Depuis le samedi 7 novembre dernier, le professeur Alassane Salif N’Diaye est officiellement le directeur national de campagne du candidat Mabri Toikeusse, président de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI). Connu pour son langage franc et son profond respect pour les valeurs morales, l’ancien ministre de l’Education nationale a accepté de nous parler. Préparatifs des élections, actualité sociopolitique, tout a été passé en revue. Interview
Le Patriote : Monsieur le ministre, vous venez d’être confirmé comme Directeur national de campagne du candidat Albert Mabri Toikeusse, président de l’UDPCI et candidat à la prochaine élection présidentielle. Quel sentiment vous anime ?
Alassane Salif N’Diaye : D’abord, il faut dire que c’est un grand honneur que m’a fait le président de notre parti, le Dr. Abdallah Mabri Toikeusse, en me désignant pour conduire sa campagne électorale. C’est une mission extrêmement importante, puisqu’il faut que je conduise notre candidat à la victoire finale. C’est-à-dire qu’il devienne, au soir des élections, le Président de la République de Côte d’Ivoire. C’est un honneur, mais aussi une fierté. Parce que je pense que le président, en prenant le pouls de notre parti, a vu que la grande majorité de nos militants ont accueilli avec beaucoup de joie cette nomination.
LP : Directeur national de campagne, c’est une lourde responsabilité. Avez-vous les armes nécessaires pour accomplir cette tâche ?
ASN : Je dispose de trois armes. La première, c’est le parti avec ses différentes structures de base que sont les coordinations, les sections et les comités de base. La deuxième arme, ce sont les idées nouvelles que l’UDPCI va présenter à la Côte d’Ivoire, en vue de sa reconstruction. Enfin troisièmement, je pense qu’une des armes essentielles sera le soutien de tous ceux qui voudront nous aider afin que nous puissions conduire notre campagne telle que nous la souhaitons.
LP : Parlant des élections, nous allons vers la fixation d’une nouvelle date après celle du 29 novembre 2009. Pensez-vous qu’elles pourront se tenir cette année ?
ASN : L’UDPCI a toujours fait confiance à la CEI. Parce que nous disons qu’elle est différente de la Commission nationale des élections que nous avons connu par le passé. Cette fois-ci, nous avons une Commission électorale indépendante qui est maître d’ouvrage de ces élections, avec pour maître d’œuvre le Premier ministre. Le travail de la CEI, selon l’accord politique de Ouagadougou de mars 2007, a été approuvé par l’UDPCI. Et chaque fois que nous avons été sollicités pour concourir à l’effectivité du processus, nous n’avons pas hésité un seul instant. Pour répondre plus précisément à votre question, la confiance que nous plaçons en la CEI reste intacte. Il est vrai que nous avons vu un certain nombre d’obstacles qui se sont souvent dressés de manière inopinée. Parfois avec des intentions non cachées, pour essayer de faire retarder les échéances. Nous pensons aujourd’hui que la date du 29 novembre semble hypothéquée. Mais toujours est-il qu’avec la confiance que nous plaçons toujours à la CEI, avec la réunion du CPC prévue dans les tous prochains jours, nous pensons qu’enfin une date raisonnable et crédible sera trouvée.
LP : En 2009 ou après ?
ASN : Je ne le sais pas encore. Mais ce qui est certain c’est que nous nous battrons pour que les élections aient lieu en 2009. Etant entendu que tout dépendra de la technicité de la CEI.
LP : Parlant de technicité, nous sommes à moins de deux mois de la fin de l’année. La liste électorale n’est toujours pas affichée. Le Conseil constitutionnel, contrairement aux exigences de la CEI, pose encore des conditions avant la validation des candidatures. N’est-ce pas là un certain nombre d’éléments qui créent des doutes dans la tête des Ivoiriens ?
ASN : Je crois qu’il est arrivé un moment où il faut, pour ces élections, qu’on sache exactement qui veut quoi et qui ne veut pas quoi. Depuis bientôt un an, nous avons dit que certain, notamment nos amis du camp présidentiel, ne voulaient pas de ces élections. C’est là que se trouve le véritable problème.
LP : A ce propos, vous avez au sein du RHDP, condamné les récentes sorties du président du Conseil constitutionnel, M. Paul Yao N’Dré. Alors que lui reprochez-vous exactement ?
ASN : Voici un Conseil constitutionnel dont les attributions sont connues de tous. Un conseil constitutionnel ne doit que vérifier la validité dans la mise en œuvre de certaines lois de ce pays. Le Conseil constitutionnel ne légifère pas. Il dit, pour être plus simple : «la loi dit ceci. Tenez- vous en à la loi. Un point, un trait ». Mais comment comprendre que le Conseil constitutionnel se permette de statuer sur une loi ou des ordonnances qui ont été prises. Comment comprendre que le Conseil constitutionnel se permette de dire qu’il faut ajouter telle virgule ou tel mot à telle loi ou telles décisions. A ce sujet, il est clair que le Conseil constitutionnel n’a rien à dire. On lui demande tout simplement d’appliquer les lois, ou qu’il dise « tel que la loi est appliquée, elle n’est pas en conformité avec ses dispositions ». C’est tout. Je prends le cas précis de ce qui s’est passé récemment. La CEI nous a demandé des pièces, sur la base des accords que nous avons eu à signer à travers le monde. Le Conseil constitutionnel avait donc pour devoir de regarder si cette décision de la CEI était conforme à ces accords-là, dont certains ont fait l’objet de résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, c’est-à-dire qu’ils sont au-dessus des lois nationales. Le Conseil constitutionnel avait donc pour travail d’indiquer que les pièces fournies par les candidats étaient conformes ou pas avec celles exigées par la CEI. Mais au lieu de cela, M. Paul Yao N’Dré sort et demande un certificat de régularité fiscale. C’est bien, mais pourquoi ne demande-t-il pas aussi un certificat médical ? Pourquoi demain ne demandera-t-il pas le casier judiciaire du candidat et de son épouse ? C’est cette dérive dans laquelle s’engage le Conseil constitutionnel qui nous attriste. Cela est inquiétant. Etant donné que les prochaines élections sont une porte ouverte pour la paix définitive, alors qui sont ceux-là qui sont contre cela ? Je pense que les initiatives qui sont prises par le Conseil constitutionnel et son président ne vont pas tout à fait dans le sens de ceux qui veulent effectivement que la Côte d’Ivoire retrouve son entièreté du point de vue territorial, que la paix revienne et qu’enfin, la souffrance des populations cesse. En conclusion, nous pensons que le Conseil constitutionnel a outrepassé ses droits. Et cela doit être dénoncé avec force.
LP : Est-ce à dire que vous ne croyez plus en la sincérité de M. Yao N’Dré à travailler en toute impartialité pour les étapes à venir?
ASN : Avec les premiers signes qui nous ont été montrés, il y a de quoi à en douter. Parce que nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Je crains qu’il ne soit à l’origine d’incompréhensions au niveau des partis politiques, d’une part et vis-à-vis des populations d’autre part.
LP : Mais si les choses persistent ainsi au niveau du Conseil constitutionnel, quelles pourraient être les réactions des partis politiques que vous êtes?
ASN : Vous savez, ces élections se déroulent dans un cadre pas normal. Si on était en temps normal, lorsque le Conseil constitutionnel prend des décisions, surtout avec les moyens dont dispose le pouvoir aujourd’hui, on aurait pu aller jusqu’au bout du raisonnement. Mais enfin, c’est vrai que nous ne sommes pas sous tutelle, mais nous sommes sous observation de la communauté internationale qui est engagée dans la plupart des accords qui ont été signés. Ce sont des partenaires. Je veux parler de l’ONU et des autres structures qui nous suivent dans ce processus électoral. En conséquence, chacun aura son mot à dire. Ce sont donc des réactions multiformes qui vont avoir lieu.
LP : A quels niveaux ?
ASN : Il y aura d’abord les partis politiques. Ensuite, la réaction des populations, ceux-là même qui souffrent énormément de toute cette situation. Il y aura les réactions du Facilitateur, de la CEDEAO, de l’Union africaine, etc… Aujourd’hui, nous sommes dans un système où tout ce monde concourt à ce que les élections aient lieu. Si nous voyons que de manière manifeste des obstacles sont posés, les réactions ne se feront pas attendre. Et elles seront, comme je l’ai dit, multiformes.
LP : Monsieur le ministre, le Chef de l’Etat, le candidat sortant Laurent Gbagbo ne manque pas d’occasion pour affirmer que lui est le candidat des Ivoiriens. Et que ces adversaires, notamment ceux du RHDP sont des candidats que l’extérieur voudrait imposer à la Côte d’Ivoire. Quel commentaire ?
ASN : Avant de répondre à votre question, je voudrais me réjouir du fait que ma tâche de Directeur national de campagne sera très facile. Puisque la campagne de l’adversaire, c’est-à-dire le camp présidentiel et le FPI, sera très simple. A ce sujet, qu’allons-nous entendre ? D’abord, qu’on veut recoloniser la Côte d’Ivoire, je ne sais qui. Deuxièmement, ils disent : «Oui, nous allons défendre la souveraineté de notre pays ». Et enfin, je reviens à votre question, ils disent que leur candidat est celui des Ivoiriens et que les autres sont ceux de l’Etranger. Durant toute cette période, on va nous rabâcher les oreilles avec des phrases comme «on est resté débout », alors que nous sommes au ras du sol. On va essayer de nous faire comprendre qu’il y a des Ivoiriens qui sont des patriotes et qui aiment leur pays, alors que d’autres n’aiment pas leur pays. Toutes choses que nous allons battre en brèche, parce que ce sont des arguments tout à fait fallacieux, ridicules et très légers. Parler de candidats de l’Etranger, c’est comme si on ne vivait pas en Côte d’Ivoire. Dire qu’on est candidat des Ivoiriens, c’est un danger. Lorsqu’on veut être ou rester chef de l’Etat, après tout ce qu’on a vécu, je pense que c’est extrêmement dangereux de dire ce genre de choses. Je pense, à mon avis, que c’est une analyse trop faible, populiste et dangereuse pour la Côte d’Ivoire. Attendons la campagne, en ce moment-là nous démontrerons aux Ivoiriens que ces arguments ne pèsent rien du tout.
LP : Si on vous demandait de faire un bilan du mandat de Laurent Gbagbo, qui a duré près de dix ans, que diriez-vous ?
ASN : C’est lui qui doit faire son bilan, mais il s’y refuse.
LP : Mais vous, en que citoyen Ivoirien, que retenez-vous de ce bilan ?
ASN : Comme je vous l’ai dit, le FPI et Laurent Gbagbo diront : «on n’a pu rien faire à cause de la guerre ». Mais enfin, l’essence même de la politique c’est de prévoir. Voici des gens qui dirigent un pays, qui n’ont rien prévu et qui n’ont même pas pu voir venir la guerre. Rappelez-vous des déclarations de feu du ministre de l’Intérieur Emile Boga Doudou. Qui disait : «nous savons ce qui se passe à Ouagadougou. On sait où sont les rebelles, à quels feux ils s’arrêtent, etc. ». Ils étaient donc informés. Mais ils n’ont pas su gérer ce qui se préparait. Et survient la guerre. Mais la guerre aussi, on la gère. Ils ont été incapables de gérer cette guerre qui d’ailleurs n’a duré que 29 jours. Mais nous sommes dans la crise depuis plus de sept ans. Donc incapacité notoire d’une part pour n’avoir pas su prévoir, et deuxièmement pour n’avoir pas su gérer la guerre. C’est donc très facile de dire « sans la guerre, il y aurait eu ceci, il y aurait eu cela ». Entre nous, on parle en Côte d’Ivoire, et tout le monde le voit, des nouveaux riches. On voit en Côte d’Ivoire tous les scandales qui ont eu lieu, tous ces détournements dans la filière café-cacao et autres. Et on ne peut pas encore aborder le volet du blanchiment d’argent. Parce qu’il faut dire que beaucoup d’argent a été blanchi à partir de la Côte d’Ivoire pendant cette période. A côté de cela, pendant que d’autres s’empiffraient et devenaient gras, le peuple, lui devenait maigre. Dans tous ces secteurs auxquels vous aurez à jeter le regard, les choses sont restées au point mort. L’école, la santé, les infrastructures, l’administration… Partout c’est la désolation. A tel enseigne que nous pensons, à la limite, qu’il n’y a plus d’Etat. Aujourd’hui, le racket a été institutionnalisé à tous les niveaux. Pour entrer dans une école, on est racketté. Pour avoir un diplôme, on est racketté. Et là je ne parle pas encore des transporteurs qui mettent parfois sept heures pour parcourir 300 kilomètres, parce que des barrages inopportuns sont dressés afin que des agents des Forces de l’ordre pussent leur soutirer le minimum qu’ils gagnent. Et c’est cela qui augmente la cherté de la vie. En effet, pour une femme qui vend au marché du vivrier à Abobo, si son camion de banane doit être arrêté à chaque barrage et qu’elle doit verser quelque chose, comprenez qu’au bout de la chaîne le prix de revient de la banane ne fait qu’augmenter, alors que les poches se font vides. C’est donc un bilan catastrophique. Et dire qu’à côté de cela nous voyons des «Parlements », des «Agoras », des «Sorbonnes », où des jeunes gens sans formation pour la plupart, sont instrumentalisés. Ils pensent qu’avec ces quelques miettes qu’on leur jette que tout espoir est permis pour eux. C’est vraiment de l’illusion.
LP : Face à ces jeunes-là, à Yopougon, le Président Gbagbo a indiqué qu’il représente toujours l’espoir pour eux. Et il a même signé un contrat avec ces jeunes. Quel commentaire ?
ASN : C’est purement de la démagogie et du populisme. Mais enfin, ces jeunes ne sont pas si idiots que ça. Pendant sept ans, qu’est-ce qu’il leur a donné ? Il faut que ces jeunes se posent intérieurement cette question. Ensuite, pour ce qui est des jeunes avec qui on vient de signer le fameux contrat, je trouve que c’est tout simplement ridicule. On retourne toujours le cercle vicieux de l’exclusion. J’ai ri parce que dans ce contrat, je crois qu’il y a une clause qui dit que l’examen du CEPE et le Concours d’Entrée en Sixième seront supprimés. Enfin soyons sérieux ! Le Chef de l’Etat qui, à l’époque était dans l’opposition, oublie totalement qu’en 1991, en tant que ministre de l’Education nationale, j’ai en quelque sorte supprimé l’Entrée en Sixième. Puisque je me fondais sur la base des résultats de la classe de Seconde pour permettre aux enfants du CM2 d’entrer dans la classe de sixième. Nous nous sommes dit que quelqu’un qui durant toute l’année du CM2 a travaillé correctement et a une bonne moyenne, ne devait pas être confronté à un barrage pour enter en Sixième. C’est donc dire que cette clause de contrat avec les jeunes est bien dans les archives. Qu’on regarde les décrets des Conseils des ministres de 91 et on verra. Si aujourd’hui, quelqu’un vient dire que son projet, c’est de faire supprimer le CEPE et l’Entrée en Sixième, cela démontre, non seulement son incompétence totale dans la gestion actuelle. Mais aussi traduit son ignorance totale de ce secteur. Et c’est le cas de ceux qui nous gouvernent aujourd’hui.
