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Politique Publié le mardi 10 novembre 2009 | Le Temps

Tidiane Kouyate (Directeur general de la Stub) - “L’Etat et chaque citoyen doivent nous accompagner”

Après plusieurs années de crise, la ville de Bouaké, fief des ex-rebelles reprend goût avec la création et la mise en circulation d'autobus de la Société des transports urbains de Bouaké (Stub). M. Tidiane Kouyaté, le Directeur général de cette structure, situe les enjeux.

Pourquoi Bouaké pour lancer vos activités ?
Nous avons choisi Bouaké, parce que c'est la première grande ville de la Côte d'Ivoire après Abidjan. Mais aussi, parce que l'initiateur qui n'est autre que M. Fanny Ibrahim est le maire de cette ville. Donc, s'il y a une ville qui doit bénéficier de ce projet, c'est évidemment sa commune. Nous avons choisi Bouaké parce qu'elle a besoin d'un niveau de développement. Vu ce qui s'est passé depuis septembre 2002, la ville a pris un certain retard en même temps que d'autres villes du pays qui sont dans les zones ex-assiégées. Bouaké n'est pas un mauvais choix. Même si des études ont été faites dans d'autres villes par le passé pour un projet similaire, notamment à Yamoussoukro et San Pedro. C'est ce que nous avons fait. Nous avons aussi tenu compte de sa densité. Mais, déjà sur place, nous trouvons pas mal de concurrents, dont les taxis ordinaires et les motos taxis.

Avez-vous la logistique et les moyens nécessaires pour satisfaire la demande des populations qui attendaient depuis longtemps cette occasion ?
Il faudrait savoir qu'à ce jour, nous avons seize bus fonctionnels. Nous avons établi un réseau pour desservir Bouaké sur douze lignes avec 12 bus. Les quatre autres sont en réserve au cas où, un d'entre eux, tombe en panne pour ne pas que les populations attendent longtemps sur les arrêts. Je dirais pour répondre à votre question que nous avons la logistique. Il faudrait que vous sachiez que cette étape est une phase de lancement de ce projet. Nous avons besoin d'inculquer à la population de Bouaké une nouvelle habitude. La densité des bus que nous avons est complètement suffisante. Et ces douze bus nous permettent de quadriller la ville de Bouaké et même d'aller aux alentours. Puisque une compagnie de transports urbains a la possibilité de desservir quinze kilomètres dans ses environs. A ce niveau d'ailleurs, je puis vous dire que nous avons beaucoup de demandes de la part des chefs de village qui ne cessent de nous adresser des courriers pour voir dans quel cadre, nous pouvons les aider à soulager leurs administrés. Nous avons commencé cela. Elément important que vous deviez savoir, c'est que, nous avons commencé la "partie tourisme". Car, il y a quelques jours, nos services ont été sollicités pour accompagner un groupe dans un village pour des funérailles. Donc, vous voyez que le besoin est là. Cependant, dans le projet de développement, nous attendons vingt bus flambants neuf. Nous avons déjà pris des attaches avec les responsables de la Société des transports abidjanais (Sotra), que nous considérons comme "nos pères". Puisqu'ils ne cessent de nous aider depuis 2002. Pour nous, il serait important aujourd'hui de consommer ivoirien et que la Côte d'Ivoire fabrique des bus. Mais, au même moment, il faudrait que M. Philippe Attey comprenne que nous sommes en phase de lancement. Et que, nous avons besoin d'être épaulés. Car, nous sommes nés entre leurs mains. Nous allons bientôt leur soumettre nos doléances, dans l'espoir qu'ils veuillent bien nous accompagner dans ce pari que nous avons pris pour le développement de notre pays, la Côte d'Ivoire

Bouaké dispose-t-elle encore d'infrastructures routières pour étendre votre activité sur l'ensemble de son périmètre, vu la crise qui a secoué le pays ?
Cette question est très importante. Puisque, nous avons une très bonne partie de la voirie qui nous permet de nous mettre au service de la population. Cependant, nous avons des points clés qui sont de très grandes habitations qui ne sont pas dotés en bitume. Les engins que nous avons ne peuvent pas circuler malheureusement dans la poussière.

Que faites-vous dans ce cas ?
Nous essayons de prendre ces populations à la sortie de la zone non bitumée. Mais, nous pensons que ce calvaire va prendre fin. Puisqu'il y a un programme de développement de la Banque mondiale (Bm) sur les infrastructures routières qui a inscrit la ville de Bouaké dans ce projet. Il y a aussi, l'Ageroute (Agence de gestion des routes), qui est en train de mettre en l'état une bonne partie de la voirie. Je profite d'ailleurs de cette occasion pour lancer un appel à toutes nos autorités compétentes, à commencer par le Président de la République, Laurent Gbagbo et de son Premier ministre, Guillaume Soro et de l'ensemble des Ivoiriens. Car, le développement de Bouaké ne peut se faire sans eux. L'appel que je lance, c'est de voir dans quelle mesure on peut nous accompagner dans ce projet. L'idée, est formidable et historique. Aujourd'hui, je rentre dans l'histoire de la Côte d'Ivoire via cette initiative. Le maire Ibrahim Fanny vient de créer une autre page de l'histoire de la Côte d'Ivoire. Donc, on a besoin dans ce projet historique, l'inscription de chacun d'entre nous. Nous sommes aujourd'hui, en train de vendre déjà des cartes de bus aux étudiants et élèves de Bouaké. Nous avons besoin par exemple que l'Etat nous accompagne en subvention pour réduire considérablement le coût des tickets à ce niveau.

