La confusion des rôles continue toujours au sommet de l’Etat. Après avoir fait acte de candidature depuis le 16 octobre dernier, le président Laurent Gbagbo refuse de se comporter comme un candidat parmi tant d’autres. Depuis hier, le candidat du FPI est en tournée dans le Worodougou. Pour une visite d’Etat, dit-on, du côté du Palais. Mais en Côte d’Ivoire, personne n’est dupe. Le candidat Laurent Gbagbo est en campagne. Il est en pays Koyaka. Pas seulement pour rencontrer les populations et recueillir leurs doléances. Mais pour tenter de réussir une opération de charme. Cependant ce qui gêne dans cette affaire, c’est la manière de procéder du patron de la refondation. Le président Laurent Gbagbo se sert ici de sa position pour utiliser les moyens de l’Etat à des fins personnelles. Le président Laurent Gbagbo joue à fond sur la confusion des rôles pour mobiliser et les moyens financiers et abuser les populations pour se refaire une santé dans une zone où il est largement en perte de vitesse. Combien cette « visite d’Etat » va encore coûter aux contribuables ivoiriens ? Assurément des dizaines de milliards comme ce fut le cas pour les précédentes visites d’Etat qu’il a déjà effectuées dans les autres régions de la Côte d’Ivoire. Mais à qui profitera cette visite onéreuse ? Certainement pas aux Ivoiriens. Si ce n’est qu’au candidat Laurent Gbagbo. Dans ces circonstances donc, il aurait été plus honnête de faire cette tournée à ses propres frais. Mais c’est trop demander au « candidat des Ivoiriens ». N’a-t-il pas lui-même déclaré le vendredi 16 octobre dernier, jour du dépôt de sa candidature, ceci : « Je suis 100% candidat, mais aussi 100% président de la République ». Pour tout simplement dire aux Ivoiriens qu’il n’est pas près de laisser les privilèges et les délices du pouvoir. Pis, il entend en user et en abuser comme un bien personnel. Peu importe que cela peut coûter aux Ivoiriens et à la Côte d’Ivoire. Ce qui est sûr, l’addition s’annonce encore salée pour le contribuable. Mais le chef de file de la refondation en a cure. Tant pis pour les Ivoiriens. Ils peuvent crever. Mais le champion de la refondation ne compte pas toucher un centime sur les milliers de milliards qu’il a amassés au cours de ces neuf dernières années. Une autre raison commande cette attitude qui frise l’imposture. Le candidat Laurent Gbagbo sait que les visites d’Etat s’imposent à tout le monde. De par leur caractère républicain, elles sont au-dessus des clivages partisans. En annonçant donc une visite d’Etat et non une tournée du candidat du FPI, Laurent Gbagbo est sûr d’avoir la participation de tous, même des élus de l’opposition. Par cette astuce, le président-candidat est assuré d’avoir du beau monde. Surtout dans une zone difficile comme le Worodougou. Les élus et cadres de tous bords politiques de la région, mus par un esprit républicain, sont obligés de s’impliquer dans l’organisation et la mobilisation pour faire de la tournée du président de la République une réussite. Laurent Gbagbo qui en est conscient joue sur cet aspect pour tenter de soigner sa cote de popularité qui a pris un sérieux coup de massue dans cette partie de la Côte d’Ivoire. En outre, les Ivoiriens peuvent compter sur le candidat de la refondation pour récupérer à son compte, les mouvements de masse qui en découleront. Dans cette stratégie de récupération politique et propagande médiatique, la RTI comme à son habitude, ne manquera pas de jouer un rôle central. Laurent Gbagbo, il est vrai, est en visite d’Etat dans la région du Worodougou. Officiellement en tant que chef de l’Etat. Mais tout le monde sait que c’est le candidat du FPI qui est en campagne avec les moyens de l’Etat et va à la rencontre des populations.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly