Le camp présidentiel continue d’être agité par le choix de Malick Coulibaly comme directeur de campagne de Laurent Gbagbo. Déjà que cette pilule a été rendue encore plus amère pour le Fpi depuis que ce parti a découvert que Blé Goudé en a été à la base, Affi N’guessan et ses hommes ont été plus choqués encore par la découverte du véritable enjeu de cette offensive : l’attribution du poste de Premier ministre après la réélection de Laurent Gbagbo.
Le choix d’Issa Malick Coulibaly est-il le meilleur que le candidat Laurent Gbagbo a pu faire pour conduire sa campagne électorale ? A première vue, oui ! Tout chef de l’Etat qu’il est aujourd’hui et surtout au sortir de la longue crise socio-politique qui a frappé la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, contrairement à 2000, ne va pas plus à l’élection présidentielle comme le porte-étendard du seul Fpi. Il cristallise les énergies de millions d’Ivoiriens d’origines sociales, ethniques et politiques diverses qui se sont mobilisés autour de sa personne et sa cause durant cette crise. A preuve, au-delà du Fpi, sa candidature est parrainée par des dizaines d’autres partis politiques et de mouvements aux objets divers. « Je suis le candidat des Ivoiriens », pouvait-il donc dire, enthousiaste, au sortir du dépôt de son dossier de candidature à la Cei le 16 octobre 2009. Et dans cette logique, le choix d’un homme pouvant fédérer tout ce monde venu d’horizons multiple comme directeur de campagne, s’imposait presque naturellement à lui, vu que celui d’un cadre issu du Fpi ne pouvait paraître que réducteur. En tant que telle, la cooptation d’Issa Malick Coulibaly, à la fois membre du bureau politique du Pdci-Rda, le grand adversaire politique, et ressortissant du grand nord, la région la plus politiquement fermée au chef de l’Etat et bastion exalté du Rdr, ne pouvait qu’être le meilleur symbole de cette diversité convergente. Et comme pour apporter la preuve de sa capacité à générer cet indispensable élargissement électoral, Issa Malick Coulibaly a aussitôt fait entrer dans le giron présidentiel d’illustres figures de sa région d’origine qui nageaient jusque-là loin de ses eaux : Koné Dossongui, Doulaye Coulibaly, Inza Diaby, Lanciné Gon Coulibaly (un compagnon de la première de Laurent Gbagbo qui s’était éloigné de lui depuis plus de 15 ans)…
Une chaîne de surprises désagréables pour les Refondateurs
Le Fpi convenait parfaitement de la justesse de cette ouverture avec Issa Malick Coulibaly comme clef de voûte. Seulement, Affi N’guessan et ses hommes, tout en consentant à promouvoir ce choix auprès de leurs militants, ont toujours redouté depuis le début qu’il n’ouvre la porte à des ambitions qui leur réserveraient des surprises au plan du positionnement auprès du chef de l’Etat. Or depuis quelques semaines, leurs craintes sont devenues réalité. Déjà qu’ Affi N’guessan et ses hommes digéraient très mal d’avoir été confinés à des postes de seconde zone partout dans les rares instances de la direction de campagne où ils sont présents, nous faisions sous peu état de ce que leurs frustration et indignation sont montés nettement d’un cran ces derniers jours. La cause, ils ont découvert que le choix d’Issa Malick Coulibaly comme directeur de campagne du camp présidentiel était le fruit de manœuvres de l’ennemi intime du Fpi, Charles Blé Goudé et de groupes d’intérêts très proches du chef de l’Etat, et dont le chef de file entretient une rivalité profonde et dure avec la Première dame, Simone Gbagbo. Comme nous l’avions indiqué, ce que les hommes de la Refondation ont découvert comme enjeu manifeste de ces agissements, c’est que ces personnes, qui sont propriétaires chacune d’une société de communication, entendent en retour se voir attribuer par Issa Malick Coulibaly, le très juteux marché de la mise en œuvre de la propagande électorale dans le fonds de campagne de 6 milliards de francs que le candidat Gbagbo mettra à la disposition de son mandataire. C’est peu dire qu’Affi N’guessan et ses hommes ont été profondément outrés par cette manœuvre qui relève du business. Là où le mot d’ordre devrait être pour tous le don de soi en vue d’un objectif unique : la réélection de Laurent Gbagbo.
La guerre de la Primature
Mais, sur leur lancée, les dirigeants du Fpi ont découvert beaucoup plus grave que cet affairisme. Comme ils le pressentaient, au-delà des marchés à se procurer pour leurs entreprises, Charles Blé Goudé et ses alliés (les groupes d’intérêts) ont un objectif beaucoup plus grand : le but ultime de leurs manœuvres est de placer leur pion au poste de …Premier ministre après la réélection de Laurent Gbagbo ! Or, qui est ce pion ? Issa Malick Coulibaly dont ils ont déjà réussi à faire le directeur de campagne national. Parce que dans l’entendement de Charles Blé Goudé et de ses alliés, l’occupant de ce poste fait figure de candidat naturel pour celui de chef du gouvernement à venir. Chirac ne l’ait-il pas fait avec Alain Juppé en 95, Sarkozy avec Fillon et Gbagbo lui-même avec Affi N’guessan en 2000 ?
Inutile de dire que le président du Fpi a pris cette découverte comme un boulet de canon en plein ventre. Lui qui s’était attaché à la dissociation du poste de directeur national de campagne avec celui de futur Premier ministre comme condition non négociable pour que son parti accepte le choix d’Issa Malick Coulibaly. Sur le sujet, on se souvient que dans l’interview qu’il a accordée au confrère l’Intelligent d’Abidjan et publiée le mardi 11 août 2009, à la question de savoir à quelles conditions il pouvait lâcher le poste de directeur de campagne, l’ancien premier ministre avait répondu : « Certaines personnes font une relation entre le poste de directeur de campagne et celui de Premier ministre ; il n’y a aucun lien. Ce n’est pas une loi de la nature ou de la politique qui dit que le directeur de campagne soit nécessairement le président du parti et obligatoirement le futur Premier ministre. » Comme quoi, pour lui, le poste de chef de gouvernement était déjà en jeu dès le choix du directeur de campagne. Mais surtout, que si le Fpi était prêt à renoncer à ce dernier poste, il fallait bien comprendre que pour ce qui est de celui de Premier ministre, le parti de la Refondation n’accepterait aucune transaction. Or aujourd’hui, Affi N’guessan se rend compte que les nouveaux venus ont allègrement passé outre cette mise en garde. De façon subtile, ils manœuvrent pour que le futur gouvernement, à travers son chef, soit sous leur influence. Aussi, l’ancien Premier ministre a-t-il battu le rappel de son camp pour faire bloc contre ce qui, au motif de l’ouverture, tend à prendre l’allure d’une décapitation du Fpi au profit de Charles Blé Goudé et de ses alliés.
Au départ d’accord à 100% avec le choix d’Issa Malick Coulibaly par son époux, la Première Dame Simone Gbagbo, a aujourd’hui rejoint Affi N’guessan et ses camarades de parti. Car, si elle admet que le bilan de la gouvernance des Refondateurs, bien terne, peut desservir son candidat, les buts recherchés par ceux qui ont suscité le choix de ce directeur de campagne visent clairement à évincer tout l’édifice de la Refondation, dont elle-même, auprès du chef de l’Etat en cas de sa réélection. En clair, elle découvre que c’est une guerre d’influence et de positionnement qui se profile et où son salut dépendra en partie de la survie du parti dont elle est du reste la deuxième vice-présidente. Alors, avec les siens, elle organise, la riposte.
Issa Malick Coulibaly, de son côté, pris entre les feux croisés d’Affi N’guessan et de Charles Blé Goudé et de ses alliés qui tente de tisser leur toile autour de lui à son insu, continue de mener avec une étonnante sérénité la mission à lui confiée par Laurent Gbagbo. Décidé à démontrer que le chef de l’Etat n’a pas eu tort de lui avoir fait confiance. Une détermination qui met franchement mal à l’aise le leader du Fpi et ses hommes qui, voulant contrer les ambitions opportunistes, se retrouvent souvent obliger de jeter par ricochet des peaux de bananes sous les pieds d’Issa Malick Coulibaly. Autrement dit, le directeur de campagne n’est pas leur cible, mais ceux œuvrent à tirer profit de son choix pour mener leurs projets de positionnement.
Michel Dia
Le choix d’Issa Malick Coulibaly est-il le meilleur que le candidat Laurent Gbagbo a pu faire pour conduire sa campagne électorale ? A première vue, oui ! Tout chef de l’Etat qu’il est aujourd’hui et surtout au sortir de la longue crise socio-politique qui a frappé la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, contrairement à 2000, ne va pas plus à l’élection présidentielle comme le porte-étendard du seul Fpi. Il cristallise les énergies de millions d’Ivoiriens d’origines sociales, ethniques et politiques diverses qui se sont mobilisés autour de sa personne et sa cause durant cette crise. A preuve, au-delà du Fpi, sa candidature est parrainée par des dizaines d’autres partis politiques et de mouvements aux objets divers. « Je suis le candidat des Ivoiriens », pouvait-il donc dire, enthousiaste, au sortir du dépôt de son dossier de candidature à la Cei le 16 octobre 2009. Et dans cette logique, le choix d’un homme pouvant fédérer tout ce monde venu d’horizons multiple comme directeur de campagne, s’imposait presque naturellement à lui, vu que celui d’un cadre issu du Fpi ne pouvait paraître que réducteur. En tant que telle, la cooptation d’Issa Malick Coulibaly, à la fois membre du bureau politique du Pdci-Rda, le grand adversaire politique, et ressortissant du grand nord, la région la plus politiquement fermée au chef de l’Etat et bastion exalté du Rdr, ne pouvait qu’être le meilleur symbole de cette diversité convergente. Et comme pour apporter la preuve de sa capacité à générer cet indispensable élargissement électoral, Issa Malick Coulibaly a aussitôt fait entrer dans le giron présidentiel d’illustres figures de sa région d’origine qui nageaient jusque-là loin de ses eaux : Koné Dossongui, Doulaye Coulibaly, Inza Diaby, Lanciné Gon Coulibaly (un compagnon de la première de Laurent Gbagbo qui s’était éloigné de lui depuis plus de 15 ans)…
Une chaîne de surprises désagréables pour les Refondateurs
Le Fpi convenait parfaitement de la justesse de cette ouverture avec Issa Malick Coulibaly comme clef de voûte. Seulement, Affi N’guessan et ses hommes, tout en consentant à promouvoir ce choix auprès de leurs militants, ont toujours redouté depuis le début qu’il n’ouvre la porte à des ambitions qui leur réserveraient des surprises au plan du positionnement auprès du chef de l’Etat. Or depuis quelques semaines, leurs craintes sont devenues réalité. Déjà qu’ Affi N’guessan et ses hommes digéraient très mal d’avoir été confinés à des postes de seconde zone partout dans les rares instances de la direction de campagne où ils sont présents, nous faisions sous peu état de ce que leurs frustration et indignation sont montés nettement d’un cran ces derniers jours. La cause, ils ont découvert que le choix d’Issa Malick Coulibaly comme directeur de campagne du camp présidentiel était le fruit de manœuvres de l’ennemi intime du Fpi, Charles Blé Goudé et de groupes d’intérêts très proches du chef de l’Etat, et dont le chef de file entretient une rivalité profonde et dure avec la Première dame, Simone Gbagbo. Comme nous l’avions indiqué, ce que les hommes de la Refondation ont découvert comme enjeu manifeste de ces agissements, c’est que ces personnes, qui sont propriétaires chacune d’une société de communication, entendent en retour se voir attribuer par Issa Malick Coulibaly, le très juteux marché de la mise en œuvre de la propagande électorale dans le fonds de campagne de 6 milliards de francs que le candidat Gbagbo mettra à la disposition de son mandataire. C’est peu dire qu’Affi N’guessan et ses hommes ont été profondément outrés par cette manœuvre qui relève du business. Là où le mot d’ordre devrait être pour tous le don de soi en vue d’un objectif unique : la réélection de Laurent Gbagbo.
La guerre de la Primature
Mais, sur leur lancée, les dirigeants du Fpi ont découvert beaucoup plus grave que cet affairisme. Comme ils le pressentaient, au-delà des marchés à se procurer pour leurs entreprises, Charles Blé Goudé et ses alliés (les groupes d’intérêts) ont un objectif beaucoup plus grand : le but ultime de leurs manœuvres est de placer leur pion au poste de …Premier ministre après la réélection de Laurent Gbagbo ! Or, qui est ce pion ? Issa Malick Coulibaly dont ils ont déjà réussi à faire le directeur de campagne national. Parce que dans l’entendement de Charles Blé Goudé et de ses alliés, l’occupant de ce poste fait figure de candidat naturel pour celui de chef du gouvernement à venir. Chirac ne l’ait-il pas fait avec Alain Juppé en 95, Sarkozy avec Fillon et Gbagbo lui-même avec Affi N’guessan en 2000 ?
Inutile de dire que le président du Fpi a pris cette découverte comme un boulet de canon en plein ventre. Lui qui s’était attaché à la dissociation du poste de directeur national de campagne avec celui de futur Premier ministre comme condition non négociable pour que son parti accepte le choix d’Issa Malick Coulibaly. Sur le sujet, on se souvient que dans l’interview qu’il a accordée au confrère l’Intelligent d’Abidjan et publiée le mardi 11 août 2009, à la question de savoir à quelles conditions il pouvait lâcher le poste de directeur de campagne, l’ancien premier ministre avait répondu : « Certaines personnes font une relation entre le poste de directeur de campagne et celui de Premier ministre ; il n’y a aucun lien. Ce n’est pas une loi de la nature ou de la politique qui dit que le directeur de campagne soit nécessairement le président du parti et obligatoirement le futur Premier ministre. » Comme quoi, pour lui, le poste de chef de gouvernement était déjà en jeu dès le choix du directeur de campagne. Mais surtout, que si le Fpi était prêt à renoncer à ce dernier poste, il fallait bien comprendre que pour ce qui est de celui de Premier ministre, le parti de la Refondation n’accepterait aucune transaction. Or aujourd’hui, Affi N’guessan se rend compte que les nouveaux venus ont allègrement passé outre cette mise en garde. De façon subtile, ils manœuvrent pour que le futur gouvernement, à travers son chef, soit sous leur influence. Aussi, l’ancien Premier ministre a-t-il battu le rappel de son camp pour faire bloc contre ce qui, au motif de l’ouverture, tend à prendre l’allure d’une décapitation du Fpi au profit de Charles Blé Goudé et de ses alliés.
Au départ d’accord à 100% avec le choix d’Issa Malick Coulibaly par son époux, la Première Dame Simone Gbagbo, a aujourd’hui rejoint Affi N’guessan et ses camarades de parti. Car, si elle admet que le bilan de la gouvernance des Refondateurs, bien terne, peut desservir son candidat, les buts recherchés par ceux qui ont suscité le choix de ce directeur de campagne visent clairement à évincer tout l’édifice de la Refondation, dont elle-même, auprès du chef de l’Etat en cas de sa réélection. En clair, elle découvre que c’est une guerre d’influence et de positionnement qui se profile et où son salut dépendra en partie de la survie du parti dont elle est du reste la deuxième vice-présidente. Alors, avec les siens, elle organise, la riposte.
Issa Malick Coulibaly, de son côté, pris entre les feux croisés d’Affi N’guessan et de Charles Blé Goudé et de ses alliés qui tente de tisser leur toile autour de lui à son insu, continue de mener avec une étonnante sérénité la mission à lui confiée par Laurent Gbagbo. Décidé à démontrer que le chef de l’Etat n’a pas eu tort de lui avoir fait confiance. Une détermination qui met franchement mal à l’aise le leader du Fpi et ses hommes qui, voulant contrer les ambitions opportunistes, se retrouvent souvent obliger de jeter par ricochet des peaux de bananes sous les pieds d’Issa Malick Coulibaly. Autrement dit, le directeur de campagne n’est pas leur cible, mais ceux œuvrent à tirer profit de son choix pour mener leurs projets de positionnement.
Michel Dia