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Sport Publié le vendredi 6 novembre 2009 | Nord-Sud

Dagobert Banzio (Ministre de la Jeunesse, du Sport et des Loisirs) : “Il y a beaucoup d`ingrats en Côte d`Ivoire”

A quelques jours de la grande fête qu`il organise, le ministre de la Jeunesse, du Sport et des Loisirs, Dagobert Banzio, a accepté de se confier à Nord-Sud. Entretien.

• Avez-vous digéré le feuilleton sur le rejet par les députés de la loi sur le sport et les activités physiques en Côte d`Ivoire ?
(Rires) Ce n`est pas une affaire à digérer, car il ne s`agit pas d`un problème lié à ma personne. C`est un problème concernant le sport ivoirien dans son ensemble. C`est surtout une question qu`on ne peut occulter, car elle est liée au statut des athlètes. D`ailleurs, il y a quelques jours, j`ai tenu une réunion avec mes collaborateurs à ce sujet. A la fin, un certain nombre de problèmes liés à des athlètes ont été posés. C`est vraiment un problème quotidien. Tant que la loi sur le sport ne sera pas adoptée, nous serons contraints de chercher des solutions informelles à des questions structurelles auxquelles la loi à pourtant donné des réponses structurelles. Qu`il s`agisse des athlètes malades ou décédés ou encore même de ceux qui sont actuellement en activité, tous ont besoin d`un cadre dans lequel ils pourront s`exprimer. Chaque fois qu`on me pose un cas social, je réponds que la solution se trouve dans la loi sur le sport. C`est fondamental que la loi sur le sport soit adoptée. Savez-vous que la loi actuelle ne permet pas que les clubs aient un statut professionnel ? La loi sur le sport règle aussi la question du financement, car elle créera, dès son adoption, le fonds de développement et de promotion du sport.

• Avez-vous vécu le rejet de cette loi sur le sport comme un complot contre votre personne ?
Il y a eu une incompréhension totale. Pendant que je parle de la Côte d`Ivoire et des questions fondamentales qui doivent être réglées, en toutes circonstances et quelles que soient les personnes, je suis combattu. Les analyses qui ont été faites n`ont pas pris en compte la dimension des problèmes que vit le sport ivoirien et du rôle de notre pays par rapport à la sortie de crise. Les gens doivent savoir que le repositionnement de la Côte d`Ivoire peut se faire par le sport.

• Avez-vous vécu tout cela comme un échec personnel ?
Non. Pourquoi devais-je le vivre comme un échec personnel ?

• On a entendu dire qu`il s`agissait de la défaite de Banzio…
Celui qui réfléchit comme cela se trompe. Je représente le gouvernement et dans la répartition des tâches, nous avons joué notre partition. Elle consistait à confectionner une loi complète et à la proposer afin de convaincre le Parlement. Le gouvernement a envoyé un ministre afin de défendre la loi sur le sport (je le rappelle, car beaucoup ne connaissent pas les procédures) et le ministre a défendu cette loi devant la Commission des affaires sociales et culturelles présidées par le député Palé Dimaté. Dans cette commission, la loi a été adoptée à l`unanimité.

• Que s`est-il alors passé en plénière?
A ce niveau, la Commission dirigée par Palé Dimaté a défendu le texte. Comme vous le voyez, le rejet du texte n`est pas le fait du ministre des Sports ou du gouvernement. Je ne pense donc pas qu`il s`agisse d`une défaite de Banzio. Ce sont plutôt les députés qui ont échoué, car un texte leur a été proposé. Ils l`ont adopté en plénière mais n`ont pas su convaincre leurs collègues. Je me souviens encore des « Une » des journaux lorsque nous lancions les états généraux…

• Qu`avaient titré ces journaux à l`époque ?
«Les Etats généraux de trop » ! Et que cela n`allait rien donner de nouveau. Pis, que ces Etats généraux resteraient dans les tiroirs. Le gouvernement a autorisé ces Etats généraux qui ont été fait à Grand-Bassam en juillet 2008. Après, le projet de loi qui a été soumis au gouvernement, a fait l`objet de plusieurs lectures. Une commission ad` hoc mise en place par le Premier ministre a même travaillé sur le texte. Le Conseil du gouvernement l`a adopté avant de le valider par le Conseil des ministres. Quand on arrive à ce stade-là, il ne s`agit pas d`Etats généraux de trop car nous avons vu les produits de ces Etats généraux qui évoquent le statut des athlètes, le financement du sport, la formation, les centres de formation, la maintenance des infrastructures sportives, la réforme de l`Oissu (déjà expérimentée avant même que la loi sur le sport ne soit adoptée). Ce qui apparaissait comme une vue de l`esprit s`est transformée en un projet de loi. Arrivé sur la table du parlement, il y a eu un problème de programmation, ça a traîné. Finalement, le texte a été adopté en commission.

