x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le vendredi 23 octobre 2009 | Nord-Sud

Processus de Sortie de crise : Les Com`zones réduisent leurs effectifs

La guerre est finie et la paix avance à grands pas. La hiérarchie des Forces nouvelles prépare l'avenir de ses hommes après les élections. Zoom sur les actions entreprises dans ce sens sur le plan politique, militaire et social.

Les ex-rebelles jouent à Bouaké une course contre la montre. A moins de deux petits mois de l'élection présidentielle, les hommes de Soro préparent activement leur départ de la primature. Ils veulent voir certaines choses résolues avant cette échéance. Les questions militaires, politiques et civiles sont sur leur agenda. « Nous voulons donner une chance à la Côte d'Ivoire à tous les niveaux en partant de la primature. Nous voulons laisser une Côte d'Ivoire nouvelle de paix, prospère et réconciliée avec elle-même avant notre départ qui est imminent» a confié récemment un haut cadre des Forces nouvelles.

Les questions militaires

Au niveau militaire, en application de l'Accord politique de Ouaga (Apo), l'état-major et les grands commandements veillent à l'avenir tant individuel que collectif des officiers généraux, des officiers subalternes et des soldats du rang, tous grades et corps confondus. La première préoccupation de la hiérarchie militaire de Soro est la restauration de l'autorité militaire, policière ou administrative. Cela passe nécessairement par la réorganisation de l'appareil administratif et sécuritaire pour le rendre conforme à l'ordre légal ancien, c'est-à-dire à la structuration d'une chaîne de commandement unique et homogène. Ainsi, depuis mai 2009, une unité du Cci, embryon de la future armée unifiée, travaille régulièrement dans la capitale de la paix sous l'autorité du préfet. Le gouverneur réquisitionne bien souvent cette force pour assurer le maintien de l'ordre en ville. Le commissariat de police du quartier Sokoura et la brigade de gendarmerie du quartier Commerce fonctionnent à merveille. Pour améliorer les conditions de vie des hommes en armes, la réhabilitation et l'équipement de certaines casernes militaires et de certains commissariats de police a été décidé. La caserne du 3ème bataillon a connu un début de réhabilitation. Il en est de même pour certains commissariats de Police, du tribunal et de la prison du camp pénal. Au total, plusieurs commissariats, des tribunaux (Combien ?) ainsi que les prisons de Katiola, Séguéla, Man, Korhogo, Odienné et Boundiali ont connu une remise à neuf. Les Forces nouvelles encouragent aussi le retour de l'administration douanière et fiscale. Les soldats ne sont pas oubliés dans la préparation de la sortie de crise. « Personne ne sera oubliée par les Forces nouvelles » ne cesse de répéter le chefs d'état-major des FaFn aux 500 soldats ex Fanci. Les cadres militaires des Forces nouvelles et ceux des Fds, conduits par leur chef d'état major respectifs, sous l'autorité du ministre de la Défense, Michel N'Guessan Amani, affirment avoir réglé définitivement la question pendante de l'harmonisation des grades entre les deux armées. Plus de 500 grades auront ainsi été harmonisés. Il ne manque plus que la signature du chef de l'Etat au bas d'un décret, pour que ces grades deviennent officiels. Il est acquis que Michel Gueu et Soumaïla Bakayoko conserveront leurs grades de généraux de brigades. Quant aux 10 commandants de zone, il est également convenu qu'ils conserveront à titre opérationnel le grade de commandant. Toutefois, à l'issue du processus de sortie de crise, ils devraient demander une mise à la retraite anticipée. Cette disposition semble rencontrer l'assentiment des officiers FaFn. Au cours des rassemblements hebdomadaires, ils en parlent à leurs hommes. Des officiers comme le Cdt Tuo Fozié, Directeur général de la police et de la gendarmerie (Dgpg), les Com'zones Chérif Ousmane et Ouattara Issiaka dit Wattao annoncent qu'ils ont choisi de devenir des “gentlemen farmers” en retournant à la terre et à l'élevage. Tuo Fozié est ainsi régulièrement dans son ranch de N'Ganon dans la sous- préfecture de Niofoin. Quant à Chérif Ousmane, il est actuellement régulier dans son champ de maïs de Marabadiassa. Pour les autres ex-Fanci, l'accord complémentaire 3 de Ouaga signé le 28 novembre 2007, en ses articles 6 et 7 stipule leur réintégration dans la nouvelle armée unifiée, avec la « reconstitution de leur carrière » et le « rétablissement des soldes ». Bien entendu, ils bénéficient de la mesure d'amnistie instituée par l'ordonnance n° 2007 / 6457 du 12 avril 2007. Les FaFn ont aussi obtenu le réengagement des « Zinzins, Bahéfoué et Godobets », qui ne bénéficiaient jusque-là d'aucun statut clair. Ils sont intégrés à compter du 1er avril 2004 au même titre que leurs frères d'armes du Sud par décision n°0070/MD/ DALM du 25 /09/2004 portant décision de réengagement des militaires FaFn. L'information est donnée depuis le 21 juillet dernier par l'état-major FaFn.

Les « engagés volontaires »

Ils n'ont pas été oubliés par les ex-rebelles. Dans le cadre de la mise sur pieds de l'armée réunifiée, les Forces nouvelles ont obtenu des quotas. Le Cci censé sécuriser le processus électoral absorbera, selon les termes de l'article 5 de l'accord complémentaire 3, les 600 éléments formés en Afrique du Sud conformément à l'accord de Pretoria. Une centaine d'entre eux a déjà rejoint le Cci. Il est prévu qu'au terme des élections que ces hommes soient affectés à la police nouvelle réunifiée après avoir satisfaits à certaines conditions. Ce nombre de 600 futurs policiers jugé insuffisant, les parties au dialogue direct ont convenu de recruter 3.400 hommes au sein des engagés volontaires des FaFn, portant leur nombre à 4.000. De même, il a été convenu d'accord parties, le recrutement de 5.000 personnes parmi les FaFn, au titre des Volontaires pour l'armée nouvelle (Van). Le critère d'âge maximum, à savoir 29 ans, a exclu une masse importante de soldats FaFn. Pour atteindre le quota, l'on a favorisé l'ouverture au recrutement des « Additifs de sécurité » (Ads). Les Ads sont les Van qui n'ont pu être retenus comme tel pour question d'âge. Alors que les Van iront à l'Armée nouvelle (An), les Ads iront à la Police ou dans les corps paramilitaires (Eaux et forêts, gardes de sous-préfecture ou gardes pénitentiaires) s'ils satisfont certaines conditions. Les hommes de Soro, sous la houlette du Directeur général des forces paramilitaires, le ministre Messamba Koné, ont de ce fait obtenu 100 places de douaniers pour épauler l'administration douanière dans le cadre de son retour en zone Cno. D'autres recrutements sont en vue. Tous les autres soldats, ceux qui ne rempliront aucune condition pour être recruté dans l'un quelconque de ces groupes, seront démobilisés.

Mais ils ne seront pas pour autant laissés pour compte rassure le Bureau de gestion des démobilisés (BGD), dirigé par le doyen Soro Karnan. Ils rejoindront le groupe des civils dans le cadre du Programme national de réinsertion et de réhabilitation communautaire (Pnrrc). Pour se préparer à la situation de la future armée réunifiée, les chefs militaires ont commencé à réduire les effectifs des structures mises sur pieds telles que l'ex -régie financière ''La Centrale'', pour les conduire vers les structures de réinsertion. Comme le dit le ministre Konaté Sidiki : « les Forces nouvelles, c'est la symbiose de trois piliers : une aile militaire, une aile politique et une société civile forte». A cet effet, dans la sortie de crise, le secrétaire général des Forces nouvelles ne veut pas oublier les politiques et la société civile. Entres autres démembrements on peut citer le directoire politique, le cabinet du secrétaire général, les conseillers, les personnels civils des différentes entités des Forces nouvelles, les délégations, les cadres civils. Ces entités civiles travaillent pour assurer la gestion quotidienne des populations en zones CNO. Au titre des démobilisées, Soro Karnan dirige le Bureau de gestion des démobilisés (GBD) qui veillent à la réinsertion des 21.000 ex-combattants FaFn. Grâce à sa coopération avec le Pnrrc, le Pnsc, l'Onuci et le programme allemand du Gtz, ce sont environ 5.000 ex-soldats qui ont été réinsérés à ce jour. « Le secrétaire général me charge de vous dire que nous n'allons laisser personne au bord de la route en allant à la paix. Chacun aura un petit quelque chose» rassure, au cours des cérémonies d'installation, Cissé Sindou, directeur de cabinet-adjoint de Guillaume Soro. Le 19 septembre 2009, à l'occasion d'une cérémonie en hommage aux démobilisés réunis au sein de l'Association des démobilisés de Côte d'Ivoire (Adci), Chérif Ousmane confiait avec chaleur : « que ce soit tous les chefs avec qui vous avez été hier, que ce soit le secrétaire général, Guillaume Soro, personne ne vous a oubliés. Et personne ne vous oubliera ». Il ajoutera qu'en plus des 1.000 micro-projets de l'Onuci, ses chefs négociaient d'autres projets pour la réinsertion des ex-combattants. Son souhait serait que ces projets atteignent le nombre de 5.000 ou 10.000 « pour qu'à la fin de la crise chacun ait de quoi gérer sa famille». La démobilisation concerne aussi les cadres civils de l'ex-rébellion.