LP : Vous êtes en train de dire que les promesses faites par Gbagbo aux jeunes ne présentent rien de nouveau…
ASN : Vous savez, nous sommes entrés dans la tempête des promesses. Lorsqu’on ouvre la bouche, on promet, on promet, et on va jusqu’à prendre des décisions. Je pense aux cinq Hautes autorités qui ont été désignés pour dit-on, le développement du pays. Diantre, nous avons les Conseils généraux qui sont là. Leur a-t-on donné les moyens pour travailler ? Ensuite, l’argent qui servira à faire fonctionner ces hautes autorités, est-il inscrit dans le budget de l’Etat ? Combien il va coûter ? Autant d’interrogation. Et il faut que les Ivoiriens sachent tout cela. On a l’impression que lorsqu’on est dans l’euphorie d’un meeting dans un grand stade, on peut dire n’importe quoi. Pour moi, ces promesses aux jeunes à Yopougon, c’est n’importe quoi.
LP : Toujours dans le cadre de ses promesses, le Chef de l’Etat a annoncé qu’une fois élu, il fera le désarmement par les armes. Comment comprenez-vous cela ?
ASN : Je pense que cela dénote d’un esprit en permanence guerrier. Parce que cette assertion est martiale. Au moment où tout le monde recherche la paix, ou tout le monde dit, quel que soit le niveau du citoyen, qu’on ne veut plus la guerre en Côte d’Ivoire, lancer qu’après les élections on désarmera par les armes, c’est très grave. Même si c’était un lapsus, c’est très grave. Parce que cela dénote du subconscient de l’individu qui dit cela. C’est-à-dire qu’il est prêt à faire la guerre et c’est dommage !
LP : Comment trouvez-vous le fait que Laurent Gbagbo qui s’est déjà déclaré candidat, continue de tourner à l’intérieur du pays avec tous les moyens de l’Etat à sa disposition ?
ASN : La réponse à cette question se résume en deux volets. Premièrement, il n’est vraiment pas normal qu’un candidat, sous le prétexte fallacieux de faire des visites d’Etat dans nos régions, utilise les moyens de l’Etat. Ce n’est pas honnête, ce n’est pas sain, surtout à un moment donné où tout le monde parle de mal gouvernance. Et je ne pense pas que le commun des citoyens soit si ignorant dans l’appréciation des choses. Nous apprenons que les populations du Worodogou rechignent à recevoir Laurent Gbagbo parce qu’elles ont compris que c’était moins le chef de l’Etat qu’un candidat aux élections qui, de surcroit, utilise les moyens de l’Etat pour faire sa précampagne. C’est triste. Ceux qui criaient qu’ils voulaient la démocratie, la transparence et la bonne gouvernance sont ceux-là même qui porte le glaive dans le flan de la démocratie chaque fois pour se maintenir au pouvoir. Mais le jugement du peuple interviendra par les élections. Ce n’est pas normal, maintenant qu’il est candidat, que Laurent Gbagbo fasse des tournées au frais de l’Etat. Tout comme il n’est pas normal que les médias d’Etat continuent de lui faire la part belle, au détriment des 19 autres candidats. Cela est à condamner. C’est pourquoi, pensant que le peuple n’est pas si ignorant, il saura choisir en son temps. Pour que ses gouvernants soient des gens qui respectent effectivement la Constitution et les lois.
LP : Monsieur le ministre, nous avons assisté récemment aux obsèques du Général Robert Guéi à Kabacouma, son village natal. Chose que l’UDPCI a toujours réclamé. Alors, êtes-vous aujourd’hui satisfaits ?
ASN : Effectivement, lorsqu’est mort le Général, l’UDPCI a demandé qu’il soit enterré dans son village, dans la terre de ses ancêtres. Ça été une lutte féroce, où nos militantes ont été battues, bastonnées tout simplement parce qu’elles refusaient que le Général Guéi soit enterré à Abidjan. Dans cette affaire, on a même vu des intellectuels du camp présidentiel qui ont essayé de nous expliquer qu’en pays dan, il n’est pas normal que le corps revienne dans la terre de ses ancêtres. Et cela a été dit dans une démagogie ambiante. Alors, si sept ans après, Guéi est enterré à Kabacouma, comprenez le soulagement qui est le nôtre, la fierté qui est le nôtre. Parce que notre combat était juste. Aujourd’hui, je peux vous dire que c’est une grande satisfaction pour nous à l’UDPCI de savoir que le Général Robert Guéi est à Kabacouma.