• A vous entendre, vous avez fait votre part…
Absolument ! Le gouvernement a fait sa part. Si après la plénière, nous avions été saisis pour donner des explications complémentaires, nous aurions arrondi les angles. Depuis le rejet de la loi, malheureusement, je n`ai pas été saisi d`un texte qui aurait été retourné par le Parlement au niveau du secrétariat général du gouvernement. Ce que chacun doit savoir, c`est que la loi sur le sport a été confectionnée dans l`intérêt du sport. Si celui qui a servi la Côte d`Ivoire au plus haut niveau se trouve en difficulté, et ce n`est pas ce qui manque, nous continuerons de fonctionner dans l`informel. Or la loi sur le sport donne des solutions institutionnelles que tous les pays qui se respectent appliquent.

• Y aurait-il un danger au cas où cette loi n`est pas adoptée ?
En nous abstenant d`adopter cette loi sur le sport, nous continuons de soumettre les présidents de Fédération et le ministre des Sports à des pressions auxquelles nous ne pouvons pas donner, quelquefois, des réponses. La loi sur le sport constitue la récompense d`un pays à ses fils qui se battent pour lui.

• A quand le retour de la loi sur le sport à l`Hémicycle ?
Je ne saurai vous donner un délai car il faut que nous recevions, au préalable, le texte rejeté par le Parlement avec les motifs du rejet. Ensuite, cela doit être examiné par le gouvernement. Enfin, si le président du gouvernement m`en (re) donne l`occasion, je repartirai devant les députés pour avoir un débat complémentaire.

• A quand l`ouverture du Palais des sports de Treichville ?
L`entreprise qui effectuera les travaux a été désignée. Nous attendons la signature du ministre de l`Economie et des Finances pour l`approbation. Ce n`est qu`à ce moment que l`entreprise démarrera les travaux.

• Peut-on avoir le nom de cette
entreprise ?
« Betalux ». Cette entreprise a été retenue à l`issue d`un appel d`offres. Le délai de livraison du chantier est de trois ou quatre mois.

• Comment expliquez-vous ce long coma dans lequel se trouve le Palais des sports ?
Les procédures administratives ont retardé les choses. Il fallait rédiger le dossier d`appel d`offres. Il fallait qu`il soit accepté par le maître d`œuvre, le Bnetd, émettre ensuite un avis de non objection… Ce n`est qu`après tout cela que les entreprises ont retiré le dossier. Il y a eu un délai pour le dépôt des offres, leur analyse, leur comparaison et le choix de l`entreprise au vu des critères. Il a fallu alors rédiger le cahier de charges qui a été signé par l`entreprise. L`Ons l`a envoyé au ministère de l`Economie et des Finances pour son approbation. C`est à ce stade que nous sommes et j`espère que les travaux démarreront bientôt. Nous avions voulu faire un gré à gré mais il nous a été demandé de nous conformer, de façon stricte, au code des marchés publics. C`est donc le résultat.

• Quel bilan faites-vous des récents Jeux de la Francophonie au Liban?
Je me réjouis de la participation ivoirienne à ce rendez-vous. Nous étions représentés par 124 athlètes et 20 artistes. En volley-beach, il s`agissait d`une démonstration à faire au Liban. En tennis de table nous n`avons malheureusement pas gagné de médailles. Au niveau du judo, ça n`a pas marché. Le basket-ball a donné quelques espoirs mais les filles ont finalement été classées 9è sur 12. Il y a eu le football où nous avons eu la médaille d`argent. C`est seulement aux tirs aux buts que les poulains de Gouaméné Alain sont tombés devant le Congo. Au Lancer du disque, Kragbé Suzanne a obtenu la médaille d`argent. Enfin, Méité Ben Yousef a décroché deux médailles d`or aux 100 et 200 mètres en athlétisme.


• Certains vous reprochent votre (trop grand) activisme… On vous voit partout (Beyrouth, Malawi…). C`est vrai que vous aimez les voyages ?
(Rires) Je ne fais que le boulot qu`on m`a confié. Ce n`est pas de l`activisme. Ceux qui le disent ne doivent pas oublier que je suis ingénieur et ministre. Une mission m`a été confiée et je dois l`appliquer pleinement. Je le fais consciencieusement. Au Malawi, les Eléphants disputaient une rencontre décisive dans la course au Mondial 2010. Il fallait montrer aux joueurs que la Côte d`Ivoire était présente et les soutenait. Le membre du gouvernement chargé du Sport était donc à leurs côtés. Chaque fois que ma présence est importante, je suis là.

• Après les Can 2006 en Egypte et 2008 au Ghana, vous vous préparez à vivre votre troisième Can en Angola. Pensez-vous que l`heure a sonné pour remporter ce trophée après « Sénégal 1992 » ?
En 2006 en Egypte, nous avons eu des difficultés avec le drame qu`à connu Aruna Dindane avec le décès de sa fille Raïssa. Cela a quelque peu fragilisé le groupe. Mais Arouna Koné s`est révélé et nous avons raté de peu le trophée. Au Ghana, tout le monde s`attendait à ce que nous remportions la coupe. J`espère ne pas vivre encore ce qu`on a vécu à Kumasi devant l`Egypte qui nous a sorti en demi-finale (4-1). En Angola, avec la richesse de notre effectif, on se dit que les Eléphants sont devenus matures. Il suffit de voir ce qu`ils réalisent chaque week-end dans leurs différentes équipes en Europe. Même si nous ne gagnons pas jusque-là, je pense qu`il s`agira de confirmation pour Didier Drogba et ses coéquipiers en Angola.

• Les Eléphants sont également qualifiés pour le Mondial 2010 en Afrique du Sud. Comment appréhendez-vous ce grand rendez-vous qui se jouera pour la première fois sur les terres africaines ?
Avec la Fif, nous avons tous atteint un objectif. Nous nous sommes qualifiés de façon tellement aisée que les Ivoiriens semblent ne pas le réaliser. Il faut penser à ce qui se serait passé si les Eléphants ne s`étaient pas qualifiés. Aujourd`hui, l`Egypte l`Algérie, le Cameroun et le Nigeria ne savent pas s`ils joueront ce Mondial 2010. Cela signifie que nous sommes quand même une grande nation de football. Cela aurait été grave que les Eléphants, actuellement classés numéro 2 africains selon les critères de la Fifa, ne participent pas à cette Coupe du monde. Je suis donc soulagé après notre qualification. A présent, il serait bon de préparer l`environnement afin que notre participation (déjà à la Can en Angola) au Mondial soit bonne. Les qualifications du Burkina Faso et du Nigeria en 8è de finales du Mondial U17 qui se joue actuellement au Nigeria sont un bon présage. Déjà au Mondial U20 en Egypte, le Ghana a fait fort en remportant le trophée.

• Quelle est la nature de vos rapports avec Jacques Anouma, le président de la Fif ? On a entendu dire que vos relations ne seraient pas au beau fixe…
Ce sont des interprétations. Si vous restez encore quelques temps, vous verrez Jacques Anouma ici. Nous avons une séance de travail. Nous gérons un domaine ensemble. Le football passionne beaucoup de personnes. Chacun de nous a son tempérament et chacun à sa responsabilité. Je pense que je joue ma partition. Le plus important est que nous nous comprenions pour l`intérêt de la Côte d`Ivoire. C`est ce que nous essayons de faire.

• Il n`y a donc aucune brouille entre Jacques Anouma et vous ?
Non ! Chacun joue sa partition. La semaine dernière, ses collaborateurs sont venus afin que nous préparions les échéances à venir. Vous savez, c`est quand les gens n`ont rien à faire qu`ils ont des problèmes. Mais quand leurs programmes sont chargés, l`objectif est de travailler, de lever les obstacles pour avancer. C`est de cela que la Côte d`Ivoire a besoin. Nos intelligences doivent se mettre ensemble. Je suis la tutelle et c`est ce rôle-là que j`entends jouer. Nos relations bilatérales sont bonnes. En tout cas, je n`ai aucun problème avec Anouma.


• Le problème de financement des compétitions internationales demeure un véritable serpent de mer. Pourquoi et que comptez-vous faire pour juguler cela ?
Ce que je peux vous dire, c`est que les gens sont ingrats. Et je suis désolé de le dire. Ils sont ingrats avec l`Etat de Côte d`Ivoire. Ils sont ingrats avec le ministère des Sports et avec celui de l`Economie et des Finances.

• Pourquoi dites-vous cela ?
Nous avons réglé toute une série de problèmes qui ne l`étaient pas avant. Combien de sportifs se plaignent-ils de ne pas avoir reçus leurs primes ? Nous revenons des Jeux de la Francophonie à Beyrouth. Avez-vous entendu un athlète se plaindre ?

