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Économie Publié le mercredi 28 octobre 2009 | Le Mandat

Economie : Transport aérien - Jean Kouassi Abonouan (Anac) dénonce le protectionnisme des gouvernements africains

Yamoussoukro, la capitale politique de la Côte d'Ivoire abrite concomitamment depuis hier, le quarantième anniversaire de la commission africaine de l'aviation civile et la célébration des femmes africaines dans l'aéronautique. M. Jean Kouassi Abonouan, Directeur général de l'ANAC situe au micro de nos confrères de radio Côte d'Ivoire, les motivations profondes qui sous tendent ces festivités.

Les 10 ans de la décision de Yamoussoukro, les 40 ans de la commission africaine de l'aviation civile (Cafac), la célébration des femmes africaines dans l'aéronautique. Trois événements sur une même plate forme. N'est-ce pas là un honneur fait à la Côte d'Ivoire ?
Vous avez raison. C'est un honneur extrême qui est fait à notre pays parce que la décision de Yamoussoukro concerne tout le continent africain. Ce qui signifie que n'importe quel autre pays aurait pu être choisi. La commission africaine de l'aviation civile regroupe actuellement 46 Etats membres de l'UA sur les 53. On aurait pu choisir un autre pays, d'autant plus que la Cafac a son siège à Dakar. Elle aurait pu célébrer son quarantième anniversaire à Dakar. Elle a choisi notre pays. Les femmes dans l'aéronautique, c'est la même chose. Donc, c'est un grand honneur pour la Côte d'Ivoire et on peut même dire sans risque de se tromper que durant cette semaine du déroulement de ces trois événements, Yamoussoukro sera la capitale du transport aérien africain.

Cela dit, M. le Directeur général, que renferme la décision de Yamoussoukro ?
La décision de Yamoussoukro part d'un constat : les ministres africains des transports se sont réunis à Yamoussoukro en 1999 et ont constaté que le continent africain était très mal desservi parce qu'il n'était pas rare, même de nos jours de voir un passager qui part d'une ville, d'une sous-région africaine de l'Afrique de l'Ouest, pour aller dans une autre sous-région, soit Nairobi en Afrique de l'Est ou Addis-Abeba ou même Brazzaville en Afrique centrale, de le voir passer par Paris ou par Londres avant de rejoindre le pays de l'Afrique de l'ouest en question. Ce qui n'est pas normal. Pourquoi doit-on passer par l'Europe pour joindre les villes du continent africain ? C'est ce constat que les ministres ont fait en 1990. En 1999, ils ont décidé de trouver une solution à cela, ils ont donc adopté cet instrument qu'on a appelé la décision de Yamoussoukro qui vise à promouvoir la libéralisation du transport aérien en Afrique pour permettre le service aérien d'être mieux assuré sur le continent. D'où sa grande importance. Il fallait libéraliser le transport aérien pour qu'on puisse joindre n'importe quelle capitale africaine en moins de 24 heures. C'est cela l'objectif. C'est cet instrument qui a été décidé en 1999 dont on va faire le bilan 10 ans après, c'est-à-dire en 2009 à Yamoussoukro.

Vous le disiez tantôt, c'est un instrument d'un modèle de développement et de promotion du transport. Pratiquement, 10 années après, quel bilan peut-on en faire aujourd'hui ?
Je suis très franc avec vous en disant que le bilan est mitigé. Parce que la mise en œuvre de cette décision n'a pas été faite de façon totale à ce jour. Et c'est ce qui a entrainé que les ministres se retrouvent pour faire le bilan. Il y a des pays qui ont appliqué à la lettre la libéralisation des compagnies aériennes africaines. Mais il y en a qui sont restés cloîtrés dans les reflexes protectionnistes de leurs compagnies nationales et qui hésitent à accompagner les autres compagnies africaines et donc le bilan est vraiment mitigé. Et c'est pour ça qu'on va faire le point et trouver les voies et moyens pour booster cet instrument qui est formidable pour le développement du transport aérien africain.

