Après l’annonce du report de la date de l’élection présidentielle, par le président de la Commission électorale indépendante (CEI), nous avons rencontré Martin Sokouri Bohui, direceteur national adjoint de campagne du président Laurent Gbagbo, chargé des opérations électorales et des DDC. Il en profite pour répondre aux provocations du RDR par journaux interposés. Notre Voie : Le président de la CEI indépendante a annoncé le report certain de la date de l’élection présidentielle. Que vous inspire cette annonce ? Martin Sokouri Bohui : Le FPI n’est pas surpris. Car le FPI suit de très près le travail de la cei. Et donc nous savions que la date du 29 novembre ne serait pas tenue. Ce que nous disons, c’est qu’en 2000, le président Laurent Gbagbo a été élu sur un programme. Et des ministres rament à contre courant. Ils ne travaillent pas pour la République. Parce qu’ils pensent que s’ils travaillent pour la République, cela va profiter au président de la République. Vous comprenez donc que c’est le FPI qui est pressé d’aller aux élections pour revenir à un gouvernement normal, car on sait qu’on va les gagner au premier tour. Mais il ne faut pas aller à des élections bâclées. Il faut qu’elles soient transparentes. C’est pourquoi nous comprenons le report. N.V. : Quand pensez-vous que ces élections pourraient avoir lieu ? M.S.B. : Vous les journalistes, vous vous trompez toujours. Ce ne sont pas les partis politiques qui fixent la date des élections. C’est la CEI qui fixe les dates des élections. Mais le FPI veut que les élections aient lieu le plus tôt possible. Nous ne nous préoccupons pas de la fixation de la date, parce que ce n’est pas de notre ressort. Vous savez qu’il s’agit d’une élection de sortie de crise. Il faut donc qu’elles soient transparentes pour que le vainqueur soit le vainqueur et que le vaincu félicite le vainqueur. N.V. : Le président de la CEI a également annoncé l’affichage imminent de la liste électorale provisoire… M.S.B. : Je viens de dire que nous sommes pressés d’aller à ces élections parce que nous allons les gagner au premier tour. L’un des obstacles pour l’organisation de ces élections était la liste électorale. Et donc si les opérateurs techniques que sont l’INS et la Sagem ont enfin remis la liste électorale à la CEI, ça ne peut être qu’une bonne nouvelle pour le FPI. Parce que cela montre que les élections sont très proches. C’est en fait le début véritable des opérations électorales. Il faut donc saluer le travail colossal qui a été fait. Il a été lent, mais la qualité du travail le commandait. Nous avons fini par avoir une liste électorale. Elle n’est peut-être pas parfaite, mais elle nous permettra d’aller aux élections après le contentieux pour mettre fin aux souffrances des populations. Souffrances engendrées principalement par la sale guerre imposée à notre pays parce que quelqu’un voulait être candidat à une élection. Pour me résumer, le FPI se réjouit de l’affichage très prochain de la liste électorale provisoire. N.V. : Alors que le report est annoncé par le président de la CEI, certains continuent de dire que la date du 29 novembre doit être maintenue. Qu’en pensez-vous ? M.S.B. : Ceux qui tiennent à la date du 29 novembre veulent faire croire qu’ils sont pressés d’aller aux élections pour s’attirer la sympathie des Ivoiriens. Mais comme le dit le président de la République, où étaient-ils après l’éclatement de la guerre? ils ont abandonné les Ivoiriens aux assaillants pour aller se mettre à l’abri en Europe. Le président Gbagbo, lui, a fait le mouvement contraire, c’est-à- dire qu’il était à l’abri quand la guerre a éclaté et qu’il est venu dans le feu pour défendre son peuple. Et quand il y a eu l’accalmie, le même Gbagbo a proposé qu’on aille aux élections avec la liste électorale de 2000 justement pour aller vite. Ce sont ces mêmes opposants qui s’y sont opposés et ont demandé une nouvelle liste électorale. C’est la confection de cette liste qui occasionne les reports successifs. C’est donc eux qui sont à l’origine des reports. Ils ne doivent donc s’en prendre qu’à eux-mêmes. Reports somme toute compréhensibles parce que nous, nous voulons des élections crédibles. C’est donc puéril, voire ridicule d’exiger quelque chose dont on est pourtant sûr qu’il ne peut avoir lieu. Si certains veulent profiter de ce report annoncé pour empêcher la Côte d’Ivoire de sortir de crise, ils ne seront pas suivis par les Ivoiriens, car ceux-ci sont fatigués. Ce sera donc une erreur politique qu’il ne faut pas commettre au moment où les Ivoiriens sentent la paix venir. Le président qui a les moyens de maintenir la paix au