• Qu`est-ce qui se passe alors ?
Ce qui se passe est que nous nous entendons. Nous mettons l`argent en place. Malheureusement, lorsque les gens n`ont pas de médailles, cet argent est laissé au ministère des Finances… Dans le cas du Tour du Faso, nous avons eu du mal à mobiliser des ressources, mais ils ont pu voyager malgré tout. Au moment où je vous parle, les cyclistes se rendent en Namibie. Les fonds ont pu être mobilisés. Mais vous savez que pour mobiliser les fonds, il y a la procédure des communications. Tout cela a été réglé alors que par le passé, c`est cela qui causait les problèmes. Toute la question administrative : Budget-Estimation-Communication signé par tous les ministres avec l`attestation du gouvernement… Tout cela a été réglé. La liquidité est liée aux entrées au Trésor, aux Impôts et à la Douane. C`est en fonction des charges qu`ils nous allouent quelque chose que nous gérons avec nos partenaires du ministère des Finances.



• Les Fédérations
sportives sont-elles satisfaites des efforts que vous réalisez ?
Si vous les interrogez, ils vous diront ce qu`ils avaient en 2006 ou avant 2006. Je ne vous donnerai pas les chiffres, mais c`est multiplié par 3, 4 sinon plus dans certaines Fédérations. C`est pour cela que ces personnes sont reconnaissantes. D`ailleurs elles bénéficieront largement des réformes que nous sommes en train de faire. La Régie des compétitions internationales a été créée en accord avec l`Ons et le ministère de l`Economie et des Finances. Toutes les compétitions s`y retrouvent.

Il y a également la Parafiscalité…
Tout à fait ! Nous mettons à la disposition des Fédérations des fonds qui sont répartis en fonction de leurs performances. Là aussi, la réponse se trouve dans la loi sur le sport. En effet, cette loi crée le Fond national de développement et de promotion du sport. Ce Fonds-là reçoit tout ce qui est recette parafiscale dédiée au financement du sport. Imaginez-vous qu`au lieu de 600 millions Fcfa donnés pour la Parafiscalité, aujourd`hui, l`on aurait pu finaliser toutes les compétitions internationales avec 6 milliards Fcfa… Le régisseur aurait payé et on avancerait tranquillement. Malheureusement, les gens veulent une chose et son contraire en même temps. La solution, c`est la loi ! Et le gouvernement l`a déjà concédé. Seul le Parlement, qui a bloqué la loi, retarde les réponses à toutes ces questions.

• Comment appréhendez-vous le prochain Côte d`Ivoire-Guinée du 14 novembre ?
Nous vivrons ce match Côte d`Ivoire-Guinée sera vécu sans pression. Ce n`est pas un match de gala, donc important. Au niveau du stade, le système de vidéosurveillance a déjà été mis en place. Tout est désormais vu et filmé au stade Houphouët-Boigny. Et n`importe quel problème sera reconstitué pour voir qui est responsable de quelques situations que ce soit. La Fif nous dira quelle est la capacité qui a été finalement retenue avec la Fifa sur les 34.600 places assises. C`est en fonction de cela que nous demanderons aux Ivoiriens de prendre leurs tickets très tôt. A cette occasion, nous profiterons de la venue des Eléphants afin de récompenser tous les athlètes qui ont eu à occuper des rangs importants au plan sous-régional, africain et international. Cela fera l`objet de décorations dans l`ordre sportif du mérite.

• Cela se fera quand ?
Le samedi 14 novembre à 20 heures probablement à l`Ivoire golf Club à la Riviera. Je dis probablement car certains détails sont encore à régler. Footballeurs, handballeurs, basketteurs, cyclistes, boxeurs, judokas etc. Tous seront décorés dans l`ordre du mérite sportif ivoirien en présence du chef de l`Etat, des membres du gouvernement et de tout le mouvement sportif. C`est un signal que nous lançons à tous les sportifs ivoiriens que de grands rendez-vous attendent.

• Lesquels ?
Le beach soccer ira au Mondial en cette fin d`année. Pareil pour le handball dames en Chine. Les communications sont déjà signées. Nous préparons la communication en vue de la Can 2010 en Angola. Je n`oublie pas le match amical Allemagne-Côte d`Ivoire du 18 novembre. J`ajoute que le basket-ball est aussi qualifié pour la prochaine Coupe du monde. Il y a beaucoup de charges et cette soirée mettra tous les sportifs ivoiriens en ordre de bataille. Que les partenaires des différentes Fédérations restent mobilisés et nous aident à soutenir toutes ces disciplines sportives pour que la Côte d`Ivoire soit bien représentée aux compétitions internationales.

Interview réalisée par Choilio Diomandé
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