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Showbizz Publié le samedi 28 novembre 2009 | Fraternité Matin

Livre : “Adieu abidjan sur seine” serait-il censuré par l’Élysée?

Le salon «l’Elysée» de l’Hôtel Bristol n’a pas désemplit le samedi 21 novembre dernier, à l’occasion de la cérémonie de dédicace de l’ouvrage «Adieu Abidjan sur Seine» de Guy Labertit. L’auteur soupçonne le pouvoir politique français de censurer son ouvrage.C’est à l’initiative de l’Ong «Yako International» présidée par Mme Justine Kanga que Guy Labertit, l’ancien «Monsieur Afrique» du Parti socialiste français (PS), a dédicacé son ouvrage au grand public. Cette rencontre a réuni des responsables de partis politiques et de la société civile issus de la communauté ivoirienne de France ainsi que de nombreux amis de la Côte d’Ivoire. Côté officiel, la cérémonie de dédicace était placée sous le parrainage de Laurent Dona-Fologo, président du Conseil économique et social, représenté pour la circonstance par Grégoire Ahononga, conseiller en Communication de la chancellerie ivoirienne à Paris, et sous la présence de SEM. Pierre Kipré, ambassadeur de Côte d’Ivoire en France, représenté par le général Lohoues, Attaché militaire de l’ambassade.

D’entrée de jeu, l’auteur de «Adieu Abidjan sur Seine», a saisi l’occasion pour livrer quelques secrets sur «les coulisses du conflit ivoirien». Une façon pour lui d’inciter le public à s’offrir ce livre qui est le condensé de ses mémoires sur le parcours de l’homme politique Laurent Gbagbo qu’il a rencontré dans les années 80, son accession au pouvoir en 2000 jusqu’en fin 2008, date de sortie de l’ouvrage. Qui restitue aussi dans son contexte d’une part, «les relations entre l’Etat français et l’Etat ivoirien» et d’autre part, les relations entre «les forces politiques françaises et les forces politiques ivoiriennes». Le regard averti que porte l’auteur sur la crise ivoirienne est celui d’une personnalité politique française révolté par les «coups tordus» de l’ancien locataire de l’Elysée, Jacques Chirac. Selon Guy Labertit, les malheurs de la Côte d’Ivoire ont commencé après la débâcle du PS à la présidentielle et aux législatives de 2002 en France. A cette époque où la droite trônait sur l’exécutif français – et même aujourd’hui encore –le Président Laurent Gbagbo était perçu comme l’éveilleur de consciences d’une Afrique qui veut se libérer des contraintes politiques et économiques avec son ancienne colonie. Le chef de l’Etat ivoirien, symbolisant «une forme d’exemple contagieuse pour toute l’Afrique émergente», était devenu l’homme à abattre par le clan chiraquien. D’où, le coup d’Etat manqué transformé en une rébellion qui a été vite légitimée par la France de Jacques Chirac.

Pour l’auteur, il n’y a aucun doute que la crise ivoirienne découle de cette situation décrite et décriée dans son livre. Il ne s’arrête pas là. Il poursuit sa réflexion et considère que la table ronde de Marcoussis et Kléber étaient la stratégie toute trouvée par cette France de l’époque pour faire endosser sa politique hostile au régime Laurent Gbagbo à l’ensemble de la communauté internationale et par la même occasion, légitimer la rébellion voire la partition du pays en pré positionnant ses forces sur les lignes de démarcation. L’objectif étant, bien sûr, d’évincer Laurent Gbagbo du pouvoir. A défaut, au mépris de la constitution ivoirienne, de déposséder le peuple ivoirien de sa souveraineté.

Le Conseiller Afrique et Amérique Latine de la Fondation Jena-Jaurès, met également en cause un accord militaire qui n’a pas été respecté par la France. L’auteur salue le courage et l’abnégation du Président Laurent Gbagbo pour avoir initié le dialogue inter-ivoirien conclu par un important accord politique de sortie de crise à Ouagadougou sous les auspices du Président burkinabé, Blaise Compaoré. Selon Guy Labertit, l’Apo a permis non seulement à la Côte d’Ivoire de sortir du cul-de-sac de Jacques Chirac, mais encore de reprendre en main sa souveraineté et son destin. «Ce livre, conclut-il, n’avait de sens qu’après la signature de l’Accord politique de Ouaga.»

Bien évidemment, les révélations faites dans cet ouvrage ne pouvaient pas plaire à tout le monde. A commencer par les politiques français mis à l’index par l’auteur. Faisant le point sur les difficultés faites pour la distribution et la vente de l’ouvrage en France et généralement à l’international, Guy Labertit soupçonne le pouvoir politique français d’user de manœuvres dilatoires et souterraines pour casser sa promotion. L’auteur a du mal à expliquer, par exemple, le non approvisionnement de certaines librairies, en l’occurrence en Côte d’Ivoire. Nonobstant la rupture de stocks disponibles ou encore la mauvaise diffusion de l’œuvre en France pourtant éditée chez «Autres Temps», une maison d’édition française.

Se prêtant au jeu des questions de l’assistance, Guy Labertit s’est aussi prononcé sur la présidentielle en Côte d’Ivoire. Pour l’auteur de «Adieu Abidjan sur Seine», elle aura bel et bien lieu dans un délai raisonnable. Et la victoire du candidat Laurent Gbagbo paraît à ses yeux une évidence et la consécration de son combat engagé pour donner à la Côte d’Ivoire sa vraie indépendance en tant que nation.

Guy Labertit n’a pas non plus caché son intention de publier un deuxième ouvrage pour révéler certainement d’autres détails alléchants sur «les coulisses du conflit ivoirien». Pour finir, il a invité les Ivoiriens à écrire davantage sur l’histoire de leur pays.

Clément Yao
Correspondant permanent en France
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