La victoire à tous prix. Tel semble être le leitmotiv de certains hommes politiques dans cette campagne électorale en cours. Et pour atteindre l’objectif, rien n’est de trop. Tous les moyens sont bons. Dans cette logique, le maire de Yopougon, un des piliers de l’équipe de campagne du chef de l’Etat sortant, Laurent Gbagbo, a franchi un palier. Gbamnan Djidan a, en effet, appelé les chrétiens, tous les chrétiens de Côte d’Ivoire à voter pour Gbagbo. Une sortie qui remet au goût du jour le rôle et l’utilisation du religieux dans le jeu politique. Faut-il des coalitions sur la base religieuse autour des prétendants à la magistrature suprême ? Dans une telle hypothèse, que feront les chrétiens auxquels s’adresse le maire de Yopougon quand des poids lourds de la compétition comme Bédié et Gbagbo appartiennent à leur confession ? Si une telle logique s’installait et devait prospérer, les musulmans, les bossonnistes et tous ceux qui ont des convictions religieuses auraient à s’aligner systématiquement derrière un porte-drapeau. Et la Côte d’Ivoire des partis de la foi se mettra en place. Dans des face à face beaucoup plus menaçants que ceux que le pays a connus jusque là. La Côte d’Ivoire peut-elle se payer un tel luxe au moment où elle tente difficilement de sortir de la crise politico militaire la plus grave de son histoire d’Etat indépendant ? Les passions électoralistes sont fortes. Et des dérapages légion. Soit, mais, dans l’intérêt de tous, il faut éviter d’ouvrir la boite à pandore. Le silence que beaucoup observent sur la sortie de Gbamnan n’est pas étranger au fait qu’il soit du bord du chef de l’Etat. Peut-on imaginer la levée de bouclier qu’aurait engendrée un appel similaire en faveur de Bédié, de Ouattara ou Mabri ? Ce qui est inacceptable doit l’être pour tous !
D. Al Seni
D. Al Seni