Surfacturations, émissions de bons fictifs, majoration de tonnes de ciment à des fins mercantiles, extorsions de fonds à l’Etat de Côte d’Ivoire et à des entrepreneurs privés... Voici entre autres faits reprochés à N’da Comoé, responsable des projets de corridors de sécurité, par son ex- chef de cabinet, M. Aka Brou Félix qu’il a jeté en prison, parce que celui-ci serait suffisamment au parfum des magouilles. Vrai ou faux, le débat est ouvert avec cette sortie fracassante qui invite tout le monde à bien ouvrir les yeux sur des projets qui sont censés, à terme, assurer la sécurité de tous les Ivoiriens. M. Aka Brou Félix, on vous connaît en tant que Président de l’AJD (Association des jeunes démocrates). Que vaut votre visite dans nos locaux? Merci. Je suis effectivement Président de l’Association des jeunes démocrates. Ma présence d’aujourd’hui ne s’inscrit pas dans le cadre de la politique, mais plutôt pour parler d’un fléau qui tend à ruiner toute la société ivoirienne. Il s’agit de la construction des corridors de sécurité que l’Etat ivoirien a bien voulu confier à M. N’da Comoé, selon ses dires. Etant chef de cabinet de N’da Comoé, je me suis rendu compte de beaucoup de choses. C’est pour cela que je suis dans vos locaux, pour en parler avec vous. Je peux même dire que je suis la personne idoine, capable de répondre à toutes les questions en ce qui concerne les corridors de sécurité. Ce n’est pas N’da Comoé lui-même. Mais, c’est plutôt, son chef de cabinet que je suis. Parce que, je peux dire que je maîtrise, non pas les systèmes au niveau informatique, mais au niveau de tout ce qui se trame autour du corridor. Je peux avouer que je le maîtrise avec l’appui de mon ami M. Paul, paix à son âme. Qu’est-ce qui se trame donc autour de ces corridors de sécurité ? Je voudrais dire que les corridors de sécurité constituent une arnaque pour la Côte d’Ivoire. Parce que N’da Comoé a utilisé ce corridor pour tromper les plus hautes autorités de notre pays, à savoir le Président de la République. Il s’est basé à l’état-major dans le but de refouler tous ceux qu’il a plus ou moins grugés. Et étant son ex-chef de cabinet, je peux vraiment vous égrener cela comme un chapelet. Vous parlez d’arnaque. Avez-vous vraiment les preuves de ce que vous avancez ? J’ai vraiment les preuves de ce que j’avance. Parce qu’au niveau du corridor, je peux vous montrer les documents qui l’attestent. Il était prévu des endroits pour la police, la gendarmerie, les douanes, les Eaux et Forêts. Il était aussi prévu des dortoirs. Mais, tout cela ne figure pas sur le corridor. J’ai même un document que je peux vous le lire. En ce qui concerne les équipements, on avait indiqué qu’il fallait huit bâtiments de contrôle dont deux bâtiments de contrôle d’arrivée de passagers, deux bâtiments contrôle d’identité de passagers, deux halls pour les arrivées, deux halls pour le départ, deux espaces réservés pour toilettes de passagers, un bâtiment de commandement, un dortoir doté de 10 studios individuels et quatre chambres collectives de 6 lits, un bâtiment de saisies en douane et un local technique (tableau de génération de distribution) et un groupe électrogène. Vous pouvez vous rendre sur le corridor. Tout cela n’existe pas. Est-ce parce que vous n’êtes plus avec M. Comoé que vous avez le courage de dénoncer ce que vous considérez comme une sorte d’arnaque ? Non. Ce n’est pas parce que je ne suis pas avec M. Comoé que je dénonce tout cela. Mais, j’ai voulu dénoncer cela en me démarquant de M. Comoé par mon retrait. Ce signal ne lui a absolument rien dit. Et pis, lorsqu’il a su que j’en savais trop, avec l’appui de certaines autorités militaires, il a fomenté un coup pour m’envoyer à la MACA. La raison évoquée est que j’ai volé 10 tonnes de ciment. Mais ce que vous ne savez pas, M. Comoé a signé des chèques de plus d’un milliard de FCFA à Socimat en coulisse. Pourquoi a-t-il signé ces chèques ? Comme j’en savais trop, il fallait me faire taire. Comme le dit le groupe Magic System, l’Ivoirien aime trop cadeau. Et Comoé en profitait pour arnaquer les Ivoiriens. Je ne vais pas trop entrer dans les détails, mais aujourd’hui, vous pouvez interroger certaines personnes. J’étais moi-même le 31 août 2009 à la Caistab et j’ai été choqué quand certains entrepreneurs disaient qu’ils ont fourni des climatiseurs, des ordinateurs. Et que Comoé leur aurait dit qu’il a distribué lesdits ordinateurs aux colonels. Ce n’est pas normal. Parce que les colonels n’ont pas besoin d’ordinateurs. Si Comoé a distribué à tout ce monde des ordinateurs qu’il assume. Donc, comme vous le voyez, je ne suis pas contre Comoé. J’ai travaillé avec lui. Je travaillais surtout avec l’Etat, même si Comoé était le Pca. Aujourd’hui, je me retire parce que je pense que nous devons aider l’Etat. Nous devons apporter des retouches à ce que nos devanciers ont fait. Pouvez-vous nous dire davantage sur les conditions de votre incarcération à la MACA ? Je ne dirai pas que j’ai fait la prison. Mais, je dirai plutôt qu’on m’a fait faire la prison. Quand j’y suis sorti, on me demande de pardonner. Qu’est-ce qu’on vous reprochait exactement pour que vous fassiez la prison? Nous avions une dotation en ciment de 5.000 tonnes. Que Comoé a multipliée en 50.000 tonnes. Je dis bien 5.000 tonnes qu’il a multipliées par 50.000 tonnes. C’est dire combien de fois l’homme est dangereux. Et comment il avance ? Il donne des bons à certaines personnes pour aller prendre du ciment de façon gratuite. Pendant ce temps, il en profite pour avancer. La preuve, il donne des ordinateurs à certaines autorités militaires. Sinon en ce qui concerne la MACA, j’ai été trahi par M. Comoé. Vous savez que chez nous on dit que le poussin qui aspire à devenir un coq, on le remarque dès le jour de son éclosion. J’ai travaillé avec minutie. Malheureusement, il fallait trouver des voies et moyens pour m’incarcérer. M. N’da Comoé ayant regardé dans son laboratoire et ne trouvant aucun argument, pour me faire écrouer, qu’est-ce qu’il fait ? Le Commandant V. et le Capitaine B. voulaient acheter du ciment (je peux vous le montrer avec des preuves à l’appui). Naturellement nous avions des gens qui sont à Socimat avec qui nous sommes en contact. Quand on a besoin de deux tonnes ou d’une tonne sur le corridor, en tant que chef de cabinet, je m’y rends avec M. Paul, paix à son âme. Cela nous a permis de faire des connaissances. Le Commandat V. sait que je ne suis pas un marchand de ciment. Le Capitaine B. sait également que je ne suis pas un marchand de ciment. Mais, ils ont donné leur argent parce qu’ils voulaient avoir du ciment à moindre coût. Et comme je ne suis pas marchand, j’ai donné de l’argent à celui qui peut plus ou moins mieux les aider. Je dis bien que j’ai récupéré l’argent et je l’ai remis à celui qui pouvait bien les aider. Malheureusement pour moi, ce monsieur n’a pas pu tout livrer. Il n’a livré que 10 tonnes. Il n’a pas pu livrer les autres 10 tonnes. Cela a suffi pour qu’on me mette sous les verrous. Et tenez-vous bien, le Commandant et le Capitaine ont envoyé des policiers pour me piller. Et le 7 octobre 2008, le matin vers 7 heures, pendant que je fais mes courses, deux policiers me pourchassent. Et la suite c’est la MACA. Comme ça, sans que vous soyez entendu ? D’abord, on m’a conduit au 3è arrondissement à Adjamé. Et comme le policier ne savait pas que je suis un Agni, il disait en Baoulé qu’il a attrapé son voleur. Or, ce n’est pas le voleur, mais le chef de cabinet que je suis qu’il prenait donc pour un voleur. Les policiers disaient que c’était une affaire un peu compliquée et qu’il fallait absolument que je sois conduit à la Justice pour qu’on puisse me libérer. Ils ont bien ficelé leur plan. Comoé a envoyé Jean-Baptiste, un de nos collaborateurs pour voir si effectivement j’étais dans les geôles de la police. Et