Les cadres de la Direction administrative et financière (Daf) du ministère de l’Education nationale ont passé la matinée d’hier loin de leurs bureaux. Ils ont parcouru la ville d’Abidjan pour traquer des vendeurs de manuels scolaires destinés à la distribution gratuite dans les écoles primaires publiques. L’opération menée avec la police a permis de mettre la main sur une dizaine de commerçants et d’importants lots de manuels. Cinq équipes ont fait des descentes simultanées à Adjamé, Abobo, Yopougon, Koumassi et Port-Bouët, en des lieux de vente initialement repérés par des éclaireurs. Quatre marchands ont été surpris devant leurs stocks non loin du carrefour Siporex de Yopougon. 512 livres portant la mention « ne peut être vendu » ont été saisis dans une seule librairie. Cinq personnes ont été appréhendées dans les mêmes conditions sur le boulevard Nangui Abrogoua d’Adjamé. Tous les prévenus devaient être conduits à la préfecture de police pour être entendus dans le cadre d’une enquête sur ce phénomène qui constitue une entrave à la politique gouvernementale de gratuité. Depuis un certain moment, des livres commandés par l’Etat pour être gratuitement distribués aux élèves du primaire public se retrouvent entre les mains de commerçants qui les vendent parfois aux parents des ayants droit. « Finalement, la distribution ne sert plus à rien puisque les familles pauvres visées par cette politique se retrouvent confrontées à des difficultés pour acheter les mêmes manuels », déplore Goué Ouapo, sous-directeur chargé des kits scolaires au ministère de l’Education. Partout, l’objectif était de savoir l’origine des stocks en vue de déterminer le niveau de la fuite. La chaîne de distribution gratuite commence chez les éditeurs qui fabriquent les manuels et les mettent à la disposition de la Daf du ministère de tutelle. Celle-ci les achemine vers les directions régionales qui les transmettent aux directions départementales. Le processus se termine dans les établissements primaires en passant par les inspections de l’enseignement primaire. Si à Yopugon, Abobo ou Adjamé les vendeurs sont restés évasifs sur leurs sources d’approvisionnement, à Port-Bouët un des libraires du nom de Lazare a fini par désigner son fournisseur sous la pression du commissaire Oré Brice, chef de la compagnie d’intervention de la préfecture de police d’Abidjan. Il s’agit de Diabaté Yacouba grossiste à Adjamé. Son magasin est à quelques mètres de la pharmacie ‘’des gares’’, sur le boulevard Nangui Abrogoua. La visite qui lui a été rendue a permis de découvrir qu’un gros éditeur est impliqué dans le trafic. L’enquête se poursuit.
Cissé Sindou
Cissé Sindou
