x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le mercredi 18 novembre 2009 | Le Nouveau Réveil

Boa Thiémélé Amoakon Edjampan (Vice-Président du Pdci-Rda): “Si Yao Paul N`dré veut la guerre, il aura la guerre”

Le vice-président du Pdci-Rda Boa Thiémélé Amoakon Edjampan, dans l'entretien qu'il a accepté de nous accorder au terme d'une tournée qu'il vient d'effectuer dans la région de l'Indénié, se prononce sur l'actualité politique et l'action de son parti face au report des élections du 29 novembre 2009. Entretien.

M. le vice-président du Pdci-Rda, vous venez d'effectuer une tournée dans la grande région de l'Indenié. Pouvez-vous nous dire l'objet de cette rencontre avec vos militants ?
C'est dans le cadre de l'installation des comités de campagne locaux que j'ai effectué le déplacement de Béttié, d'Apoisso qui vient après Ebilassokro qui précède ceux d'Aniassué et Niablé. C'est une occasion de mise en place de nos structures surtout de remobilisation de nos militants en cette période électorale qui s'annonce importante pour le Pdci-Rda. Donc au cours de ces rencontres, nous échangeons, nous écoutons et cela nous permet d'avoir des éléments pour la poursuite de notre campagne. C'est ce que nous avons fait à Béttié précisément à Akacomoékro et à Apoisso dans la sous-préfecture d'Abengourou.

Les élections pour lesquelles vous vous battez pour votre candidat n’auront pas lieu le 29 novembre. Qu'est-ce que votre parti dit par rapport à cet autre report ?
Nous laissons la responsabilité à notre président qui est notre candidat et à la direction du parti de réagir face à cette situation. Mais notre contribution consiste à dire si les conditions ne sont pas réunies, il faut les réunir. Or la liste provisoire a été annoncée, elle n'est pas encore affichée. Nous sommes obligés d'attendre l'affichage pour réagir. Et l'affichage entraîne automatiquement la période des contentieux. Et comme l'a dit le président de la CEI, cette période va durer 45 jours. C'est après cette période qu'on pourra préparer les cartes et les distribuer. Ça prend aussi du temps. C’est pourquoi, d’une part, la CEI doit assumer ses responsabilités en nous disant voici ce que nous pouvons faire, ce dont nous avons besoin et comment nous allons les réaliser. D'autre part, il faudrait que tous les protagonistes de l'accord de Ouagadougou qui se sont engagés nous disent ce qu'ils font de leur côté pour que nous respections les engagements pris. Cela s'adresse aussi bien au camp présidentiel qu'aux Forces nouvelles… Il ne faudrait pas qu'on donne l'impression que c'est la CEI seule qu'on voit et que c'est la CEI seule qui détient les secrets. Il ne faudrait pas qu'on nous donne l'impression que ceux qui étaient à Ouagadougou, depuis le facilitateur en passant par les Forces nouvelles et le camp présidentiel, sont d'accord pour que l'élection n'ait pas lieu. Si nous avons cette impression, nous risquons de décourager les populations ivoiriennes et le Pdci-Rda ne peut pas s'inscrire dans ce schéma .Il faut tout faire pour que tout le monde assume ses responsabilités pour que nous allions aux élections.

Mais au regard de l'évolution du processus électoral, on sent le Rhdp absent sur les questions brûlantes. Comment expliquez-vous cela ?
Mais tout se passe comme on l'a prévu. Nous avons estimé que ces élections sont importantes, que chaque parti doit s'affirmer au cours de cette campagne électorale pour pouvoir aller aux élections avec ses propres armes. Ça, c'est le principe de l'accord de Paris. Et cette alliance doit se poursuivre au-delà pour qu'au cas où nous allions au deuxième tour, nous soyons rassemblés, derrière celui qui est le mieux placé. Ça, c'est le schéma. Certains pensent que nous devons avoir un candidat unique. Mais on a dépassé ce stade.

Faut-il conclure que le Rhdp ne sera efficace qu’au second tour?
Il faut éviter de décourager la population qui en a déjà marre. La pauvreté s'installe. En parcourant le pays, nous voyons les conditions difficiles d'existence de nos populations. Nous ne pouvons pas nous permettre de reporter chaque fois les élections. Mais chacun réagit à sa manière. Vous avez entendu le RDR réagir sur cette affaire de report de façon ferme. Vous avez entendu le président Anaky Kobena. Vous avez entendu le président Bédié qui dit qu'il regarde ce qui se passe réellement et qu’il réagira. Donc, chacun joue sa partition. Nous ne sommes pas en contradiction. Nous travaillons dans la même direction, chacun avec sa méthode et chacun selon sa culture politique. Nous estimons qu'au Pdci-Rda, nous devons tout faire pour que ces élections aient bel et bien lieu. C'est pour ça que nous approchons les parties pour que chacune de ces parties donne sa position et qu'on s'engage effectivement sur la voie de la tenue des élections. Vous avez vu les tournées de M. Alassane Ouattara à l'Est où la majorité est Pdci. Nous l'avons bien acceuilli. Nous sommes allés au Nord, nous avons été bien accueillis. A Ferkessédougou, à Korhogo, à Boundiali, à Tengrela, nos amis du Rdr étaient présents. Voilà ce que nous souhaitions pour que nous puissions déboulonner le Fpi du pouvoir.

Depuis le lundi 16 novembre, une bande déroulante annonce sur la chaîne de télévision Africa 24 dit que le Pdci est favorable pour un report de 2 mois des élections présidentielles. Votre réaction ?
C'est une bande annonce de quelqu'un. Ce n'est pas du Pdci-Rda. Le président Bédié a parlé, nous attendons de voir venir, d'avoir tous les éléments pour réagir. Donc patientons un peu. le Cpc, c'est le 24 novembre.

N'avez-vous pas l'impression que le couple Gbagbo-Soro roule le peuple ivoirien dans la farine ?
C'est ce que j'ai souligné, il ne faudrait pas qu'on ait cette impression. Il ne faudrait pas que les signataires de l'accord de Ouagadougou donnent l'impression au peuple et aux partis politiques qu'ils se sont entendu pour qu'il n'y ait pas d'élection. Là ce serait très grave. Parce que la Côte d'Ivoire souffre. La Côte d'Ivoire est entrée en guerre. Vous savez, on parle de guerre. Mais au temps d'Houphouët-Boigny, il y aurait pu avoir la guerre. Au temps de Bédié, il y aurait pu avoir la guerre. Mais nous l'avons évitée parce que chaque fois, on a pensé à l'intérêt supérieur du pays. Bomber sa poitrine devant un adversaire n'est pas un signe de force. Montrer la voie de sortie en disant, vous voulez la guerre, nous ne le voulons pas, nous proposons d'autres solutions, c'est ça la force des vrais dirigeants. Et Houphouët-Boigny l'a montré, Bédié l'a montré. Faisons en sorte que nous n'ayons pas à rester tout le temps dans la guerre. J'ai entendu dire, " on va désarmer par les armes ". Mais le désarmement par les armes, c'est la guerre. Est-ce que nous sommes prêts à reprendre la guerre après avoir souffert sept années durant, d'une crise sans nom ? Où les biens du pays sont dilapidés, où la population est sacrifiée ? Aujourd'hui, on ne peut pas acheter le cacao, le coton, l'anacarde, le café au bon prix. Toutes ces choses dégradent la situation sociale et économique du pays. Nous sommes contre et nous estimons que les protagonistes doivent faire preuve de responsabilité, chacun à son niveau, pour que nous sortions de cette situation. Il faut qu'il y ait des élections et il doit avoir les élections. J'apprends même que les élections ne sont pas importantes, qu'il faut fêter les 50 ans d'indépendance de la Côte d'Ivoire. Le cinquantenaire, il y a eu des gens qui ont dit ici que l'indépendance de 1960 était factice. Et maintenant, on s'empresse de fêter à coups de milliards quelque chose qui est factice. Qu'ils fêtent autre chose qui serait bien pour nous tous. La première des choses, je souhaiterais que les élections aient lieu avant ce cinquantenaire de l'action menée par le Pdci-Rda. Nous n'avons pas mené cette bataille avec les armes. Nous l'avons faite avec notre intelligence, avec notre engagement et nous avons obtenu l'indépendance qui a été confortée par la prospérité économique qui a suivi et c'est important.

Le président du Conseil constitutionnel, Yao-N'dré Paul, a fait des sorties ces derniers temps. Quelle est votre réaction sur ces communiqués provocateurs ?
Moi, je ne suis pas surpris. Je connais bien M. Yao-N'dré Paul. Nous avons été ensemble à l'assemblée, c'est un professeur de droit. Il a sa conception du droit. Moi je ne suis pas professeur du droit mais j'ai fait du droit et j'ai aussi une conception du droit, que je pratique. Quand on l'a nommé, je lui ai souhaité bonne mission en espérant qu'il va porter la toge du président du Conseil constitutionnel, impartial et détaché des partis et à dire le droit dans l'intérêt de la Côte d'Ivoire. Vous voyez, on est encore loin du compte. Je souhaite que ce soient les prémices d'une action meilleure. Il faut que M. Yao-N'dré se ressaisisse pour que nous n'ayons pas des difficultés qui peuvent découler de son comportement. Et je sais qu'il pourra réagir. Bien sûr des candidatures doivent reposer sur des dossiers, des éléments. On regarde. Et nous avons répondu à tout ce qu'il a demandé. Je pense que ce n'est pas ça qui le bloque dans la publication de la liste des candidats. C'est peut-être les autres incertitudes. Mais ça ne dépend pas de lui. Je souhaite et je répète ce que le Secrétaire général du Pdci a dit : Si M. Yao-N'dré veut déclarer une autre guerre, il aura la guerre. Et je suis certain que ce n'est pas ce qu'il souhaite.