c’est après qu’on m’a conduit à la MACA. C’était un coup qui avait été monté. Dieu merci, on pouvait dire que j’ai violé une dame et ça pouvait me faire facilement dix ans de prison. Mais, comme Dieu sait faire les choses, ils ont mal ficelé leur plan. J’ai fait deux mois. C’est au bout de ces deux mois que je suis sorti. A vous entendre, on a l’impression que M. N’Da Comoé vous a causé du tort en se servant de vous. Est-ce le cas ? N’da Comoé a utilisé tout le monde. Il n’a pas utilisé que moi seul. Il continue d’utiliser des gens. Parce qu’aujourd’hui, N’da Comoé a le vent en poupe. Il fait ce qu’il veut. Vous savez, au niveau du Procureur, lorsqu’on porte plainte et qu’on demande qu’on arrête Comoé, il est doté d’une intelligence incroyable, ça il faut le souligner pour ne pas dire qu’il ruse. Quand les policiers arrivent vers lui, il les sert avec des enveloppes contenant des billets de 50.000 ou 60.000 FCFA. Quand il leur donne, c’est à ces policiers de venir dire que Comoé est introuvable. J’ai été son chef de cabinet. Je sais comment tout cela fonctionne. Mais si j’ai rendu ma démission, c’est parce que j’ai été plus ou moins secoué par ce système. J’ai estimé qu’il n’était pas bien. Revenons au système Comoé. C’est quoi exactement ? Le système Comoé, ce n’est pas un système informatique. Ce n’est pas un simple système informatique pour pouvoir voir de près ou de loin des véhicules ou des gens qui transportent ou qui ont sur eux des armes. Mais, c’est un système dans lequel dès que tu entres, c’est difficile pour toi d’en sortir. Que tu sois procureur ou policier, commissaire ou civil. C’est un système d’engrenage dans lequel dès que tu y entres, c’est du faux que tu fais. Mais dès que tu en sors, tu as des problèmes. C’est pareil pour moi. J’y suis entré dans le but d’aider la nation, la Côte d’Ivoire entière. Le président de la République est venu à l’état-major pour voir comment le corridor de sécurité fonctionne. Il était également à Gesco. On a tous fait des démonstrations. Mais en fait, c’était une arnaque. Voulez-vous dire que tout le monde a été roulé dans la farine par la faute de N’da Comoé ? Je le dis à haute et intelligible voix que M. N’da Comoé a dribblé tout le monde. Et il continue de dribbler des gens. Laissez-moi vous dire ouvertement que le coût du corridor de Gesco est estimé à 4.266.271.744 FCFA. Mais, chose curieuse, N’da Comoé a émis des factures de plus de 13 milliards de FCFA. Vous pouvez en déduire. Quel est ce genre de personnage ? Mais vous qui avez eu à travailler avec lui, pouvez-vous nous dire comment il procède ? Comoé a une capacité d’intelligence très poussée. Il peut plus ou moins tromper des gens sans qu’ils s’en rendent compte. Je prends un exemple très simple. Aujourd’hui, M. Comoé peut rencontrer par exemple un Général. Il peut discuter avec lui. Il peut aller à cette rencontre avec deux personnes. Au sortir de là, il peut même dire aux entrepreneurs que le Général demande ceci et cela. Ou bien que le Général demande que vous fournissiez des outils informatiques. Comoé exploite toutes les relations. Je vous donne encore un autre exemple. Quand Comoé lance un appel pour dire que c’est l’état-major qui demande des équipements et autres, en général, ce n’est pas vrai. Il utilise le nom de l’état-major pour faire beaucoup de choses. Il est doté d’une intelligence telle qu’il s’en sert pour amadouer les gens, en disant par exemple que le Président de la République demande que je fasse le corridor pour barrer la voie à tous ceux qui veulent causer du tort à tous les Ivoiriens... Nous sommes heureux. Mais lui, déjà, il a un plan. Si je demande 1 million de FCFA pour faire tel ou tel travail, il peut escroquer un milliard de FCFA. Et dans ce milliard, il sait combien donner à tel ou tel pour qu’il puisse atteindre son objectif d’escroquerie. N’da Comoé ne peut pas tromper tout seul, une population. Il lui faut des