initié ».
Résurrection d’une coopération
Selon Boureima Badini, représentant spécial de la facilitation burkinabè dans la crise ivoirienne, il s’agissait de consolider ainsi l’accord politique de Ouagadougou, dont la mise en œuvre arrive à son terme, en intensifiant les relations entre les deux pays. Le traité porte entre autres sur les domaines des transports, des mines et de l’agriculture. Laurent Gbagbo et Blaise Compaoré ont présidé un Conseil des ministres conjoint réunissant des ministres de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso en présence des Premiers ministres des deux gouvernements.
Propos lâchés après près de 2 heures d’entretien entre les deux présidents. Officialisation de ce qu’avaient décidé les chefs d’Etat de la CEDEAO le 19 janvier à Ouagadougou (Blaise venait d’endosser la tenue de président de cet organe), cette option du fondateur du parti frontiste ivoirien n’en laisse pas moins pantois plus d’un analyste politique.
Quelle mouche avait-elle piqué Gbagbo pour qu’il en vienne à demander au “pyromane” Blaise d’aller éteindre le feu qu’il a allumé via les croquants nord-ivoiriens ? Pourquoi le premier responsable ivoirien venait-il solliciter les bons offices de celui qui, 3 ans auparavant, lui prédisait une fin devant la Cour pénale internationale ? Y avait-il un « deal » politique entre les deux hommes, qui ne voulaient pas se voir en peinture (mais qui, pourtant, se connaissent bien), derrière ce nouveau tournant dans la crise ivoirienne ? En tout cas, cette attitude de Gbagbo a pris de court plus d’une personne. Depuis le déclenchement du « gan-gan » le 19 septembre 2002, les relations entre les deux pays étaient devenues exécrables, et après l’escalade verbale on a, à un certain moment, craint un affrontement.
Raison pour laquelle d’ailleurs de part et d’autre on fourbissait ses armes, car on n’en sait jamais ! Patatra ! survint le conclave de Linas-Marcoussis qui, bien qu’ayant sauvé les apparences, avait dépouillé Gbagbo de toutes ses prérogatives. Car les accords signés au forceps dans la nuit du 23 au 24 janvier 2003 par les 7 partis politiques et les 3 mouvements rebelles et entérinés par la dizaine de chefs d’Etat le 26 janvier confinaient à un coup d’Etat. Et c’en était trop pour Gbagbo : voir les rebelles d’alors adoubés à Kléber, portés aux nues dans cette banlieue parisienne où le XV de France pratique ses entrainements, avouons que c’était suffisant pour rendre le tablier.
Une perspective envisagée par Gbagbo, qui a dû remercier le défunt président gabonais Omar Bongo Ondimba, qui l’en aurait dissuadé à l’époque. Et c’était sûr que cette mise sous tutelle de la Côte d’Ivoire (“suspension” de la Constitution, imposition d’un Premier ministre en la personne d’Elimane Diarra) lui restait en travers de la gorge. Mais c’était sans compter avec la témérité du locataire du palais de Cocody n ne revient pas d’une visite à Rome pour affronter des rebelles et se laisser abattre pour si peu, on n’a pas bataillé en tant qu’opposant contre Houphouët-Boigny pour plier l’échine aussi facilement. Surtout si on a une réputation de boulanger, qualificatif qui, après tout, n’est pas un défaut en politique.
Gbagbo avait compris une chose : que le Burkinabè Blaise fût le parrain ou non de Tuo Fozié (premier visage de la rébellion) et de sa bande, la résolution de cette crise passait par Ouagadougou, vu que Marcoussis, Pretoria I, II et III n’ont fait qu’élaguer certains problèmes … En parvenant à faire fumer le calumet de la paix aux protagonistes de la crise le 4 mars 2007, le Président du Faso avait frappé un grand coup politique et revenait sur la scène internationale, d’où il avait été éclipsé, pour des raisons domestiques, notamment par l’affaire Norbert Zongo.
Bien que n’étant pas la solution miraculeuse, l’Accord politique global (APG) tient la route, puisqu’une date de la présidentielle, le 29 novembre 2009, a été arrêtée. Un scrutin qui ne règlera pas d’une baguette magique ces 10 ans de tambouille, mais qui aura l’avantage, on l’espère, de remettre la Côte d’Ivoire sur la route de la reprise économique. En venant dans la capitale burkinabè pour effectuer une visite d’Etat et y rester 3 jours (27 au 29 juillet 2008), Laurent Gbagbo sonnait la fin de tout quiproquo. Matérialisée par le Traité d’amitié et de coopération, la visite de l’année dernière réveille certains chantiers laissés en “jachère” depuis des décennies, et scelle une nouvelle alliance entre deux peuples que seules les frontières héritées de la colonisation séparent.
En lui rendant la politesse hier 15 septembre 2009 et ce, jusqu’au 18 courant, Blaise Compaoré aurait voulu dire : « la bagarre est vraiment terminée… travaillons à faire de nos deux pays des moteurs de l’UEMOA… je n’ai aucun parti pris dans la prochaine présidentielle… » qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Car, bien que ce soit la règle de la réciprocité diplomatique qu’il applique, ce séjour du PF à Yamoussoukro et à Abidjan sera gravé dans le marbre des relations entre les deux pays. Car entre cette visite d’Etat et sa dernière présence de cette envergure en terre d’Eburnie, il y a eu une guerre civile, des Burkinabè, des Ivoiriens tués, la propagande sur l’ivoirité qu’avait prédit le réalisateur belge Benoit Scheur à travers sa fresque documentaire « Poudrière identitaire »… (1).
Conseil de ministres ivoiro-burkinabè, coprésidé par Gbagbo et Blaise, adresse de ce dernier aux députés ivoiriens, sans oublier ce qui turlupine toute la classe politique et les populations, la tenue de la présidentielle le 29 novembre prochain, meubleront ces retrouvailles. En tant que facilitateur, le premier des Burkinabè ne saurait ne pas faire un arrêt sur la locomotive de la réconciliation, qui doit siffler à la gare de la paix sans une panne trop prolongée à une station. En somme le mur de glace est brisé.
Certains, comme toujours, ne manqueront pas de voir un soutien tacite au candidat du FPI qui, à l’évidence, en fin politique, ne manquera pas de profiter de cette visite bienfaisante. Au facilitateur de montrer qu’il vient chez l’homologue et non chez celui qui veut rempiler, même quand on sait que, dans la conjoncture actuelle, entre les 2 Gbagbo, la ligne de démarcation est très tenue.
Notes : Le documentaire « Poudrière identitaire » fait un parallèle avec la tragédie rwandaise et ce qui se préparait en Côte d’Ivoire. Il a été diffusé sur la TNB les 19 et 21 janvier 2003.
Blaise Compaoré s’est adressé au Parlement
Le président burkinabé Blaise Compaoré s’est adressé au parlement ivoirien. « Nous nous félicitons de ce que la sagesse légendaire du peuple ivoirien ait prévalu sur les velléités de division, et que, lentement, mais surement, s’installe la paix des cœurs, la volonté de faire triompher les idéaux de paix et de solidarité », a-t-il déclaré à cette occasion.
Le chef de l’Etat burkinabé s’était rendu, mercredi, au village natal de son homologue ivoirien, Laurent Gbagbo. C’est la première visite officielle du président Compaoré en Côte d’Ivoire, mais la troisième visite depuis la signature des accords de Ouagadougou censés mettre fin à la crise ivoirienne. Cependant, beaucoup de questions susbsistent sur la tenue de l’élection ivoirienne le 29 novembre.
par mondeactu.com