La sortie du deuxième personnage de l`Etat est un désaveu cinglant de la thèse ultra nationaliste défendue par la gauche ( ?) au pouvoir. Le démenti qui a suivi dans la presse, attribué au chef de l`Etat, est une antithèse parfaite. Assurément, Mamadou Koulibaly est la patate chaude entre les mains de Laurent Gbagbo.
Le samedi 24 novembre, Mamadou Koulibaly savait parfaitement ce qu`il voulait quand il a précipitamment organisé un meeting à la place Inch`Allah de Koumassi. En effet, le député (Front populaire ivoirien) de Koumassi, candidat déclaré aux élections législatives et municipales de ladite commune, avait presque abandonné le terrain politique à son farouche adversaire du Parti démocratique de Côte d`Ivoire (Pdci), l`omniprésent maire Raymond N`Dohi. La date choisie n`était pas fortuite. Elle intervenait trois jours seulement après la présentation de l`équipe de campagne du candidat Gbagbo. Une liste où il occupait la dixième place sur les seize que compte le " Haut conseil politique " de campagne, après Danièle Boni Claverie, Théodore Mel Eg et …Martine Djibo.
C`est donc en toute conscience que le vice-président du Fpi a déclaré devant des partisans qui n`en croyaient pas leurs oreilles et à la stupéfaction générale des " barons " du Fpi présents (le gouverneur Amondji se serait retiré avant la fin de la cérémonie) que " Si aujourd`hui, on dit que 1.900.000 personnes sont pas ivoiriennes, vous voyez ce que ça peut donner. Pour un seul cas, on est là depuis 2009, imaginez-vous le temps qu`on mettra pour tout ce monde. Comment allons-nous sortir de ce problème ? A l`indépendance, Houphouët a identifié le problème. Il a proposé la double nationalité. Les députés d`ici ont refusé et Houphouët n`a rien dit. Il a laissé la situation comme cela. Ce problème nous a rattrapés aujourd`hui. Va-t-on laisser cette situation perdurer et le léguer à nos enfants ? Et dans 10 ans, ils vont continuer les palabres. Est-ce que pour construire ce pays, il n`est pas bon qu`on s`asseye, qu`on se dise que si Mamadou est à Béoumi, sa maison, sa femme et ses enfants sont à Béoumi ; peut-être même qu`il a épousé une femme de là-bas, on ne peut pas le chasser, on ne peut pas le tuer, est-ce que ce n`est pas mieux qu`on dise que comme son nom est sur la liste et qu`il veut voter, il n`a qu`à prendre. Et nous, on continue tranquillement notre histoire. Ça va être très dur à accepter pour certaines personnes. Mais à dire vrai, s`il est Ivoirien, cela nous enlève quoi ? Cela ne nous enlève rien. Si on demande à chacun d`aller chercher ses papiers, on ne finira pas. Comment allons-nous procéder puisqu`il n`y a pas la gendarmerie, la police et les tribunaux sur l`ensemble du pays actuellement ? Dans ce débat, celui-là est Ivoirien et l`autre ne l`est pas, on ne s`en sortira pas. Même ici à Koumassi, moi-même, j`ai eu des problèmes lors de l`enrôlement. Imaginez-vous à Tengrela, Bouna, Korhogo où il n`y a ni police, ni gendarme, ni militaire. Qui va protéger qui ? Si vous dites que tel n`est pas ivoirien, il prendra sa machette et vous sortirez la vôtre. On apprendra qu`il y a eu 25 morts à Tengrela. C`est 25 vies de perdues. Est-ce qu`il n`est pas temps de réfléchir ? On les prend tous, on organise les élections et on continue de construire notre pays avec les écoles, les routes, les hôpitaux…Si on ne règle pas ce problème, on ne peut pas construire le pays. Il nous faut bien réfléchir. La vie d`un pays ne se limite pas à des problèmes d`élection " (L`Expression du lundi 26 octobre 2009).
La réponse à cette sortie pour le moins surprenante ne s`est pas fait attendre. Plutôt que d`attaquer de front le polémiste aux positions gênantes, le camp présidentiel a choisi le démenti subtil par voie de presse. Ainsi dans sa livraison du mercredi 28 octobre, le journal " Le Quotidien " rappelait dans un article au style fort diplomatique que " Gbagbo met de l`ordre " dans son propre camp, relativement aux " déclarations intempestives (et aux) sorties ". Le même jour, le journal progouvernemental qui se comporte souvent comme l`organe officiel du Fpi précisait que " Gbagbo dit non " à l`" intégration automatique de tous les enrôlés dans le fichier électoral ", comme l`avait demandé quelques jours plus tôt Mamadou Koulibaly. Pour l`heure, aucune voix officielle n`est venue contredire fermement le président de l`Assemblée nationale. Il semble que les pontes du régime ont entrepris de se débarasser de la patate chaude qu`est Mamdou Koulibaly entre les mains de la presse. En attendant que le candidat détermine à quelle occasion, il compte bien la croquer.
