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Société Publié le mercredi 7 octobre 2009 | Nuit & Jour

Presse écrite ivoirienne : Hors de la politique, point de salut ?

Jadis, plusieurs quotidiens, des hebdomadaires, une dizaine de journaux d’opinion et même des journaux satiriques…Mais aujourd’hui printemps de la presse ivoirienne est loin derrière nous. Et le lectorat est de plus en plus regardant sur la qualité. En dépit de tout cela, la politique donne le plus de grain au moudre et fait recette, tendance oblige. Mais jusqu’à quand ?

Avec plusieurs millions de lecteurs potentiels, la Côte d’Ivoire offre un paysage médiatique très étendu. A la faveur du multipartisme au début des années 90, chaque ‘’état-major’’ politique a vu l’importance de se doter d’un organe de presse pour véhiculer ses idéaux. Ainsi, a-t-on eu ‘’La Voie’’ pour le FPI d’un certain Laurent Gbagbo qui s’est lancé dans la guerre d’opinion pour la conquête du pouvoir d’Etat. Le coup d’essai de ‘’La Voie’’ s’est transformé en coup de maître. Et ce journal s’est vu propulsé au premier rang de ceux qui comptent en Côte d’Ivoire. Doyen de ce paysage médiatique à géométrie variable ‘’Fraternité Matin’’, est le seul quotidien pro-gouvernemental du pays. Il totalise plus de 4 décennies d’existence et a vu passé tous les Présidents de la République de Houphouët-Boigny à Laurent Gbagbo aujourd’hui. Ce quotidien a une situation de monopole confortable et enregistre un important chiffre d’affaires. Qu’est-ce qui peut donc expliquer cette domination de ‘’Fraternité Matin ?’’ Plusieurs facteurs, parmi lesquels le manque de politique d’accompagnement financier de la part de l’Etat pour la presse privée, la performance du réseau de distribution de cet organe qui fait figure de cellule de communication du gouvernement de la République, ajouté à cela le caractère informel dans lequel baigne la presse privée… L’on peut affirmer qu’il n’y a pas photo entre ‘’Fraternité Matin’’ et les autres journaux. De quoi conforter l’opinion nationale et internationale dans l’idée que ce journal est la voix officielle du palais d’Abidjan, sans pour autant froisser systématiquement les idéaux d’un Henri Konan Bédié et d’Alassane Ouattara, les principaux opposants. Marketing oblige ; ces deux leaders revendiquent un lectorat certain. Justement, s’agissant de lectorat ‘’acquis à la cause’’, ‘’le Patriote’’ et ‘’le Nouveau Réveil’’ ont droit d’être cités. Car, c’est d’ailleurs la politique qui donne le plus de grain à moudre et qui fait recette. Une ligne éditoriale qui s’en prend indistinctement aux détournements d’un haut cadre du pouvoir, à la récente hausse des prix des denrées alimentaires, aux manipulations du Président Gbagbo et bien sûr s’efforce en grande partie de ‘’vendre’’ leurs candidats respectifs pour la future présidentielle. Ecrit dans un style populaire, entre colère et dérision, ‘’Le Nouveau Réveil’’ et ‘’Le Patriote’’ sont assurément parmi les titres les plus vendus après ‘’Fraternité Matin’’. Les coups de gueule quotidien des journaux d’opposition s’inspirent des réalités de la vie économique et sociale mais c’est la politique qui se taille la part du lion.


Politique et presse écrite : mariage de raison ou d’amour ?

