Le Conseil national de la communication audiovisuelle (Cnca) s'est, dans un communiqué diffusé mercredi dernier, élevé contre ce qu'il qualifie "d'attaque injustifiée d'une partie de la presse". Cette presse en effet dénonçait son manque de réaction face à l'accaparement de la Télévision nationale par le candidat Laurent Gbagbo au détriment des autres prétendants au fauteuil présidentiel. Cette réaction, faut-il l'indiquer, est l'expression du ras-le-bol de la grande majorité des Ivoiriens exacerbés de voir une seule image et entendre un seul son à la Télévision nationale. C'est vrai qu'en retour, certains rétorqueront que la campagne électorale n'est pas ouverte pour que le temps d'antenne soit reparti de façon égalitaire entre les candidats retenus par le Conseil constitutionnel. Mais l'on doit savoir que depuis le dépôt des dossiers de candidature à la Commission électorale indépendante (Cei), la période électorale est ouverte. Période qui prescrit une répartition équitable du temps d'antenne entre les prétendants ayant fait acte de candidature et payé la caution de 20 millions de Fcfa au trésor public. Là-dessus, il faut tirer le chapeau à la Radio nationale et à Fraternité Matin qui font beaucoup d'efforts pour couvrir au mieux les manifestations des candidats de l'opposition. Mais le spectacle auquel se livre la Télévision nationale est tout simplement désolant. Les reportages sur Laurent Gbagbo occupent tout le temps du journal. Outre cela, le candidat Gbagbo est encore présent dans les annonces. Il ne reste plus qu'à associer son image dans les séries et films télévisés pour que la boucle soit totalement bouclée. C'est contre cette situation, hier critiquée par Laurent Gbagbo dans l'opposition, que des Ivoiriens expriment leur mécontentement. Si tant est vrai que le candidat Gbagbo a la faveur des pronostics avec les sondages commandités qui le donnent gagnant à tous les tours, pourquoi donc refuser la Télévision nationale aux autres candidats ? Tout porte à croire qu'on cache quelque chose au peuple. Mais l'on doit savoir que le peuple ivoirien n'est pas dupe.
Paul Koffi
Paul Koffi