Réalisée par Diawara Samou
Le Patriote : Monsieur le ministre, vous venez d’être confirmé comme Directeur national de campagne du candidat Albert Mabri Toikeusse, président de l’UDPCI et candidat à la prochaine élection présidentielle. Quel sentiment vous anime ?
Alassane Salif N’Diaye : D’abord, il faut dire que c’est un grand honneur que m’a fait le président de notre parti, le Dr. Abdallah Mabri Toikeusse, en me désignant pour conduire sa campagne électorale. C’est une mission extrêmement importante, puisqu’il faut que je conduise notre candidat à la victoire finale. C’est-à-dire qu’il devienne, au soir des élections, le Président de la République de Côte d’Ivoire. C’est un honneur, mais aussi une fierté. Parce que je pense que le président, en prenant le pouls de notre parti, a vu que la grande majorité de nos militants ont accueilli avec beaucoup de joie cette nomination.
LP : Directeur national de campagne, c’est une lourde responsabilité. Avez-vous les armes nécessaires pour accomplir cette tâche ?
ASN : Je dispose de trois armes. La première, c’est le parti avec ses différentes structures de base que sont les coordinations, les sections et les comités de base. La deuxième arme, ce sont les idées nouvelles que l’UDPCI va présenter à la Côte d’Ivoire, en vue de sa reconstruction. Enfin troisièmement, je pense qu’une des armes essentielles sera le soutien de tous ceux qui voudront nous aider afin que nous puissions conduire notre campagne telle que nous la souhaitons.
LP : Parlant des élections, nous allons vers la fixation d’une nouvelle date après celle du 29 novembre 2009. Pensez-vous qu’elles pourront se tenir cette année ?
ASN : L’UDPCI a toujours fait confiance à la CEI. Parce que nous disons qu’elle est différente de la Commission nationale des élections que nous avons connu par le passé. Cette fois-ci, nous avons une Commission électorale indépendante qui est maître d’ouvrage de ces élections, avec pour maître d’œuvre le Premier ministre. Le travail de la CEI, selon l’accord politique de Ouagadougou de mars 2007, a été approuvé par l’UDPCI. Et chaque fois que nous avons été sollicités pour concourir à l’effectivité du processus, nous n’avons pas hésité un seul instant. Pour répondre plus précisément à votre question, la confiance que nous plaçons en la CEI reste intacte. Il est vrai que nous avons vu un certain nombre d’obstacles qui se sont souvent dressés de manière inopinée. Parfois avec des intentions non cachées, pour essayer de faire retarder les échéances. Nous pensons aujourd’hui que la date du 29 novembre semble hypothéquée. Mais toujours est-il qu’avec la confiance que nous plaçons toujours à la CEI, avec la réunion du CPC prévue dans les tous prochains jours, nous pensons qu’enfin une date raisonnable et crédible sera trouvée.
LP : En 2009 ou après ?
ASN : Je ne le sais pas encore. Mais ce qui est certain c’est que nous nous battrons pour que les élections aient lieu en 2009. Etant entendu que tout dépendra de la technicité de la CEI.
LP : Parlant de technicité, nous sommes à moins de deux mois de la fin de l’année. La liste électorale n’est toujours pas affichée. Le Conseil constitutionnel, contrairement aux exigences de la CEI, pose encore des conditions avant la validation des candidatures. N’est-ce pas là un certain nombre d’éléments qui créent des doutes dans la tête des Ivoiriens ?
ASN : Je crois qu’il est arrivé un moment où il faut, pour ces élections, qu’on sache exactement qui veut quoi et qui ne veut pas quoi. Depuis bientôt un an, nous avons dit que certain, notamment nos amis du camp présidentiel, ne voulaient pas de ces élections. C’est là que se trouve le véritable problème.
LP : A ce propos, vous avez au sein du RHDP, condamné les récentes sorties du président du Conseil constitutionnel, M. Paul Yao N’Dré. Alors que lui reprochez-vous exactement ?