André Silver Konan
kandresilver@yahoo.fr
Le samedi 24 novembre, Mamadou Koulibaly savait parfaitement ce qu`il voulait quand il a précipitamment organisé un meeting à la place Inch`Allah de Koumassi. En effet, le député (Front populaire ivoirien) de Koumassi, candidat déclaré aux élections législatives et municipales de ladite commune, avait presque abandonné le terrain politique à son farouche adversaire du Parti démocratique de Côte d`Ivoire (Pdci), l`omniprésent maire Raymond N`Dohi. La date choisie n`était pas fortuite. Elle intervenait trois jours seulement après la présentation de l`équipe de campagne du candidat Gbagbo. Une liste où il occupait la dixième place sur les seize que compte le " Haut conseil politique " de campagne, après Danièle Boni Claverie, Théodore Mel Eg et …Martine Djibo.
C`est donc en toute conscience que le vice-président du Fpi a déclaré devant des partisans qui n`en croyaient pas leurs oreilles et à la stupéfaction générale des " barons " du Fpi présents (le gouverneur Amondji se serait retiré avant la fin de la cérémonie) que " Si aujourd`hui, on dit que 1.900.000 personnes sont pas ivoiriennes, vous voyez ce que ça peut donner. Pour un seul cas, on est là depuis 2009, imaginez-vous le temps qu`on mettra pour tout ce monde. Comment allons-nous sortir de ce problème ? A l`indépendance, Houphouët a identifié le problème. Il a proposé la double nationalité. Les députés d`ici ont refusé et Houphouët n`a rien dit. Il a laissé la situation comme cela. Ce problème nous a rattrapés aujourd`hui. Va-t-on laisser cette situation perdurer et le léguer à nos enfants ? Et dans 10 ans, ils vont continuer les palabres. Est-ce que pour construire ce pays, il n`est pas bon qu`on s`asseye, qu`on se dise que si Mamadou est à Béoumi, sa maison, sa femme et ses enfants sont à Béoumi ; peut-être même qu`il a épousé une femme de là-bas, on ne peut pas le chasser, on ne peut pas le tuer, est-ce que ce n`est pas mieux qu`on dise que comme son nom est sur la liste et qu`il veut voter, il n`a qu`à prendre. Et nous, on continue tranquillement notre histoire. Ça va être très dur à accepter pour certaines personnes. Mais à dire vrai, s`il est Ivoirien, cela nous enlève quoi ? Cela ne nous enlève rien. Si on demande à chacun d`aller chercher ses papiers, on ne finira pas. Comment allons-nous procéder puisqu`il n`y a pas la gendarmerie, la police et les tribunaux sur l`ensemble du pays actuellement ? Dans ce débat, celui-là est Ivoirien et l`autre ne l`est pas, on ne s`en sortira pas. Même ici à Koumassi, moi-même, j`ai eu des problèmes lors de l`enrôlement. Imaginez-vous à Tengrela, Bouna, Korhogo où il n`y a ni police, ni gendarme, ni militaire. Qui va protéger qui ? Si vous dites que tel n`est pas ivoirien, il prendra sa machette et vous sortirez la vôtre. On apprendra qu`il y a eu 25 morts à Tengrela. C`est 25 vies de perdues. Est-ce qu`il n`est pas temps de réfléchir ? On les prend tous, on organise les élections et on continue de construire notre pays avec les écoles, les routes, les hôpitaux…Si on ne règle pas ce problème, on ne peut pas construire le pays. Il nous faut bien réfléchir. La vie d`un pays ne se limite pas à des problèmes d`élection " (L`Expression du lundi 26 octobre 2009).
La réponse à cette sortie pour le moins surprenante ne s`est pas fait attendre. Plutôt que d`attaquer de front le polémiste aux positions gênantes, le camp présidentiel a choisi le démenti subtil par voie de presse. Ainsi dans sa livraison du mercredi 28 octobre, le journal " Le Quotidien " rappelait dans un article au style fort diplomatique que " Gbagbo met de l`ordre " dans son propre camp, relativement aux " déclarations intempestives (et aux) sorties ". Le même jour, le journal progouvernemental qui se comporte souvent comme l`organe officiel du Fpi précisait que " Gbagbo dit non " à l`" intégration automatique de tous les enrôlés dans le fichier électoral ", comme l`avait demandé quelques jours plus tôt Mamadou Koulibaly. Pour l`heure, aucune voix officielle n`est venue contredire fermement le président de l`Assemblée nationale. Il semble que les pontes du régime ont entrepris de se débarasser de la patate chaude qu`est Mamdou Koulibaly entre les mains de la presse. En attendant que le candidat détermine à quelle occasion, il compte bien la croquer.
André Silver Konan
kandresilver@yahoo.fr