Après Francis Wodié, candidat du Pit (Parti ivoirien des travailleurs), c’est Anaky Kobena du Mfa (Mouvement des forces de l’avenir) qui était face au secteur privé hier, à l’hôtel Pullman. Objectif : connaître et comprendre le programme de gouvernement et les propositions et solutions du Mfa pour le secteur socio-économique lorsqu’il sera amené à diriger la Côte d’Ivoire. D’entrée, Anaky Kobena a salué l’initiative de la Cgeci (Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire). Précisant que le patronat doit être associé à la gestion du pays. «Vous devez ouvrir les esprits des dirigeants politiques. Il n’y a plus d’Etat en Côte d’Ivoire», a indiqué Anaky. Qui a dénoncé le racket, le népotisme, la corruption qui ‘‘est aujourd’hui un nouveau statut’’. Selon lui, il faut une équipe dirigeante à l’image de Jerry Rawlings (Ghana) et Thomas Sankara (Burkina). «Il faut la chicotte car nous devons retrouver véritablement un Etat», a souligné le candidat du Mfa. Pour lui, si le racket et certains maux perdurent, c’est par manque de volonté politique. Aussi a-t-il fait cette révélation relative à sa présence au gouvernement pendant qu’il était ministre des Transports: «J’ai entendu des responsables des Forces de défense et de sécurité dire qu’une partie de l’argent du racket va au plus haut niveau de l’Etat et sert à entretenir des milices. Si on veut rester dans la salissure on y restera». Le candidat du Mfa a aussi souligné qu’il faut ‘‘frapper au niveau de la justice et mettre à la retraite anticipée des magistrats’’. En ce qui concerne sa vision pour l’Etat ivoirien, Anaky prône le principe démocratique et égalitaire, la promotion du mérite, la lutte contre l’enrichissement facile et l’impunité. Pour Anaky, il faut mettre par ailleurs l’accent sur le travail en interne avec pour objectif de doubler le budget sur deux ou trois ans. Et le faire passer de 2400 à 5000 milliards de Fcfa. En outre, il a noté que le cap doit être mis sur les impôts fonciers dormants. Le taux de repérage ne doit pas excéder 30% et celui des regroupements ne doit pas atteindre les 50%. Au niveau des recettes douanières, il estime que l’on peut passer de 800 milliards de Fcfa (niveau actuel) à 1500 milliards de Fcfa. Surtout avec des personnes bien formées. En ce qui concerne les recettes de pétrole et du gaz, il a fait savoir que si l’Etat est passé de 80 milliards de Fcfa à 800 milliards de Fcfa quand il s’est agi de lutter pour obtenir l’initiative Ppte, c’est que l’on peut imaginer le double ou le triple. Pour Anaky, l’industrie lourde ne sera nullement oubliée. Le Mfa compte s’investir pour une énergie à bas coût, une usine de production de papier et de verre. Pour l’agriculture, il demande de faire passer la production de cacao de 1,3 million de tonnes à 800 000 tonnes pour mettre l’accent sur la qualité. Le Mfa veut faire du nord de la Côte d’Ivoire, le grenier à céréales de l’Afrique noire, relancer le tourisme, allouer 15 à 20 milliards de Fcfa par an sur cinq ans, à chacune des dix régions de la Côte d’Ivoire pour le développement des infrastructures et routes. La santé, l’Education et autres ne seront pas oubliées. Pour la dette intérieure, il estime que l’accent aurait dû être mis sur son règlement au lieu de privilégier le paiement de la dette du Fmi et de la Banque mondiale. «Le paiement de la dette intérieure sera la priorité des priorités pour le MFA», a dit Anaky. Qui a annoncé la mise sur pied d’un pacte entre le patronat et l’Etat dans le nouvel ordre économique.
Jean Eric ADINGRA
Jean Eric ADINGRA