L'aile politique

Outre les projets du Pnrrc ou du Pnsc, il est envisagé la réinsertion de nombre de ces cadres dans l'administration générale ou financière. Tout est en négociation en ce moment. Au niveau politique, certains cadres, qui appartenaient à des partis politiques ou des syndicats, préparent en ce moment leur retour au bercail. Le cabinet de Guillaume Soro entreprend en plus de la réinsertion sociale, une politique de sensibilisation à la cohésion sociale au niveau des communautés ethniques et religieuses pour mieux conforter la sortie de crise. La société civile n'est pas oubliée. Elle comprend les associations, Ong, syndicats, les chefs de communautés, les chefs traditionnels, les guides religieux et toutes les autres structures qui ont fonctionné aux côtés des Forces nouvelles durant les heures de braise. Guillaume Soro a souhaité en quittant la primature leur laisser un souvenir agréable. Le premier souvenir serait une paix forte et durable. Raison pour laquelle en ce moment Sekongo Félicien dit Zagadou Paulin rencontre à tour de bras les populations pour leur parler de cohésion sociale. « Pendant que les autres battent campagne pour gagner des élections, nous les Forces nouvelles battons campagne pour la cohésion sociale. Acceptez vos frères qui viennent du Sud. Travaillez avec eux. Le secrétaire général me demande de vous dire qu'à partir du moment où la question de l'identification est réglée, la guerre est finie» clame partout le conseiller de Guillaume Soro chargé des associations, syndicats, Ong et communautés ethniques et religieuses. Aux syndicats, le directeur de cabinet, le colonel-major Bamba Sinima préconise la «coexistence pacifique, la cohésion sociale, la liberté syndicale et la concertation ». Aux étudiants de la Fesci, de l'Ageeci et du Ceeci que le président du Comité école et examens (C2E) recevait samedi dernier il indiquait : « nous sommes venus vous dire qu'aucune structure ne disparaîtra de l'université. Vivez la coexistence pacifique. L'Ageeci ne disparaîtra pas au profit de la Fesci ou du Ceeci. Et vice-versa. Vous allez tous exercer pendant que nous sommes-là». Il a aussi demandé aux parents d'élèves de prendre en charge les questions scolaires car les Comités de gestion scolaire (Coges) se sont montrés véritablement défaillants.

Les ex-rebelles sont aussi en train d'obtenir le recrutement à la fonction publique de 5.000 enseignants volontaires. Il s'agit notamment de 2.665 enseignants du Mouvement des enseignants volontaires de Côte d'Ivoire (Mevci) et de bien d'autres. Les premiers ont servi durant les heures de braise dans les zones CNO. Les agents de santé du Mouvement des agents de santé volontaires de Côte d'Ivoire ne seront pas aussi en reste (Masvoci). C'est, in fine, une Côte d'Ivoire réunifiée, réconciliée et remise au travail que Soro et ses hommes veulent laisser en allant de la primature.

Allah Kouamé, Correspondant régional
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