Après un premier report, l’homme a mis finalement le pied dans cette partie de la Côte d’Ivoire ayant pour capitale, Séguéla. Il y est, dit-on, pour une visite d’Etat. Tous les Ivoiriens savent que cela n’est pas la réalité. C’est le candidat Gbagbo qui est en campagne, avec les moyens de la République. En d’autres termes, le postulant déclaré à la Magistrature Suprême se cache derrière les attributs que lui confère la fonction de Chef de l’Etat. La raison est toute simple. L’ancien opposant historique, qui a fait tant de mal aux populations du Nord en général et à celle du Worodougou en particulier, par l’entremise d’une politique d’exclusion, rendue plus dure, avec les bombardements de l’opération dite « dignité » en novembre 2004, a bien mesuré le poids de l’indifférence qui l’y attend. En choisissant « la visite d’Etat », il opte pour la prudence, en ce sens que les autorités gouvernementales, municipales et les différents services de l’Etat se mettront automatiquement à son service, lui évitant ainsi une grosse humiliation. Le procédé est pour le moins commode. Cette parade de la visite d’Etat est l’artifice tout indiqué, le paravent tout trouvé, par un homme qui entend se soustraire de la jauge publique. Un candidat impopulaire qui entend masquer sa vraie image et la perception de la majorité de ses compatriotes sur ses neuf ans de pouvoir chaotique, marqué par une mauvaise gouvernance et un accaparement des deniers publics par son entourage. Assurément, la mission d’Etat se précise donc comme l’arbre qui ambitionne de cacher la forêt des faiblesses de l’ancien opposant historique. Un voyage tout frais payés par la République, pour espérer dissimuler du fil blanc trop voyant de la vaine mobilisation, une impopularité sans cesse croissante. Cette vision n’est sans doute pas nouvelle chez Laurent Gbagbo. De tout temps, il en a usé et abusé, croyant pouvoir tromper l’opinion. Une vaine entreprise, pour ceux qui connaissent et vivent au quotidien, les malheurs que ce régime a fait endurer aux Ivoiriens. Il aura beau maquiller sa campagne électorale en visite d’Etat, il ne parviendra nullement à faire prendre des vessies pour des lanternes. Plus sûrement, il laissera transparaître ses grandes limites et inaptitudes à fédérer les Ivoiriens et à faire renaître le pays de Félix Houphouët Boigny.
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga