La bibliothèque nationale de Côte d’Ivoire (BNCI) n’a pas encore recouvré sa santé. Lentement, mais sûrement, une équipe pilotée depuis février 2008 par Adjiman Nandoh Chantal, qui a hérité de la situation léthargique laissée depuis 2006, s’attèle à y sauver ce qui est récupérable. Fermée à 85% c’est un service minimum qui est assuré – pour l’instant – à la BNCI en attendant que l’ensemble des locaux soit fonctionnel. Seul département opérationnel, la bibliothèque infantile qui a ouvert sa banque de prêts – de document. En 2008, cet espace pour enfants a été réhabilité par Mitsubishi corporation. Coût total : 31.492.000 Fcfa. Un tour dans cet environnement pour tout-petits qui enregistre depuis sa réouverture 300 abonnés d’une tranche d’âge de 1 à 17 ans laisse découvrir une étagère pauvre de son contenu. « On a un grand besoin d’ouvrages pour la bibliothèque infantile », présente la directrice Adjiman qui fait le point de livres sans textes là où les enfants lisent à partir d’images. Du contenu de l’imagerie, « il ne reste que cinq » livres. « Une demande a été faite du côté de la Librairie de France », se satisfait la directrice qui ne manque pas de relever les [ses] difficultés car « le fonds documentaire est très vieux ». Un état des faits ou mieux l’état des livres peut « repousser » les tout-petits au contact du livre.
Cependant, la réhabilitation judicieuse de la bibliothèque infantile offre un cadre attrayant « avec les commodités adaptées et l’installation de nouveaux outils de lecture », en vue de familiariser les enfants à la littérature. Séances de contes, initiation aux langues maternelles, ateliers et initiation à la création littéraire sont, entre autres, les activités qui y ont cours. A cela vient s’ajouter la section audiovisuelle sous sectorisée d’un espace informatique – outil nouveau – pour familiariser les enfants à l’outil informatique et l’espace projection où les apprenants se réunissent autour des productions audiovisuelles (films et documentaires) pour leur permettre d’échanger sur les sujets traités. Ces nouvelles commodités qui relèvent du vœu de la directrice de la BNCI de faire de la bibliothèque infantile un centre de référence en matière de gestion et d’animation des bibliothèques de jeunesse sur le territoire national attire les regards et suscite même de l’intérêt.
La bibliothèque infantile qui marque l’ouverture partielle de la BNCI qui couvre une superficie de 1,5 hectare est sollicitée depuis par des étudiants des écoles de formation, pour des stages de fin de cycle. Entreprenante, la directrice Mme Adjiman Nandoh Chantal projette au sein de la bibliothèque la création d’un centre de ressources de littérature pour jeunesse qu’elle veut à caractère régional.
Entre-temps, loin des regards et dans l’indifférence presque d’habituels et intrigants visiteurs qui investissent les lieux plutôt pour une sieste, entre midi et deux dans la cité administrative du Plateau, tout est à refaire. Une progression dans le niveau supérieur de la BNCI est une incursion dans un milieu longtemps laissé à l’abandon. Malgré des efforts de rénovation en certains endroits, le parfum de l’humidité ne quitte pas les lieux car les moquettes restent inchangées depuis le temps des problèmes d’étanchéité. La rénovation du premier niveau est à l’actif de la Banque mondiale; quant au 2è étage où logent les bureaux de la directrice existent encore des problèmes d’électricité. Ce sont là des partenariats en vue de permettre la modernisation, le développement et l’ouverture sur le monde de la BNCI. Des endroits de la BNCI sont encore impraticables à l’image du compartiment qui abrite toutes les parutions en Côte d’Ivoire depuis les années 60. Etat des lieux : poussières, moisissures, manque d’électricité qui n’encouragent pas à rester plus de cinq minutes malgré la richesse séduisante du patrimoine sous les yeux. Le cadre ainsi présenté, le manque de motivation gagne certains employés dans l’accomplissement de certaines tâches bien qu’ils soient en nombre insuffisant.
De l’urgence de la conservation
« Il faut créer un environnement propice pour permettre la conservation des documents et assurer un environnement de travail sain aux agents». Mais, au risque de leur santé car ne disposant pas de moyens de travail adéquats, la directrice et ses collaborateurs mènent à partir de mars 2008 des actions « directes et indirectes » sur les collections. L’intérêt est de préserver l’intégrité physique de ces soldats du livre « déjà entamé » par la poussière, l’odeur des moquettes humides, les moisissures, la chaleur excessive.
Au chapitre de son programme scientifique, la BNCI va porter ses actions sur l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme d’urgence de conservation, la poursuite de l’inventaire général, le traitement du fond documentaire et la constitution de la base de données pour aboutir à la publication de la bibliographie nationale. Partant du fait que depuis de longues années la BNCI n’a « présenté aucune publication », l’équipe de Mme Adjiman a donc pris l’option d’une « démarche rétrospective » pour publier, enfin, la bibliographie nationale de la Côte d’Ivoire. D’où la collaboration entamée avec la Direction des archives nationales gérant le dépôt légal.
Le but est de mener des actions communes en vue de sensibiliser les acteurs concernés au respect des dispositions du dépôt légal « sans lequel la bibliographie ne peut présenter des données fiables ».
Mais ce que constate M. Gbonpleu le responsable des entrées « on reprend tout à zéro. Il n’y a aucune base pour faire l’inventaire ». Par conséquent, au nombre des résultats, l’inventaire concernant les ouvrages destinés à la lecture est achevé. Ceux très abîmés ont été sortis du circuit. « C’est un travail qui va être long d’autant plus que tout le fichier a été détruit, tout est à refaire et nous faisons tout pour sauvegarder le fond documentaire », a témoigné la directrice Mme Adjiman qui indique : « Nous sommes orientés dans le sens d’un SOS ».
Une idée du travail d’identification et de tri – dégagement des réserves – est donnée dans une salle jouxtant le bureau de la directrice. C’est un lot important de livres auxquels sont attribués à chacun « une carte d’identité ». Le travail se fait manuellement. De ce fait, le traitement du fond documentaire qui est la base de toute structure d’information documentaire et qui consiste à faciliter aux usagers l’accès aux documents pourrait « prendre assez de temps voire des années étant donné que c’est tout le fond documentaire constitué depuis la date d’ouverture de la bibliothèque – inaugurée le 9 janvier 1974 – qui est à reprendre ». Le résultat du travail accompli : le personnel de la bibliothèque a mis la main à la pâte. Ce sont 10285 exemplaires de monographies pour 10476 titres qui ont été traités et validés dans la base de données de la bibliothèque nationale aujourd’hui.
Quatre ans sans la moindre visibilité
La fermeture de la bibliothèque nationale depuis 2006 crée à l’évidence un malaise pour les acteurs du milieu et reste préjudiciable à la Côte d’Ivoire. Parce que l’absence de la BNCI lors des grandes rencontres professionnelles internationales et l’absence de la publication de la bibliographie nationale « ne lui donnent aucune visibilité au plan international ». Très peu connue donc par une génération d’Ivoiriens, la bibliothèque nationale est une donnée fondamentale pour l’information documentaire et représente la nomenclature exacte de toute la production de la Côte d’Ivoire, sur la base du dépôt légal.
Nouveau cadre Institutionnel pour la BNCI
Des actions préparatoires, parallèlement aux travaux de réhabilitation, avec les professionnels de l’information documentaire et autres personnes ressources sont en cours en vue de la révision du statut de la BNCI. Une instruction du ministère de la Culture et de la Francophonie. Celles-ci devraient, à terme, permettre l’adoption de mesures pour doter la BNCI d’un « nouveau cadre institutionnel, juridique et de gestion » en vue de favoriser « une nouvelle dynamique de fonctionnement » à la dimension des missions de la BNCI. C’est permettre, également, un environnement propice à l’épanouissement intellectuel et moral des professionnels qui exercent, dans la poussière et l’obscurité même quand il fait jour.
Réalisé par Koné Saydoo
Cependant, la réhabilitation judicieuse de la bibliothèque infantile offre un cadre attrayant « avec les commodités adaptées et l’installation de nouveaux outils de lecture », en vue de familiariser les enfants à la littérature. Séances de contes, initiation aux langues maternelles, ateliers et initiation à la création littéraire sont, entre autres, les activités qui y ont cours. A cela vient s’ajouter la section audiovisuelle sous sectorisée d’un espace informatique – outil nouveau – pour familiariser les enfants à l’outil informatique et l’espace projection où les apprenants se réunissent autour des productions audiovisuelles (films et documentaires) pour leur permettre d’échanger sur les sujets traités. Ces nouvelles commodités qui relèvent du vœu de la directrice de la BNCI de faire de la bibliothèque infantile un centre de référence en matière de gestion et d’animation des bibliothèques de jeunesse sur le territoire national attire les regards et suscite même de l’intérêt.
La bibliothèque infantile qui marque l’ouverture partielle de la BNCI qui couvre une superficie de 1,5 hectare est sollicitée depuis par des étudiants des écoles de formation, pour des stages de fin de cycle. Entreprenante, la directrice Mme Adjiman Nandoh Chantal projette au sein de la bibliothèque la création d’un centre de ressources de littérature pour jeunesse qu’elle veut à caractère régional.
Entre-temps, loin des regards et dans l’indifférence presque d’habituels et intrigants visiteurs qui investissent les lieux plutôt pour une sieste, entre midi et deux dans la cité administrative du Plateau, tout est à refaire. Une progression dans le niveau supérieur de la BNCI est une incursion dans un milieu longtemps laissé à l’abandon. Malgré des efforts de rénovation en certains endroits, le parfum de l’humidité ne quitte pas les lieux car les moquettes restent inchangées depuis le temps des problèmes d’étanchéité. La rénovation du premier niveau est à l’actif de la Banque mondiale; quant au 2è étage où logent les bureaux de la directrice existent encore des problèmes d’électricité. Ce sont là des partenariats en vue de permettre la modernisation, le développement et l’ouverture sur le monde de la BNCI. Des endroits de la BNCI sont encore impraticables à l’image du compartiment qui abrite toutes les parutions en Côte d’Ivoire depuis les années 60. Etat des lieux : poussières, moisissures, manque d’électricité qui n’encouragent pas à rester plus de cinq minutes malgré la richesse séduisante du patrimoine sous les yeux. Le cadre ainsi présenté, le manque de motivation gagne certains employés dans l’accomplissement de certaines tâches bien qu’ils soient en nombre insuffisant.
De l’urgence de la conservation
« Il faut créer un environnement propice pour permettre la conservation des documents et assurer un environnement de travail sain aux agents». Mais, au risque de leur santé car ne disposant pas de moyens de travail adéquats, la directrice et ses collaborateurs mènent à partir de mars 2008 des actions « directes et indirectes » sur les collections. L’intérêt est de préserver l’intégrité physique de ces soldats du livre « déjà entamé » par la poussière, l’odeur des moquettes humides, les moisissures, la chaleur excessive.
Au chapitre de son programme scientifique, la BNCI va porter ses actions sur l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme d’urgence de conservation, la poursuite de l’inventaire général, le traitement du fond documentaire et la constitution de la base de données pour aboutir à la publication de la bibliographie nationale. Partant du fait que depuis de longues années la BNCI n’a « présenté aucune publication », l’équipe de Mme Adjiman a donc pris l’option d’une « démarche rétrospective » pour publier, enfin, la bibliographie nationale de la Côte d’Ivoire. D’où la collaboration entamée avec la Direction des archives nationales gérant le dépôt légal.
Le but est de mener des actions communes en vue de sensibiliser les acteurs concernés au respect des dispositions du dépôt légal « sans lequel la bibliographie ne peut présenter des données fiables ».
Mais ce que constate M. Gbonpleu le responsable des entrées « on reprend tout à zéro. Il n’y a aucune base pour faire l’inventaire ». Par conséquent, au nombre des résultats, l’inventaire concernant les ouvrages destinés à la lecture est achevé. Ceux très abîmés ont été sortis du circuit. « C’est un travail qui va être long d’autant plus que tout le fichier a été détruit, tout est à refaire et nous faisons tout pour sauvegarder le fond documentaire », a témoigné la directrice Mme Adjiman qui indique : « Nous sommes orientés dans le sens d’un SOS ».
Une idée du travail d’identification et de tri – dégagement des réserves – est donnée dans une salle jouxtant le bureau de la directrice. C’est un lot important de livres auxquels sont attribués à chacun « une carte d’identité ». Le travail se fait manuellement. De ce fait, le traitement du fond documentaire qui est la base de toute structure d’information documentaire et qui consiste à faciliter aux usagers l’accès aux documents pourrait « prendre assez de temps voire des années étant donné que c’est tout le fond documentaire constitué depuis la date d’ouverture de la bibliothèque – inaugurée le 9 janvier 1974 – qui est à reprendre ». Le résultat du travail accompli : le personnel de la bibliothèque a mis la main à la pâte. Ce sont 10285 exemplaires de monographies pour 10476 titres qui ont été traités et validés dans la base de données de la bibliothèque nationale aujourd’hui.
Quatre ans sans la moindre visibilité
La fermeture de la bibliothèque nationale depuis 2006 crée à l’évidence un malaise pour les acteurs du milieu et reste préjudiciable à la Côte d’Ivoire. Parce que l’absence de la BNCI lors des grandes rencontres professionnelles internationales et l’absence de la publication de la bibliographie nationale « ne lui donnent aucune visibilité au plan international ». Très peu connue donc par une génération d’Ivoiriens, la bibliothèque nationale est une donnée fondamentale pour l’information documentaire et représente la nomenclature exacte de toute la production de la Côte d’Ivoire, sur la base du dépôt légal.
Nouveau cadre Institutionnel pour la BNCI
Des actions préparatoires, parallèlement aux travaux de réhabilitation, avec les professionnels de l’information documentaire et autres personnes ressources sont en cours en vue de la révision du statut de la BNCI. Une instruction du ministère de la Culture et de la Francophonie. Celles-ci devraient, à terme, permettre l’adoption de mesures pour doter la BNCI d’un « nouveau cadre institutionnel, juridique et de gestion » en vue de favoriser « une nouvelle dynamique de fonctionnement » à la dimension des missions de la BNCI. C’est permettre, également, un environnement propice à l’épanouissement intellectuel et moral des professionnels qui exercent, dans la poussière et l’obscurité même quand il fait jour.
Réalisé par Koné Saydoo