ASN : Voici un Conseil constitutionnel dont les attributions sont connues de tous. Un conseil constitutionnel ne doit que vérifier la validité dans la mise en œuvre de certaines lois de ce pays. Le Conseil constitutionnel ne légifère pas. Il dit, pour être plus simple : «la loi dit ceci. Tenez- vous en à la loi. Un point, un trait ». Mais comment comprendre que le Conseil constitutionnel se permette de statuer sur une loi ou des ordonnances qui ont été prises. Comment comprendre que le Conseil constitutionnel se permette de dire qu’il faut ajouter telle virgule ou tel mot à telle loi ou telles décisions. A ce sujet, il est clair que le Conseil constitutionnel n’a rien à dire. On lui demande tout simplement d’appliquer les lois, ou qu’il dise « tel que la loi est appliquée, elle n’est pas en conformité avec ses dispositions ». C’est tout. Je prends le cas précis de ce qui s’est passé récemment. La CEI nous a demandé des pièces, sur la base des accords que nous avons eu à signer à travers le monde. Le Conseil constitutionnel avait donc pour devoir de regarder si cette décision de la CEI était conforme à ces accords-là, dont certains ont fait l’objet de résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, c’est-à-dire qu’ils sont au-dessus des lois nationales. Le Conseil constitutionnel avait donc pour travail d’indiquer que les pièces fournies par les candidats étaient conformes ou pas avec celles exigées par la CEI. Mais au lieu de cela, M. Paul Yao N’Dré sort et demande un certificat de régularité fiscale. C’est bien, mais pourquoi ne demande-t-il pas aussi un certificat médical ? Pourquoi demain ne demandera-t-il pas le casier judiciaire du candidat et de son épouse ? C’est cette dérive dans laquelle s’engage le Conseil constitutionnel qui nous attriste. Cela est inquiétant. Etant donné que les prochaines élections sont une porte ouverte pour la paix définitive, alors qui sont ceux-là qui sont contre cela ? Je pense que les initiatives qui sont prises par le Conseil constitutionnel et son président ne vont pas tout à fait dans le sens de ceux qui veulent effectivement que la Côte d’Ivoire retrouve son entièreté du point de vue territorial, que la paix revienne et qu’enfin, la souffrance des populations cesse. En conclusion, nous pensons que le Conseil constitutionnel a outrepassé ses droits. Et cela doit être dénoncé avec force.
LP : Est-ce à dire que vous ne croyez plus en la sincérité de M. Yao N’Dré à travailler en toute impartialité pour les étapes à venir?
ASN : Avec les premiers signes qui nous ont été montrés, il y a de quoi à en douter. Parce que nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Je crains qu’il ne soit à l’origine d’incompréhensions au niveau des partis politiques, d’une part et vis-à-vis des populations d’autre part.
LP : Mais si les choses persistent ainsi au niveau du Conseil constitutionnel, quelles pourraient être les réactions des partis politiques que vous êtes?
ASN : Vous savez, ces élections se déroulent dans un cadre pas normal. Si on était en temps normal, lorsque le Conseil constitutionnel prend des décisions, surtout avec les moyens dont dispose le pouvoir aujourd’hui, on aurait pu aller jusqu’au bout du raisonnement. Mais enfin, c’est vrai que nous ne sommes pas sous tutelle, mais nous sommes sous observation de la communauté internationale qui est engagée dans la plupart des accords qui ont été signés. Ce sont des partenaires. Je veux parler de l’ONU et des autres structures qui nous suivent dans ce processus électoral. En conséquence, chacun aura son mot à dire. Ce sont donc des réactions multiformes qui vont avoir lieu.
LP : A quels niveaux ?
ASN : Il y aura d’abord les partis politiques. Ensuite, la réaction des populations, ceux-là même qui souffrent énormément de toute cette situation. Il y aura les réactions du Facilitateur, de la CEDEAO, de l’Union africaine, etc… Aujourd’hui, nous sommes dans un système où tout ce monde concourt à ce que les élections aient lieu. Si nous voyons que de manière manifeste des obstacles sont posés, les réactions ne se feront pas attendre. Et elles seront, comme je l’ai dit, multiformes.
LP : Monsieur le ministre, le Chef de l’Etat, le candidat sortant Laurent Gbagbo ne manque pas d’occasion pour affirmer que lui est le candidat des Ivoiriens. Et que ces adversaires, notamment ceux du RHDP sont des candidats que l’extérieur voudrait imposer à la Côte d’Ivoire. Quel commentaire ?
ASN : Avant de répondre à votre question, je voudrais me réjouir du fait que ma tâche de Directeur national de campagne sera très facile. Puisque la campagne de l’adversaire, c’est-à-dire le camp présidentiel et le FPI, sera très simple. A ce sujet, qu’allons-nous entendre ? D’abord, qu’on veut recoloniser la Côte d’Ivoire, je ne sais qui. Deuxièmement, ils disent : «Oui, nous allons défendre la souveraineté de notre pays ». Et enfin, je reviens à votre question, ils disent que leur candidat est celui des Ivoiriens et que les autres sont ceux de l’Etranger. Durant toute cette période, on va nous rabâcher les oreilles avec des phrases comme «on est resté débout », alors que nous sommes au ras du sol. On va essayer de nous faire comprendre qu’il y a des Ivoiriens qui sont des patriotes et qui aiment leur pays, alors que d’autres n’aiment pas leur pays. Toutes choses que nous allons battre en brèche, parce que ce sont des arguments tout à fait fallacieux, ridicules et très légers. Parler de candidats de l’Etranger, c’est comme si on ne vivait pas en Côte d’Ivoire. Dire qu’on est candidat des Ivoiriens, c’est un danger. Lorsqu’on veut être ou rester chef de l’Etat, après tout ce qu’on a vécu, je pense que c’est extrêmement dangereux de dire ce genre de choses. Je pense, à mon avis, que c’est une analyse trop faible, populiste et dangereuse pour la Côte d’Ivoire. Attendons la campagne, en ce moment-là nous démontrerons aux Ivoiriens que ces arguments ne pèsent rien du tout.
LP : Si on vous demandait de faire un bilan du mandat de Laurent Gbagbo, qui a duré près de dix ans, que diriez-vous ?
ASN : C’est lui qui doit faire son bilan, mais il s’y refuse.
LP : Mais vous, en que citoyen Ivoirien, que retenez-vous de ce bilan ?
ASN : Comme je vous l’ai dit, le FPI et Laurent Gbagbo diront : «on n’a pu rien faire à cause de la guerre ». Mais enfin, l’essence même de la politique c’est de prévoir. Voici des gens qui dirigent un pays, qui n’ont rien prévu et qui n’ont même pas pu voir venir la guerre. Rappelez-vous des déclarations de feu du ministre de l’Intérieur Emile Boga Doudou. Qui disait : «nous savons ce qui se passe à Ouagadougou. On sait où sont les rebelles, à quels feux ils s’arrêtent, etc. ». Ils étaient donc informés. Mais ils n’ont pas su gérer ce qui se préparait. Et survient la guerre. Mais la guerre aussi, on la gère. Ils ont été incapables de gérer cette guerre qui d’ailleurs n’a duré que 29 jours. Mais nous sommes dans la crise depuis plus de sept ans. Donc incapacité notoire d’une part pour n’avoir pas su prévoir, et deuxièmement pour n’avoir pas su gérer la guerre. C’est donc très facile de dire « sans la guerre, il y aurait eu ceci, il y aurait eu cela ». Entre nous, on parle en Côte d’Ivoire, et tout le monde le voit, des nouveaux riches. On voit en Côte d’Ivoire tous les scandales qui ont eu lieu, tous ces détournements dans la filière café-cacao et autres. Et on ne peut pas encore aborder le volet du blanchiment d’argent. Parce qu’il faut dire que beaucoup d’argent a été blanchi à partir de la Côte d’Ivoire pendant cette période. A côté de cela, pendant que d’autres s’empiffraient et devenaient gras, le peuple, lui devenait maigre. Dans tous ces secteurs auxquels vous aurez à jeter le regard, les choses sont restées au point mort. L’école, la santé, les infrastructures, l’administration… Partout c’est la désolation. A tel enseigne que nous pensons, à la limite, qu’il n’y a plus d’Etat. Aujourd’hui, le racket a été institutionnalisé à tous les niveaux. Pour entrer dans une école, on est racketté. Pour avoir un diplôme, on est racketté. Et là je ne parle pas encore des transporteurs qui mettent parfois sept heures pour parcourir 300 kilomètres, parce que des barrages inopportuns sont dressés afin que des agents des Forces de l’ordre pussent leur soutirer le minimum qu’ils gagnent. Et c’est cela qui augmente la cherté de la vie. En effet, pour une femme qui vend au marché du vivrier à Abobo, si son camion de banane doit être arrêté à chaque barrage et qu’elle doit verser quelque chose, comprenez qu’au bout de la chaîne le prix de revient de la banane ne fait qu’augmenter, alors que les poches se font vides. C’est donc un bilan catastrophique. Et dire qu’à côté de cela nous voyons des «Parlements », des «Agoras », des «Sorbonnes », où des jeunes gens sans formation pour la plupart, sont instrumentalisés. Ils pensent qu’avec ces quelques miettes qu’on leur jette que tout espoir est permis pour eux. C’est vraiment de l’illusion.
LP : Face à ces jeunes-là, à Yopougon, le Président Gbagbo a indiqué qu’il représente toujours l’espoir pour eux. Et il a même signé un contrat avec ces jeunes. Quel commentaire ?
ASN : C’est purement de la démagogie et du populisme. Mais enfin, ces jeunes ne sont pas si idiots que ça. Pendant sept ans, qu’est-ce qu’il leur a donné ? Il faut que ces jeunes se posent intérieurement cette question. Ensuite, pour ce qui est des jeunes avec qui on vient de signer le fameux contrat, je trouve que c’est tout simplement ridicule. On retourne toujours le cercle vicieux de l’exclusion. J’ai ri parce que dans ce contrat, je crois qu’il y a une clause qui dit que l’examen du CEPE et le Concours d’Entrée en Sixième seront supprimés. Enfin soyons sérieux ! Le Chef de l’Etat qui, à l’époque était dans l’opposition, oublie totalement qu’en 1991, en tant que ministre de l’Education nationale, j’ai en quelque sorte supprimé l’Entrée en Sixième. Puisque je me fondais sur la base des résultats de la classe de Seconde pour permettre aux enfants du CM2 d’entrer dans la classe de sixième. Nous nous sommes dit que quelqu’un qui durant toute l’année du CM2 a travaillé correctement et a une bonne moyenne, ne devait pas être confronté à un barrage pour enter en Sixième. C’est donc dire que cette clause de contrat avec les jeunes est bien dans les archives. Qu’on regarde les décrets des Conseils des ministres de 91 et on verra. Si aujourd’hui, quelqu’un vient dire que son projet, c’est de faire supprimer le CEPE et l’Entrée en Sixième, cela démontre, non seulement son incompétence totale dans la gestion actuelle. Mais aussi traduit son ignorance totale de ce secteur. Et c’est le cas de ceux qui nous gouvernent aujourd’hui.
