Un chapelet de revendications! C’est ce que la jeunesse a présenté au candidat Laurent Gbagbo. Même si le ton paraissait aimable, les préoccupations exposées par les jeunes sonnaient comme une insulte à l’encontre de celui qui a dirigé la Côte d’Ivoire ces neuf dernières années. Qu’ont demandé les porte-parole de la jeunesse? Que les bars et les maquis qui sont autour des écoles soient détruits pour que les résultats scolaires soient plus meilleurs. Ils ont également rappelé à Laurent Gbagbo que l’école n’est pas encore gratuite, les manuels scolaires non plus. Les laboratoires, les salles de TD et de TP ne sont pas équipées. Il n’y a pas plus de lycées et collèges construites depuis neuf ans. La bourse scolaire quant elle n’existe que de nom. Les diplômés qui sortent de l’école et des amphithéâtres n’ont pas de travail. Les centres de médico-scolaire manquent cruellement d’équipements. Sans oublier les instituts supérieurs comme l’Institut national de la Jeunesse et des Sports (INJS) qui sont aujourd’hui sans équipements. Les jeunes ont aussi demandé au candidat-président de mettre fin à la série de mauvais résultats aux examens. Si l’adresse des jeunes était destiné à un autre candidat, on n’aurait rien eu à redire. Mais adresser à un candidat qui a dirigé la Côte d’Ivoire pendant près d’une décennie, cela veut dire que le bilan de ce dernier est largement en dessous de la moyenne. En clair, les jeunes de Côte d’Ivoire veulent dire ceci à Laurent Gbagbo: «Tu n’as rien fait pour nous». Mais comme ils ont été choisis par le comité d’organisation pour parler au nom de leurs camarades, ils ont décidé d’y mettre la manière. Les problèmes exposés par les jeunes au cours de la rencontre du samedi, Laurent Gbagbo a eu tout le temps de les régler. Et ce ne sont pas les moyens qui ont manqué dans cette «Côte d’Ivoire utile» qu’il contrôlait. Le prétexte de la guerre ne peut pas occulter cette réalité. Les vérités assénées par les jeunes viennent rappeler à Laurent Gbagbo que cette jeunesse qu’il a utilisée comme bouclier humain n’est plus dupe. Si le candidat du FPI se souvient subitement d’elle, c’est parce que l’élection présidentielle pointe à l’horizon. Après plusieurs années d’inertie, les engagements pris par Laurent Gbagbo samedi dernier au complexe sportif de Yopougon sonnent comme des promesses électorales. Or lui-même l’a dit: «Les promesses qu’on fait pendant les élections n’engage que ceux qui y croient.» Les jeunes ont parlé. Laurent Gbagbo est arrivé au pouvoir. En neuf ans, ils n’ont rien vu. En lieu et place de choses concrètes, il leur propose encore des promesses sur papier. Mordront-ils encore à l’hameçon? Pas trop sûr. Car comme on le dit l’artiste: «Premier gaou n’est pas gaou. C’est deuxième gaou qui est gnata.»
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly