Le 22 janvier 1995, ils mettaient le " feu " à la ville d'Odienné, en réaction au mot d'ordre du boycott actif lancé par Laurent Gbagbo, président du Front populaire ivoirien (Fpi). Ils, ce sont neuf (09) militants du Fpi de Goulia, dont Koné Fatouma, Bamba Bema, Koné Moussa, Koné Zoumana, Koné Yaya, Bakayoko Adama, encore en vie. Les autres dit-on sont décédés les uns après les autres. Ces militants frontistes condamnés à 2 ans de prison, mais qui n' ont purgé que 9 mois ont été complètement oubliés par Laurent Gbagbo et la refondation depuis leur accession au pouvoir d'Etat, il y a près de 10 ans. Dans une longue lettre ouverte rédigée à Goulia (située à environ 90 km d'Odienné), le 30 septembre 2009, ces militants aujourd'hui, tous sexagénaires et regroupés dans le collectif des anciens prisonniers du Fpi à Goulia, crient leur amertume et étalent l'ingratitude de Laurent Gbagbo. " Excellence Monsieur le Président, cher camarade, c'est avec beaucoup d'amertume et bien plus de déception que nous, vos anciens compagnons de lutte des premières heures, de Goulia vous adressons la présente… C'est ici à Goulia qu'on dénombrait la plupart des faiseurs du Fpi dans la région. Et c'est ce qui expliquait d'ailleurs les visites que vous nous rendiez lorsque vous étiez dans l'opposition, parce qu'à ce moment-là, vous aviez besoin de nos forces de pauvres agriculteurs. Au cours de toutes ces visites, c'est toujours dans la liesse populaire qu'on vous accueillait. Malgré nos maigres moyens, nous nous cotisions à chaque fois, pour préparer votre réception. Nous faisions ces sacrifices, parce que vous incarniez à nos yeux, la liberté, la fin des souffrances. Aussi, n'hésitions-nous pas à nous lancer corps et âme dans la bataille, dans la lutte. Cela, souvent au prix de notre vie. Au niveau local, nous bravions toutes les méchancetés, les animosités très cruelles parfois de nos propres frères, pour aller porter loin vos messages. Au niveau national, nous répondions sans nous poser de question à tous vos appels. C'est d'ailleurs ce dévouement à exécuter et à faire exécuter vos mots d'ordre qui ont valu 2 ans d'emprisonnement à la maison d'arrêt et de correction d'Odienné en 1995 pour motif de boycott actif à bon nombre d'entre nous… Toutes ces souffrances, vos anciens compagnons de Goulia, récriminons le sentiment de les avoir subis pour rien. Voilà, 9 ans que notre lutte a abouti, mais depuis, même une simple visite de courtoisie, de reconnaissance qui nous aurait au moins réconfortés ne nous a jamais été rendue par une personnalité du parti. Le comble, c'est que nous ne pouvions pas imaginer que vous, Monsieur le Président, vous pouviez faire un tour un jour ici dans le Denguélé, sans daigner faire un tour chez nous à Goulia. A dire vrai, nous sommes déçus. Sachez au demeurant, camarade, qu'un militant est égal à un autre militant, quelle que soit son origine, son appartenance ethnique. C'est plusieurs ruisseaux qui forment un fleuve… On finira certainement par mourir tous dans cette ingratitude de votre parti. Mais Dieu est grand " peut-on lire dans cette lettre ouverte au chef de l'Etat, candidat du Fpi à l'élection présidentielle.
Diarrassouba Sory
Diarrassouba Sory
