Quelle est la situation actuelle du cancer de l'enfant en Afrique et plus particulièrement en Côte d’Ivoire ?
Généralement en Afrique, le phénomène du cancer des enfants est sous évalué parce que méconnu, pourtant les statistiques hospitalières nous donnent une prévalence à 0,7% en Côte d’Ivoire. Le service de Pédiatrie du CHU de Treichville qui comporte une unité d’oncologie, enregistre environ 30 à 40 nouveaux cas par an. Les statistiques nous indiquent que 15 à 20 mille nouveaux cas sont dépistés chaque année en Afrique francophone. La mortalité de ces cancers reste élevée. Par exemple elle est située à 39% en pédiatrie CHU de Treichville.
Quels sont les cancers les plus fréquents chez l'enfant ivoirien?
Les différents types de cancers rencontrés sont dominés par :
-Le lymphome de Burkitt 70% des cas (c’est un cancer de sang et des ganglions qui se manifeste par une tumeur de la mâchoire avec chute des dents ou une tumeur dans le ventre : foie, rate, etc)
-Le néphroblastome 13% des cas (tumeur du rein souvent associée à des malformations du rein depuis la naissance)
- Les leucémies aiguës 5% des cas (autre cancer du sang se traduisant par des fièvres, douleurs articulaires, anémie.)
Les autres types beaucoup plus rares sont :
- les Sarcomes des os et tissus mous (cancer développé à partir des muscles)
- le Rétinoblastome (cancer de l’œil, donnant à la naissance un aspect brillant comme l’œil de chat ou blanchâtre comme la cataracte)
-le Neuroblastome. (Tumeur développée à partir des cellules nerveuses)
Qu'est ce qui explique une si grande mortalité de ces cancers?
L'analyse des travaux réalisés en Pédiatrie au CHU de Treichville montre qu’en dehors des problèmes financiers et de l’accessibilité géographique aux soins, la méconnaissance des cancers de l’enfant non seulement par la population mais également par le personnel de santé rend difficile leurs dépistages précoces et leurs prises en charge.
Devant autant de difficultés, les parents qui nous lisent peuvent-ils éventuellement espérer voir leurs enfants malades guérir du cancer? Que faut-il faire pour cela?
Les cancers des enfants sont dans la plupart des cas curables au prix d’un diagnostic précoce et de moyens techniques (radiothérapie) et financier pour la prise en charge.
Cependant la prise en charge correcte et efficiente des cas de cancer passe par une politique de dépistage et surtout de diagnostic précoce. Celle-ci va passer par :
- la connaissance des formes les plus fréquentes,
- leurs principales manifestations cliniques et biologiques,
- la méthode de dépistage publique et à moindre coût qui peut être proposée.
- L’information et sensibilisation de masse pour combattre l’ignorance surtout
Pouvez-vous donner justement quelques manifestations de certains de ces cancers ?
Le cas le plus courant est la maladie de Burkitt (près de 70% des cas en Côte d'Ivoire), ce cancer sévit à l’état endémique et comporte un certain nombre de facteurs favorisants :
- climatiques :
- pluviométrie élevée
- température > 16°
-humidité
-nutritionnel : malnutrition, carences vitaminiques
-cofacteurs : paludisme, infection à EBV (virus d’Epstin-Barr, présent chez 90% de sujets sains. la contamination se fait par la salive)
L’infection à EBV reste un facteur constant et clé dans le développement de la maladie de Burkitt car retrouvée dans 95% des cas. Les principales circonstances de découverte sont
-la tuméfaction maxillo-faciale (augmentation du volume de la mâchoire parfois prise pour un abcès dentaire à la suite d’une carie !)
-la masse abdominale.
Ici, la stratégie de dépistage reste difficile, voire aléatoire.
La majorité des enfants en Afrique sont infectés par le virus EBV (embrassade, utiliser la même cuillère avec l’enfant, mâcher des aliments et le donner à l’enfant). Ceux qui vont développer la maladie sont ceux chez qui l’immunité va baisser du fait des cofacteurs, tels que la malnutrition, les fièvres éruptives, le paludisme à répétition. Un diagnostic rapide reste toutefois possible après ponction simple à l’anguille d’une tumeur maxillaire ou cytoponction guidée par échographie d’une masse abdominale profonde) mais cela ne peut être réalisé qu’à la manifestation de la maladie (c'est souvent trop tard). Cette difficulté est malheureusement valable pour la plupart des autres cancers.
Pouvez-vous alors faire quelques propositions aux parents et au système de santé qui semblent résignés devant la problématique du cancer des enfants?
La prévention en vue de valoriser une bonne hygiène alimentaire, la sensibilisation des parents qui doivent avoir des notions des cancers et de leurs évolutions, la mise à niveau du personnel médical ainsi que la prise en charge à temps par un diagnostic précoce à faibles coûts de toute la population aux différents cancers combiné au suivi des populations à risque (affection génétique comme le Rétinoblastome et certaines aberrations chromosomiques exposant au cancer Syndrome de Turner, Klinefelter, Down etc. ) pourraient réduire la prévalence et la mortalité des cancers des enfants. Aujourd’hui nous espérons que grâce au Programme National de lutte contre le cancer, ces différentes actions pourront être menées pour le bien être de la population.
