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Économie Publié le vendredi 6 novembre 2009 | Fraternité Matin

La BCEA et la Banque Centrale du Nigeria rassurent les épargnants UEMOA

C’est par vidéoconférence de presse, animée depuis le siège de la Bceao, à Dakar, que le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, Sanusi Lamido Sanusi, a donné, hier, aux opérateurs économiques, acteurs du système bancaire et financier et épargnants des huit pays de l’Uemoa, des détails sur les réformes bancaires en cours au Nigeria. Il ressort de ces échanges que l’audit financier qu’il a diligenté dans les 24 banques nigérianes dès sa nomination, en juin dernier, s’inscrit dans une perspective de renforcement de la solidité du secteur bancaire du Nigeria. Et ce, dans l’optique de garantir la solvabilité desdites banques et d’assurer une meilleure protection des dépôts. En fait, le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria (CBN), qui venait d’avoir une séance de travail avec celui de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, Philippe Henry Dacoury-Tabley, tenait à rassurer les milieux d’affaires et les épargnants de l’espace Uemoa où quatre groupes bancaires nigérians comme Uba, Access bank, etc. sont de plus en plus actifs.

D’ailleurs, dans l’intervention qu’il a faite au cours de cette vidéoconférence, le gouverneur de la Bceao n’a pas manqué lui aussi de rassurer sur la qualité de supervision bancaire au sein de l’Union. Qualité de supervision qui constitue le gage sécuritaire pour les épargnants. En effet, les banques installées sur l’espace Uemoa font l’objet d’une rigoureuse supervision bancaire menée par la Bceao, à travers la commission bancaire de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa). Cette supervision s’appuie sur un cadre harmonisé dont la conformité a été reconnue avec la quasi-totalité des 24 principes de Bâle élaborés par la communauté financière internationale.

Autrement dit, la surveillance bancaire dans l’espace Uemoa est telle que la gouvernance bancaire obéit aux standards internationaux et met, depuis notamment les années 1990, à l’abri les déposants et le système bancaire de l’Union, fort de 99 banques agréées et 19 établissements financiers des perturbations extérieures.

Pour le Gouverneur Dacoury-Tabley, il faut se réjouir cependant de la volonté du gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, Sanusi Lamido Sanusi, de développer les relations de coopération interbancaire en Afrique de l’Ouest. Cette démarche permettra, a dit le patron de la Bceao, de parvenir à une régulation transfrontière. «Cette coopération transfrontalière entre nos structures de régulation du Nigeria et de l’Uemoa sera formalisée sous peu à travers une convention qui sera signée entre la Banque centrale du Nigeria et la Bceao». Des conventions semblables ont déjà été signées avec les superviseurs bancaires de la France, de la Cemac (en Afrique centrale), du Maroc, de la Guinée.

Par rapport à l’intérêt que suscite l’espace Uemoa auprès des banquiers, le gouverneur de la Bceao a souligné avec force convictions son approbation. «Ceux qui viennent s’installer dans l’Uemoa sont les bienvenus, surtout s’ils viennent avec de bonnes pratiques (bancaires, ndlr). Je préfère dans l’Uemoa une banque étrangère qui participe au développement à une banque nationale ou anciennement implantée et qui n’a aucun impact sur le développement des activités économiques dans l’espace», a souligné Dacoury-Tabley.

Concernant le secteur bancaire nigérian dont quatre groupes se montrent très actifs au sein de l’Uemoa, il convient de noter que l’audit financier des 24 banques susmentionnées a déjà donné ses premiers résultats que Sanusi Lamido Sanusi a longuement commentés. Selon les résultats de la première phase concernant dix banques, cinq d’entre elles ont révélé des manquements graves en matière de gouvernance et de respect des dispositions réglementaires. Ce qui a conduit à la démission des directeurs exécutifs de Afribank Plc, Intercontinental Bank Plc, Union Bank of Nigeria Plc, Oceanic international bank Plc et Finbank Plc.

«Ces banques ont géré au détriment des créanciers et des déposants», indique l’audit. Qui indique que le montant cumulé des prêts improductifs, octroyés par ces banques au mépris des règles usuelles de gestion des risques, est estimé à 1 143 milliards de naïras, soit 3 450 milliards de Fcfa, environ 40,8% du total de leurs prêts. Pour ne pas pénaliser les déposants, la Banque centrale du Nigeria a consenti à ces 5 banques une «facilité d’escompte élargie».

La deuxième phase de l’audit qui a porté sur les quatorze banques restantes a révélé que cinq autres banques se sont elles aussi écartées des règles prudentielles. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, leurs dirigeants ont été limogés et des banques comme Wema Bank et Unity Bank Plc ont été contraintes par la Banque centrale du pays à une recapitalisation d’ici au 30 juin 2010. Pour le gouverneur Sanusi Lamido Sanusi, la Banque centrale du Nigeria entend poursuivre ses actions d’assainissement du secteur bancaire, notamment en renforçant sa capacité de supervision et en facilitant le financement de l’économie.

Gooré Bi Hué
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