Le procureur de la République veut prévenir d’éventuels troubles à l'ordre public que pourraient causer l'affaire des 22,5 milliards destinés aux victimes des déchets toxiques. Mardi, après avoir entendu les parties en conflit, il a décidé du maintien des fonds sous séquestre. Selon une source proche du parquet, cette décision vise à éviter toute disparition de l'argent au détriment des 31.000 destinataires qui pourraient alors descendre dans la rue. Certaines associations de victimes opposées au séquestre ont soupçonné hier la présence de mains occultes derrière l'intervention du parquet. Mieux, elles ont affirmé que cette intervention s'est faite en faveur de la Coordination nationale des victimes des déchets toxiques (Cnvdt-ci) et que les ressources ont été transférées sur un compte portant le nom de Claude François Gohourou, le président de l'organisation. ''Faux'' a rétorqué notre source qui soutient que les fonds demeurent sur le compte du cabinet londonien Leight Day and Co, domicilié à la Société générale de banque Côte d'Ivoire(Sgbci). « Nous avons maintenu le séquestre tout juste pour éviter que les avocats anglais disparaissent éventuellement avec l'argent », a-t-elle insisté. Le 21 octobre, le tribunal de première instance avait été le premier à emprunter cette voie. A la requête de Cnvdt-ci, il a rendu l'ordonnance de nomination de séquestre N°5992/2009 exécutée le lendemain à 11 h 58 mn par Me Koné Mory, huissier de justice. La décision signifiée au cabinet londonien ordonne également la cessation de tout paiement à qui que ce soit au titre du dédommagement, jusqu'à ce qu'il soit autrement ordonné par voie de justice. Les 22,5 milliards de Fcfa ont été versés par la société Trafigura pour le dédommagement des personnes qui ont porté plainte contre elle, suite au déversement de déchets toxiques à Abidjan en août 2006. L'argent a été reçu par le cabinet d’avocats anglais qui a défendu les plaignants. Mais à peine la distribution a débuté qu'elle a été contestée par le Cnvdt-ci qui dénonçait un manque de transparence. Elle reproche principalement aux avocats d'avoir fixé de nouveaux critères, notamment des tests d'ADN pour prouver les liens entre les victimes mineurs et leurs parents. La coordination a trouvé cela suspect dans la mesure où, dit-elle, la liste de 31.000 bénéficiaires avait déjà été validée. Leigh Day & Co, soutenu par plusieurs groupes de victimes a déjà rejeté les accusations en indiquant qu'aucun nouveau critère n'a été institué. «J'ai assisté à des payements et j'ai vu des enfants en train d'être payés sur la simple présentation de leurs documents identifiants. Jamais un test ADN n'a été demandé», témoigne une victime. Pour exiger la levée du séquestre et la poursuite des payements (Voir programme ci-contre) des manifestants ont momentanément bloqué hier matin l'accès à la décharge d'Akouédo.
Cissé Sindou
Cissé Sindou