Interview réalisée par Daniel Beke
Généralement en Afrique, le phénomène du cancer des enfants est sous évalué parce que méconnu, pourtant les statistiques hospitalières nous donnent une prévalence à 0,7% en Côte d’Ivoire. Le service de Pédiatrie du CHU de Treichville qui comporte une unité d’oncologie, enregistre environ 30 à 40 nouveaux cas par an. Les statistiques nous indiquent que 15 à 20 mille nouveaux cas sont dépistés chaque année en Afrique francophone. La mortalité de ces cancers reste élevée. Par exemple elle est située à 39% en pédiatrie CHU de Treichville.
Quels sont les cancers les plus fréquents chez l'enfant ivoirien?
Les différents types de cancers rencontrés sont dominés par :
-Le lymphome de Burkitt 70% des cas (c’est un cancer de sang et des ganglions qui se manifeste par une tumeur de la mâchoire avec chute des dents ou une tumeur dans le ventre : foie, rate, etc)
-Le néphroblastome 13% des cas (tumeur du rein souvent associée à des malformations du rein depuis la naissance)
- Les leucémies aiguës 5% des cas (autre cancer du sang se traduisant par des fièvres, douleurs articulaires, anémie.)
Les autres types beaucoup plus rares sont :
- les Sarcomes des os et tissus mous (cancer développé à partir des muscles)
- le Rétinoblastome (cancer de l’œil, donnant à la naissance un aspect brillant comme l’œil de chat ou blanchâtre comme la cataracte)
-le Neuroblastome. (Tumeur développée à partir des cellules nerveuses)
Qu'est ce qui explique une si grande mortalité de ces cancers?
L'analyse des travaux réalisés en Pédiatrie au CHU de Treichville montre qu’en dehors des problèmes financiers et de l’accessibilité géographique aux soins, la méconnaissance des cancers de l’enfant non seulement par la population mais également par le personnel de santé rend difficile leurs dépistages précoces et leurs prises en charge.
Devant autant de difficultés, les parents qui nous lisent peuvent-ils éventuellement espérer voir leurs enfants malades guérir du cancer? Que faut-il faire pour cela?
Les cancers des enfants sont dans la plupart des cas curables au prix d’un diagnostic précoce et de moyens techniques (radiothérapie) et financier pour la prise en charge.
Cependant la prise en charge correcte et efficiente des cas de cancer passe par une politique de dépistage et surtout de diagnostic précoce. Celle-ci va passer par :
- la connaissance des formes les plus fréquentes,
- leurs principales manifestations cliniques et biologiques,
- la méthode de dépistage publique et à moindre coût qui peut être proposée.
- L’information et sensibilisation de masse pour combattre l’ignorance surtout
Pouvez-vous donner justement quelques manifestations de certains de ces cancers ?
Le cas le plus courant est la maladie de Burkitt (près de 70% des cas en Côte d'Ivoire), ce cancer sévit à l’état endémique et comporte un certain nombre de facteurs favorisants :
- climatiques :
- pluviométrie élevée
- température > 16°
-humidité
-nutritionnel : malnutrition, carences vitaminiques
-cofacteurs : paludisme, infection à EBV (virus d’Epstin-Barr, présent chez 90% de sujets sains. la contamination se fait par la salive)
L’infection à EBV reste un facteur constant et clé dans le développement de la maladie de Burkitt car retrouvée dans 95% des cas. Les principales circonstances de découverte sont
-la tuméfaction maxillo-faciale (augmentation du volume de la mâchoire parfois prise pour un abcès dentaire à la suite d’une carie !)
-la masse abdominale.
Ici, la stratégie de dépistage reste difficile, voire aléatoire.
La majorité des enfants en Afrique sont infectés par le virus EBV (embrassade, utiliser la même cuillère avec l’enfant, mâcher des aliments et le donner à l’enfant). Ceux qui vont développer la maladie sont ceux chez qui l’immunité va baisser du fait des cofacteurs, tels que la malnutrition, les fièvres éruptives, le paludisme à répétition. Un diagnostic rapide reste toutefois possible après ponction simple à l’anguille d’une tumeur maxillaire ou cytoponction guidée par échographie d’une masse abdominale profonde) mais cela ne peut être réalisé qu’à la manifestation de la maladie (c'est souvent trop tard). Cette difficulté est malheureusement valable pour la plupart des autres cancers.
Pouvez-vous alors faire quelques propositions aux parents et au système de santé qui semblent résignés devant la problématique du cancer des enfants?
La prévention en vue de valoriser une bonne hygiène alimentaire, la sensibilisation des parents qui doivent avoir des notions des cancers et de leurs évolutions, la mise à niveau du personnel médical ainsi que la prise en charge à temps par un diagnostic précoce à faibles coûts de toute la population aux différents cancers combiné au suivi des populations à risque (affection génétique comme le Rétinoblastome et certaines aberrations chromosomiques exposant au cancer Syndrome de Turner, Klinefelter, Down etc. ) pourraient réduire la prévalence et la mortalité des cancers des enfants. Aujourd’hui nous espérons que grâce au Programme National de lutte contre le cancer, ces différentes actions pourront être menées pour le bien être de la population.
Interview réalisée par Daniel Beke