Juste après sa nomination dans l`équipe de campagne du président de la République, en qualité de directeur national de campagne adjoint chargé des directions départementales de campagne (DDC), des structures locales et des opérations électorales, nous avons rencontré le député Martin Sokouri Bohui. Dans l`entretien qui suit, outre ses sentiments sur sa nomination, il donne des éclaircissements sur le contentieux électoral. Notre Voie : Vous avez été coopté pour diriger les opérations électorales au sein de la direction de campagne du président de la République. Comment avez-vous ressenti cette nomination? Martin Sokouri Bohui : C`est un honneur pour moi d`avoir été choisi parmi tant de cadres compétents pour faire partie de la direction de campagne du président de la République qui va à coup sûr porter le président Laurent Gbagbo à la victoire. Je voudrais donc profiter de cette occasion que vous m`offrez pour remercier le directeur national de campagne, le Dr Malick Coulibaly qui m’a fait l`honneur de me choisir. Je voudrais également remercier le président de la République qui a accepté cette nomination. Je voudrais enfin remercier le président du FPI, le Premier ministre Affi qui m’a proposé à ce poste. C`est donc un honneur dis-je, mais c`est en même temps une lourde responsabilité d`avoir à gérer les opérations électorales et les directions départementales de campagne. Ce n`est certes pas nouveau pour moi, parce que c`est ce que je fais depuis que le président Affi m`a confié le Secrétariat national chargé des élections. Mais, je perçois cette nomination comme une invitation à redoubler d`effort pour assurer la victoire de notre candidat au premier tour. C`est certes ma personne que vous voyez, mais il s`agit en réalité d`un travail fait avec une équipe, la grande famille du FPI en général, et en particulier le Secrétariat chargé des élections (SENEL). Par cette nomination, c`est tout le SENEL qui est honoré. Je voudrais donc dire au SENEL que je félicite solennellement, que le combat n`est pas terminé et que c`est maintenant qu`il commence. Il y a des défis qui nous attendent. Le défi de la liste électorale propre, le défi du recrutement et la formation des scrutateurs, le défi de la lutte contre la fraude avant, pendant et après les élections. N.V. : Parlant justement de la liste électorale, où en sommes-nous aujourd`hui avec les 2. 752 181 personnes dont les noms n`ont été retrouvés sur aucun fichier. M.S.B. : Quand Sagem et l`INS ont donné les premiers résultats des croisements, nous avions effectivement 2 752 181 personnes qui n`étaient nulle part sur les fichiers historiques. Mais en adoptant d`autres critères en vue de prendre le maximum d`Ivoiriens possible, le nombre de ces personnes flottantes est passé à 1 911 254. C`est ce chiffre-là qui va aller au contentieux. N.V. : Qu`est-ce à dire ? M.S.B. : Vous savez qu`au moment où on donnait les premiers chiffres après croisement, la bataille de l`affichage de la liste provisoire, s`était aussitôt déclenchée. Il y avait d`une part, ceux qui veulent tout avoir par la fraude, et qui voulaient qu`on affiche une liste unique sur laquelle on aurait les Ivoiriens reconnus comme tels et tous ceux qui ont été rejetés par les croisements, d`autre part, nous autres qui voulons la transparence et qui par conséquent, avions exigé deux listes séparées. Une liste pour les Ivoiriens retrouvés sur les fichiers historiques et une autre liste des recalés. Cette bataille, nous l`avons gagnée parce que c’est le bon sens qui le commande et c`est sûr que nous allons gagner les autres batailles parce que nous avons le droit avec nous. En effet, SAGEM et l`INS ont convenu de faire deux listes séparées. Quand ces listes seront connues, il s`agira pour tous ceux qui ne se trouvent pas sur la liste des Ivoiriens, de se présenter devant une commission pour apporter la preuve de leur nationalité ivoirienne. La composition de cette commission sera précisée très bientôt. Il s`agira également pour ceux qui sont sur la liste, mais dont les noms ont été mal écrits de faire des rectificatifs. Mais sur la liste litigieuse, il est possible d`avoir des Ivoiriens. Mais il y a également beaucoup de fraudeurs sur cette liste. Si ce nombre de rejet est élevé, c`est parce que certains partis politiques, notamment le RDR ont demandé expressement à des gens qui n`en ont pas la qualité de s`inscrire sur la liste électorale et que, au moment venu, il réglerait leur situation politiquement. N.V. : Les informations qui nous parviennent font état de ce qu’une partie de la communauté internationale voudrait qu`on laisse voter tout le monde. MSB. : Oui, on m`a rapporté que certaines organisations internationales souhaiteraient que tous ceux qui ce sont fait enrôler même frauduleusement, puissent participer au vote. Tous ceux qui soutiennent cette thèse, n`ont pas envie que la paix reviennent en Côte d`Ivoire. Pour être sur la liste électorale, il faut être ivoirien. Et on est ivoirien, soit par naissance, soit par mariage, soit par naturalisation. Et les procédures