Après le G10 et G7 RHDP : Chacun pour soi désormais ?

Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), «majoritaire», selon elle, n'arrive plus à faire le contrepoids face au pouvoir «minoritaire». L'opposition va à la conquête du siège présidentiel en rangs dispersés.

La plate-forme des houphouëtistes se fissure-t-elle à l'approche de l'élection présidentielle ? Le dernier fait en date qui suggère un froid dans cette coalition politique est incontestablement l'absence d'une déclaration commune au sujet du report de l'élection présidentielle. Seuls les militants du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci), se sont mobilisés à ce sujet au siège du parti à Cocody. A la Rue Lepic, base du Rassemblement des républicains (Rdr), hier c’était le silence radio. Aux Deux-Plateaux, précisément à la 7è tranche, une réunion restreinte du Mouvement des forces d'avenir (Mfa) qui avait cours, s’est plutôt planchée sur la campagne électorale. Le même jour, le siège de l'Union pour la démocratie et pour la paix (Udpci) à Cocody, derrière Sococé, a grouillé de jeunes. Mais leur président Yao Kouadio Séraphin indique avoir battu le rappel des troupes afin de leur demander d'observer une attitude responsable face au report. A l’évidence, les quatre branches (Pdci, Rdr, Mfa, Udpci,) du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) ne semblent pas concernés au même point par un sujet qui les a pourtant mis en effervescence dans un passé récent. En effet, depuis 2005 que la date de la présidentielle est au menu de toutes les discussions sur le processus de sortie de crise, le Rhdp a régulièrement produit des déclarations offensives. Le groupe semblait alors très soudé, très uni. Mais la récente élection à la mairie de Daloa a effacé cette impression. Le Rdr, qui a perdu cette commune au profit du Pdci, a flagellé son allié, accusé d'avoir corrompu ses conseillers municipaux. Le nouveau maire Pdci de Daloa, Me Emile Séry Kossougro, visé par les accusations du Rdr a riposté par une salve de piques. Dont celles-ci : « En Côte d'Ivoire, on dit qu'il existe un groupe qui s'appelle le Rhdp composé du Pdci, du Rdr et autres. Si un candidat du Rhdp prend la place d'un autre Rhdp où est le mal, si tant est que son objectif est de prendre le pouvoir d'Etat et de le partager ? Le Rhdp est une coquille vide, une vue de l'esprit ». Ce coup de gueule est extrait de l'interview que Me Kossougro a accordée au confrère L'Intelligent d'Abidjan le 25 novembre. Malgré cette sortie musclée de Me Kossougro, délégué communal à Daloa pour le parti doyen, il n’a pas été rappelé à l’ordre. Comme si au Pdci, en haut lieu, on approuvait cette réponse du berger à la bergère. Il faut le dire, ''les quatre grands'' partis de l'opposition ont de plus en plus de mal à accorder leurs violons. Leurs dernières retrouvailles remontent au 11 mai, date à laquelle les acteurs du Rhdp ont réagi au message à la nation du chef de l'Etat. Le dernier rendez-vous des houphouëtistes date du 6 novembre. Ce fut un rendez-vous manqué. Ce jour-là, le Rdr attendu au siège du Pdci où se tiennent les concertations du Rhdp, ne s'y est pas rendu. Conséquence, le Rhdp n'a pu parler d'une seule voix face au président du Conseil constitutionnel, Paul Yao-N'dré, qui venait d’ajouter ses propres critères aux conditions d’éligibilité. Il avait, en effet, réclamé à chaque candidat à l'élection présidentielle un extrait d'acte de naissance et une attestation de régularité fiscale. Le fait qu'Alassane Ouattara ait été le premier membre de l'opposition à déposer, sans discuter, lesdits documents a été mdérément apprecié par ses pairs du Rhdp. Ces derniers, notamment le Pdci, voyaient en la requête d’une attestation de régularité fiscale un subterfuge pour écarter Bédié. L'intérêt individuel à l’approche de la présidentielle semble primer. Chacun cherche à être le candidat qui va affronter voire écraser Laurent Gbagbo au second tour. Les jeunes du Rhdp, amoureux d’actions et d’engagement, ne se retrouvent pas dans ces savants calculs d’appareils. En témoigne la colère d'un membre du Rjdp (Rassemblement des jeunes houphouëtistes pour la démocratie et la paix). «Le Rhdp est trop timoré. Quand vous avez constaté cela vous-même, il faut changer de manière de lutter», regrettait Jean Blé Guirao, secrétaire général adjoint chargé de la mobilisation de l'Updci, le samedi 21 novembre lors d'un meeting à Abobo. C'est la énième fois, faut-il le rappeler, qu'il dénonce la mollesse de l'opposition face à Gbagbo. Il ne cesse de fustiger la mollesse et le manque d’unité d’action du Rhdp face à la machine du Fpi. Par exemple, quand le président du Mfa, Innocent Anaky Kobena, préconise la candidature unique face à Gbagbo ou la démission des ministres du Rhdp si les élections sont reportées, personne ne l’écoute. Le un-pour-tous, tous-pour-un d’antan serait-il devenu le chacun pour soi?

Bidi Ignace