Ouattara, bel et bien candidat de l’étranger Le président du RDR, Alassane Ouattara, n’est pas content. Il refuse le qualificatif de candidat de l’étranger. Il a tenu à le signifier, le dimanche 18 octobre dernier, au terme de sa campagne dans le Zanzan, au cours d’une conférence de presse. “Est-ce que les étrangers peuvent-ils voter en Côte d’Ivoire ? Nous sommes tous des candidats des Ivoiriens et c’est à eux de choisir le prochain président. Je ne comprends pas bien cette phraséologie de candidats des étrangers qui ne peuvent pas voter en Côte d’Ivoire. Nul ne peut être le candidat des étrangers”, s’est -il indigné. En fait, Ouattara s’est senti concerné par les propos tenus par le chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, le vendredi 16 octobre, à son QG de campagne. “Je pense qu’il y a des hommes et des femmes dont l’existence politique ne repose que sur les liens qu’ils ont avec l’étranger. Moi, mon existence repose avant tout sur mes liens que j’ai avec la mère nourricière et la terre de Côte d’Ivoire”, avait lancé le candidat Gbagbo, face aux journalistes, sans citer le nom d’une personnalité politique. Mais le fait est là, ceux qui ont des choses à se reprocher ont réagi. Le président du RDR a très tôt fait allusion à ses fonctions au Fonds monétaire internationale (FMI) pour le compte d’abord de la Haute Volta (acturel Burkina Faso) puis de la Côte d’Ivoire pour se présenter comme celui qui a le meilleur profil. Celui qui est le plus compétent. Le seul qui peut gouverner la Côte d’Ivoire qu’il qualifie de “gros morceau”. Aujourd’hui encore, au cours de ses tournées politiques, il se propose de donner des centaines, voire des milliers de milliards de FCFA aux régions ivoiriennes. Et ce, en comptant sur ses amis de l’étranger. Il est si fier de ses liens avec l’étranger qu’il n’hésite pas à afficher ses supposés liens avec l’actuel président français Nicolas Sarkozy qui aurait officié son mariage. Il a lancé ceci à ceux qui s’inquiétaient de sa propension à faire allusion à l’étranger : “Que ceux qui n’ont pas de relations dégagent !”. Les relations que le “brave tchê” entretient avec l’étranger ne s’arrêtent pas là. Elles auraient pu paraître normales si elles ne se faisaient pas au détriment des Ivoiriens. Déjà, en 1991, Ouattara montrait sa préférence pour la France en lui offrant les grandes sociétés de service public ivoiriennes. En 2002, lorsqu’éclate une rébellion armée en Côte d’Ivoire, le président du RDR n’est pas du côté du peuple ivoirien qui pleure. Il a un jeu trouble. Les Ivoiriens le constatent et lui demandent des comptes. Il se réfugie au sein de l’ambassade de France en Côte d’Ivoire. L’ambassadeur français Renaud Vignal use même de menaces pour la sécurité du leader du RDR. “Monsieur le ministre d'Etat, je viens d'avoir à l'instant le président Chirac au téléphone. Il vous tient pour personnellement responsable de la sécurité de M. Ouattara. Vous savez, s'il arrive malheur à Ouattara, vous risquez de passer devant le Tribunal pénal international (TPI)”, lance-t-il au ministre de la Défense de l’époque, Moïse Lida Kouassi. Le diplomate français ne s’est pas inquiété du sort de Francis Wodié, de Anaky Kobena, de Laurent Dona Fologo ou de tout autre homme politique qui avait sa vie également menacée dans cette période d’incertitude où les armes crépitaient. Il n’a pensé qu’ à Ouattara, le poulain de l’Elysée. Par la suite, la France l’a exfiltré vers le Gabon. Ouattara n’a pas courageusement rendu compte au peuple ivoirien. Il a préféré se mettre sous l’ombre de son tuteur étranger. Autre fait : l’existence politique du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), mouvement dont fait partie le RDR, est le fait de la France chiraquienne. Le RHDP est né en France et a même reçu l’onction des autorités françaises. Il est né pour contrer le président ivoirien au profit de la France. Le parti de Ouattara ne repose donc que sur les liens avec l’étranger. Avant lui, Henri Konan Bédié, qui avait exigé que la Côte d’Ivoire soit mise sous tutelle onusienne, s’est lui aussi défendu d’être le candidat de l’étranger. Le président Gbagbo a frappé là où ça fait mal. Il a promis de tout déballer lors de la campagne électorale. Ce qu’il vient de dire n’est qu’un avant goût. Et il est très probable que ses adversaires ne passent le reste de la campagne à se défendre. Tant ils traînent des casseroles et disposent de nombreux cadavres dans les placards. Serge Armand Didi sardidi@yahoo.fr
Politique Publié le mercredi 28 octobre 2009 | Notre Voie