Quel est le bilan pour ces quelques semaines d'activités ?
Cela a été formidable. Je vais vous donner une anecdote. La population est si heureuse que il y a certaines personnes qui ne savent même pas l'itinéraire du bus, parce que ne sachant lire quand bien même les itinéraires sont marqués du quartier A au quartier B, payent simplement leur ticket à 100 Fcfa pour faire une simple balade. Nous l'avons voulu à 100 Fcfa pour aider les populations à se déplacer à moindre coût, mais surtout créer les emplois pour toute la jeunesse de Côte d'Ivoire. Sinon, les premières études ont proposé de faire les tarifs à 150 Fcfa voire 200 Fcfa. Les tarifs que nous appliquons aujourd'hui, sont préférentiels. Cela est parti du fait de l'analyse que nous avons mené sur la situation des élèves et étudiants de Bouaké. C'est pourquoi, je fais toujours un clin d'œil au gouvernement ivoirien et au Président de la République, Laurent Gbagbo pour voir dans quelle mesure, ils peuvent nous accompagner comme cela se fait avec la Sotra, pour réduire encore une fois, les tarifs en vigueur aux élèves et étudiants.

Mais, c'est une initiative privée?
C'est vrai. C'est une initiative privée. Mais, le développement que cela apporte à notre pays ne reste pas au profit de l'initiateur du projet. Je vous disais tantôt que nous avons déjà embauché 100 jeunes. Ce chiffre va atteindre 1500 personnes dans quelques mois. Cela est au profit de la Côte d'Ivoire dans sa globalité. Car, si on exclut le secteur du transport dans un pays, on ne parle plus de développement. Même si c'est une initiative privée, il faudrait que les autorités compétentes essaient de l'accompagner. C'est une bouffée d'oxygène pour les populations de Bouaké qui ont souffert ces sept dernières années.

Quelles perspectives pour la Société des transports urbains de Bouaké après cette première expérience ?
La Stub ne pourra pas aller ailleurs. Mais, nous pensons que cette expérience va faire réfléchir encore ses initiateurs. Nous le dissions tantôt, que des études ont été menées sur les villes de Yamoussoukro et de San Pedro en son temps. Ce sont des projets qui sont là. Mais, nous ne savons pas non plus quelles sont les initiatives du gouvernement face à ces projets. Donc, nous allons devoir rentrer en concertation, si d'aventure, nous avons l'intention de créer pour d'autres villes. Mais, pour le moment, nous avons un challenge. Celui de pousser la Stub à son plus haut niveau, de montrer à la Côte d'Ivoire et au monde entier que nous sommes des travailleurs et participons au développement de notre pays.

Par Joseph Atoumgbré
attjoseph@yahoo.fr

Renforcement de la cooperation Sud-sud
35 chambres consulaires réfléchissent à Abidjan

Abidjan abrite à partir de demain mercredi, et ce, jusqu'au vendredi 13 novembre, la 35e Assemblée générale de la Conférence permanente des chambres consulaires africaines et francophones (Cpccaf). Créée en 1973, à l'initiative des présidents Léopld Sedar Senghor (Sénégal), Félix Houphouët-Boïgny (Côte d'Ivoire) et Georges Pompidou (France), la Cpccaf se présente comme un réseau de coopération et d'appui aux chambres consulaires pour le développement et la structuration du secteur privé en Afrique. Ces structures avaient pour but de pérenniser les liens entre la France et ses anciennes colonies, dans un souci de mettre en place des actions économiques d'envergure. Aujourd'hui, ces chambres visent une autre ambition. Celle de favoriser un transfert de savoir-faire qui ne soit plus exclusivement Nord/sud, mais devienne davantage une coopération Sud/sud. Il s'agit, selon M. Jean-Louis Billon, le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire (Cci-ci), l'hôte des 26 pays d'Afrique, de la France…par de là, de renforcer la compétitivité de l'Afrique, avec en toile de fond, un important travail de mise à niveau de structuration, d'adaptation aux évènements, et d'assistance de leur outil commun. Car, fait-il remarquer, l'action de la Cpccaf et les chambres qu'elle regroupe s'inscrivent dans la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement, notamment la lutte contre la pauvreté et la réduction des facteurs d'instabilités politiques via la croissance économique, pour favoriser une émergence d'un secteur africain privé structuré et performant. Car, indique-t-il, en favorisant l'activité des entreprises, on favorise l'investissement privé. Cette coopération entre les chambres consulaires, selon Jean-Louis Billon, a permis à la Côte d'Ivoire d'avoir des acquis économiques, avec des exemples comme l'Esca et l'Inset de Yamoussoukro. Celle-ci a permis de créer plusieurs autres partenariats avec Hec Paris ou encore avec l'aéroport d'Abidjan où la Chambre de commerce de Marseille joue un rôle important.

J.A.
attjoseph@yahoo.fr
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