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Politique Publié le jeudi 19 novembre 2009 | Nuit & Jour

Direction de campagne de Gbagbo : Grande cacophonie dans le groupe de Blé Goudé

Laurent Gbagbo a-t-il vu juste en décidant de recruter tous azimuts pour constituer son équipe de campagne ? En tout cas s’il est indéniable que par ce procédé le chef de l’Etat gagne en élargissement de sa base électorale, cela ne va pas sans des tensions internes qui traversent de part en part ce groupe. A l’image de la direction de campagne pour la jeunesse dirigée par Charles Blé Goudé.

Présentée le 16 octobre dernier à grand renfort médiatique, la direction nationale de campagne du chef de l’Etat n’a toujours pas déroulé le rouleau-compresseur annoncé. Conséquence du report des élections ? Pas tout à fait. En réalité, ce groupe peine sérieusement (et dangereusement) à faire son homogénéité. Les personnes qui le constituent éprouvent bien de mal à faire fusionner leurs origines diverses, à telle enseigne que, un mois après, il apparaît toujours comme un attelage hétéroclite et branlant.

De sorte que le report de la présidentielle préalablement prévue pour le 29 novembre 2009, est venue comme une bouée de sauvetage. Dans la mesure où elle offre une marge de temps supplémentaire à ce groupe pour pourvoir remédier à ce problème.
Cette cacophonie déjà visible au sein de la direction nationale de campagne dirigée par Issa Malick Coulibaly, ne l’est pas moins pour celle de la jeunesse que dirige Charles Blé Goudé. Au sein de cette structure, la façon de faire du patron de l’Alliance patriotique n’est pas du goût de ses camarades, qui estiment que celui-ci fait avant tout sa propre promotion. De plus, le patron du Cojep a du mal à imposer une discipline commune ses hommes dont plusieurs entretiennent des relations de rivalité ouverte. Résultat, un vent de mécontentement, chaque jour plus fort, fouette la direction de campagne pour la jeunesse.

Le meeting du 29 octobre
Cette mauvaise entente s’est révélée dans toute son entièreté lors du meeting du 29 octobre 2009 organisé au complexe sportif de Yopougon par la direction de campagne pour la jeunesse et qui a eu pour hôte Laurent Gbagbo en personne. Alors que quelques jours auparavant, au lendemain de sa nomination, Charles Blé Goudé avait réuni tous ses hommes autour de lui à l’Hôtel communal de Cocody et avait, à cette occasion, montré l’unité de son groupe, à Yopougon, ce groupe a plutôt étalé toute sa fragilité. De fait, les camarades du patron du Cojep lui reprochent de les avoir ignorés pendant que celui-ci se mettait tout seul en évidence au cours de cette manifestation. Vu que c’était leur fête à eux tous et qu’à ce titre ce sont eux qui recevaient le président Gbagbo, ils ont été surpris de se voir installer aux derniers rangs derrière la loge officielle qui était réservée bien entendu au chef de l’Etat. Pendant ce temps, leur chef de file lui était assis à côté de l’hôte de marque. De plus, à la clôture du meeting, tous s’attendaient à être conviés sur le podium pour la photo de famille qui devrait montrer qu’ils sont unis autour de leur leader et surtout, que la manifestation était une initiative commune. Mais, il n’en fut rien : Blé Goudé a refusé cet épilogue pour ce meeting. Il n’en a pas fallu plus pour susciter l’ire de certains de ses compagnons. Serge Kassy et Ahoua Stallone n’ont pas manqué de signifier leur désapprobation de vive voix. Parce qu’à leur sens, ce meeting n’aura servi finalement qu’à faire la promotion de la personne du patron du Cojep. Et depuis, l’atmosphère est délétère au sein de ce groupe.

La jeunesse du nord s’empoigne
Et pendant que Blé Goudé ouvrait lui-même des failles à la contestation dans son propre camp, ses ‘’éléments du nord’’ eux également sont à couteaux tirés. Là-bas, ce sont Koné Seydou et Sié qui chargeaient Touré Zéguen, Fofana Issouf et Sam l’Africain. Ils les accusaient de vouloir caporaliser l’opération de mobilisation des populations pour la visite que le chef de l’Etat effectue actuellement dans le Worodougou. Les premiers reprochaient aux seconds de se faire passer pour les seuls leaders de la jeunesse du nord en confectionnant des spots télé sur l’événement où n’apparaissaient que ces trois patriotes. Cette situation a précipité la fédération des leaders du Nord, leur groupement, au bord de l’implosion. Conséquence, en attendant que le consensus soit fait entre eux, Laurent Gbagbo, lui, a refusé l’audience que lui avaient sollicitée Touré Zéguen, Fofana Issouf et Sam l’Africain en vue de lui exposer leur plan de mobilisation pour la visite présidentielle à Séguéla.

La bataille des ‘’patriotes blancs’’
Et le tourbillon dans lequel sont prises les composantes et membres de la direction nationale de campagne de Laurent Gbagbo pour la jeunesse ne s’arrête pas là. Puisque les ‘’patriotes blancs’’ eux aussi se sont empoignés depuis quelques temps. Il s’agit de Sam l’Africain et d’Elie Hallassou. Leurs relations ont perdu de leur cordialité depuis le fameux meeting du 29 octobre 2009. En effet, Sam l’Africain en veut à celui qui est connu sous l’appellation de ‘’Libanais de Gbagbo’’, parce que celui-ci aurait fait passé des articles dans les journaux rendant compte de sa participation à cet événement et dans lesquels il l’aurait fait paraître sous sa coupole. Selon Sam, Elie forcerait par ce procédé le rapprochement entre son mouvement, l’Irp, et sien, la Nacip. Selon nos informations, Sam l’Africain s’en est ainsi ouvert en substance à Konaté Navigué : « Elie et moi n’avons rien en commun. Chacun fait ce qu’il a à faire. S’il n’arrête pas, il va me trouver sur son chemin. » Mais le numéro deux de Blé Goudé, toujours selon nos sources, lui aurait répondu qu’il devrait plutôt s’estimer grandi de travailler avec tous les patriotes issus de la communauté libanaise dont Elie Hallassou tient, du reste, la préséance. Informé de cet accès de colère de Sam l’Africain, le ‘’Libanais de Gbagbo’’, lui, a répondu ceci : « nous avons intérêt à être ensemble si nous travaillons tous pour Laurent Gbagbo. Sam est un aîné et je suis heureux qu’il m’ait rejoint dans ce combat. Je lui fais confiance pour ne pas écouter les diviseurs. » Comme quoi, autant Issa Malick Coulibaly peine chez les séniors à faire l’unité du camp présidentiel, chez les jeunes, Blé Goudé lui non plus ne semble maîtriser son monde. Car si le leader patriotique a été choisi pour sa capacité à mobiliser les foules, il semble plutôt en difficulté lorsqu’il s’agit de mettre de l’ordre dans ses propres écuries. Or, en tant que patron de la jeunesse de tout le camp présidentiel, il est plus que jamais de son devoir de faire taire les empoignades dans lesquelles sont engagées nombre de mouvements qui composent cette sphère. A commencer par le sien, l’Alliance patriotique, où sa propension à mettre un peu trop sa personne en avan, agace ses compagnons qui rompent de plus en plus le silence pour décrier de vive voix cette situation.

Yves Blondel
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