L’histoire du Rhdp, c’est à l’origine une histoire de je-t’aime, moi-non-plus. Souvenons-nous. De 1994 à 1999, Henri Konan Bédié a mené la bataille de l' ''ivoirité'' contre Alassane Ouattara (ADO), président du Rdr. Au prétexte que ce dernier serait « étranger », et que pour cela, il ne devrait pas prétendre à la magistrature suprême du pays. Destitué par un coup d'Etat militaire en 1999, Henri Bédié a longtemps tenu Ouattara pour responsable de sa disgrâce. C'est dans ce contexte de suspicion que naît leur «fraternité» sur les bords de la Seine. A Paris, où ils étaient en exil, HKB et ADO enterrent la hache de guerre en 2005 pour faire cause commune contre Laurent Gbagbo. Et présenter la façade d’une opposition unie face à un régime alors en perdition. Certains grands partis comme l’Udpci et le Mfa les rejoignent. D’autres, tels l’Usd, se signalent au portillon. Mais à Abidjan et dans certains milieux politiques, on ne donne pas cher de cette alliance. Elle est présentée comme contre-nature, comme vouée à une mort certaine. On donne l’exemple du G10, bloc formé après la signature de l’accord de Marcoussis, qui s’est rapidement mué en un G7 puis en un G4 rebaptisé depuis lors Rhdp. La conviction des uns et des autres est renforcée par le fait que le Rhdp, bien qu’il l’ait inscrit en lettres d’or dans son plan d’action, n’a jamais voulu se doter d’une plateforme programmatique de gournance commune. Si les chefs se faisaient la bise, le climat était moins sertein au niveau des bases. C’est que les militants, qui avait passé près d’une decennie à se haïr cordialement, n’arrivaient pas à passer par pertes et profits toutes les inimitiés accumulées au fil des ans. C'est d'ailleurs la raison fondamentale pour laquelle « la candidature unique » prônée par leur jeune frère Innocent Anaky Kobena ne reçoit toujours pas d'écho favorable. Chacun veut une candidature unique, mais autour de lui. Voici le véritable enjeu. Ouattara et Bédié, les deux véritables challengeurs du chef d’Etat sortant jouent à pile ou face leurs carrières politiques. Là où Bédié parle de sa “dernière bataille politique”, Ouattara lui voit le couronnement de seize ans de combat contre les régimes successifs. L’enjeu est donc une question de vie ou de mort. Et dans ce cas de figure, les sentiments de camaraderie n’ont plus leur place. Le Rhdp a été utile pour arriver aux élections, mais maintenant qu’on y est (presque), c’est chacun pour soi.
Bamba K. Inza (Stagiaire)
Bamba K. Inza (Stagiaire)