LP : Vous êtes en train de dire que les promesses faites par Gbagbo aux jeunes ne présentent rien de nouveau…
ASN : Vous savez, nous sommes entrés dans la tempête des promesses. Lorsqu’on ouvre la bouche, on promet, on promet, et on va jusqu’à prendre des décisions. Je pense aux cinq Hautes autorités qui ont été désignés pour dit-on, le développement du pays. Diantre, nous avons les Conseils généraux qui sont là. Leur a-t-on donné les moyens pour travailler ? Ensuite, l’argent qui servira à faire fonctionner ces hautes autorités, est-il inscrit dans le budget de l’Etat ? Combien il va coûter ? Autant d’interrogation. Et il faut que les Ivoiriens sachent tout cela. On a l’impression que lorsqu’on est dans l’euphorie d’un meeting dans un grand stade, on peut dire n’importe quoi. Pour moi, ces promesses aux jeunes à Yopougon, c’est n’importe quoi.
LP : Toujours dans le cadre de ses promesses, le Chef de l’Etat a annoncé qu’une fois élu, il fera le désarmement par les armes. Comment comprenez-vous cela ?
ASN : Je pense que cela dénote d’un esprit en permanence guerrier. Parce que cette assertion est martiale. Au moment où tout le monde recherche la paix, ou tout le monde dit, quel que soit le niveau du citoyen, qu’on ne veut plus la guerre en Côte d’Ivoire, lancer qu’après les élections on désarmera par les armes, c’est très grave. Même si c’était un lapsus, c’est très grave. Parce que cela dénote du subconscient de l’individu qui dit cela. C’est-à-dire qu’il est prêt à faire la guerre et c’est dommage !
LP : Comment trouvez-vous le fait que Laurent Gbagbo qui s’est déjà déclaré candidat, continue de tourner à l’intérieur du pays avec tous les moyens de l’Etat à sa disposition ?
ASN : La réponse à cette question se résume en deux volets. Premièrement, il n’est vraiment pas normal qu’un candidat, sous le prétexte fallacieux de faire des visites d’Etat dans nos régions, utilise les moyens de l’Etat. Ce n’est pas honnête, ce n’est pas sain, surtout à un moment donné où tout le monde parle de mal gouvernance. Et je ne pense pas que le commun des citoyens soit si ignorant dans l’appréciation des choses. Nous apprenons que les populations du Worodogou rechignent à recevoir Laurent Gbagbo parce qu’elles ont compris que c’était moins le chef de l’Etat qu’un candidat aux élections qui, de surcroit, utilise les moyens de l’Etat pour faire sa précampagne. C’est triste. Ceux qui criaient qu’ils voulaient la démocratie, la transparence et la bonne gouvernance sont ceux-là même qui porte le glaive dans le flan de la démocratie chaque fois pour se maintenir au pouvoir. Mais le jugement du peuple interviendra par les élections. Ce n’est pas normal, maintenant qu’il est candidat, que Laurent Gbagbo fasse des tournées au frais de l’Etat. Tout comme il n’est pas normal que les médias d’Etat continuent de lui faire la part belle, au détriment des 19 autres candidats. Cela est à condamner. C’est pourquoi, pensant que le peuple n’est pas si ignorant, il saura choisir en son temps. Pour que ses gouvernants soient des gens qui respectent effectivement la Constitution et les lois.
LP : Monsieur le ministre, nous avons assisté récemment aux obsèques du Général Robert Guéi à Kabacouma, son village natal. Chose que l’UDPCI a toujours réclamé. Alors, êtes-vous aujourd’hui satisfaits ?
ASN : Effectivement, lorsqu’est mort le Général, l’UDPCI a demandé qu’il soit enterré dans son village, dans la terre de ses ancêtres. Ça été une lutte féroce, où nos militantes ont été battues, bastonnées tout simplement parce qu’elles refusaient que le Général Guéi soit enterré à Abidjan. Dans cette affaire, on a même vu des intellectuels du camp présidentiel qui ont essayé de nous expliquer qu’en pays dan, il n’est pas normal que le corps revienne dans la terre de ses ancêtres. Et cela a été dit dans une démagogie ambiante. Alors, si sept ans après, Guéi est enterré à Kabacouma, comprenez le soulagement qui est le nôtre, la fierté qui est le nôtre. Parce que notre combat était juste. Aujourd’hui, je peux vous dire que c’est une grande satisfaction pour nous à l’UDPCI de savoir que le Général Robert Guéi est à Kabacouma.
Réalisée par Diawara Samou