Le candidat du Fpi, Laurent Gbagbo, est en tournée dite d'Etat à l'intérieur du pays. Quel est votre commentaire ?
Vous savez, on nous surprend toujours. Moi, je souhaite qu'au niveau de l'Etat, ces surprises soient de nature à encourager les militants et les citoyens à vivre une vie normale. Un élu est élu par le peuple. Si par la loi ,il doit rendre compte de son mandat, qu'il doit remettre son mandat en cause, qu'il soit reconduit ou qu'il soit chassé, mais c'est la règle la plus élémentaire de la République. Et on ne peut pas soi-même signer un décret convoquant le corps électoral, déposer sa candidature dans les délais et se lancer pendant cette période cruciale, en campagne de chef d'Etat qui va faire des promesses. Quelle visite d'Etat en cette période-ci au moment où on se demande si on a argent pour faire face à nos engagements ? C'est une promenade de santé qui ne dit pas son nom. C'est une supercherie intellectuelle tendant à faire croire qu'on est président à 100% et qu'on est candidat à 100%. Non, M. Gbagbo, vous n'êtes pas président à 100%. Vous êtes candidat à la présidence de la République à partir du moment où vous avez déposé votre candidature. Et je souhaite qu'il le comprenne pour que ces choses-là s'arrêtent. C'est des milliards qui sont dépensés alors qu'on cherche des milliards pour faire les élections. Pour aller dire à ses amis qui n'ont pas vu une seule réalisation depuis dix ans, je vais faire ça pour vous dans les six mois qui viennent ou je vais faire ça dans l'année qui vient. Je pense que c'est une supercherie de trop .Nous demandons à ce que ces choses s'arrêtent parce que c'est l'argent de l'Etat, c'est l'argent des Ivoiriens, il ne faut pas que M. Gbagbo l'utilise comme cela.

Quelle consigne avez-vous donnée à vos militants quant à la vérification de leur nom sur la liste provisoire qui sera affichée prochainement ?
Nous avons déjà pris des dispositions dans ce sens-là. Nos structures sont en place pour suivre les élections, pour suivre la liste publiée et même ont commencé à le faire avant l'affiche en utilisant le SMS et l'internet. Je souhaite simplement que les CEI jouent leur rôle. Ce que nous déconseillons, c'est que des gens donnent leur récépissé à des prétendus ramasseurs de récépissés pour aller faire le travail à leur place.

M. le vice-président, l'école de Côte d'Ivoire est encore une fois dans la tourmente avec la grève des enseignants pour non payement de leur reclassement indiciaire promis par Gbagbo fin novembre et qui ne sera plus respecté ?
Encore une fois, c'est les mêmes engagements pris à la légère pour donner satisfaction. Parler pour parler, dire des choses pour faire plaisir, ce n'est pas gérer un Etat. Un pays, en crise qui ne maitrise rien et qui, grâce à ce qui a été fait auparavant par le Pdci-Rda, tient debout, on ne prend pas des engagements de cette nature. Aujourd'hui, nous devons 600 milliards francs de dettes intérieures. Et c'est pendant cette période qu'on augmente les salaires. Moi, je souhaite que nos parents enseignants comprennent que la gestion d'un pays n'est pas une chose simple où on fait plaisir, où on dit simplement aux gens, je vais faire, je vais faire. On ne fait pas sans savoir ce qui permet de faire. La Côte d'Ivoire est un pays solide parce qu'elle a été bâtie sur du roc par ceux qui sont passés avant. Il y a des idéologies politiques qui sont douées pour distribuer et il y a des idéologies qui construisent, accumulent et qui amassent. Ceux qui sont là font partie de ceux qui distribuent. Mais on ne distribue que ce qu'on a. Quand il n'y en a pas, de grâce, mettez votre idéologie de côté et permettez au pays de vivre, ou au moins de survivre, pas de détruire totalement. Je sais que c'est très difficile pour ceux à qui on a promis. Il y en a d'autres à qui on a promis la même chose il y a dix ans et qui n'ont rien vu venir. Alors, nous allons à des élections, vous aurez l'occasion de vous prononcer.

Quel est votre dernier mot au terme de cet entretien ?
J'ai toujours dit que les élections présidentielles à venir constituent une opération de sauvegarde nationale. Si nous ne prenons garde, la Côte d'Ivoire va disparaître, si nous ne faisons pas de bonnes élections. Et donc tous les Ivoiriens doivent être conscients de cela. Quels que soient les niveaux. Le paysan qui récoltait suffisamment pour nourrir sa famille, pour envoyer ses enfants à l'école pour se soigner, pour se construire une maison et qui aujourd'hui ne peut rien. Le fonctionnaire qui est frustré parce qu'on lui a fait des promesses qu'on ne tient pas. L'entrepreneur aujourd'hui qui est à bout de souffle. Il ne voit pas des perspectives, les usines ferment, les entreprises ferment et qui souhaitent rapidement que nous puissions sortir de cette crise. C'est ensemble que nous devons chercher à arrêter cette descente aux enfers pour que demain la Côte d'Ivoire reparte du bon pied. Et les élections doivent servir à cela.
Interview réalisée par JOEL ABALO
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Articles du dossier

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