collaborateurs. Il y a des personnes qui sont vieilles mais qui sont jeunes. C’est-à-dire, en les voyant, on les prendrait pour des personnes honnêtes et respectables. Mais en fait, ce sont des enfants, parce qu’elles n’ont rien dans la tête. Tout ce qui les intéresse, c’est de pouvoir s’enrichir et avancer, peu importe. Et comme je le dis toujours, l’homme naît les poings fermés et retourne la paume ouverte. Parce qu’il veut tout posséder sur terre. Permettez qu’on revienne sur votre incarcération à la MACA. Est-ce qu’il est venu vous voir durant les deux mois que vous avez passés là-bas ? Et s’il y est venu une fois, qu’est-ce qu’il vous a dit ? Il est venu me voir un matin, jour non ouvrable. Parce qu’à la MATCA, comme moi j’y étais, je sais que c’est mardi, jeudi et samedi qui sont les jours de réception. Donc Comoé est venu me voir. Parce qu’il savait que ce jour-là, il sera seul. Il m’a fait asseoir et il m’a dit, tenez-vous bien, que lui et moi parlons la même langue. Que si je ne veux pas être riche, de le lui dire. Parce que dans ce pays, quand tu veux être riche, il faut voler. J’ai dit non. En fait, aujourd’hui, Comoé a au moins six véhicules 4X4. Il a des plantations. Il gonfle les factures des entrepreneurs. Certains lui rétrocèdent de l’argent une fois que le Trésor paie leurs bons. Depuis votre sortie de prison, avez-vous une fois intenté des actions en justice contre lui ? Je ne peux pas mener d’actions en justice. Parce que je sais beaucoup de choses que je n’ose pas dire. Je ne jette pas la pierre à notre justice. Et pourquoi ? N’da Comoé sait ce qu’il veut. Des procureurs font un soi-transmis pour demander son arrestation. Mais ce sont encore des policiers qui sont avec le système Comoé qu’on envoie aller prendre N’da Comoé. A ce rythme, on ne peut pas mettre la main sur N’da Comoé facilement. Depuis que vous êtes sorti de la prison, avez-vous eu des entretiens avec N’da Comoé ? N’da Comoé sait pertinemment qu’il a fait son coup pour que je sois à la MACA. Depuis ma sortie de prison, je ne cherche pas à le rencontrer. Je discute rarement avec certains de ses collègues. Je n’ose même pas discuter avec lui jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée. Parce que je sais qu’il est allé se terrer. Il vient comme un fantôme. Il fait ce qu’il a à faire rapidement à Abidjan et il disparaît. Parce qu’il sait quand il doit venir et qui il doit appeler pour être sûr qu’il peut venir à Abidjan et qu’il puisse partir tranquillement. A combien peut-on estimer ce qu’il vous doit comme paie ? Moi, je ne parle pas au nom des opérateurs économiques de l’AEI. Parce que je le dis ouvertement que la vie étant individuelle, on a dit de venir en association. Moi, particulièrement, N’da Comoé me doit 30 millions de FCFA comme salaires d’abord. Il me doit ensuite une vingtaine de millions de FCFA. N’da Comoé sait ce qu’il fait. Etes-vous de l’AEI ? J’étais de l’AEI. Mais, pour que j’y sois encore, il faut peut-être un décret. Parce qu’il faut que je sache que je serai tranquille et que je peux aller travailler. Revenons sur les 50.000 tonnes qui auraient servi à la construction du corridor de Gesco. A quoi ont servi concrètement ces tonnes de ciment ? Je vous indiquais tout à l’heure que pour le Corridor de sécurité de Gesco, selon Comoé, l’Etat a donné une dotation de 5.000 tonnes de ciment. Allez y voir même 5.000 tonnes de ciment pour faire ce corridor, c’est déjà un exploit. Mais, 50.000 tonnes, ça frise le ridicule. On ne peut pas se moquer de l’Etat de Côte d’Ivoire, comme N’da Comoé se moque des Ivoiriens. Comme il l’a si bien dit, il a fait ce qu’il voulait sous Bédié, il en a fait sous feu Général Robert Guéi. Mais, je pense que loin d’être politicien, N’da Comoé va s’arrêter enfin sous le régime du Président Laurent Gbagbo. Parce que ses complices que je connais, seront démasqués. Mais, j’aurais voulu que Comoé lui-même puisse dénoncer