Pour la zone Afrique de l'Ouest qui était gérée par la Cedeao, quel a été le chemin parcouru. Quels ont été, si vous voulez les spécificités de cette zone là ?
En Afrique de l'Ouest, il faut dire que l'application a été un peu plus heureuse parce que nous avons l'avantage d'avoir beaucoup d'instruments communautaires. On a l'Uemoa qui regroupe déjà 8 Etats voisins, membres de l'Afrique de l'Ouest. On a l'Asecna qui regroupe quelques pays de l'Afrique centrale, donc ces instruments communautaires font qu'on se retrouvait très régulièrement et même sans attendre le bilan en tant que tel du séminaire de Yamoussoukro. Quand on se retrouvait, on échangeait sur nos difficultés. Pourquoi est-ce qu'une compagnie africaine ne peut bénéficier des droits de la décision de Yamoussoukro ? Ce qui fait qu'en Afrique de l'Ouest, on peut dire que les décisions étaient mieux appliquées que dans les autres régions où on sent encore le protectionnisme des gouvernements.

Ça va donc servir d'exemple à cette rencontre ?
Oui, il est souhaitable que ça serve d'exemple à cette rencontre. C'est pour ça d'ailleurs qu'au plan du déroulement de cette rencontre à Yamoussoukro, les communautés économiques régionales, c'est-à-dire l'Uemoa chez nous, la Cmac en afrique centrale, la Sadec en Afrique Australe vont faire le point. On doit les amener à faire le point. Au niveau communautaire, pour dire, qu'est-ce que vous avez fait en tant que communauté économique régionale pour que les Etats de votre sous-région appliquent la décision? Ce sera une très bonne chose.

Comme un peu l'observatoire pour superviser…
C'est ça. C'est un observatoire pour faire ce qui n'a pas été fait et puis faire appliquer ce qui n'a pas été appliqué, et amener les Etats à suivre les décisions.

Paradoxalement, il y a eu la naissance de plusieurs compagnies de transport
Non, je pense qu'on doit amener les compagnies africaines à coopérer. S'il ya plusieurs compagnies qui se créent, la décision demande qu'elles coopèrent entre elles pour faire des programmes de vols communs pour ne pas qu'il y ait une compétition sauvage qui va tuer les compagnies africaines. Parce que si les compagnies se livrent une compétition sauvage, si les aviations civiles qui sont détentrices des droits au sein de leurs Etats se battent entre elles, cela va favoriser l'implantation d'avantage de compagnies étrangères qui vont venir prendre notre marché au détriment des compagnies nationales. Il faut donc que ce marché soit favorisé pour les compagnies africaines. Voilà donc un peu l'intérêt de cette rencontre.

Nous allons, Monsieur le Directeur général, parler de la Cafac qui est à l'honneur et qui veut aussi dresser son bilan de santé à la faveur de la célébration de son 40é anniversaire. Quels ont été les acquis de cette structure ?
La Cafac a des acquis indéniables. Cette organisation regroupe tous les pays africains au niveau de leurs aviations civiles d'autant qu'on peut dire que Cafac, c'est l'union africaine de l'aviation civile et c'est cette organisation qui est responsable de l'harmonisation, de la coordination, de la politique de l'aviation civile du continent. Ça veut dire que lorsqu'il ya un enjeu mondial majeur, lorsque l'Afrique doit aller rencontrer le monde aéronautique, notamment à Montréal où se trouve le siège de l'organisation internationale, qui comprend plus de 190 pays membres, les compagnies africaines se mettent d'accord avant chaque décision importante devant être prise au niveau mondial pour aller défendre la position du continent. Nous avons obtenu beaucoup d'acquis de ce point de vue. Même en ce qui concerne les postes au niveau de l'ouaci, chaque région sous régionale africaine doit avoir un poste. Cela n'était pas évident et la Cafac a joué un rôle de coordination, d'harmonisation et nous sommes très heureux de cela. Elle est née en 1969, elle a 40 ans et elle a choisi de venir à Abidjan pour son 40ème anniversaire alors qu'elle pouvait le faire à son siège qui est à Dakar, ça également, c'est un honneur pour nous. Je dois dire en passant que votre serviteur que je suis est le vice-président de cette commission africaine de l'aviation civile. Je suis à mon 4ème mandat qui fait 12 ans et c'est une marque de confiance à notre pays. Nous en sommes honorés.

