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Art et Culture Publié le mercredi 30 septembre 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Sa Majesté Tchiffi Zié Jean-Gervais : “Nous cherchons un mot qu’on appelle la paix. Mais, ne sommes-nous pas nés dans la paix ? ”

« Ce que nous vivons est extraordinaire. La tradition dans le modernisme, c’est un revers. Comment peut-on quitter un village et venir s’asseoir auprès de beaux hommes habillés en costume-cravate ? Comment nous qui sommes généralement assis sous l’arbre à palabres avec nos tabourets, nous puissions nous retrouver parmi vous aujourd’hui ? C’est pourquoi, je voudrais dire merci à Dieu, car il est en train de travailler, non seulement sur l’Afrique, mais sur la Côte d’Ivoire, à travers des personnes. Il a dit : « Je susciterai des hommes parmi vous, écoutez-les et vous allez réussir ». C’est pour cette raison que nous, comme des instruments, sommes assis à côté de vous pour vous apporter ce qu’il nous demande de vous dire. Nous ne sommes que des serviteurs pour apporter l’amour, pour aimer le prochain et donner un repère aux générations. C’est-à-dire que quel que soit ton âge et tant que ton père et ta mère vivent, il faut leur apporter ce que tu peux, afin que le bonheur que tu rencontres sur ton chemin soit sans limites. C’est une gloire, lorsque vous êtes attachés à vos racines. Avant de commencer cette cérémonie, il y a eu la libation. C’est un enseignement. Faites-le partout où vous serez, car c’est très important. Ce n’est pas parce que nous sommes aujourd’hui des musulmans ou des catholiques que nous devons oublier d’où nous sommes venus. Nous sommes sur la terre des Akans et ici il y a des Rois. Ils ne ratent pas les occasions pour apporter des bénédictions. Peut-être que beaucoup parmi vous ne croient pas en ces bénédictions, mais ma présence en ces lieux est un témoignage pour que vous puissiez croire en votre environnement et ne plus avoir peur de retourner chez vous un jour, parce qu’on dit qu’au village, on mange l’âme. Nous sommes réunis aujourd’hui pour fêter l’anniversaire d’un journal, « L’Intelligent d’Abidjan », le tam-tam moderne. La famille que nous formons dans cette salle, c’est ceux qui pensent au journal L’Intelligent d’Abidjan. Aux temps anciens, lorsque le tam-tam résonnait pendant que les membres de la famille étaient à la pêche ou à la chasse, chacun était pressé de rentrer pour savoir ce qui se passe. Mais, si par inadvertance tu prends la tête de quelqu’un d’autre, tu te comporteras en fonction de cette tête. C’est vrai qu’il y a plusieurs journaux et plusieurs intelligences qui concourent à nous éduquer et à nous enseigner, mais il serait mieux qu’on nous éduque et qu’on nous enseigne sur la base de nos traditions et de nos valeurs culturelles. J’étais à Abidjan, je faisais mes affaires et on m’appelle pour venir au village prendre mes responsabilités, parce que c’est mon tour. J’avais peur, mais je me suis rendu compte que c’est l’œuvre de Dieu et cette œuvre nous interpelle sur un fait. Au soir des élections, quel génie ou quelle imagination faut-il pour sauver la Côte d’Ivoire ? Nous qui avons sillonné l’Afrique, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, nous constatons qu’il y a une grande différence entre les autres pays et nous. Les autres sont en train de construire leurs pays. Mais nous, nous cherchons un mot qu’on appelle la paix. Ne sommes-nous pas nés dans la paix ? Nous avons connu tous ces problèmes en chemin, alors il est important que chacun se demande ce qu’il peut apporter comme contribution pour apaiser tout le monde. Et en tant que tam-tam moderne, il faut faire attention aux informations que vous donnez, car vous ne savez pas qui vous informez. Chacun a sa manière