x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Art et Culture Publié le samedi 31 octobre 2009 | Nord-Sud

Portrait - Soro Péhouet Patric : “Sauvé par le Prix Guy Nairay’’

La révélation du dernier Prix Guy Nairay de la créativité, Soro Péhouet Patric, a donné une note particulière au concours depuis son sacre. Une joute qui a permis à son lauréat de lancer sa carrière de peintre professionnel.


Grand Prix Guy Nairay de la créativité 2007, Soro Péhouet Patric est aujourd’hui professeur d’arts plastiques au lycée moderne 1 d’Abobo. Le jeune pein­tre a survolé la troisième édition du prix et a inscrit son nom dans le gotha des artistes ivoiriens les plus en vue. Il représente une nouvelle génération de peintres par son style. Ce qui lui vaut la sympathie des anciennes générations. Sa dextérité et son maniement du couteau à palette, instrument avec lequel il peint, ajoute une particularité à son travail. Nord-Sud propose le portrait de celui qui bouleverse actuellement la hiérarchie au sein des artistes peintres ivoiriens.

Des débuts difficiles

«Dans toute chose, quand on arrive et qu’on veut changer les données, il y a toujours des obstacles». C’est ainsi que Soro Péhouet, résume les difficultés qu’il a rencontrées pour atteindre son objectif, devenir un peintre reconnu. Soro est né à Tiassalé le 24 avril 1980, d’un père fonctionnaire à la Satmaci (actuel Anader) et d’une mère ménagère. Quand il doit parler de lui, Péhouet préfère commencer par son entrée au Lycée d’enseignement ar­­­tis­ti­­­que (Lea) d’Abidjan. Mais avant cette période, il a dû défier son père pour s’adonner à sa passion. Le père de Soro voulait que son fils travaille dans un bureau. Il ne pouvait donc pas concevoir que celui-ci devienne ‘’dessinateur’’. « J’étais au primaire lorsque je fus interdi de toute reproduction. Je partais à l’école sans instrument de dessin. Comme c’était un impératif pour moi de dessiner, le soir dans ma chambre, je reproduisais les personnages des dessins animés que je suivais à la télé sur une ardoise», se rappelle-t-il. En classe de CE1, il effectue les travaux de classe de ses sœurs aînées déjà au lycée. Et, les notes de 17/20 qu’elles obtiennent, constituent pour lui des éléments de motivation. C’est dans cette atmosphère que survient le décès du père.

La disparition de son père

«Si mon père n’était pas décédé très tôt, peut-être que je n’allais jamais faire les arts», aime t-il rappeler. En effet, le décès de son père coïncide avec son entrée au collège. Chose impressionnante, cela ne lui ouvre pas pourtant les portes. Sa maîtrise du dessin éblouit son professeur d’arts plastiques, Djaha Madeleine, à telle enseigne qu’elle estimait que les croquis n’é­taient pas de lui. Car pensait-elle, un garçon de son âge n’é­tait pas en mesure d’effectuer les proues­ses comme il arrivait à le faire. De là, naît une rivalité entre la prof et son élève. C’est en classe de 4e, qu’il retrouve à nouveau le goût du dessin auprès de son nouveau professeur, Honoré Kouamé. C’est lui qui l’encourage à passer le concours d’entrée au Lea. Lycée qu’il quittera deuxième de sa promotion.


Une passion mais pas une priorité

C’est tout naturellement l’école des beaux arts qui l’accueille. Un jour, il décide de tout arrêter. «Je ne voulais plus faire de la peinture. Après le diplôme général (obtenu après deux années d’étude à l’Insaac), je suis allé pour m’inscrire en communication. Parce que je voulais faire les arts graphiques, à savoir tout ce qui touche aux affiches, aux panneaux publicitaires etc. A l’inscription, on m’apprend que je suis déjà retenu pour la peinture», relate-t-il. C’est ainsi que le jeune artiste rentre en atelier. «Je me disais que c’était une perte de temps du moment où je pensais savoir déjà peindre». Après les premier cours, il découvre tout de suite ses carences. «J’ai eu des surprises agréa­bles car j’y ai appris de nombreuses choses que j’ignorais», confes­se-t-il. Au terme de ses études à l’Insaac, Soro Patric est major de sa promotion avec la mention très bien et obtient le Diplôme d’étude supérieur artistique (Desa), option arts plastiques. Selon lui, «l’école ne forme pas des artistes, mais des techniciens. Elle offre les rudiments pour devenir artiste». Péhouet peint exclusivement aux couteaux à palette. Un style de peinture qu’il a emprunté à Christian Jecel, artiste peintre français d’origine corse. Et, ses peintures comportent des innovations qui ne répondent pas aux normes des œuvres déjà commercialisées.

La rencontre avec les Guyzan

Quand il échoue au concours de professeur, Soro doit vivre sans bourse. C’est durant cette période, qu’il rentre en contact avec Thierry Dia de la galerie Houkami, organisateur des Guyzan. Avec Thierry, commence un nouvel apprentissage. L’artiste a de plus en plus de motivation. La rapidité avec laquelle ses œuvres se vendent et le succès de ses tableaux lors des expositions sont encourageants. Pour lui, les conseils de Thierry sont importants. «Quand tu proposes une toile à Thierry, avant de l’acheter, il fait des remarques et t’encourage à mieux travailler», reconnaît-il. Et en 2007, le professionnel de peinture estime qu’il a atteint un bon niveau. Il décide de se présenter au concours Guyzan. Outre cette assurance, remporter le concours était vital pour lui. La victoire lui permettrait d’avoir de quoi vivre et le concours déterminerait son succès dans les arts graphiques. Car lorsqu’un tableau n’est pas réussi, même les amateurs s’en rendent compte. Dans le déroulement du con­cours, il y a deux expositions. Une avant la proclamation des résultats et l’autre après. A la première exposition, c’est Simplice Zinsou, collectionneur et grand amateur de cimaises, qui achète la toile du nouveau peintre et fait la confidence que c’est l’auteur de sa nouvelle propriété qui serait vainqueur du concours. Le soir de la proclamation des résultats à l’Hôtel Ivoire, le peintre reçoit les félicitations de l’assistance. «Quand j’ai entendu mon nom, explique-t-il, j’étais tellement troublé que j’ai commencé à transpirer», se souvient-il. Après le sacre, un deuxième défi l’attendait. L’exposition personnelle offerte au lauréat. Seul face à son destin, le peintre se renferme dans ‘’son bled’’, à Abobo. Il produit 40 toiles. Toutes expriment la réalité quotidienne des populations de sa commune. L’exposition est une réussite. Et depuis, ses travaux décorent les calendriers, agendas et murs de grands collectionneurs. Ainsi a commencé sa marche vers le sommet. Chez lui à Abobo, on le trouve bizarre. Lui dans son coin, observe les gens. Et parle d’eux, de la plus belle des manières, à travers ses tableaux. «Tout ce que je fais ressortir sur mes œuvres, c’est seulement à Abobo qu’il est possible de le voir», affirme-t-il admiratif.

S.A.
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Art et Culture

Toutes les vidéos Art et Culture à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