cas où ils voudraient créer la chienlit leur demande de rester sages pour qu’ensemble, tous les fils, nous puissions offrir la paix au peuple de Côte d’Ivoire par des élections transparentes. Cette attitude montre une fois de plus qu’il aime son pays. C’est pourquoi, j’invite modestement tous les acteurs politiques à suivre la voie indiquée par le président de la République. Toute attitude contraire montrerait qu’on n’aime pas son pays. N.V. : Alors que le président s’évertue à faire en sorte que les élections se passent dans un climat apaisé, une certaine presse insinue que le 19 septembre 2002 est un complot inventé par lui… M.S.B. : Les gens ont la chance que ce pays a, à sa tête un homme comme le président Gbagbo profondément attaché aux valeurs démocratiques. Notamment à la liberté de la presse. De sorte qu’on peut aujourd’hui écrire n’importe quoi sans courir le risque d’être jeté en prison. Il y a quelques années, sous d’autres régimes, ces genres de propos auraient conduit directement leurs auteurs en prison. Sinon, ces genres de propos sont de nature à amener les gens à la révolte. Vous savez, dans cette guerre, le président Gbagbo a perdu de très proches parents et collaborateurs qu’on continue de pleurer. Le RDR peut tout se permettre dans son action de critique de l’action gouvernementale, mais il y a des limites qu’il ne faut pas franchir. Il n’est pas saint de narguer des gens dont on a assassiné les parents perce qu’un individu voulait être candidat. Et pour cela la Côte d’Ivoire a été défigurée. Elle a été coupée en deux dans les mêmes proportions qu’avaient indiquées leurs journaux. Des gendarmes ont été arrêtés, désarmés avant d’être atrocement assassinés, certains devant leurs enfants et jetés par la suite dans des fosses communes. Des charniers existent dans les zones CNO. La guerre de Ouattara a entraîné des massacres dans plusieurs départements. Certains villages ont disparu de la carte à Bangolo du fait de la guerre. A petit Duékoué et à Guitrozon, des familles entières ont disparu, de l’arrière grand-père au petit-fils, non pas par la fait d’une catastrophe naturelle, mais par la fait de balles assassines des hommes de Ouattara et par des incendies provoqués alors les populations dormaient paisiblement dans leur maisons. Beaucoup d’Ivoiriens, pour avoir la vie sauve ont dû marcher en pleine forêt sur des centaines de kilomètres pour rejoindre la zone gouvernementale. Des hommes et des femmes ont tout perdu. Des biens qu’ils ont acquis à la sueur de leur front pendant de longues années, ils les ont perdus en l’espace d’une nuit parce que quelqu’un voulait être candidat à une élection. De nombreux mutilés, de nombreux orphelins et veuves sont marqués à vie parce que quelqu’un voulait être candidat. Autant d’horreurs que nous avons pardonnées et que nous tentons d’oublier au nom de la paix pour notre pays. Au nom de quelle logique, le président Gbagbo, alors qu’il est au pouvoir, pourrait provoquer de telles horreurs dans son pays ? Ce qu’il a pas fait quand il était dans l’opposition malgré toutes les brimades qu’il a subies. Toutes tentatives de faire de la victime, l’auteur du crime est vaine, parce que l’auteur du crime est bien connu de tous les Ivoiriens, c’est Alassane Ouattara et rien ne pourra enlever cela dans l’esprit des Ivoiriens. Nous ne voulons plus voir ce genre de propos à la Une de leurs journaux, car nous sommes résolument tournés vers la paix et nous ne voulons pas qu’on nous ramène en arrière. N.V. : Les journaux du RDR soutiennent que le FPI a peur de Ouattara. Avez-vous une réaction ? M.S.B. : En Côte d’Ivoire, Ouattara est un nain politique. Et c’est parce qu’il sait qu’il ne peut pas prospérer sur le plan politique qu’il a pris les armes contre ce qu’il a pris l’habitude d’appeller son pays. Et si les Ivoiriens ont peur de lui, ce n’est pas sur le plan politique. Mais c’est parce qu’il est un chef de guerre. Et la Côte d’Ivoire qui est un pays de paix, ne saurait s’accommoder des méthodes d’un chef de guerre. Et c’est justement parce qu’il est un chef de guerre, que les Ivoiriens ne peuvent pas le mettre dans leur intimité. Car, élire un homme président de la République, c’est le mettre dans l’intimité de chaque citoyen. C’est pour cela que Ouattara ne sera jamais président de la République dans notre pays. Parce qu’il n’a pas fait la bonne démarche. Il a fait la guerre pour être candidat, il l’est aujourd’hui. Il a donc atteint son objectif. On peut donc dire que c’est la fin de son parcours. Interview réalisée par Boga Sivori bogasivo@yahoo.fr
Politique Publié le vendredi 13 novembre 2009 | Notre Voie