Face à un lectorat très volatile, les rédactions se doivent de privilégier les thèmes les plus vendeurs. Ainsi, la politique se taille-t-elle la part du lion à la une comme en pages intérieures. La Côte d’Ivoire est en période électorale et nul doute que les ventes seront boostées car les passes d’armes entre la presse de l’opposition et journaux Bleus’’ proches du pouvoir suscitent toujours l’intérêt du lecteur. En outre, les Ivoiriens restent convaincus que leur vie est dominée et dépend essentiellement des acteurs politiques du moment, même si la lassitude et le dédain pour ces politiciens est de plus en plus palpable. Quand le front politique est plus calme, les journaux font un peu plus de place à l’actualité économique, sociale ou culturelle, mais sans parvenir à égaler ‘’les scores’’ réalisés en période de crise au sommet de l’Etat. Cependant un autre ‘’score’’ est à prendre en compte dans cet univers de la presse écrite en Côte d’Ivoire. C’est celui réalisé par les informations footballistiques en général et en particulier les performances des Eléphants ainsi que les professionnels ivoiriens évoluant dans les championnats européens : Didier Drogba, Kolo Touré, Kader Kéita, Salomon Kalou, Aruna Dindane et autres. Seul, le football peut se targuer d’une audience aussi forte que celle que recueille la politique. Tout ce qui touche à la vie en ‘’off’’ ou en ‘’on’’ de ces stars du football ivoirien a un écho dans la presse écrite et fait énormément recette. C’est fort de cela, des quotidiens uniquement consacrés aux sports sont nés. Notamment Fanion supersport, etc. Les autres publications, elles, se divisent en deux catégories. Les journaux ‘’People’’ avec comme locomotive life magazine’’, mais, aussi ‘’Go magazine’’ et ‘’Top Visages’’ à côté desquels certaines parutions qui essayent tant bien que mal de se frayer un chemin dans ce cercle très fermé d’organes qui se sont imposés. Avec les délais de parution qui dépendent de leurs trésoreries, la plupart des titres lancés en 1999 à la faveur de la chute du régime de Bédié ont aujourd’hui fait faillite et ne suscitent plus autant d’engouement que par le passé. Le revers de la médaille ? Si la presse écrite ivoirienne en général a épousé les informations politiques, il faut reconnaître que seul les organes de presse des partis politiques significatifs ont résisté à cette bourrasque qu’est la construction d’une vraie entreprise de presse. En outre, le manque de soutien financier de la part de l’Etat peut expliquer cet état de fait : ‘’Le Front’’, ‘’l’Evènement’’ et autres ont mis la clé sur le paillasson. Dur, dur, le chemin qui mène à la consolidation d’une entreprise de presse. En revanche, la presse satirique connaît un relatif succès ; ceci est largement dû au fait que l’humour est la chose la mieux partagée dans la société ivoirienne. «Un peuple qui n’a pas perdu son humour légendaire », peut-on enttendre ici et là et surtout de la bouche de l’étranger qui connaît la Côte d’Ivoire. Le magazine ‘’Gbich’’ revendique ainsi un lectorat fidélisé. « Certains Ivoiriens sont irrités par les faits politiques, alors ils privilégient ces journaux pour s’évader un peu et oublier leurs soucis », explique Mariam, fidèle lectrice de ‘’Gbich’’.


‘’Nuit & Jour’’, de l’indépendance à la révolution pacifique

Ce tour d’horizon de la presse écrite ivoirienne serait incomplet sans une mention spéciale pour le quotidien ‘’Nuit & Jour’’. Créé en 2007 ce quotidien d’informations générales sert alors de tribune à toutes les tendances de la société ivoirienne. « Nous combattons pour le peuple », est le slogan de ce journal. ‘’Nuit & Jour’’ va refuser dès sa naissance la tutelle des partis politiques pour se poser comme l’unique quotidien de la place qui traite l’information avec la neutralité la plus affirmée. En assumant son indépendance, ‘’Nuit & Jour a su couper le cordon ombilical qui relie les organes aux sphères partisanes, c’est cela qu’on peut parler d’une révolution. Préoccupé par le bien-être des ivoiriens et leur information, ce quotidien a conquis une position nouvelle et certaine dans un paysage médiatique ivoirien très encadré. Il a rapidement gagné en prestige dans la mesure où ce journal a toujours eu la primeur des informations capitales.

Williams Arthur Prescot
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