Le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire était en tournée du 2 au 9 novembre dans la région des Savanes. A la fin de cette tournée, il a animé une conférence avec la presse nationale et internationale. Nous vous proposons l’intégralité de cette rencontre.
Propos liminaires
Tout d’abord, je voudrais vous porter mon bonjour. La tournée a été un grand succès. Partout, il a été donné d’observer le déplacement de nombreuses personnes. La mobilisation a été au maximum partout. Je dois noter la ferveur des populations, l’intensité des foules qui ont accouru à notre rencontre. Tout cela, nous le devons à notre équipe de campagne.
Quel commentaire pouvez-vous faire sur le soutien que Koné Dossongui, l’un de vos collaborateurs vient d’apporter au candidat de la majorité présidentielle, Laurent Gbagbo?
Henri Konan Bédié : Dans le cadre de cette conférence, je n’ai pas de commentaire à faire sur les transfuges qu’on voit un jour au PDCI et un autre jour ailleurs. Nous nous occupons de ceux qui travaillent, de ceux qui ont organisé cette visite.
Nous sommes à 20 jours du 29 novembre, croyez-vous toujours en cette date ?
H.K.B : Croire ou ne pas croire à cette date ? L’essentiel est de suivre le processus établi par les acteurs politiques au cours du dernier CPC. C’est de façon consensuelle que tous les acteurs politiques y compris nous-mêmes, avions fixé cette date. S’il y a des raisons objectives non politiciennes qui font qu’on doit faire un compromis de façon à opérer un léger report, le PDCI est prêt à accompagner le mouvement. Mais avant cela, il n’est pas question pour le PDCI-RDA de souhaiter ou d’annoncer un quelconque report.
Au cours de votre meeting de Korhogo, vous aviez dit que vous n’accepterez pas un autre report. Mais en même temps, vous affirmez que vous êtes disposé à admettre un léger report. Ne pensez-vous pas que cette attitude peut laisser un peu perplexes vos militants ?
H.K.B : Aucunement ! Ces deux positions sont complémentaires. Le PDCI a toujours été un parti de dialogue et de tolérance. Que nous ne soyons pas d’accord sur un quelconque changement de date comme maintenant, mais nous sommes ouvert dans le cadre du dialogue pour voir si des aménagements sont nécessaires. C’est aussi faire preuve d’ouverture d’esprit qui a toujours caractérisé le PDCI.
Avez-vous déposé monsieur le président, votre attestation de régularité fiscale ?
H.K.B : Cela a été fait depuis longtemps et vous les acteurs de la presse, vous en savez grand’ chose.
Est-ce qu’il y a une date au-delà de laquelle le PDCI ne transigera plus sur la tenue du scrutin présidentiel ?
H.K.B : Nous n’allons pas au dialogue avec des œillères. Si nous allons à un dialogue avec l’esprit de tolérance et d’ouverture, nous n’avons pas à fixer une date catégorique de façon définitive sans avoir écouté les autres.
En répondant à la requête du Conseil constitutionnel sur les pièces supplémentaires à fournir pour le dossier de candidature, ne pensez-vous pas que vous êtes en train d’ouvrir une brèche à cette institution qui selon certains observateurs est dans une logique ?
H.K.B : Au sujet des pièces supplémentaires demandées par le Conseil constitutionnel, je dois vous dire que ces documents ont toujours été exigés et déposés à chaque élection par les candidats. S’agissant de l’attestation de régularité fiscale qui focalise les attentions, je dois vous dire, en ce qui me concerne, qu’il y ait élection ou pas, que nous soyons en année électorale ou pas, tous les ans, je paie mes impôts. J’ai les quitus successifs depuis le coup d’Etat de 1999. Avant cette date, je procédais de la sorte. Parce que j’ai toujours été un citoyen qui paie ses impôts.
Vous venez de boucler une tournée dans une zone où le concept de l’ivoirité a fait beaucoup de victimes. Ne pensez-vous pas que les gens ressassent encore les dérives causées par ce concept. Ce qui pourrait vous être préjudiciable au niveau de la séduction de l’électorat.
H.K.B : Permettez que je ne revienne pas sur la question de l’ivoirité pour la bonne raison que j’ai expliqué de long en large, pendant des années, ce que nous pensons de l’ivoirité. Tous les pays au monde revendiquent une identité nationale et intègrent le facteur culturel dans leur processus de développement. A l’heure où je vous parle, la question qui est débattue en France est relative à l’identité nationale. En Côte d’ivoire, grâce à des gens qui savent entretenir les malentendus et les quiproquos, il est interdit de parler d’identité nationale ou d’identité culturelle. Mais nous laissons faire. Parce que ce qui est essentiel et je pense que quand les esprits seront apaisés, les Ivoiriens ne pourront pas exister au monde et former des grands ensembles sans avoir une identité nationale et culturelle.
Au cours de vos meetings vous êtes très dur à l’égard de Laurent Gbagbo et du régime FPI. Qu’est ce qui justifie ces propos très musclés à l’endroit des refondateurs ?
H.K.B : Je ne sais pas si c’est le PDCI ou son président qui est dur à l’égard des tenants du pouvoir ou si c’est eux qui sont durs à l’endroit des gouvernés. Si vous, en ce qui vous concerne, vous êtes satisfait de cette gouvernance, avec les violations des droits de l’Homme, les escadrons de la mort, les déchets toxiques, tant mieux ! Mais en ce qui nous concerne, nous qui avons la responsabilité de millions de nos militants, nous ne pouvons que refuser ce qui n’est pas acceptable.
Etes-vous d’avis, monsieur le président, avec ceux qui optent pour un désarmement par les armes ?
H.K.B : Pour une sortie définitive de la crise, il faudrait bien qu’on arrive à un désarmement. Mais je ne pense pas que le désarmement par les armes soit la méthode appropriée pour arriver à cette paix définitive. Désarmer par les armes signifient reprendre la guerre au niveau des belligérants. Nous ne sommes donc pas d’accord avec ceux qui préconisent un désarmement par les armes.
Quel commentaire pouvez-vous faire des deux sondages relayés par la presse et réalisés par l’institut français de sondages de Sofres qui donnent Laurent Gbagbo vainqueur devant vous et votre allié Alassane Dramane Ouattara au premier comme au second tour ?
H.K.B : Je préfère laisser les gens à leurs illusions et certains à leurs pratiques. En ce qui concerne le PDCI et les autres partis du RHDP, nous n’avons pas vu une seule personne sondée en Côte d’Ivoire. Nous ne savons pas qui a été sondé. Par conséquent, nous disons que cette opération n’est que de la manipulation et des manœuvres politiciennes pensant pouvoir influencer d’autres citoyens. Mais il n’en est rien ! Nous regardons la réalité en face et je peux vous dire qu’il n’ ya aucune condition par laquelle le FPI peut être en avant de quelque consultation que ce soit en Côte d’Ivoire.
Il nous a été révélé dans la presse que vous et le président du RDR aviez signé une sorte de deal avec le président Laurent Gbagbo moyennant la somme de cinq milliards de francs CFA chacun pour obtenir le report des élections. Que pouvez-vous répondre sur ces accusations ?
H.K.B : Nous répondons qu’il faut s’occuper des choses sérieuses. C’est une information qui n’est pas vraie et vous pouvez le déceler vous-mêmes. Comment peut-on vérifier une telle information ? Vous qui êtes bien placé pour mener les investigations, vous ne pourrez en aucun cas trouver la moindre preuve sur cette accusation.
Tout au long de la tournée, vous avez dénoncé la gestion scabreuse du régime FPI, est-ce à dire que si vous êtes élu, vous allez poursuivre les refondateurs en justice ?
H.K.B : Vous me permettrez de réserver ma réponse sur cette question. Il y a des situations qui demandent à être éclaircies. Parce que les Ivoiriens ont le droit de savoir et puis il y a des situations qui doivent être regardées et traitées avec la volonté du pays d’aller à la réconciliation nationale.
Si vous êtes élu, êtes-vous prêts à accepter vos collaborateurs qui sont partis ailleurs si ceux-ci formulent la demande de revenir avec vous ?
H.K.B : Pour le moment, le problème ne se pose pas. Ceux qui sont partis pour des raisons alimentaires sont biens là où ils sont.
Monsieur le président quelle sera la place de la presse locale et surtout des radios de proximité de Côte d’Ivoire dans votre programme ?
H.K.B : Ecoutez ! Du temps où j’étais aux affaires publiques, nous avons dans la mesure du possible assuré à chaque Ivoirien, le minimum vital. La presse, après le multipartisme, a connu un certain développement qui, malheureusement, n’est pas toujours à l’honneur du journalisme national. Donc, il faudrait, au cas où ces élections se terminent par la victoire du PDCI , un véritable forum avec cette presse pour revoir les conditions de son développement , les conditions par lesquelles elles pourraient assurer une information assez objective et non pas se limiter à des fantaisies et à des grossièretés comme celles à quoi nous assistons actuellement. Je laisserai la presse libre.
Vous venez de parcourir la région des Savanes. Partout vous avez dressé le bilan des quarante années de gestion de votre parti politique, le PDCI-RDA, dénoncé les dix années de gestion de l’Etat par le FPI sans vraiment faire de propositions concrètes pour le développement de cette région. Est-ce à dire que votre programme des douze chantiers de l’éléphant d’Afrique est encore d’actualité ?
H.K.B : Mais bien entendu, j’ai dit ce qui est encore d’actualité. Prenez le cas du bitumage de l’axe Boundiali-Tengrela. Mais il faut être sourd et aveugle pour ne pas savoir que cela est plus que d’actualité. En tout cas, moi je viens de la région et je sais que c’est la première revendication des populations que j’ai visitées. Le prix de l’anacarde et du coton, voilà des préoccupations des populations sur lesquelles il faudra se pencher. Sur la fixation de ces prix pour que les paysans aient un minimum de rémunération qui leur permet de vivre. Et puis que ce soit les problèmes de l’école, la santé et de l’électrification rurale, je crois que tout cela est encore d’actualité. Mais tout cela faisait partie des grands chantiers entrepris par le PDCI-RDA et qui ont été momentanément arrêtés à la suite de la guerre et des crises que nous avons traversées.
Monsieur le président, votre parti n’est pas content du traitement de ses activités par la RTI. Votre parti a menacé d’interdire le paiement de la redevance par vos militants. Est-ce que vous maintenez votre décision ?
H.K.B : Dans la mesure où la RTI persiste dans son boycott de l’acteur politique principal qu’est le PDCI-RDA, je maintiens ces intentions. Et si cela doit continuer, je crois que nous serons dans l’obligation au PDCI de rendre plus effectives les décisions de boycott en réponse au boycott de la RTI par le refus de payer les redevances.
Il nous est revenu qu’il aurait été relevé certaines incohérences. C’est-à-dire certaines difficultés sur votre extrait de naissance. En avez-vous été saisi ? Si oui, de quoi s’agit-il exactement ?
H.K.B : J’ignore totalement de quelles incohérences dont il s’agit. Parce que ce n’est pas aujourd’hui que j’ai ces pièces d’identité qui m’ont permis de traverser la vie en Côte d’Ivoire. J’ai 75 ans, alors je ne vois pas quelles incohérences on peut trouver aujourd’hui sur mes pièces. Puisque c’est avec ces pièces que j’ai traversées toutes les épreuves de la vie. Que ce soit sur le plan scolaire. Je crois que cela fait partie des fantaisies malheureusement de certaines presses. Mais personnellement, personne ne m’a approché au sujet de telles incohérences.
Plutôt de présenter votre programme de société, est-ce que vous pensez que vos attaques répétées contre le FPI peuvent convaincre les militants et sympathisants de votre parti à l’état actuel des choses ?