de naturalisation existent. Si ces organisations veulent qu`on passe tout ça sous silence pour donner la carte nationale d`identité à des gens qui n`y ont pas droit, cela pose deux problèmes. Premièrement, on veut par cette procédure frauduleuse, assurer un électorat captif à quelqu`un qui n`a pas hésité à envoyer la guerre dans un pays qu`il prétend être le sien. On tenterait ainsi de mettre à la tête de la Côte d`Ivoire quelqu’un qui l’a défigurée par la guerre. Tous ceux qui aiment bien ce pays, doivent abandonner cette idée diabolique, parce que les Ivoiriens qui ont souffert de cette guerre n`accepteront jamais une telle forfaiture. Deuxièmement, on donnerait par ce jeu dangereux, la carte nationale d`identité à des fraudeurs sur l`identité ivoirienne. ça aussi ne peut être accepté par les Ivoiriens. N.V : Les Ivoiriens craignent que sous la pression de la communauté internationale, les tenants du pouvoir ne cèdent pour laisser voter tout le monde… M.S.B. : Les élections se jouent au moment de la confection de la liste électorale. De sorte que, nous avons toujours dit que dans le processus électorale, l`étape la plus importante, c`est la confection de la liste électorale. Nous ne pouvons donc céder sur ce point quoi qu`il advienne parce qu`il y va de la vie de la Nation. Mais aussi, il en va pour la transparence des élections. Nous ne devons pas perdre de vue que ces élections doivent nous apporter la paix. Or, seule la transparence des élections peut nous apporter cette paix-là. C`est pour cette raison que la majorité présidentielle a choisi d`adopter sur cette question une position médiane. Car il y a d`un côté, ceux qui disent qu`il faut laisser voter tous les enrôlés y compris les fraudeurs, et de l’autre côté il y a ceux qui veulent qu`on extrait tous ceux dont les noms n`ont été retrouvés nulle part sur les fichiers historiques. La majorité présidentielle veut que ceux qui n`ont pas été retrouvés sur les fichiers passent devant une commission pour apporter la preuve de leur nationalité ivoirienne. A ce niveau, il faudrait expliquer avant le début du contentieux que tous ceux qui ayant utilisé de faux papiers pour se faire enrôler viennent défier l`autorité en récidivant devant la commission seront sévèrement sanctionnés. Il s`agira au terme de cette opération, d`intégrer sur la liste, tous ceux qui auront apporté la preuve de leur nationalité ivoirienne, et de rejeter naturellement ceux qui n`auront apporté aucune preuve. La majorité présidentielle ne cédera jamais sur les tentatives pour faire voter sans tri tous les enrôlés. Je voudrais faire remarquer que si l’on a retenu de faire le croisement dans le mode opératooire, c’est pour extraire les fraudeurs afin d’obtenir une liste propre. Cette question n`est pas négociable. Car nous savons tous que l`élection se joue là. N.V. : Curieusement, les souhaits de la communauté internationale coïncident avec les exigences de certains acteurs politiques qui ne veulent pas du tout le croisement. M.S.B. : Le président de la République a dit récemment qu`il y a des hommes dont exigence politique ne vaut que par rapport à leur relation avec l`étranger. Le président de la République ne croyait pas si bien dire. Tenez-vous bien, un responsable de la direction du RDR a osé dire que Ouattara est le candidat de la communauté internationale. Quand on écoute Ouattara on se rend bien compte que tout ce qu`il fait, il le fait pour l`étranger. En fait, depuis qu`il a fait irruption sur la scène politique nationale, il y a environ 20 ans, son combat, c`est celui des étrangers. A preuve, à Marcoussis, Ouattara n`a défendu que la cause des étrangers. J`observe également qu`à chaque événement majeur de la vie nationale, Ouattara saute dans le premier avion pour aller prendre conseil à l`étranger. Il n`a aucun contact avec les Ivoiriens en dehors de ceux de son club de soutien. Et comme certains pays européens aiment bien ce type d`individu, prêt à leur céder toutes les richesses de nos pays, sans coup férir, il est évident qu`ils jouent le jeu avec Ouattara qui s`affiche comme le candidat des étrangers. Il faut faire remarquer qu`en Côte d`Ivoire, tout le monde sait que Ouattara qui n`existe que pour les étrangers, est rejeté par les Ivoiriens. Les résultats des différents sondages sont là pour le confirmer. Si la communauté internationale qui le sait très bien veut malgré tout l`imposer par la fraude à la tête de la Côte d`Ivoire, c`est qu`elle ne veut pas que la paix revienne dans ce pays. Tout ce que nous voulons nous autres qui voulons la paix pour notre pays, c`est que ceux qui en ont le droit votent. C`est-à-dire, il faut que ceux qui ont la qualité de figurer sur la liste électorale y soient effectivement et que ceux qui n`en ont pas droit, soient extraits. C`est à cette condition de transparence que le résultat de l`élection prochaine sera accepté par tous quel qu`en soit le vainqueur.
Interview réalisée par Boga Sivori
bogasivo@yahoo.fr
Interview réalisée par Boga Sivori
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