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Société Publié le jeudi 29 octobre 2009 | L’expression

Ures de Korhogo - Les “parents” oubliés de la République

Bourses impayées, manque de logement… les étudiants de l’Unité régionale de l’enseignement supérieur de Korhogo vivent la vraie galère. Ils se disent oubliés par le gouvernement.

Cité universitaire de Korhogo. Un cadre enchanteur. Les eucalyptus alignés et disposés de part et d’autre donnent au site un visage serein. La cour est bien tenue. Aucune saleté ou feuille morte ne traîne. Mais l’envers du décor est autre. A l’intérieur, une autre image laide s’offre au visiteur. Des murs crasseux, des toilettes et des douches où l’eau coule en permanence et dont les installations datent de Mathusalem. C’est là que dorment les étudiants de l’Unité régionale de l’enseignement supérieur (Ures) de Korhogo. Comme le chantaient ‘‘Les parents du campus’’, il faut entrer dans l’univers de l’étudiant pour connaître leurs réalités. « Nous vivons vraiment mal. Les chambres sont dans un état de dégradation avancée. L’eau coule partout dans la douche», témoigne Gnacadja Koffi Emile, en 2ème année d’Ega (Economie gestion agropastorale). «L’apparente propreté que vous constatez, c’est nous-mêmes qui avons nettoyé les murs en 2007 quand nous sommes arrivés pour l’ouverture de l’Ures», a renchéri N’Zi Kouamé Georges, en 3ème année de la même filière. Et le président du Comité des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Ceeci) de poursuivre : «Dans les douches et toilettes, les tuyaux sont vieillissants, l’eau coule sans arrêt. » « Le matériel est vieux, c’est rouillé au point que quand on boit l’eau, on sent la rouille dans la gorge. Les portes sont défoncées, les lavabos sont cassés », ajoute Aka Akonzégui. « Les toilettes n’ont jamais fait l’objet de réhabilitation. C’est le même état depuis des années», souligne Méité Vassékou, en 3ème année. Conséquence, les étudiants sont obligés de cohabiter avec des voisins peu rassurants: reptiles, crapauds etc. «L’eau qui coule en permanence attire les crapauds et leur croassement nous empêche de dormir. En période de pluie, c’est encore plus grave. On est obligé de les chasser car ils font trop de bruit», relève Gnacadja Emile qui ajoute que les étudiants sont sous la menace des reptiles, notamment les serpents qui rôdent autour des dortoirs. Un étudiant a été mordu par un serpent en 2007, à l’occasion... des Journées portes ouvertes de l’Ures. Ce n’est pas tout en ce qui concerne les désagréments. Selon les étudiants, la stagnation d’eau entraîne la prolifération des moustiques. « Nous sommes exposés au paludisme », se plaint Gnacadja. «Pour ceux qui ont un peu d’argent, explique l’étudiant N’Zi Kouamé, ils peuvent s’offrir le luxe d’avoir des moustiquaires ou des ventilateurs». Le gros problème des étudiants, c’est la bourse qui n’existe que de nom. « Nous n’avons pas de bourse et nous ignorons pourquoi », déplore un étudiant de l’Ures. « On a l’impression, poursuit-il, que l’Etat nous a oubliés. Et pourtant, nous avons été les précurseurs de la paix. Nous sommes à Korhogo avant l’Accord politique de Ouaga. Nous avons participé au retour de la confiance. Pour cela, on devrait nous payer la bourse. » «La situation est telle qu’on est à se demander si la bourse existe encore», renchérit Guéi Edmond, un autre étudiant. «Depuis que nous sommes ici, c’est une seule fois que des aides ont été payées seulement à un groupe en 2007. La majorité n’en a pas bénéficié», révèlent plusieurs “parents”. Le non paiement de la bourse limite les marges de manœuvre des étudiants qui n’arrivent plus à acheter les fascicules ou à faire les photocopies. « Un ami a recopié à la main un document de plus de 100 pages. C’est dû au non paiement de la bourse », indique notre interlocuteur. Un manque de moyens qui pousse les étudiants à refuser de payer le loyer. «Nous refusons de payer les chambres parce que nous n’avons pas les moyens », accuse Assi Bédé Hilaire. Pour oublier cet océan de difficultés, les étudiants de Korhogo se retrouvent, chaque soir, dans un ‘‘grin’’ de thé où ils débattent de leur galère. Ils ne cessent de remercier des personnalités qui leur viennent en aide.

Par Mazola, Correspondant régional
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