Comment nos enfants sont devenus esclaves de l’Internet
La prolifération des cybercafés et la baisse des coûts de navigation ont rendu certains enfants accros de l’Internet.
Nombre d’adolescents et d’enfants qui utilisent Internet souffrent d’une façon ou d’une autre de dépendance à l’outil informatique. Ce phénomène a pris de l’ampleur à Abidjan, particulièrement dans les quartiers populeux. Au quartier Williamsville, dans la commune d’Adjamé, il n’est pas rare de voir un cybercafé bondé de jeunes à longueur de journée. Si par le passé, seules les personnes d’un certain âge faisaient des recherches sur les sites de pornographie, d'érotisme et de rencontres affectives, ce n’est plus le cas depuis quelques années. De plus en plus de jeunes sont entrés dans la danse. L’accessibilité à Internet, la baisse des coûts de navigation ont favorisé cette situation. Le prix d’une heure de navigation oscille, actuellement, entre 100 et 200 Fcfa. Les gens s'abonnent de plus en plus aux nombreux services qu'offre Internet et ce nombre s’accroît sans cesse. Dr Toh Alain, sociologue, estime que la floraison des cybercafés dans tous les coins de rue ne pose pas problème. C’est plutôt l’utilisation de l’Internet qui est la cause de cette dépendance. Il explique que la cyberdépendance s’explique par le «relâchement parental». Les parents n’ont aucun suivi de leurs enfants, précise-t-il. Ces derniers, livrés à eux-mêmes, font des découvertes sur le net. «Ils finissent par devenir accros du sexe. Ils découvrent qu’ils peuvent gruger des personnes», dénonce le sociologue. Pour Sékongo Daouda, gérant d’un cybercafé à Adjamé 220 logements, la curiosité est l’une des raisons de cette dépendance. Ces enfants en faisant des recherches découvrent d’autres sites plus intéressants. Selon lui, les enfants de 8 à 11 ans sont beaucoup plus intéressés par les jeux gratuits sur le net. Les adolescents, quant à eux, passent leur temps sur les sites de bavardage (chatlines), de rencontres affectives, et de pornographie. La tendance actuellement est de pronostiquer sur les matchs de football de la Champion’s league, révèle Sékongo Daouda. Ce site de pronostics est bien connu des jeunes car il leur permet de rapporter de grosses sommes d’argent. Des fois, affirme Sékongo, ces jeunes se rendent dans les cybercafés à la sortie de l’école, sans se soucier de rentrer d’abord à la maison. Pendant les jours non ouvrables, les congés et les vacances scolaires, ces cyberdépendants, passent la majeure partie de leur journée dans les cybercafés. Scotchés devant l’écran de l’ordinateur, ils ressentent un désir intense de recevoir des messages ou des rendez-vous virtuels. Adama est élève en classe de 4è. Âgé de 15 ans, il affirme qu’il a pu tisser des liens d’amitié avec des jeunes canadiens de son âge. Très optimiste, il croit fermement que ses amitiés peuvent lui permettre d’immigrer au Canada. Il explique que lorsqu’il ne reçoit pas de message, sa déception devient grande. «Je commence à m’énerver quand je n’ai personne en ligne. Je m’énerve pour des choses sans importance. Il suffit qu’un ami me chahute pour que je m’emporte », raconte Adama. Et d’ajouter : «Je ne surfe pas sur les sites pornographiques. Cela ne m’intéresse pas. Mon plus gros souci est de partir à l’aventure un jour». Il reconnaît toutefois que certains jeunes de son âge ne naviguent que sur les sites de rencontres et de pornographie. Les cyberdépendants, comme le démontre l’attitude du jeune Adama, souffrent de stress. En plus de l’ordinateur, certains sont accros des jeux vidéo. A en croire Dr. Toh Alain, une telle dépendance peut être la cause d'échec scolaire et de gestes illégaux, notamment le cybercrime. Aucun de ces enfants ne navigue dans le but de faire des recherches sur les enseignements qu’on leur apprend à l’école. Ils ont d’autres soucis. Etant donné qu’ils n’ont pas de revenus, ils subtilisent l’argent à leurs parents rien que pour pouvoir naviguer quelques heures.
Nimatoulaye Ba
La prolifération des cybercafés et la baisse des coûts de navigation ont rendu certains enfants accros de l’Internet.
Nombre d’adolescents et d’enfants qui utilisent Internet souffrent d’une façon ou d’une autre de dépendance à l’outil informatique. Ce phénomène a pris de l’ampleur à Abidjan, particulièrement dans les quartiers populeux. Au quartier Williamsville, dans la commune d’Adjamé, il n’est pas rare de voir un cybercafé bondé de jeunes à longueur de journée. Si par le passé, seules les personnes d’un certain âge faisaient des recherches sur les sites de pornographie, d'érotisme et de rencontres affectives, ce n’est plus le cas depuis quelques années. De plus en plus de jeunes sont entrés dans la danse. L’accessibilité à Internet, la baisse des coûts de navigation ont favorisé cette situation. Le prix d’une heure de navigation oscille, actuellement, entre 100 et 200 Fcfa. Les gens s'abonnent de plus en plus aux nombreux services qu'offre Internet et ce nombre s’accroît sans cesse. Dr Toh Alain, sociologue, estime que la floraison des cybercafés dans tous les coins de rue ne pose pas problème. C’est plutôt l’utilisation de l’Internet qui est la cause de cette dépendance. Il explique que la cyberdépendance s’explique par le «relâchement parental». Les parents n’ont aucun suivi de leurs enfants, précise-t-il. Ces derniers, livrés à eux-mêmes, font des découvertes sur le net. «Ils finissent par devenir accros du sexe. Ils découvrent qu’ils peuvent gruger des personnes», dénonce le sociologue. Pour Sékongo Daouda, gérant d’un cybercafé à Adjamé 220 logements, la curiosité est l’une des raisons de cette dépendance. Ces enfants en faisant des recherches découvrent d’autres sites plus intéressants. Selon lui, les enfants de 8 à 11 ans sont beaucoup plus intéressés par les jeux gratuits sur le net. Les adolescents, quant à eux, passent leur temps sur les sites de bavardage (chatlines), de rencontres affectives, et de pornographie. La tendance actuellement est de pronostiquer sur les matchs de football de la Champion’s league, révèle Sékongo Daouda. Ce site de pronostics est bien connu des jeunes car il leur permet de rapporter de grosses sommes d’argent. Des fois, affirme Sékongo, ces jeunes se rendent dans les cybercafés à la sortie de l’école, sans se soucier de rentrer d’abord à la maison. Pendant les jours non ouvrables, les congés et les vacances scolaires, ces cyberdépendants, passent la majeure partie de leur journée dans les cybercafés. Scotchés devant l’écran de l’ordinateur, ils ressentent un désir intense de recevoir des messages ou des rendez-vous virtuels. Adama est élève en classe de 4è. Âgé de 15 ans, il affirme qu’il a pu tisser des liens d’amitié avec des jeunes canadiens de son âge. Très optimiste, il croit fermement que ses amitiés peuvent lui permettre d’immigrer au Canada. Il explique que lorsqu’il ne reçoit pas de message, sa déception devient grande. «Je commence à m’énerver quand je n’ai personne en ligne. Je m’énerve pour des choses sans importance. Il suffit qu’un ami me chahute pour que je m’emporte », raconte Adama. Et d’ajouter : «Je ne surfe pas sur les sites pornographiques. Cela ne m’intéresse pas. Mon plus gros souci est de partir à l’aventure un jour». Il reconnaît toutefois que certains jeunes de son âge ne naviguent que sur les sites de rencontres et de pornographie. Les cyberdépendants, comme le démontre l’attitude du jeune Adama, souffrent de stress. En plus de l’ordinateur, certains sont accros des jeux vidéo. A en croire Dr. Toh Alain, une telle dépendance peut être la cause d'échec scolaire et de gestes illégaux, notamment le cybercrime. Aucun de ces enfants ne navigue dans le but de faire des recherches sur les enseignements qu’on leur apprend à l’école. Ils ont d’autres soucis. Etant donné qu’ils n’ont pas de revenus, ils subtilisent l’argent à leurs parents rien que pour pouvoir naviguer quelques heures.
Nimatoulaye Ba