Alassane Dramane Ouattara : Le Djinanmory mystificateur

Il suffit d’une simple analyse et d’un petit calcul élémentaire, pour se rendre à l’évidence que dans son programme de gouvernement, Alassane Dramane Ouattara ne propose rien de nouveau à part ce que savent les Ivoiriens. Lesquels ont été ruinés déjà par les schémas importés sur lesquels repose le programme du candidat du RDR. Au-delà du titre de directeur général adjoint du FMI brandi aux Ivoiriens pour faire de la mystification, le programme économique de Dramane Ouattara ne fait que faire du sur-place. Mais le mépris qu’il affiche pour les Ivoiriens traduit avec pertinence ses carences et sa méconnaissance de la réalité du pays qu’il aspire à gouverner.

Carences et limites d’ADO On le sait, le candidat du RDR promet 10 mille milliards à la Côte d’Ivoire sur 5 ans si, par extraordinaire, il était élu président de la République. De façon détaillée, réunir 10 000 milliards sur 5 ans, c’est-à-dire de 2009 à 2014, revient à dire que chaque année, Alassane Ouattara prévoit un budget de 2000 milliards de FCFA. Savez-vous d’où il tire ces 2000 milliards ? Eh bien, ces 2000 milliards représentent le montant du budget actuel de la Côte d’Ivoire. Il a fallu que des hommes et des femmes travaillent d’arrache-pied pour atteindre ce niveau. Car, on se rappelle que du temps où Ouattara était aux affaires, le budget de la Côte d’Ivoire avoisinait à peine les 500 milliards de FCFA. En clair, même s’il ne le dit pas, Ouattara s’est rendu compte qu’avec un tel budget formé essentiellement des ressources internes, on peut faire beaucoup de choses si les armes ne crépitent pas à tout bout de champ. Mais comme il n’est pas à la base de la confection de ce budget, il oublie royalement que ce montant a été obtenu en pleine période de crise généralisée. Et que une fois sorti de cette période et les caisses de l’Etat uniformisées, ce budget peut connaître une croissance. Car, on l’aura noté chez le champion des Républicains, sur les cinq années de sa probable mandature, le budget est stationnaire. Preuve que l’on a beau avoir un gros bagage intellectuel, un sérieux background, on peut manquer d’imagination et montrer par la même occasion ses limites objectives. Parce que le budget de la Côte d’Ivoire sous Laurent Gbagbo, conçu sur les ressources propres, a évolué depuis l’année 2000 pour atteindre son niveau actuel.

On le voit donc. Pour parler comme le ministre Eric Kahé, il n’y a rien de nouveau sous les tropiques de Ouattara. En réalité, l’homme qui ne cesse de dire qu’il sait où trouver l’argent et que son travail consiste à trouver de l’argent, fait de la mystification. Car le président du RDR n’a pas le courage de dire qu’il va tirer profit de la gestion du président Laurent Gbagbo. Le candidat exceptionnel du RDR à la présidentielle sait bien que la redynamisation des régies financières (impôts, douanes et trésor), de la réforme de la filière café-cacao et la saine exploitation des produits pétroliers et miniers effectuées par Laurent Gbagbo depuis l’an 2000, lui profiteront. En outre, Ouattara ne veut pas dire que les sommes d’argent qu’il promet à tort et à travers ne sont rien d’autre que les retombées de l’initiative PPTE, œuvre de Laurent Gbagbo. C’est en fait à une escroquerie morale et intellectuelle des Ivoiriens que Ouattara se livre pendant ses tournées. Car, une fois la Côte d’Ivoire admise au PPTE, quel que soit le candidat qui sera élu, le pays bénéficiera d’énormes ressources parce que le président Gbagbo et son gouvernement ont déjà tracé les sillons de la prospérité. Dans ce contexte, prévoir un budget de 2000 milliards chaque année pendant 5ans, sera même insignifiant. Nous sommes persuadés que si Laurent Gbagbo gagne les élections et forme son gouvernement selon sa vision, il fera croître encore l’actuel budget annuel de la Côte d’Ivoire.

Complexé et méprisant

Pour Alassane Dramane Ouattara, il n’existe des personnes crédibles à ses yeux que celles qui ont un background consistant. L’Ivoirien qui n’a pas de background, est sans importance pour lui. Et il s’accroche à son statut de fonctionnaire du FMI pour espérer gagner en estime auprès des Ivoiriens. Il pense ainsi créer un complexe chez l’Ivoirien. Mais en fait, c’est lui-même qui a des complexes. Parce qu’il pense toujours, comme au temps de la colonisation et de la période post-indépendance, que pour être bien vu en Afrique, il faut venir de l’étranger et, dans son cas à lui, des institutions financières internationales. La preuve de son complexe et de son mépris pour les autres se dégage de ses propos tenus à l’égard de l’ancien ministre Kahé Eric. Lisons : “Je ne connais pas ce Kahé Eric. C’est qui ? Ministre du Commerce, vous dites ? J’espère qu’il a une formation en économie. Parce que vous savez, tous ceux que cela… Nous avons réglé ces problèmes en quelques mois avec le programme du FMI… S’ils ne comprennent rien à l’économie, ce n’est pas ma faute. Je suis désolé. Je ne connais pas ce monsieur. Je ne l’ai jamais vu. Je ne sais pas quel est son background” (cf. Le Patriote n°3011 du 28 octobre 2009). Ces propos illustrent bien la forte dose de mépris qui est en lui et qu’il affiche pour les Ivoiriens. A l’écouter, quand il sera au pouvoir, les millions d’Ivoiriens qui n’ont pas de background seront les plus marginalisés de son système. On peut présumer même qu’ils seront exclus dans sa politique. Le candidat du RDR se réclame pourtant d’Houphouet qui a dirigé la Côte d’Ivoire sans un minimum de connaissance en économie et sans un background. En outre, dans l’entourage de Ouattara, combien sont-ils ses collaborateurs qui ont aussi un PHD en économie ? Quel est le background de Amadou Gon, aujourd’hui ministre de l’Agriculture, secteur vital du pays ? Que dire de Hamed Bakayoko qui a abandonné ses études en 2ème année de médecine et qui est ministre des NTIC ? Quel est le background de Jeanne Peuhmond, brave secrétaire-dactylo devenue ministre ? On comprend maintenant pourquoi les réunions du RDR sont un monologue orchestré de main de maître par son gourou qui seul, a un background en économie. Ouattara croit pouvoir gérer la Côte d’Ivoire comme on gère le FMI avec ses programmes d’ajustements structurels (PAS) destructeurs, dévastateurs et déshumanisants. Avis donc à ceux des Ivoiriens qui veulent croire encore dans ses chiffres virtuels et ses promesses farfelues. S’ils sont malins, qu’ils revoient dès maintenant leur position car ce “Djinanmory” va les perdre. Sûrement.

Benjamin Koré
benjaminkore@yahoo.f