A propos de la présidentielle - Laurent Gbagbo depuis le Ghana: "Certains ne jouent pas un jeu clair"

Laurent Gbagbo qui est arrivé hier à Accra a donné aux nombreux ivoiriens vivant au Ghana et au Togo, les nouvelles fraîches de leur pays. La rencontre qui s’est tenue à la résidence de l’ambassadeur Ackah Auguste Emmanuel a permis au président Gbagbo de donner quelques informations sur le processus électoral. « J’entends certains dire si le 29 novembre, il n’y a pas d’élection, Gbagbo va voir. Je leur rétorque : le 29 novembre si ce n’est pas le cas, vous aller faire quoi ? Il faut arrêter le langage de la violence et aller aux élections. Malheureusement, je crois que certaines personnes ne jouent pas un jeu clair. Il faut arrêter de jouer aux apprentis sorciers. Si l’on m’avait écouté, on aurait fait les élections en 2007. J’avais proposé une procédure plus souple mais les gens ne m’ont pas écouté, ils pensaient que je voulais les doubler », a regretté soutenu le Chef de l’Etat. Avant de faire partager son optimisme quant à la tenue effective du scrutin tant attendu. « Nous sommes à la fin du processus. Actuellement, tout le monde est en campagne y compris moi -même. Chacun expose ce qu’il a fait ou va faire aux Ivoiriens. Parce que n’oubliez pas que nous avons tous gouverné ce pays », a-t-il fait remarquer. Le Président Gbagbo a également levé un coin de voile sur sa rencontre, la semaine dernière, avec la CEI et les acteurs techniques impliqués dans l’organisation de l’élection. Il a fait savoir à ses compatriotes qu’il a demandé aux uns et autres de s’activer afin que l’élection se déroule cette année. « Je leur ai donné un délai de 3 à 4 jours pour qu’ils travaillent sur les 1,9 million de personnes recensées mais qu’on ne retrouve sur aucun fichier. Après cela, la liste électorale provisoire sera affichée. Je pense que d’ici vendredi, ce sera possible et le contentieux va s’ouvrir », a-t-il révélé. Laurent Gbagbo a, par ailleurs, stigmatisé l’excitation qui semble gagner certains acteurs politiques à propos de la tenue de la présidentielle. « Pourquoi certains sont-ils excités et pensent qu’ils sont plus pressés que nous pour aller aux élections ? », s’est-il interrogé. Enfin, il a souligné que la Côte d’Ivoire, en tant que pays sorti d’une crise armée, n’est pas plus mal lotie au niveau des élections, que certains pays sur le continent vivant la même situation. « En Cote d’Ivoire, ce sont les Ivoiriens qui dirigent et organisent leurs élections. Ce n’est pas le cas en Somalie, par exemple, où l’ONU organise tout », a-t-il conclu. Répondant aux doléances des ses compatriotes, le Chef de l’Etat a récusé l’idée de la création d’une maison des étudiants ivoiriens résidant au Ghana. Il n’a pas voulu rééditer l’exemple désastreux de la Maison des Etudiants de Côte d’Ivoire en France, dans les années 60, achetée par l’Etat de Cote d’Ivoire et tombée, plus tard, en ruine. Pour M. Gbagbo, il faut plutôt donner des bourses aux étudiants afin qu’ils étudient dans de bonnes conditions. Le chef de l’Etat a aussi annoncé la construction prochaine d’une chancellerie digne de la Côte d’Ivoire au Ghana. « J’ai déjà pris contact avec un architecte ivoirien. J’ai aussi demandé à l’ambassadeur de trouver un terrain et nous démarrerons les travaux », a-t-il révélé à la grande joie de la communauté ivoirienne. Association apolitique et laïque, la communauté des Ivoiriens vivant au Ghana (CIGHA), vise selon son président, Jean Alfred Amodjo, par ailleurs directeur Afrique de l’Ouest et centrale de DHL, a créer des liens de solidarité agissante entre les Ivoiriens. Cette association possède des acquis tels qu’un siège social, un site internet etc. Elle a aussi créé un club des amis de la Côte d’Ivoire qui aspire à devenir une chambre de commerce de la Côte d’Ivoire au Ghana. C’est pour cela que la CIGHA se réjouit des efforts accomplis par le Président Gbagbo afin de mettre le pays sur la voie de la paix. Le Chef de l’Etat a prodigué des conseils aux Ivoiriens en leur disant notamment de respecter les lois ghanéennes. Dans son intervention qui a précèdé celle du Président, l’Ambassadeur de Côte d’Ivoire au Ghana, SE. Ackah Auguste Emmanuel, a rendu hommage au Chef de l’Etat pour son action en faveur de la paix en Côte d’Ivoire. Il a ensuite présenté la communauté ivoirienne au Ghana comme soudée, solidaire et responsable.

Didier Depry ddepry@hotmail.com envoyé Spécial à Accra