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Politique Publié le mardi 10 novembre 2009 | Le Patriote

Ce qui fait courir Koné Dossongui pour Gbagbo (Acte I) - Un homme d’affaires très peu reconnaissant

Si la première image, enviable à souhait, à laquelle ils renvoient est l’aisance matérielle et toute la charge sociale qui la sous-tend, les hommes d’affaires, fussent-ils les plus prospères, ont très souvent cette chose bien dramatique en commun et qui les rend tout autant fragiles qu’ils ne paraissent forts : ils sont presque toujours tributaires des puissances de pouvoir. Et, en la matière, Dieu seul sait que dans nos pays africains, le régime politique au pouvoir et surtout celui qui en est le garant, le chef de l’Etat, de façon inévitable et automatique, dès qu’il prend fonction, incarne et prend le contrôle de ce cercle. Il devient le premier puissant parmi les puissances d’argent.
C’est donc clair : pour l’homme d’affaires qui tient à continuer à être puissant et à jouir tranquillement des privilèges liés à ce statut, il vaut mieux jouer dans le camp du président de la République, au risque d’être considéré comme son pire ennemi et de s’attirer ses foudres.
Il en est manifestement ainsi du sieur Koné Dossongui, 60 ans le 1er janvier prochain, truculent homme d’affaires, prospère si on en croit l’impressionnante omniprésence qu’on lui prête dans les milieux d’affaires depuis quelques années déjà. PDG de la Banque Atlantique présente dans sept des huit pays de l’UEMOA, il est également dans la téléphonie mobile. En outre, ses tentacules le mènent dans l’assurance, dans l’agro-industrie où il serait propriétaire d’usines d’extraction d’huile essentielle d’agrume et de noix de cajou, notamment à Korhogo.
L’ubiquité du natif de Gbon, dans la sous-préfecture de Boundiali, le trimballe également à Air Ivoire où, courant août 2008, à la tête d’un consortium de financier ivoirien, il signe avec l’Etat de Côte d’Ivoire, une Convention de cession de parts dans le capital de cette compagnie.
On tomberait presque d’admiration devant une telle prouesse professionnelle pour un homme que la petite légende aura vite fait de présenter comme l’une des toutes premières fortunes de Côte d’Ivoire.
Hélas ! Ce serait une erreur ! Une grave erreur ! Koné Dossongui, pour peu qu’on fasse une incursion dans son parcours, tant professionnel que politique – et qu’on s’arroge même le droit de visiter d’autres aspects de sa vie – n’est pas (et ne peut pas être) digne d’admiration. On en sortirait même (de cette incursion) avec un sentiment de répugnance, tant l’homme, pour qui la fin justifie les moyens, est un concentré d’arrivisme, de rapacité, de félonie. Mais le sentiment dominant qu’éprouvent ceux qui l’ont côtoyé – et bien souvent aidé à construire la carrière qui est la sienne aujourd’hui –, c’est bien celui de l’ingratitude.
Depuis quelques semaines, l’ancien ministre de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle dans le gouvernement de Bédié, avec un certain nombre de cadres du Nord de notre pays, ont décidé de répondre favorablement à l’appel du candidat Laurent Gbagbo. Ce qui peut paraître comme un droit pour certains de ces candidats à la soupe présidentielle – on pourrait comprendre que des enjeux, parfois existentiels ne leur offre pas d’autres choix – ne l’est pas forcément pour d’autres.
Au premier rang de ceux-ci, Koné Dossongui. Il est d’abord l’homme par qui Laurent Gbagbo est passé – et continue de passer – pour faire la pêche aux nordistes. C’est lui qui a démarché et obtenu le ralliement de Coulibaly Doulaye, Directeur de la DECO et de Traoré Dohia, nommé récemment comme Haute autorité des Savanes. C’est encore lui qui se démène comme un beau diable pour réaliser ce qui devrait être considéré, s’il parvient à ses fins, comme un véritable pavé dans la mare du RDR : la démission au profit de Gbagbo, d’un cadre de premier plan du parti des Républicains à Odienné.

