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Sport Publié le lundi 26 octobre 2009 | Nord-Sud

Football : La Ligue 1 ivoirienne en déclin - Techniciens, dirigeants et ancien joueurs s`expliquent

Suite à la première partie de notre dossier sur la Ligue 1 ivoirienne en déclin, nous vous proposons aujourd'hui, la deuxième partie. Des techniciens, des dirigeants et des anciennes gloires ont accepté de se prononcer sur le sujet.

Abi Richmond (Président du Stade d'Abidjan) : “Nos clubs sont trop faibles financièrement”
«Je crois qu'il y a beaucoup à faire pour redorer le blason de notre football local. Les chaînes de télévision ont un rôle important à jouer. Au même moment, qu'il y a un Stella-Efym, à la télévision, il y a un match de Chelsea ou de Manchester United. Les gens préfèrent rester devant leur poste téléviseur, car ils n'ont rien à payer. Et puis nos clubs sont trop faibles financièrement. Nous avons besoin d'aide pour bonifier nos clubs. C'est un débat important. On ne peut pas tout dire. En interne, nous allons en débattre avec la fédération ivoirienne de football ».

Ahoua Stallone (Président de HIré FC): “Il faut revoir la situation économique des clubs”
« Aujourd'hui, tous les regards sont rivés vers l'Europe. Si on veut voir, notre football local retrouver ses lettres de noblesse, il faut revoir la situation économique des clubs. Il faut que les sponsors viennent au secours. S'ils viennent, ils pourront bénéficier des abattements fiscaux. Cela est faisable. Et les clubs seront plus forts. Ils pourront conserver leurs meilleurs joueurs pendant quelques années. Les spectateurs viennent au stade pour voir de bons joueurs. S'il n'a pas de bons joueurs, ils ne viendront pas. Et puis, je crois, qu'on peut instaurer un kit de billets sur toute l'année, pour permettre aux gens de venir voir les matches ».

Alain Gouaméné (coach des Eléphanteaux juniors) : “Sponsoriser tous les clubs de Ligue 1”
« Je crois que l'influence de la télévision et le manque d'argent expliquent la baisse de niveau de notre football local. Il y a des matches à 13h -14h à la télévision. Au même moment, il y a Manchester-Liverpool. Je me souviens, que des présidents comme Simplice Zinsou mettaient beaucoup d'argent pour chercher des oiseaux rares. Lorsqu'il y a l'argent, il y a de bons joueurs. Je crois que pour relever le niveau de notre championnat, il faut de l'argent. Il ne faut pas se cacher la face, c'est une question d'argent. Il faut donc sponsoriser tous les clubs de première division. Tous ces clubs doivent avoir des sponsors, qui n'ont rien à voir avec MTN, le sponsor leader. Vous conviendrez avec moi, qu'on ne peut pas diriger un club avec 38 millions. Il faut d'autres sponsors, auxquels, on pourrait proposer des abattements fiscaux. Cela se fait dans d'autres pays. Si nos clubs sont financièrement forts, ils peuvent se permettre d'aller chercher de bons joueurs au Ghana ou au Nigeria. Et la présence de ces derniers pourrait booster le niveau. A l'époque, il y avait de très bons étrangers, qui venaient animer notre football et c'était pour nous, une source de motivation. Et puis, il y a un problème, ce sont ces entraîneurs, qui ne sont formés, qui entraînent en Ligue 1. Il faut donc aller à l'école pour maîtriser les méthodes d'entraînement ».

Abdoulaye Traoré dit Ben Badi(Ex-international) : “Les clubs doivent revoir leur politique de recrutement”
«Il est important que les clubs puissent recruter de bons joueurs. Les dirigeants de clubs doivent revoir leur copie. Ils doivent revoir leur politique de recrutement. Il faut aller chercher des joueurs étrangers, qui vont apporter un plus. Il y a des présidents de clubs qui ne vivent que de la subvention de la fédération. Ils doivent faire preuve de créativité pour bâtir de bonnes équipes»

Abou Cissé (Manager général de la JCAT): “ La presse a un rôle important”
«Il faut beaucoup de moyens financiers aux clubs. Avec la situation actuelle, il est difficile que certains se déplacent pour aller voir les matches. Des pères de famille ont des difficultés pour survenir aux besoins de leurs familles. Ne demandez donc pas à ces derniers d'aller payer un ticket pour aller suivre un match. Et la presse a un rôle important à jouer pour ramener les spectateurs au stade. Souvent, il y a même des personnes qui ne savent même pas, qu'il y a des matches de championnat. Pourtant, le niveau est bon, contrairement à ce que certains avancent ».


Kouadio Georges (Coach Eléphants locaux) : “Les joueurs doivent être mieux payés”
« Ceux qui décrivent le niveau de notre Ligue 1 comme bas, se trompent. Lorsqu'on fait une analyse objective, l'on se rend compte que les jeunes sont vite repérés et transférés dans des clubs professionnels. On les retrouve partout (Roumanie, Hongrie, République Tchèque, Thaïlande etc.). Il y en a d'autres qui sont disséminé dans le Maghreb. Dans ces conditions qui d'autre, selon vous, animera notre Ligue 1 ? Les gens critiquent pour critiquer. Par le passé, les joueurs ivoiriens s'exilaient à 23-24 ans. Ils avaient au moins six ou huit ans de championnat dans les jambes avant de partir. Prenez l'exemple de Gohi Bi Cyriac qui est aujourd'hui en Belgique. Combien d'années a-t-il fait à l'Asec ? C'est pourtant un joueur de qualité qu'on a perdu. C'est la même chose pour Lago Junior (ex-Issia) qui est à Numancia en Espagne. Il y en a plein comme ça qui partent trop tôt. Pour sauver la situation, les clubs ivoiriens doivent avoir plus de moyens pour mériter le terme club. Il faut que leurs joueurs soient bien rémunérés, ils resteront. Si un joueur ivoirien est payé à un million, ce qui n'est pas excessif dans le monde du football aujourd'hui quand on voit la masse d'argent qui est drainée, vous verrez de belles choses sur les pelouses ».

Lama Bamba (Ex-Coach des Eléphants) :«Ici, tout le monde est entraîneur… »
« Il y a le niveau des enfants qui jouent au football aujourd'hui qui n'est pas suffisamment élevé. Je me souviens qu'à notre époque, nous allions à l'école. Après les cours, nous nous adonnions au football. Il y a également moins d'aires de jeu comme par le passé. On apprenait à jouer dans nos quartiers. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Tous les enfants se dirigent vers des centres de formation et quels centres de formation ? Pour moi, ce sont plutôt des centres d'animation. Là-bas, ils acquièrent beaucoup de défauts et arrivent avec cela en Ligue 1. Aujourd'hui, le niveau de la L1 ne reflète pas le niveau réel du football ivoirien. La sélection nationale actuelle s'appuie sur le travail réalisé il y a quelques années par l'Asec. Le niveau des personnes qui encadrent les jeunes joueurs dans les centres doit être également revu. En Afrique, on croit qu'un centre de formation se résume à avoir deux ballons et un espace pour jouer. Je suis désolé… N'importe qui n'entraîne pas des enfants. Ici, tout le monde est entraîneur. Il faut revoir la base pour former de bons joueurs. Dernière chose, les dirigeants doivent bien payer leurs joueurs. C'est leur métier et il faut qu'il arrivent à vivre de leur art ».