Monsieur le Directeur, ce n'est pas tout. Car il y a que l'on décide de célébrer les femmes dans l'aéronautique. Quelles sont les motivations profondes qui sous tendent cette célébration?
Les motivations sont claires. Vous savez que pendant longtemps, l'aéronautique a été perçue comme la propriété des hommes. Ce sont des hommes qu'on voyait pilote, mécanicien d'avion. Mais de plus en plus, vous le constaterez et avec bonheur qu’il y a des femmes mécaniciennes d'avion. On a des femmes en Côte d'Ivoire qui sont des contrôleurs aérien, on a des femmes pilotes, des femmes d'essai aéronautiques. Donc, tout cela fait que nous avons estimé qu'il était bon de célébrer ces femmes pionnières de l'aéronautique pour donner l'exemple aux autres, pour que les femmes se disent que ce secteur n'est pas réservé exclusivement aux hommes. Et qu’elles se disent : “Moi aussi, je peux être pilote, mécanicien d'avion, ingénieur aéronautique. C'est pour nous une manière de célébrer ces pionnières et donner l'exemple à celles qui sont derrières et leur dire que ce métier est formidable et ouvert à tous les genres.

Les hommes ne diront-ils pas pourquoi les femmes et pourtant eux sont les précurseurs ?
Les hommes sont précurseurs. Ils ont la part belle, je parle statistiquement. Ils seraient plutôt heureux qu'on puisse dire que dans l'aéronautique, on respecte la notion de genre. Nous devons donner l'exemple.

En dehors de ce triple évènement, que gagne la Côte d'Ivoire ?
De façon indéniable, la Côte d'Ivoire déjà gagne en notoriété. Tous les ministres africains des transports, au niveau continental, de 53 pays africains viennent en Côte d'Ivoire pour se réunir et faire le bilan de leur secteur de pointe. Je pense que c'est une marque de notoriété pour la Côte d'Ivoire. Que l'organisation continentale comme la Cafac choisisse la Côte d'Ivoire pour la célébration de son 40ème anniversaire au détriment de son siège au Sénégal, c'est un honneur pour la Côte d'Ivoire. Et cela a plein de sens. Aussi est-il important de signaler la célébration des femmes dans ce milieu. Cette notoriété va également servir pour l'avenir, parce que depuis 1990 qu'on a arrêté les décisions de Yamoussoukro, dans le monde entier, il ne se passe pas un évènement majeur sans qu'on ne parle des décisions de Yamoussoukro. Les gens se disent mais Yamoussoukro, c'est quoi ? C'est où ? C'est qui ? C'est en Côte d'Ivoire. C'est bien la capitale politique ivoirienne. C'est déjà bon pour la Côte d'Ivoire. Alors faisons en sorte de nous mobiliser tous ensemble. C'est l'appel que je peux lancer à toute la population pour la sensibilisation pour qu'on en fasse un évènement majeur, une véritable réussite et que cet événement éponde aux attentes que nos hôtes ont placées en la Côte d'Ivoire en mettant cette réunion chez nous.

Ce qui expliquerait la présence certainement effective du Chef de l'Etat
Ça, c'est l'extrême honneur que nous avons. Le chef de l'Etat a confirmé sa présence à nos travaux et il a même envisagé, sauf changement de dernière heure, qu'il y ait même une cérémonie de distinction des femmes qui sont des valeurs sûres de notre aéronautique. On profite donc de cette occasion pour dire encore merci au Chef de l'Etat pour son soutien à notre secteur.


Propos recueillis par
César Yao (stagiaire)
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