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Société Publié le jeudi 5 novembre 2009 | Le Mandat

Ulcère de buruli: 16% de la population ivoirienne en danger

L’ulcère de buruli prend de plus en plus de l’ampleur en Côte d’Ivoire. C’est une endémie qui entraine des ulcères et des complications qui nécessitent une prise en charge hospitalière prolongée et difficilement supportable pour les malades et la famille. Une pathologie terriblement invalidante qui constitue un problème psychologique très grave. M. Albert B. ne connaitra plus jamais une vie normale. Depuis environ 6 ans, il souffre terriblement de l’ulcère de buruli. «Lorsque la maladie a débuté, je me suis soignée mais je ne guérissais pas. Je ne suis pas allée à l’hôpital parce que je ne savais pas que la médecine moderne pouvait me guérir de ce mal. Je me suis soignée à l’aide de médicaments traditionnels». Aujourd’hui, si dame Adja n’a plus de plaie béante, elle vit malheureusement avec une difformité faciale. Cette pathologie finit toujours par laisser des séquelles. Ce mal qui est causé par un virus dénommé Mycobacterium ulcerans, touche malheureusement de nombreuses personnes en Côte d’Ivoire. Selon le plan national de lutte contre l’ulcère de buruli (PNLUB), cette endémie a fait 25617 victimes entre 1978 et 2006. On ne connait pas, selon les spécialistes, la charge de morbidité à l’échelle mondiale, mais en Côte-d’Ivoire, elle est de 16%. Le premier cas notifié en Côte d’Ivoire a été celui d’un jeune Français de 7ans vivant avec ses parents à proximité du lac Kossou. On l’a même appelé maladie de Daloa à cause de la prédominance de l’endémie dans cette région.

Les causes de la pathologie

Selon les spécialistes, le virus de cette pathologie est hydro tellurique (vit dans l’eau et les marécages). C’est en se rendant dans ces eaux marécageuses que les populations rentrent en contact avec le virus. Des études faites par l’Organisation mondiale de la santé révèlent que le microbe s’introduit dans une lésion cutanée et détruit la peau et des tissus graisseux. Toujours selon ces mêmes études, le contact avec la maladie peut également se faire par des insectes (Naucoridae et belostomi) dans les zones marécageuses. «Lors de la piqure de l’insecte, les larves migrent vers le microtraumatisme (lésion cutanée). Une fois contractée, l’ulcère de buruli, dans son évolution, passe par différents stades. Selon le Dr Essoh P., spécialiste en la matière, l’ulcère de buruli comporte trois stades. Les stades pré-ulcératif, ulcératif et la cicatrisation. Le stade pré-ulcératif commence soit par une papule, sorte de kyste sous la peau, soit par un nodule, bouton indolore et mobile, un œdème ou par une plaque qui se caractérise par une zone rouge. Le stade ulcératif se caractérise par des apparitions spontanées qui ne se cicatrisent pas normalement et qui évoluent de manière chronique. On observe une prévalence au niveau des membres inférieurs, supérieurs, du tronc et parfois de la tête. Il peut survenir des complications comme l’anémie et la surinfection qui se caractérise par la fièvre, la présence de pus et une forte odeur de l’UB. Il peut évoluer en profondeur vers les os et les articulations pour provoquer des ostéites et des ostéoarthrites. Plusieurs cas de tétanos ont été signalés chez des victimes de l’ulcère de buruli. Et pourtant, selon les spécialistes, cette pathologie peut se guérir sans séquelles si elle est découverte tôt.

Une pathologie pourtant guérissable

Le Dr Essoh a déploré le fait que les malades arrivent à lui toujours au stade de délabrement. «Ils se disent que la médecine moderne ne peut rien faire, que la médecine occidentale ne connait pas la maladie. Il y a 96% des malades qui arrivent au stade de délabrement et 4% au stade pré ulcératif. Ils ne savent pas qu’en moins de trente minutes, on peut enlever le nodule chirurgicalement sans inconvénient », explique-t-il. Mais découvert au stade tardif, l’UB peut laisser des incapacités fonctionnelles durables comme les restrictions de mouvements articulaires et des problèmes esthétiques apparents. Il peut entrainer des handicaps à vie et obliger le patient à arrêter toute activité. Si l’une des raisons de ces arrivées tardives à l’hôpital est le coût élevé des traitements, selon le spécialiste, d’autres éléments tels que le facteur socio culturel, la croyance, l’ignorance pourraient expliquer l’ampleur aujourd’hui de la maladie. En Côte-d’Ivoire, le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique a établi un programme national de lutte contre les ulcères et les mycobactéries depuis 1995. Ce programme vient soulager un temps soit peu les malades de l’ulcère de buruli. Dirigé par le professeur Assé Henri, il a, jusqu’à ce jour, ouvert des centres de prises en charge, de formations dans les districts d’hyper endémicité, offert des engins pour les activités de dépistages et l’envoi d’infirmiers dans les structures. Ce programme n’est pas le seul qui vient en aide aux victimes de l’ulcère de buruli. Il y a aussi l’institut Raoul Follereau d’Adzopé. Le vaccin BCG, même s’il protège de l’ulcère de buruli, offre une protection à court terme.

Les conséquences

Cécité unilatérale ou bilatérale, amputations, ankyloses, rétractions tendineuses sont, entre autres, les conséquences causées par l’UB. A celles-ci, il faut adjoindre la dégradation de la qualité de vie et la baisse de rendement des malades. Et également les cicatrices et déformations qui enlaidissent le corps du malade. «Les moins chanceux souffrent d’ulcères très graves et très douloureux. Quant aux plus chanceux, ils s’en sortent avec des Troubles neurologiques, difformités, plaies en état de putréfaction » selon le Dr Essoh. S’ensuit un grand drame psychologique, car les malades ne connaitront jamais une vie normale. L’ulcère de buruli n’est pas contagieux. Les victimes ne sont pas à l’abri d’une rechute et ne sont en aucun cas immunisé.

Aboubakar Sangaré
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