Eric Monnet (Président Adzopé FC) : “Tout le monde veut faire plaisir à Anouma”
« Le déclin de notre football local est à plusieurs niveaux. Il y a la responsabilité de la Fif qui est l'émanation de tous les clubs. Lorsqu'elle donne une subvention à un président de club, il est important qu'elle regarde si l'argent est bien utilisé. Quand ce n'est pas le cas, la Fif doit nous tirer les oreilles. Concernant les joueurs, ils sont tous pressés d'aller en Europe. Ils ne prennent pourtant pas conscience de l'environnement. Nos joueurs se disent que leur avenir se trouve en Europe. Là-bas, c'est une autre réalité. Tout le monde n'est pas Drogba pour aller en France à 5 ans. Ils doivent pouvoir partir comme les Kolo Touré, Zokora Didier, Koné Kouamantien et autres N'Dri Romaric. La plupart sont partis d'ici. C'est la preuve qu'un travail est fait. Jacques Anouma doit également taper sur la table car il y a trop de plaies ici. Les arbitres n'ont même pas de diapositives pour revoir leurs erreurs après les matches qu'ils officient. Les 50.000 francs qu'on leur remet ne suffisent même pas. Ils sont donc amenés à prendre de l'argent de gauche à droite. A la prochaine Ag de la Fif, j'en parlerai. Chaque saison, on apprend que tels ou tels clubs sont programmés pour accéder en Ligue 1. Et cela se vérifie dans les comportements des gens et sur les terrains. J'ai déjà dit à Anouma que tout le monde veut lui faire plaisir. L'an dernier, Djèkanou (NDLR : le club crée par Jacques Anouma) a gagné un match (16-0). Personne n'a crié au scandale. Au Ghana, la même chose s'est passée. Le club d'Abedi Pelé a été suspendu. L'environnement n'est pas sain».

Wolé Basile (Coach Stella-Club) : “A chaque époque sa motivation”
« A chaque époque sa motivation. Aujourd'hui, les gens se battent pour leur bien-être. Dans les années 60-70-80, les joueurs jouaient pour faire honneur à leurs équipes. Et selon ce qu''ils avaient comme inspiration. Là, les compétitions étaient beaucoup relevées. Maintenant, ce n'est plus le même niveau. Il a baissé par rapport au niveau du football mondial ».

Didier Ottokoré (Manager Séwé sports) : «Les journalistes doivent mieux vendre la Ligue 1»
«On compare le championnat national ivoirien à quel championnat ? C'est par rapport à des comparaisons qu'on peut savoir si notre niveau a baissé ou pas… Il ne peut plus avoir de Sékou Bamba, Abdoulaye Traoré car qui fait ce genre de joueurs ? Ce sont les journalistes. Si tout le monde passe son temps à regarder Chelsea ou le Barça sur Canal+Horizons, il ne peut pas avoir de talents. C'est simple ! A l'époque, les stades étaient toujours pleins. Maintenant, seuls les pays organisés comme en Afrique blanche parviennent à maintenir le cap ».

Salif Bictogo (Président Stella-Club) : “La Fif devra rendre notre championnat attrayant”
«Si on compare notre le niveau de notre championnat à celui d'Angleterre ou d'Espagne, on dira forcément qu'il est mauvais. Nous devons accepter d'avoir nos joueurs à nous ici. Nous devons les aimer car nous n'aurons plus de Laurent Pokou, de Kallet Bialy, Kouamé Lucien, de Ben Badi. Même en Europe, les joueurs ne sont plus les mêmes. Les gens oublient que sans championnat ici, notre sélection est éliminée d'office. Nous avons de bons jeunes. Ce qu'il nous faut, c'est de les retenir le plus longtemps possible. Beaucoup filent en Afrique du Sud, en Thaïlande, au Maroc ou en Tunisie parce qu'il y a un phénomène d'exportation. La Fif devra rendre notre championnat attrayant en faisant un marketing agressif. Nos matches se jouent sans publicité, dans l'indifférence totale. C'est à ce niveau que la presse doit « vendre » les matches. Quand les journaux sportifs « vendent » Chelsea, Barcelone ou Arsenal à leurs premières pages, on ne sait plus si la Ligue 1 existe »

Propos recueillis par Choilio Diomandé et Guy-Florentin Yaméogo
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