H.K.B : Je ne sais pas ce que l’on veut dire quand on dit que vous avez été dur avec le pouvoir. Si vous pensez acquiescer sans rien dire, comme des agneaux, la gouvernance actuelle des violations des droits de l’Homme, les déchets toxiques et toutes les mauvaises gouvernances que j’ai dénoncées, c’est votre affaire. Mais un citoyen libre, tant qu’il est libre, ne peut pas accepter certaines situations. Voilà ce qu’il faut qu’on se mette en tête, qu’on se mette en esprit. Je dois dire à travers les constats que j’ai faits au cours de cette tournée que dans cette région des Savanes les populations sont relativement plus sécurisées. C’est-à-dire que les Forces Nouvelles font un travail digne d’éloges. Je ne veux pas être dithyrambique, mais je sais que dans la région des Savanes, les gens vivent dans une relative sécurité par rapport à la zone gouvernementale. Ça, il faut le constater.
Au cours de vos meetings vous avez dit que le pouvoir actuel comptait se maintenir au pouvoir par les armes en recourant à la l’armée et aux milices. Sur quoi fondez- vous cette affirmation que j’assimile à une accusation ?
H.K.B : Mais enfin ! Où étiez-vous le 24 mars 2004. On s’est beaucoup indigné et on a eu raison de parler du cas de la Guinée. Mais le cas de la Guinée n’a-t-il pas eu un précédent plus important en Côte d’Ivoire ? Alors qu’en dites-vous ? Il y a eu 120 morts selon les déclarations des Nations unies. Ceux qui ont été blessés par les armes ont établi au moins 350 personnes.
Monsieur le président, vous avez parcouru la majeure partie des régions de la Côte d’Ivoire, mais il en reste d’autres. Par exemple la région de Daloa, San Pedro, Man et Odienné. Monsieur le président, quel programme comptez-vous mettre en place pour parcourir toutes les régions avant les élections qui s’annoncent pour très bientôt ?
H.K.B : Nous ferons le maximum. Et là où nous ne pourrons pas aller -parce qu’il n’est pas dit que le candidat seul doit parcourir toutes les régions- j’ai une équipe de campagne qui va aussi relayer les efforts qui sont les miens. Par conséquent, je peux rassurer toutes les régions non encore visitées que de toutes les façons elles seront visitées. Soit par moi-même personnellement soit par les équipes de campagne qui sont mises en place.
Recueillis à Korhogo par Jean-Claude Coulibaly
Propos liminaires
Tout d’abord, je voudrais vous porter mon bonjour. La tournée a été un grand succès. Partout, il a été donné d’observer le déplacement de nombreuses personnes. La mobilisation a été au maximum partout. Je dois noter la ferveur des populations, l’intensité des foules qui ont accouru à notre rencontre. Tout cela, nous le devons à notre équipe de campagne.
Quel commentaire pouvez-vous faire sur le soutien que Koné Dossongui, l’un de vos collaborateurs vient d’apporter au candidat de la majorité présidentielle, Laurent Gbagbo?
Henri Konan Bédié : Dans le cadre de cette conférence, je n’ai pas de commentaire à faire sur les transfuges qu’on voit un jour au PDCI et un autre jour ailleurs. Nous nous occupons de ceux qui travaillent, de ceux qui ont organisé cette visite.
Nous sommes à 20 jours du 29 novembre, croyez-vous toujours en cette date ?
H.K.B : Croire ou ne pas croire à cette date ? L’essentiel est de suivre le processus établi par les acteurs politiques au cours du dernier CPC. C’est de façon consensuelle que tous les acteurs politiques y compris nous-mêmes, avions fixé cette date. S’il y a des raisons objectives non politiciennes qui font qu’on doit faire un compromis de façon à opérer un léger report, le PDCI est prêt à accompagner le mouvement. Mais avant cela, il n’est pas question pour le PDCI-RDA de souhaiter ou d’annoncer un quelconque report.
Au cours de votre meeting de Korhogo, vous aviez dit que vous n’accepterez pas un autre report. Mais en même temps, vous affirmez que vous êtes disposé à admettre un léger report. Ne pensez-vous pas que cette attitude peut laisser un peu perplexes vos militants ?
H.K.B : Aucunement ! Ces deux positions sont complémentaires. Le PDCI a toujours été un parti de dialogue et de tolérance. Que nous ne soyons pas d’accord sur un quelconque changement de date comme maintenant, mais nous sommes ouvert dans le cadre du dialogue pour voir si des aménagements sont nécessaires. C’est aussi faire preuve d’ouverture d’esprit qui a toujours caractérisé le PDCI.
Avez-vous déposé monsieur le président, votre attestation de régularité fiscale ?
H.K.B : Cela a été fait depuis longtemps et vous les acteurs de la presse, vous en savez grand’ chose.
Est-ce qu’il y a une date au-delà de laquelle le PDCI ne transigera plus sur la tenue du scrutin présidentiel ?
H.K.B : Nous n’allons pas au dialogue avec des œillères. Si nous allons à un dialogue avec l’esprit de tolérance et d’ouverture, nous n’avons pas à fixer une date catégorique de façon définitive sans avoir écouté les autres.
En répondant à la requête du Conseil constitutionnel sur les pièces supplémentaires à fournir pour le dossier de candidature, ne pensez-vous pas que vous êtes en train d’ouvrir une brèche à cette institution qui selon certains observateurs est dans une logique ?
H.K.B : Au sujet des pièces supplémentaires demandées par le Conseil constitutionnel, je dois vous dire que ces documents ont toujours été exigés et déposés à chaque élection par les candidats. S’agissant de l’attestation de régularité fiscale qui focalise les attentions, je dois vous dire, en ce qui me concerne, qu’il y ait élection ou pas, que nous soyons en année électorale ou pas, tous les ans, je paie mes impôts. J’ai les quitus successifs depuis le coup d’Etat de 1999. Avant cette date, je procédais de la sorte. Parce que j’ai toujours été un citoyen qui paie ses impôts.
Vous venez de boucler une tournée dans une zone où le concept de l’ivoirité a fait beaucoup de victimes. Ne pensez-vous pas que les gens ressassent encore les dérives causées par ce concept. Ce qui pourrait vous être préjudiciable au niveau de la séduction de l’électorat.
H.K.B : Permettez que je ne revienne pas sur la question de l’ivoirité pour la bonne raison que j’ai expliqué de long en large, pendant des années, ce que nous pensons de l’ivoirité. Tous les pays au monde revendiquent une identité nationale et intègrent le facteur culturel dans leur processus de développement. A l’heure où je vous parle, la question qui est débattue en France est relative à l’identité nationale. En Côte d’ivoire, grâce à des gens qui savent entretenir les malentendus et les quiproquos, il est interdit de parler d’identité nationale ou d’identité culturelle. Mais nous laissons faire. Parce que ce qui est essentiel et je pense que quand les esprits seront apaisés, les Ivoiriens ne pourront pas exister au monde et former des grands ensembles sans avoir une identité nationale et culturelle.
Au cours de vos meetings vous êtes très dur à l’égard de Laurent Gbagbo et du régime FPI. Qu’est ce qui justifie ces propos très musclés à l’endroit des refondateurs ?
H.K.B : Je ne sais pas si c’est le PDCI ou son président qui est dur à l’égard des tenants du pouvoir ou si c’est eux qui sont durs à l’endroit des gouvernés. Si vous, en ce qui vous concerne, vous êtes satisfait de cette gouvernance, avec les violations des droits de l’Homme, les escadrons de la mort, les déchets toxiques, tant mieux ! Mais en ce qui nous concerne, nous qui avons la responsabilité de millions de nos militants, nous ne pouvons que refuser ce qui n’est pas acceptable.
Etes-vous d’avis, monsieur le président, avec ceux qui optent pour un désarmement par les armes ?
H.K.B : Pour une sortie définitive de la crise, il faudrait bien qu’on arrive à un désarmement. Mais je ne pense pas que le désarmement par les armes soit la méthode appropriée pour arriver à cette paix définitive. Désarmer par les armes signifient reprendre la guerre au niveau des belligérants. Nous ne sommes donc pas d’accord avec ceux qui préconisent un désarmement par les armes.
Quel commentaire pouvez-vous faire des deux sondages relayés par la presse et réalisés par l’institut français de sondages de Sofres qui donnent Laurent Gbagbo vainqueur devant vous et votre allié Alassane Dramane Ouattara au premier comme au second tour ?
H.K.B : Je préfère laisser les gens à leurs illusions et certains à leurs pratiques. En ce qui concerne le PDCI et les autres partis du RHDP, nous n’avons pas vu une seule personne sondée en Côte d’Ivoire. Nous ne savons pas qui a été sondé. Par conséquent, nous disons que cette opération n’est que de la manipulation et des manœuvres politiciennes pensant pouvoir influencer d’autres citoyens. Mais il n’en est rien ! Nous regardons la réalité en face et je peux vous dire qu’il n’ ya aucune condition par laquelle le FPI peut être en avant de quelque consultation que ce soit en Côte d’Ivoire.
Il nous a été révélé dans la presse que vous et le président du RDR aviez signé une sorte de deal avec le président Laurent Gbagbo moyennant la somme de cinq milliards de francs CFA chacun pour obtenir le report des élections. Que pouvez-vous répondre sur ces accusations ?
H.K.B : Nous répondons qu’il faut s’occuper des choses sérieuses. C’est une information qui n’est pas vraie et vous pouvez le déceler vous-mêmes. Comment peut-on vérifier une telle information ? Vous qui êtes bien placé pour mener les investigations, vous ne pourrez en aucun cas trouver la moindre preuve sur cette accusation.
Tout au long de la tournée, vous avez dénoncé la gestion scabreuse du régime FPI, est-ce à dire que si vous êtes élu, vous allez poursuivre les refondateurs en justice ?
H.K.B : Vous me permettrez de réserver ma réponse sur cette question. Il y a des situations qui demandent à être éclaircies. Parce que les Ivoiriens ont le droit de savoir et puis il y a des situations qui doivent être regardées et traitées avec la volonté du pays d’aller à la réconciliation nationale.
Si vous êtes élu, êtes-vous prêts à accepter vos collaborateurs qui sont partis ailleurs si ceux-ci formulent la demande de revenir avec vous ?
H.K.B : Pour le moment, le problème ne se pose pas. Ceux qui sont partis pour des raisons alimentaires sont biens là où ils sont.
Monsieur le président quelle sera la place de la presse locale et surtout des radios de proximité de Côte d’Ivoire dans votre programme ?
H.K.B : Ecoutez ! Du temps où j’étais aux affaires publiques, nous avons dans la mesure du possible assuré à chaque Ivoirien, le minimum vital. La presse, après le multipartisme, a connu un certain développement qui, malheureusement, n’est pas toujours à l’honneur du journalisme national. Donc, il faudrait, au cas où ces élections se terminent par la victoire du PDCI , un véritable forum avec cette presse pour revoir les conditions de son développement , les conditions par lesquelles elles pourraient assurer une information assez objective et non pas se limiter à des fantaisies et à des grossièretés comme celles à quoi nous assistons actuellement. Je laisserai la presse libre.
Vous venez de parcourir la région des Savanes. Partout vous avez dressé le bilan des quarante années de gestion de votre parti politique, le PDCI-RDA, dénoncé les dix années de gestion de l’Etat par le FPI sans vraiment faire de propositions concrètes pour le développement de cette région. Est-ce à dire que votre programme des douze chantiers de l’éléphant d’Afrique est encore d’actualité ?
H.K.B : Mais bien entendu, j’ai dit ce qui est encore d’actualité. Prenez le cas du bitumage de l’axe Boundiali-Tengrela. Mais il faut être sourd et aveugle pour ne pas savoir que cela est plus que d’actualité. En tout cas, moi je viens de la région et je sais que c’est la première revendication des populations que j’ai visitées. Le prix de l’anacarde et du coton, voilà des préoccupations des populations sur lesquelles il faudra se pencher. Sur la fixation de ces prix pour que les paysans aient un minimum de rémunération qui leur permet de vivre. Et puis que ce soit les problèmes de l’école, la santé et de l’électrification rurale, je crois que tout cela est encore d’actualité. Mais tout cela faisait partie des grands chantiers entrepris par le PDCI-RDA et qui ont été momentanément arrêtés à la suite de la guerre et des crises que nous avons traversées.
Monsieur le président, votre parti n’est pas content du traitement de ses activités par la RTI. Votre parti a menacé d’interdire le paiement de la redevance par vos militants. Est-ce que vous maintenez votre décision ?
H.K.B : Dans la mesure où la RTI persiste dans son boycott de l’acteur politique principal qu’est le PDCI-RDA, je maintiens ces intentions. Et si cela doit continuer, je crois que nous serons dans l’obligation au PDCI de rendre plus effectives les décisions de boycott en réponse au boycott de la RTI par le refus de payer les redevances.
Il nous est revenu qu’il aurait été relevé certaines incohérences. C’est-à-dire certaines difficultés sur votre extrait de naissance. En avez-vous été saisi ? Si oui, de quoi s’agit-il exactement ?
H.K.B : J’ignore totalement de quelles incohérences dont il s’agit. Parce que ce n’est pas aujourd’hui que j’ai ces pièces d’identité qui m’ont permis de traverser la vie en Côte d’Ivoire. J’ai 75 ans, alors je ne vois pas quelles incohérences on peut trouver aujourd’hui sur mes pièces. Puisque c’est avec ces pièces que j’ai traversées toutes les épreuves de la vie. Que ce soit sur le plan scolaire. Je crois que cela fait partie des fantaisies malheureusement de certaines presses. Mais personnellement, personne ne m’a approché au sujet de telles incohérences.
Plutôt de présenter votre programme de société, est-ce que vous pensez que vos attaques répétées contre le FPI peuvent convaincre les militants et sympathisants de votre parti à l’état actuel des choses ?
H.K.B : Je ne sais pas ce que l’on veut dire quand on dit que vous avez été dur avec le pouvoir. Si vous pensez acquiescer sans rien dire, comme des agneaux, la gouvernance actuelle des violations des droits de l’Homme, les déchets toxiques et toutes les mauvaises gouvernances que j’ai dénoncées, c’est votre affaire. Mais un citoyen libre, tant qu’il est libre, ne peut pas accepter certaines situations. Voilà ce qu’il faut qu’on se mette en tête, qu’on se mette en esprit. Je dois dire à travers les constats que j’ai faits au cours de cette tournée que dans cette région des Savanes les populations sont relativement plus sécurisées. C’est-à-dire que les Forces Nouvelles font un travail digne d’éloges. Je ne veux pas être dithyrambique, mais je sais que dans la région des Savanes, les gens vivent dans une relative sécurité par rapport à la zone gouvernementale. Ça, il faut le constater.
Au cours de vos meetings vous avez dit que le pouvoir actuel comptait se maintenir au pouvoir par les armes en recourant à la l’armée et aux milices. Sur quoi fondez- vous cette affirmation que j’assimile à une accusation ?
H.K.B : Mais enfin ! Où étiez-vous le 24 mars 2004. On s’est beaucoup indigné et on a eu raison de parler du cas de la Guinée. Mais le cas de la Guinée n’a-t-il pas eu un précédent plus important en Côte d’Ivoire ? Alors qu’en dites-vous ? Il y a eu 120 morts selon les déclarations des Nations unies. Ceux qui ont été blessés par les armes ont établi au moins 350 personnes.
Monsieur le président, vous avez parcouru la majeure partie des régions de la Côte d’Ivoire, mais il en reste d’autres. Par exemple la région de Daloa, San Pedro, Man et Odienné. Monsieur le président, quel programme comptez-vous mettre en place pour parcourir toutes les régions avant les élections qui s’annoncent pour très bientôt ?
H.K.B : Nous ferons le maximum. Et là où nous ne pourrons pas aller -parce qu’il n’est pas dit que le candidat seul doit parcourir toutes les régions- j’ai une équipe de campagne qui va aussi relayer les efforts qui sont les miens. Par conséquent, je peux rassurer toutes les régions non encore visitées que de toutes les façons elles seront visitées. Soit par moi-même personnellement soit par les équipes de campagne qui sont mises en place.
Recueillis à Korhogo par Jean-Claude Coulibaly