d’interpréter le message qui sort du tam-tam, qui pour le rendre méchant, qui pour le rendre jaloux ou aigri. Nous avons besoin de former une nouvelle société et cette nouvelle élite doit être formée à travers vous. Vous êtes indispensables pour une cohésion sociale apaisée. Ce jour est important pour moi, car il faut reconnaître à Dieu ce qu’il a fait pour que « L’Intelligent d’Abidjan » puisse penser à inviter un chef traditionnel, quelqu’un qui est le garant de nos us et coutumes. Il faut savoir lire dans les parallèles de la vie pour réussir et savoir qu’il faut respecter l’autorité que Dieu a établie, respecter l’aîné. Aujourd’hui, nous avons des difficultés dans nos universités, nos enfants prennent des machettes les uns contre les autres. Mais, est-ce que nous nous sommes demandé pourquoi cela ? Mais, quand on fait les statistiques, on se rend compte que 80% de ces enfants ne connaissent pas leurs villages, ils ne savent pas d’où ils viennent. Ils ne parlent que le français et tous les jours, ils sont devant la télévision. Est-ce que nous autres nous avons été éduqués de la sorte ? Il faut faire en sorte que cette nouvelle jeunesse puisse reprendre la voie de la réussite. Qu’est-ce que les pays asiatiques ont de plus que nous, pourtant ils ont développé leurs pays en s’appuyant sur leur tradition. Dieu nous a donné la chance d’avoir aujourd’hui des fils dignes comme le Roi des Rois, Malick Moulouk, qui est en train de nous défendre, comme il l’a fait lors de la 64ème session de l’Assemblée générale de l’ONU. Beaucoup ne le connaissent pas et je suis vraiment déçu. Il faut connaître l’homme, il faut l’approcher. Ne le jugez pas selon ce que vous avez appris ou entendu. C’est un envoyé de Dieu pour sauver notre continent et il a souvent mal au cœur d’être incompris. Il doit au contraire être compris pour que son combat ait un sens et c’est votre rôle, en tant que tam-tam moderne, d’enseigner à nos chefs d’Etat que si les Etats-Unis d’Afrique sont réalisés, il n’y aura plus de guerres dans nos pays. Avec les Etats-Unis d’Afrique, nous aurons les capacités de vendre nos produits sur un seul marché. Nous devons nous développer en prenant l’exemple du Ghana, le modèle de la démocratie d’Afrique, un pays où le chef de l’Etat vient faire allégeance au Roi Ashanti. En Côte d’Ivoire, lorsqu’un leader politique aperçoit un Roi, il dit à son homme de confiance « remets-lui 10.000 FCFA et demande-lui de passer demain ». Il faut arrêter cela ! Il faut respecter les Rois et les chefs traditionnels et les mettre à leur place, pour que le pouvoir qu’ils ont reçu puisse avoir un effet sur la paix que nous recherchons tous. Mais, si vous les minimisez, ils ne seront rien. Le sang a coulé en Côte d’Ivoire, mais qui va faire les sacrifices pour que tout cela s’arrête ? On n’en parle pas et on va aux Etats-Unis pour régler les problèmes de la Côte d’Ivoire. Ce n’est pas là-bas qu’il faut régler nos problèmes, c’est ici. Je voudrais demander aux hommes politiques d’avoir de la grandeur d’esprit. Que Gbagbo prenne un peu de son temps pour aller saluer Bédié, que Ouattara aille passer un week-end chez Gbagbo. Les divergences politiques n’ont rien à avoir avec les problèmes de personnes. Il ne faut pas oublier que nous sommes tous des frères et que des divergences peuvent venir de la méthode de chacun pour la gestion de la Côte d’Ivoire, mais ces méthodes ne doivent pas changer notre société. Soyez unis, soyez ensemble. Sur ce, je déclare ouvert l’atelier éditorial de « L’Intelligent d’Abidjan » sur le thème : « presse indépendante en période électorale, cas de la cote d’ivoire : enjeux, perspectives et difficultés pour l’intelligent d’Abidjan ».
Je vous remercie.
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