ses complices. Parce que le temps viendra où il sera obligé de les citer. Donc, pour vous 5.000 tonnes de ciment pour un corridor c’est exagéré ? L’Etat a donné 5.000 tonnes de ciment. Mais N’da Comoé l’a multiplié à plus de 10. Je peux dire que c’est plus de 60.000 tonnes. Mais, je m’en tiens aux 50.000 tonnes avec preuve à l’appui où N’da Comoé a falsifié les documents. On ne peut pas falsifier des documents si facilement comme ça. Forcément, il y a des complices. Il utilise ce ciment à d’autres fins. J’ai été écœuré à la Caistab lorsque des opérateurs ont dit que Comoé a distribué des ordinateurs à des colonels. Aucun colonel n’a demandé d’ordinateurs. Comoé l’a fait sciemment pour bénéficier des grâces de ces derniers si éventuellement il y a problème. C’est un système. Alors moi, je suis allé voir Comoé et de vive voix, je lui ai dit que comme je ne me retrouve plus dans son système, je rends ma démission. Et il m’a dit que je vais avoir des problèmes. Et la suite... J’ai eu des problèmes. Donc, quand on a affaire à Comoé, on n’a pas affaire à lui en tant qu’individu. Mais on a affaire à un système. Aujourd’hui, ma tête est mise à prix. Mais ce n’est pas un problème. S’il faut mourir pour que la vérité éclate après, ce n’est pas un problème. Il y a des gens qu’on tue ou qu’on sacrifie et après on se rend compte qu’ils avaient raison. Dès lors, l’histoire retiendra au moins la vérité. Je l’ai dit à Comoé quand il m’a rendu visite à la prison où il m’a promis des choses. Qu’est-ce qu’il vous a promis ? Il m’a promis 2 véhicules 4X4, une maison, la somme de 150 millions de FCFA. Mais moi, j’ai dit non. Parce que si nous, jeunesse, nous nous laissons guider par cette facilité pareille, on ne peut pas construire un Etat. Si Comoé qui déjà n’est pas dans l’arène du pouvoir se comporte de la sorte, imaginez-vous qu’on ait quelqu’un comme lui au pouvoir. C’est pour cela que je demande aux autorités politiques, administratives et judiciaires de bien vouloir interpeller Comoé. Il faut qu’il soit interpellé et jugé. Comoé doit arrêter de gruger les Ivoiriens. Tout à l’heure vous disiez que les magouilles de Comoé doivent prendre fin maintenant sous le règne de Monsieur Laurent Gbagbo. Sinon, vous qui côtoyez encore des généraux, avez-vous eu vent que N’da Comoé n’est pas loin de la MACA ? Je dirai qu’il a déjà pris son ticket. Et comme il se plaît à le dire, ‘’tout le monde aime l’argent’’. Mais, je pense que Comoé n’aime pas l’argent. Il l’adore. Pendant le règne du Président Bédié, Comoé a été incarcéré. Tout le monde sait qu’il fait du faux. Pendant le règne du Général Robert Guéi, vous voyez au niveau du corridor de sécurité d’Alépé, Comoé a gonflé les factures de certains entrepreneurs. Mais quand ceux-ci ont été payés, et ne lui ayant pas versé des ristournes, Comoé a pris son stylo pour dire que des gens ont pris de l’argent à l’Etat de Côte d’Ivoire. Il a fait cette dénonciation parce que les opérateurs ont refusé de lui verser des ristournes. Il ne faudrait pas qu’on joue avec l’argent d’un pays. Je poursuis toujours en disant qu’il y a des entrepreneurs qui sont venus me voir pour dire : ‘’M. Aka, comme vous avez travaillé avec M. Comoé, nous avons des factures de 30 à 50 millions de FCFA qui ne sont pas passées. Donc, il faut nous aider. Si ça passe, on va vous donner 5 à 10 millions de FCFA.’’ Imaginez-vous, si vous avez 10 à 15 factures. Il faut éviter ce genre de pratique. Je plaide pour la cause des entrepreneurs. Parce que je veux que tous soient payés. Mais, je ne veux pas que les faux entrepreneurs à qui on a donné des bons soient payés. Parce qu’il y a certains qui n’ont pas travaillé. Voulez-vous dire qu’il y a des entrepreneurs fictifs qui se font payer ? Je peux dire des vraies et fausses entreprises. En fait, ce sont de fausses entreprises qu’on en fait de vraies entreprises. Je prends l’exemple de Monsieur X qui a livré des costumes à l’AEI. Où le même X qui livre des montres ou des bijoux à Comoé. Mais, ça ne fait pas partie des factures du corridor. Laissez-moi vous dire que le Dg du Trésor est au courant de cette affaire. Aujourd’hui, je pense que Madame le Dg du Trésor doit interpeller Comoé pour que celui-ci trouve une solution. Sinon, je pense que Madame le Dg ne peut pas trouver de solution au problème de paiement des factures au niveau du corridor. Ce n’est pas possible. Mais pourquoi ? En ma qualité de chef de cabinet, elle ne peut pas trouver de solution. Parce qu’au fur et à mesure qu’elle essaie de trouver une solution, d’autres problèmes naissent. Donc, il faut d’abord stopper l’hémorragie en mettant Comoé devant les faits. Je suis choqué quand au cours d’une réunion on nous fait croire que Comoé est malade alors qu’il se trouve non loin du lieu de la réunion. Je pense que si Comoé a émis des bons de 13 milliards de FCFA et que le coût du corridor fait 4 milliards de FCFA, c’est qu’on a affaire à un génie. C’est qu’il peut trouver une solution. Donc mieux vaut le prendre de gré ou de force et le déposer devant tous les entrepreneurs. Peut-être lui, avec une main magique, quand il attrapera un billet de 10.000 FCFA, ça se transformera en billet de 100.000 FCFA. Vous en avez certes gros sur le cœur. Et si on vous demandait de pardonner tout ça. Quelle attitude allez-vous tenir ? J’ai toujours dit que le chat est un animal bien. Quand vous le cajolez, il sera très doux. Mais à beau appuyer le chat, il devient fauve. C’est dans la position dans laquelle je me trouve. Je ne parle pas pour dire que je dénigre. Je parle parce que je veux que la Côte d’Ivoire ait une image. C’est cette image que je veux préserver. Parce que parmi les entrepreneurs qui nous ont aidés, il y a des non nationaux. Mais, N’da Comoé, c’est l’argent qu’il cherche, peu importe l’image du pays. En cherchant cet argent, il met tout le monde dans un panier à crabes. Avant de mettre un terme à cette première partie de notre entretien quel message avez-vous à lancer ? Je voudrais qu’on fasse face à la situation difficile des employés, les vrais de l’AEI. Nous plaidons pour que le Dg du Trésor fasse fi de tout ce que Comoé a fait. Parce que nous savons qu’une facture de 4 milliards de FCFA a été déposée pour que l’AEI soit payée. Mais vu tout ce que Comoé a fait, je pense que de façon individuelle, on va étudier notre cas, pour qu’on paie les employés de l’AEI. J’ai subi des préjudices. Mais je pense que ces préjudices constituent une expérience. Après ma sortie, j’ai rencontré des généraux avec qui on a causé. Ils m’ont parlé. Je sais déjà ce qu’ils m’ont dit. C’est pourquoi, je demande que l’Etat prenne ses responsabilités pour qu’à la longue nous puissions avoir des corridors de sécurité dignes de l’Etat de Côte d’Ivoire. Sinon tant que Comoé sera à la tête des corridors et autres, il y aura toujours des problèmes. Ce que vous devrez retenir c’est que l’état-major demande que l’AEI quitte les lieux. Si l’état-major le demande, c’est parce que tous savent qu’il y a problème. Parce qu’il ne faudrait pas jouer avec un Etat. Malheureusement, c’est ce que Comoé fait. Aujourd’hui, lorsque le procureur demande qu’on l’arrête, on ne peut pas le faire. Mais, diantre, qui est cet homme-là qu’on ne peut pas arrêter ? Ça veut dire qu’il y a des complicités. Pour conclure, je demande qu’on paie les employés de l’AEI. Mais que Comoé soit là pour expliquer à la nation pourquoi il a émis des bons de 13 milliards de FCFA pour un coût de 4 milliards de FCFA. Et puis, on m’a arrêté parce que j’ai volé 10 tonnes de ciment. Je ne jette pas de discrédit sur notre armée. Nous avons une armée digne. Mais simplement, il y a des éléments qui veulent suivre Comoé. Ils le font pour avoir des biens. Mais j’attire leur attention pour dire que Comoé fait du faux.
Entretien réalisé par Honoré Kouassi
Entretien réalisé par Honoré Kouassi