Ami de longue date de Laurent Gbagbo, membre fondateur du Front populaire ivoirien (FPI), Traoré Amadou dit Le Puissant vit en France depuis près de 40 ans où il est chef d’entreprise. Début octobre, il était membre de la mission des hommes d’affaires du Grand est de la France (Alsace-Lorraine) qui a séjourné en Côte d’Ivoire. Il parle de cette mission et en profite pour dévoiler comment il compte contribuer à la réélection de son vieil ami. Notre voie : Vous êtes en Côte d’Ivoire dans le cadre d’une mission d’hommes d’affaires du Grand Est de la France. Quel est votre sentiment à la veille de la fin de cette mission ? Traoré Amadou : C’est un retour au pays, un retour à la source pour moi. Ça fait 40 ans que je suis en Europe et je pense avoir un grand champ de vision comme un pilote qui a un grand champ de vision une fois qu’il est à une certaine hauteur. Pour moi, cette mission, c’est de faire en sorte que, économiquement, ça soit du gagnant-gagnant. Pas de gagnant-perdant comme par le passé. C’est pourquoi j’ai tenu à en faire partie. Et en même temps voir au niveau du pays quelles sont les potentialités et comment participer à l’évolution technique de mon pays. N.V. : ça s’est bien passé ? T.A. : Tout à fait ! Tous les opérateurs économiques qui étaient avec moi étaient enchantés. Parce qu’ils étaient d’abord bien accueillis partout, ils m’ont dit que la Côte d’Ivoire est un pays d’avenir malgré les difficultés qu’il y eu par le passé. Ils sont confiants en l’avenir de ce pays. Ils étaient tous unanimes. Parce que beaucoup d’entre eux ont fait pas mal de pays africains, mais ils étaient agréablement surpris des potentialités de la Côte d’Ivoire. N.V. : Vous pensez que les relations économiques entre la Côte d’Ivoire et la France peuvent rebondir après de longues années de crise ? T.A. : Mais tout à fait ! Il n’y avait qu’à voir dans les yeux des opérateurs économiques du Grand Est de la France. Ils sont venus tâter le terrain. Ça peut permettre de renouer cette coopération. Nous avons été reçus d’une part par l’ambassadeur de France et d’autre part par le directeur général du port autonome d’Abidjan, M. Marcel Gossio. C’est déjà important et ça montre que le partenariat est possible malgré la crise. Car, partout où je suis passé, tout le monde a dit que la crise est derrière nous. Je pense même que ça va être un mauvais souvenir parce que les opérateurs économiques sont prêts à réinvestir dans ce pays. N.V. : Vous l’avez dit, la crise est derrière nous, et la Côte d’Ivoire s’apprête à aller aux élections. Comment entrevoyez-vous cette échéance ? T.A. : Pour moi, les élections vont se dérouler dans le calme et les perdants vont accepter leur défaite. On sent que les gens ne veulent plus que cette situation continue parce que chacun s’est rendu compte que cette crise pénalise notre pays. Mais, en plus elle fait qu’on aura une jeunesse sacrifiée, ce qui n’est pas le souhait des parents. N.V. : Vous êtes un ami de longue date du président Gbagbo, membre fondateur du Fpi. Vous avez mis en place à Strasbourg un comité de soutien au président Gbagbo. Quel rôle ce comité pourrait jouer dans le cadre de la campagne ? T.A. : Il s’agit d’un groupe d’Ivoiriens de Strasbourg qui se sont dit qu’il fallait faire quelque chose pour la stabilité de leur pays d’origine. Pendant la guerre, le président Laurent Gbagbo a tout de même réussi à payer les fonctionnaires. Ce qui est difficile dans d’autres pays même en temps de paix. On s’est dit que c’est la seule personne capable de mener la Côte d’Ivoire à bon port après la guerre. Et je suis persuadé qu’il remportera les élections haut la main. Nous allons sillonner tout l’est de la France de Nancy à Besançon en passant par Dijon, Mulhouse, Colmar…Partout où il y a des Ivoiriens pour les convaincre que notre champion c’est Laurent Gbagbo et qu’il est le meilleur. Nous leur expliquerons pourquoi ils doivent le soutenir. Parce que nous pensons qu’il n’y a pas de raison que quelqu’un qui a su tenir la barre en période de crise ne puisse pas faire mieux en temps de paix. N.V. : Vous ne faites pas que soutenir, mais vous faites également des propositions et vous en avez une dizaine… T.A. : Nous avons effectivement mis en place un volet réflexion dans ce comité. En Alsace c’est courant de voir des intellectuels faire des propositions aux hommes politiques. Je faisais partie du club Jacques Perrot à Strasbourg. Ce comité faisait des propositions au maire. Ainsi, grâce à cela, il a pu créer le tramway de Strasbourg, les pistes cyclables, etc. Tout cela crée un cerveau collectif. Si plusieurs cerveaux se mettent ensemble pour développer un thème, ça dégage une énergie fantastique qui est phénoménale. N.V. : Combien de propositions avez-vous faites et dans quels domaines ? T.A. : Nous avons réfléchi sur une dizaine de problématiques : l’Etat de droit, l’Education, la santé, l’agriculture, la pêche industrielle, etc. Nous pensons qu’il faut un Etat de droit, que les jeunes soient bien formés, que la population soit bien soignée et bien nourrie. Nous pensons que l’économie du pays ne peut pas bien se porter si le minimum n’est pas réuni. C’est donc une foule de thèmes que nous abordons et à travers lesquels nous faisons des propositions à notre candidat pour qu’il les prenne en compte quand il sera élu. N.V. : Pensez-vous que votre message a des chances de passer auprès de la communauté ivoirienne du Grand est de la France que vous comptez sillonner ? T.A. : Nous, nous sommes convaincus que notre champion est sur la bonne voie. A partir du moment où nous sommes convaincus, c’est facile de convaincre les autres. C’est sûr qu’il y aura des personnes qui penseront autrement, mais nous aurons le mérite de prêcher la bonne parole. Interview réalisée par Augustin Kouyo
Politique Publié le mercredi 4 novembre 2009 | Notre Voie