Les casseroles d’un homme d’affaires

Dossongui court partout dans la sous-région, rencontre des chefs d’Etat, des ministres (il était récemment au Togo à la rencontre du ministre des Télécommunications) pour tenter de colmater, avec l’aide de Gbagbo, certaines turpitudes financières dans lesquelles il a trempé, mais aussi pour faire du lobbying pour son nouveau parrain auprès de certains de ses pairs africains.
Derrière cette débauche d’énergie hors du commun, deux motivations : remercier Gbagbo de lui avoir permis, grâce à une licence signée par ses soins, la prise de participation à hauteur de 50%, du capital social de la SN Air Ivoire. Mais surtout, le milieu des affaires n’étant jamais un fleuve tranquille, Koné Dossongui est confronté, depuis quelques années, à de sérieux problèmes. L’un de ceux-ci est relatif à l’une de ses entreprises, Centradis, spécialisée dans la distribution et dont le flop commercial lui vaut de sérieux contentieux avec le fisc ivoirien. Il y a également l’affaire Telecel Faso qu’il traîne comme un boulet, vu que sa filiale Atlantique Telecom est engluée dans une bataille judiciaire sans fin avec une autre entreprise, Planor Afrique. Un autre contentieux qui empêche l’homme de dormir, c’est celui avec Serge Adjovi, un homme politique béninois reconverti dans les affaires et qui réclame la bagatelle de 114 milliards au PDG du groupe Atlantique avec qui il était associé à hauteur de 49% dans Telecel Benin, devenu Moov.
Koné Dossongui, c’est en réalité un homme d’affaires qui, malgré les apparences, se trouve aujourd’hui dans la situation du naufragé qui a besoin d’une bouée de sauvetage pour sauver sa tête. Et en Côte d’Ivoire et dans la sous-région ouest-africaine où il a maille à partir avec de nombreux opérateurs économiques qu’il a grugés et qui réclament sa tête.
Son rapprochement d’avec Laurent Gbagbo et le travail de mercenaire politique – notamment contre le RDR et son président – qu’il entreprend depuis lors pour celui-ci, répond donc à un besoin de protection qu’autre chose.
Mais le problème est que, même si on peut lui concéder de s’abriter sous le parapluie protecteur de Gbagbo, il est inconcevable pour le RDR qu’un homme comme Dossongui travaille aujourd’hui, sans relâche, pour tenter de nuire politiquement à un homme comme Ouattara, qui aura été – et c’est là où se concentre toute la laideur des agissements de cet individu – depuis de longues années, l’homme qui lui aura beaucoup donné. Financièrement, professionnellement et même politiquement. Koné Dossongui s’acharne particulièrement contre les cadres du RDR originaires du Nord, les menaçant et les faisant chanter s’ils ne retournent pas leur veste pour soutenir Gbagbo. Il est devenu l’homme de main du sieur Malick Coulibaly, Directeur national de campagne de Gbagbo –sur lequel Le Patriote reviendra très bientôt- pour débaucher les responsables de l’opposition leur proposant d’énormes sommes d’argent ou tout simplement faisant planer la menace de redressement fiscale. Tous les démêlés que nous évoquions plus haut ont été plus ou moins maîtrisés grâce à l’entregent d’Alassane Ouattara à qui cet oublieux notoire a toujours fait appel. Il lui a donné des coups de mains, notamment financiers, sans lesquels cet ingrat – qui savait peut-être qu’une main toujours prête à lui porter secours n’était pas loin – se serait trouvé en prison, plus d’une fois.
C’est bien au nom de Ouattara que des personnes comme Hamed Bakayoko et Adama Bictogo ont joué de leur relations – notamment l’amitié du dernier cité avec le ministre Désiré Tagro – pour que cet homme obtienne le contrôle de SN Air Ivoire.
Koné Dossongui peut s’allier au diable qui le chante, il peut hurler avec tous les loups avec qui il se sent semblable, il peut basculer, patauger dans la fange de l’indignité, de la forfaiture, mais tant qu’il le fait sans tenter de nuire aux intérêts d’Alassane Ouattara, sans faire montre de tant de malveillance à l’égard du président du RDR, le Patriote, qui ne fait qu’ouvrir à travers cet article, une série de dossiers sur ce champion de l’ingratitude, lui collera la paix. Dans le cas contraire, il n’aura aucun répit.
D’ailleurs, depuis l’annonce de cet article, premier d’une série que nous consacrons aux turpitudes de Koné Dossongui, notre rédaction est assaillie de témoignages de première main d’hommes et de femmes victimes de ses agissements dans l’affaire de la Palmindustrie et dans la gestion de ses entreprises telles que la banque et la compagnie de téléphonie cellulaire. Prochainement, nous publierons d’autres articles qui donneront des informations crédibles donnant les détails sur le financement de la rébellion contre Gbagbo par Dossongui, particulièrement par l’achat de téléphones satellitaires Thuraya. Enfin, les Ivoiriens sauront la vérité sur le rôle du député de Kouto dans le blanchiment de l’argent issu de la casse de la BCEAO à Bouaké. Ses intermédiaires et ses connexions

Koré Emmanuel
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